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La compatibilité entre le concept de propriété intellectuelle et la shari'a

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par Léo Fradet
Université de Poitiers - Master 2 professionnel en droit des affaires mention techniques de l'information et de la communication 2011
  

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Section II. La nécessité de l'existence de limites à la propriété

intellectuelle.

Tant qu'ils permettent une meilleure diffusion de la connaissance au sein de la société humaine, les droits de propriété intellectuelle sont en conformité avec la notion d'intérêt général au sens de l'Islam. Par contre, à partir du moment où les intérêts privés prévalent sur l'intérêt général, et que les droits de propriété intellectuelle sont un frein à la diffusion de la connaissance, ils deviennent alors contraire à la Shari'a.

Pour Steven Jamar134 il est essentiel de prendre en compte l'intérêt général dans l'interprétation des lois sur la propriété intellectuelle afin de maintenir l'équilibre entre l'intérêt des ayant droits et celui des usagers des biens de propriété intellectuelle. Comme il l'explique cet équilibre est essentiel :

132 Khoury, Amir. Dubai's new intellectual property based economy. John Marshall review of Intellectual Property Law. n°84, 2009.

133 Page 109, § 3.

Traduction: « Par la création d'un modèle économique de plusieurs couches d'incitations, qui couplé avec des investissements à long terme dans des infrastructures en relation avec l'industrie créative, Dubaï a effectivement tracé une nouvelle voie « du développement » ».

134

Voir note supra 84.

« If public interest is drawn too broadly and too powerfully, it can be abused to remove protections for intellectual property on the grounds that the whole society has need of or could benefit by unrestricted use of the item. On the other hand, too narrow or restrictive a conception of public interest can lead to imbalance in favor of private rights against the public interest or welfare. »135

Les droits dont jouissent les créateurs sont justifiés par le bénéfice que la population retire des créations. Si ces créations ne sont pas diffusées, les droits n'ont plus aucune justification. Il faut alors que l'Etat prévoit des limitations à ces droits afin de maintenir l'équilibre.

Par exemple, Qaiser Ikbal136 rappelle que les pays occidentaux ont fait pression sur les pays émergeants, et notamment sur l'Inde, afin que ceux-ci abandonnent leur industrie du médicament générique et protègent mieux les brevets sur les médicaments. Cependant, si cette contrefaçon était aussi développée, c'était notamment à cause du prix exorbitant exigé par les laboratoires des pays occidentaux pour faire usage de leurs brevets.

Dans cette situation, on est évidemment en face d'un abus des ayants droit. Si l'on ne peut bien entendu pas attendre des personnes privées qu'elles prennent en compte d'autres intérets que les leurs, il est néanmoins de la responsabilité des Etats et des instances internationales de créer des limites à ces droits afin de mieux prendre en compte l'intéret général.

Le droit de l'OMC permet aux Etats de créer des exceptions aux droits prévus par les ADPIC137. Cela reste cependant un mécanisme d'exception, les mesures

135 Page 7, § 4.

Traduction: « Si l'intér/t général fait l'objet d'une application trop large ou trop forte, il peut en ~tre fait un abus afin de faire disparaitre la protection de la propriété intellectuelle parce que l'ensemble de la société aurait un besoin ou pourrait bénéficier du libre usage du bien. D'un autre côté, une conception trop étroite ou restrictive de l'intérit général peut mener à un déséquilibre en faveur des droits privés et contre l'intérit ou le bienttre général. »

136

Voir note supra 89.

137 Par exemple pour les brevets : « Article 30

Exceptions aux droits conférés

Les Membres pourront prévoir des exceptions limitées aux droits exclusifs conférés par un brevet, à condition que celles-ci ne portent pas atteinte de manière injustifiée à l'exploitation normale du brevet ni ne causent un préjudice injustifié aux intérêts légitimes du titulaire du brevet, compte tenu des intérêts légitimes des tiers. »

prises sur cette base souffriront donc toujours d'une insécurité juridique certaine et leurs effets seront nécessairement limités.

Par contre, il est aussi permis à un Etat de faire usage de licences obligatoires pour ses propres besoins dans le domaine des brevets138. Ces licences obligatoires peuvent même être utilisées pour les besoins d'autres Etats qui ne disposent pas d'une capacité de production suffisante dans le cas des médicaments139.

Des limitations sont aussi possibles dans les autres domaines de la propriété intellectuelle. Ainsi pour le droit d'auteur, l'article 13 de l'accord ADPIC prévoit que des dérogations peuvent être prévues par les Etats.

De façon général, il est permis aux Etats dans l'accord instituant l'OMC, et dans les ADPIC, de déroger à leurs obligations. Les conditions sont assez strictes, mais la jurisprudence les a aujourd'hui assez clairement définies, diminuant de facto l'insécurité juridique pesant sur l'usage du mécanisme d'exception.

Ainsi, le droit international contient des mécanismes d'exception permettant de maintenir l'équilibre entre les intérêts des personnes privées et l'intérêt général. Les Etats musulmans doivent donc les mettre en application dans leurs lois afin de garantir l'intérêt général. Ainsi sera permise une parfaite compatibilité entre leur droit de la propriété intellectuelle et la Shari'a.

138 Article 31 de l'accord ADPIC.

139 Décision du conseil général de l'OMC du 6 décembre 2005.

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