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Une approche du territoire dans l'enseignement scolaire ivoirien : le concept d'identité


par Drissa TRAORE
Université de Paris-CITE - Master 2 en didactique de la géographie 2025
  

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1. De la région au territoire

L'utilisation du terme territoire dans le vocabulaire géographique est récente. Selon certains auteurs comme (Di méo,1998, Chivalon,1999) cités par (Ripoll & Veschambre, 2015), l'apparition importante du terme en géographie peut toutefois être attribuée à Claude Raffestin avec la parution de « pour une géographie du pouvoir » en 1980. Cependant pour Bernard Elissalde (2002) : « c'est plutôt du côté du groupe Dupont, avec l'édition 1982 de Géopoint « Les territoires de la vie quotidienne » qu'il faut rechercher l'entrée officielle du territoire en géographie. Parmi ces pionniers du territoire, il faut également mettre en avant Joël Bonnemaison qui dès 1981 a publié « Voyage autour du territoire dans l'Espace géographique » (Ripoll & Veschambre, 2015). De ce fait, la décennie 1980 est caractérisée par des usages pionniers du territoire dans les différents travaux. Cependant, à cette période sur la totalité des travaux en géographie l'« espace » et la « région » l'emportent nettement sur le « territoire » comme l'affirme les auteurs :

« Dans le catalogue de l'UFR de géographie de l'Université de Caen, les trois premiers ouvrages dont le titre comporte territoire (en dehors de l'expression aménagement du territoire) sont parus en 1980, 1981 et 1982, mais pour un total de 10 ouvrages seulement classés en géographie sur l'ensemble de la décennie. De même, dans les intitulés de DEA, espace l'emporte encore très largement sur territoire en 1989 » (Ripoll & Veschambre, 2015).

Seuls les intitulés de colloque, logiquement le premier canal de diffusion large des modes et paradigmes, enregistrent plus nettement ce succès naissant et le favorisent : alors que le territoire est totalement absent des intitulés de la période 1980-1981, 10 ans plus tard, il est aussi prisé que l'espace et devance déjà la région, comme indiqué dans le tableau suivant :

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Années

 

1980/1981

1989/1990

2000/2001

Région et dérivés

2

6

0

Espace et dérivés

4

10

14

Territoire et dérivés

0

9

23

Nombre de colloques répertoriés

49

163

123

Tableau 1 : Les notions de régions, espaces et territoires dans les intitulés de colloque ( Bulletin d'intergéo cité par Ripoll & Veschambre, 2015, p. 271? 291)

Dans le tableau au début de la décennie 1980, la notion de région et dérivés est en régression 2 contre 4 pour espace et dérivés et 0 pour territoire et dérivés. C'est au début de la décennie 1990, qu'on aura l'usage du territoire et dérivés dans les colloques. Il faut attendre la décennie 2000 pour voir l'ancrage de la notion de territoire et dérivés dans les colloques et l'usage confirmé de la notion de l'espace et la disparition de la notion de région et ses dérivés dans les colloques. L'usage de la notion du territoire ne se fera pas sans conséquence.

Ainsi, en 2001 lors des concours, les épreuves de la géographie régionale seront remplacées par la géographie des Territoires comme cela a été indiqué par (Ripoll & Veschambre, 2015).

En géographie, le territoire est tout espace approprié. De ce fait, tout est territoire. Selon, l'usage premier du mot territoire à l'époque moderne, Maryvonne Le Berre donne trois éléments qui peuvent définir un territoire. La domination (le pouvoir) qui s'exerce sur une aire géographique qui a des limites. Dans ce cas, une portion de l'espace devient un territoire (Le Berre, 1995, p. 603). Cette définition du territoire peut être recevable dans une certaine approche du territoire. Dans leur dictionnaire, Jacques Lévy et Michel Lussault (2003) donnent d'abord, huit premiers sens au mot territoire. Ensuite, ils font des critiques de chacune d'elle. De ce fait, une définition unique du territoire se placerait probablement en porte-à-faux par rapport aux autres définitions. Néanmoins, les auteurs vont proposer une neuvième définition. À partir de quatre approches se sont le « territoire » comme la forme matérielle et symbolique, le « territoire » comme forme d'appropriation et le « territoire » comme configuration spatiale puis le « territoire » comme l'auto-référence. Pour les auteurs, le territoire est un espace approprié qui permet la construction identitaire et existe à des scalaires différentes. Quant à (Brédif, 2021), il développe aussi quatre approches du territoire. Selon lui, le territoire est d'abord les limites du territoire de répartition des éléments biophysiques (plantes ou les animaux) ; c'est aussi l'espace juridico-politique de (l'État-nation), où l'État exerce son autorité politique ; ensuite c'est un lieu d'appropriation et de la construction identitaire individuelle ou collective et enfin c'est aussi un ensemble de lieux interconnectés dans le système de la mondialisation économique. Par ailleurs, l'entrée du

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territoire par « l'espace » est un territoire cartographiable (Pesqueux, 2009) c'est le territoire administratif. Le territoire fait objet de découpage administratif. La souveraineté et l'autorité d'un État s'exerce sur ce territoire. De là, il a des frontières plus ou moins formelles. Il est désigné comme un espace délimité où vivent les gens sous une autorité politique. Ainsi, l'État se légitime d'une part, de l'intérieur en soumettant sa population sous son autorité et d'autre part, de l'extérieur en se faisant reconnaitre par les autres États. Nous avons l'approche du territoire comme un système. Ainsi, les auteurs comme Elsa Filâtre, (2021) et Alexandre Moine (2006) considèrent le territoire comme un système complexe. Ce système est évolutif et composé d'acteurs, d'espace géographique et de systèmes de représentations. La géographie est une science du territoire, différencié de lieux reliées par un réseau (Brunet, 1995). La différenciation des lieux suppose une production spatiale. Le territoire est aménagé en des lieux différents pour des objectifs différents et tous ceux-ci bien agencés et organisés pour former des réseaux. Ce territoire s'appuie sur la théorie de l'allemand Christaller. C'est le lieu de la réalisation des projets, des rapports de force sur l'objet. La chose « territoire » devient un enjeu et source de conflit.

Le territoire est fait d'espace culturel et de symbole identitaire. Autrement dit, c'est un espace de représentation sociale. Il se construit à partir d'un attachement et de sentiment d'appartenance autour d'un paysage très souvent sacralisé. Le territoire vécu est un territoire où vivent la population. La population est enracinée à ce territoire qui est au coeur de son identité. Chaque communauté se singularise par son identité sur un territoire donné. Ainsi sur ce territoire, l'identité résulte d'un sentiment d'appartenance de la collectivité à des formes spatiales particulières. Ce sentiment d'appartenance partagé par le collectif permet l'unité sur ce territoire. Ainsi, le territoire est d'abord un lien avant d'être une frontière. Le territoire est avant tout un lieu d'identification ou d'appartenance ; l'appropriation se positionne au second plan (Bonnemaison et al., 1995). Ces auteurs ont donné une définition plus ou moins complète du territoire. Le territoire est un géo-système, un espace approprié et constitué de différents lieux (Da cunha, 2021, p. 14 cité par Hertig, 2012). C'est dans la même logique mais avec une définition plus élaborée que Guy Di Méo (1996, p. 40) affirme que : « Le territoire est une appropriation à la fois économique, idéologique et politique de l'espace par des groupes qui se donnent une représentation particulière d'eux-mêmes, de leur histoire et de leur particularité. » Dans cette approche de Guy Di Méo, nous retrouvons les trois approches épistémologiques du territoire dans le cadre éducatif comme développé par (Girault & Barthes, 2016).

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Figure 1 : Les différentes acceptations du territoire (Girault & Barthes, 2016)

Ainsi, comme le présente la figure, le territoire est soit un lieu de vie, soit un lieu de pouvoir ou encore un lieu des rapports sociaux. Le territoire est un concept englobant en géographie. Dans cette étude, je vais m'intéresser au territoire dans une approche identitaire.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand