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Une approche du territoire dans l'enseignement scolaire ivoirien : le concept d'identité


par Drissa TRAORE
Université de Paris-CITE - Master 2 en didactique de la géographie 2025
  

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2.2. Analyse théorique de la perception des élèves

Je vais leur soumettre un questionnaire (Annexe 2) et un entretien (Annexe 3). D'abord, mon objectif sera de connaître les savoirs ethnoculturels (religion) des élèves. Après cela, je dois qualifier la perception territoriale des élèves. L'intérêt est de savoir si les élèves ont la même connaissance de la région savanicole et de la région forestière.

L'entretien se fera en fonction des réponses données par les élèves lors du questionnaire. Par exemple :

J'ai vu que tu as choisi la religion (chrétienne, musulmane ou animiste) comme la religion la plus pratiquée en Côte d'Ivoire.

Dis-moi, pourquoi penses-tu que cette religion est la plus pratiquée ? ou encore Où as-tu appris cela ?

PARTIE III. RÉSULTATS DE LA RECHERCHE ET ANALYSES

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Dans cette étude, je m'intéresse essentiellement aux identités relevant de la population ivoirienne. Même, si parfois il arrive que je m'intéresse à des leçons ne traitant pas de la Côte d'Ivoire, c'est que de manière indirecte l'iconographie est liée à la question identitaire ivoirienne.

I. UNE IDENTITÉ RELIGIEUSE FAVORISÉE DANS LA GÉOGRAPHIE

SCOLAIRE

1. L'identité religieuse Baoulé mobilisée au service du tourisme

Certains auteurs se sont inscrits dans cette analyse réductrice de la Basilique en mettant au premier plan sa monumentalité dont l'aspect religieux est relégué au second plan. On pourrait dire que selon Bénédicte Tratnjek, la basilique est un marqueur spatial qui permet la construction de l'identité nationale ivoirienne. Car l'auteure affirme que :

« ...Pour les Ivoiriens, l'édifice ne reflète pas seulement une appartenance religieuse, ni même seulement un lieu. C'est un espace géosymbolique chargé de valeurs identitaires et de connotations nationales auxquelles tous les Ivoiriens (chrétiens ou musulmans) se réfèrent. La basilique est également, dans leurs coeurs, l'inscription spatiale du pouvoir du premier président de la Côte d'Ivoire indépendante. La monumentalité est ici mise au service de l'identité nationale. L'architecture et le politique sont intimement liés : la basilique est un marqueur du pouvoir dans l'espace, qui forge et reflète une identité ivoirienne » (Tratnjek, 2011, p. 5).

Il faut rappeler que la construction de la basilique fit objet de sévère critique par la population. Dans un pays comme la Côte d'Ivoire qui est multiethnique et pluriconfessionnel, quelle que soit l'ampleur d'un tel édifice religieux, elle ne peut pas être un référent commun dans une société multiculturelle. Par conséquent, la basilique est un géosymbole religieux uniquement que pour la communauté catholique. C'est un « réfèrent identitaire religieux-catholique » (Dan, 2020, p. 205) pour la majorité des Baoulés. Raison pour laquelle, en Côte d'Ivoire, dans les manuels scolaires de géographie, pour aborder la notion d'identité, les auteurs ont usé d'une politique qui consiste à faire passer les paysages identitaires comme des atouts touristiques. Les paysages identitaires sont mobilisés au profit du tourisme. Ainsi, officiellement ces paysages sont vus comme des atouts touristiques. Mais selon Ahmadou Kourouma et Gilles Carpentier (2004, p. 91), « Houphouët-Boigny se battit pour sauver sa basilique de Yamoussoukro » parce

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qu'elle « avait une mission importante. Elle devait arrêter l'expansion de l'islam, bloquer son avancée vers le Sud chrétien de la Côte d'Ivoire. » La géographie scolaire est aussi le creuset de la construction des identités. Les autorités publiques ont pu utiliser la Basilique Notre Dame de la Paix de Yamoussoukro et la Cathédrale Saint-Paul d'Abidjan comme des atouts touristiques dans les différents manuels scolaires de géographie pour construire l'identité catholique. En utilisant ces édifices religieux comme des atouts touristiques, cela permettait à l'État d'éviter « les questions sensibles » (Avon, 2015) dans un pays pluriconfessionnel comme la Côte d'Ivoire. Ces images sont présentées à travers les figures suivantes :

Figure 12 : extrait de la page 112 du manuel de 3ème Hatier/CEDA, Hors collection, 1999

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Figure 13: extrait de la page 126 du manuel 3ème Hatier/CEDA, L'Afrique et le Monde, 1999

La fonction première de ces deux édifices est une fonction religieuse et non touristique. Et, c'est cette fonction première que les auteurs vont essayer de faire véhiculer en utilisant ces paysages religieux comme des attraits touristiques. Bien qu'ayant évoqué d'autres atouts touristiques, il faut noter que ces paysages religieux sont omniprésents dans les collections des manuels scolaires. Il faut rappeler que les deux présidents de la Côte d'Ivoire sont des Baoulés et de confession religieuse catholique comme la plupart des Baoulés. Officiellement, « l'action religieuse du gouvernement ivoirien est protéiforme » (Simonet, 2010, p. 409). Pourtant, le discours politique est différent du discours spatial. La démonstration de l'attachement de l'État à la religion catholique s'est faite aussi à travers des marqueurs spatiaux. Comme le disait Marie Miran-Guyon (2013, p. 8) : « Les signes les plus visibles en ont été la construction du sanctuaire marial de Yopougon, de la cathédrale St Paul du Plateau et surtout de la monumentale basilique Notre Dame de la Paix à Yamoussoukro, réplique grandeur nature de Saint Pierre de Rome. » Un autre fait marquant, aucune mosquée n'est utilisée pour une quelconque illustration même pas la mosquée centenaire de Kong qui est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, construite en 1751. Pourtant, cet édifice compte tenu de son originalité fera un atout touristique important si elle était valorisée au même titre que la Basilique. Ces paysages religieux, insérés dans les contenus des manuels scolaires, étaient de nature à développer l'image d'une Côte d'Ivoire chrétienne et catholique. Le paysage de la Basilique et de la Cathédrale Saint-Paul

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d'Abidjan a donc été introduit de nombreuses fois dans les manuels scolaires de géographie. À l'évocation de Yamoussoukro comme une ville secondaire pour décongestionner Abidjan, c'est bien le paysage de la Basilique qui est utilisé pour faire l'illustration.

Figure 14 : extrait à la page 143 du manuel de 4ème, CEDA/HATIER, L'Afrique et le Monde

D'aucuns considèrent que « L'instrumentalisation politique du religieux faite par l'État ivoirien et le manque de politique véritable de gestion des pratiques religieuses rend compte de cette situation » (Dan, 2020, p. 220). Il est vrai que ces édifices sont souvent présentés comme des atouts touristiques, ainsi que nous allons le voir dans la section 2. La Côte d'Ivoire est présentée, en effet, telle un pays catholique aux élèves.

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