3. Les quelques dérives de l'identité
territoriale en Côte d'Ivoire
L'identité territoriale peut faire naitre une sorte de
« chauvinisme exacerbé » chez les habitants d'un territoire
donné. De cette façon, on aura un repli de soi et une fermeture
sur l'extérieur. Une identité territoriale statique dans le temps
et dans l'espace est un élément négatif pour les
populations (Di Méo, 2008a). En Côte d'Ivoire, il suffit d'une
petite querelle au sujet de la forêt (la terre des ancêtres) entre
un autochtone et un allogène pour que l'allogène soit
traité « étranger local » ou d'« étranger
national » en fonction de l'ethnie de l'allogène. Si ce dernier est
de groupe d'ethnie « Dioula » les gens du Nord, il est
considéré comme un étranger dans une dimension nationale.
En revanche, qu'il est de groupe ethnique Mandé du Sud ou Akan, il est
traité d'étranger à une échelle locale. De ce fait,
l'identité territoriale conduit directement à un nationalisme
exacerbé, au tribalisme, à l'ethnisme, entraînant de facto,
l'exclusion (Ardrey R.,1966 cités par Bonnemaison et al., 1995, p. 34)
des autres ethnies. De plus, lorsque les géosymboles se rapportent
à une seule communauté. Les autres communautés n'ayant pas
les
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mêmes valeurs sociales et culturelles se voient exclure
dans le pays. C'est le cas en Côte d'Ivoire, où les
chrétiens ont été privilégiés par les
différentes autorités dans les idéologies spatiales. Par
conséquent, en Côte d'Ivoire, un « vrai ivoirien » doit
être un chrétien.
Il faut ajouter aussi que l'identité territoriale sert
aussi d'instrument pour les politiques. Les politiques peuvent s'appuyer sur
les peuples ayant le même sentiment d'appartenance à un territoire
pour avoir plus de militants et d'étendre leur domination spatiale.
Très souvent, le politique est aussi attaché à ce
territoire. Le politique manipule des populations en s'appuyant sur la religion
ou l'ethnie. Par la territorialité, les politiques contrôlent et
influencent une aire géographique (Sack, 1986 & Guermond, 2006).
Par ailleurs, l'identité territoriale peut être
source de conflit, opposant deux communautés et freiner le
développement de projets territoriaux (Thouément & Charles,
2011). En Côte d'Ivoire, l'identité territoriale a plutôt
confronté les autorités villageoises d'ethnie «
ébrié » en plein agglomération abidjanaise au
gouvernement dans le cadre de la destruction d'une partie
d'Adjamé-village pour l'agrandissement de la voie.
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