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Figure de l'autre et construction de l'identité de la victime à  travers l'association des étudiants et élèves rescapés du génocide, (AERG).

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par Eric Ndushabandi
Université Nationale du Rwanda et Facultés Universitaires Saint Louis- Bruxelles - PhD Student 2010
  

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I.3. Qui est membre de l'AERG ?

Le critère pour être membre semble être évident : il suffit d'être rescapé du génocide « commis contre les Tutsi » en 1994 au Rwanda. En s'éloignant un peut des textes écris, nous pouvons trouver chez les répondants les propos suivants : « Pour être membre il faut être rescapé du génocide commis contre les Tutsi en 1994. Celui qui veut être membre doit avoir trois témoins, membres de l'AERG qui le connaissent en tant que rescapé ». Ces affirmations presque spontanées semblent lever toute confusion sur l'identité des membres. Comment reconnaître qui est rescapé et qui ne l'est pas ? Cette question semble fortuite, pourtant le débat sur la victime Hutu n'est pas toujours sans ambigüité du moins pour ceux qui tiennent à l'idée de la « victime Hutu » pendant le génocide. L'un de nos répondants affirme ce qui suit : « il est inconcevable qu'un Hutu se réclame comme rescapé. Nous n'avons pas ce problème de distinction. Et d'ailleurs je ne vois pas un Hutu qui viendrait réclamer d'être membre de l'association. Au contraire, nous avons encore des rescapés qui se camouflent et qui ne veulent pas être perçus comme tel. Une dame que je connais qui vit à Tumba et qui étudie ici à l'UNR n'a jamais voulu s'enrôler comme membre de l'AERG. Il est difficile de desceller les raisons de cette attitude. Cependant nous encourageons tous les rescapés à venir s'enrôler ».

Cette analyse issue de nos interviews suscite en nous quelques interrogations ? Pourquoi, un étudiant rescapé du génocide ne voudrait pas être membre de l'AERG ? Que dire de cette condition d'avoir trois témoins qui te connaissent parmi les membres de l'AERG pour être reconnu ?

En effet si tout semble bien évident sur l'identité du rescapé du génocide, au sein du FARG au contraire, certaines incertitudes demeurent sur la question de la victime du génocide qui doit bénéficier de l'assistance22(*). Les polémiques interminables sur la liste de ceux qui doivent être assistés par le Fond d'Assistance aux Rescapés du Génocide, (FARG), ne montrent-elle pas que la question est loin d'être close ? Que dire de cet étudiant rescapé qui viendrait à l'UNR sans qu'il ne soit connu de trois personnes membres de l'AERG ? Autant de réserves que l'on émettrait à ce sujet.

L'identité de la victime est donc sans cesse recherchée et se construit se consolide et se structure de plus en plus en sein de l'AERG à travers des « familles » en tant que des lieux de communalisation.

La victime doit fournir des preuves, des témoins pour réellement être reconnue telle. Le nouveau membre de l'AERG devient dès l'approbation membre de la famille23(*). Comment peut-t-on encore parler de « famille » chez les étudiants rescapés du génocide ? Comment naissent-elles ? Quelles fonctions sociales et psychologiques jouent-elles chez les membres de l'association ?

* 22 Plusieurs thèses se confrontent sur la « vraie » victime du génocide quand on évoque la victime Hutu mort pendant le génocide. On évoque les raisons de sa mort pour montrer qu'il n'est pas victime du génocide plutôt qu'il est mort pour des raisons politiques ou pour avoir fait obstacle au plan génocidaire. Certains conçoivent qu'on aurait un Hutu, victime du génocide et donc on peut avoir un hutu membre de l'AERG. Ce qui est réfuté au sein de l'AERG. Ce débat est évidement fortuit dans le contexte actuel pour autant que les critères de distinction entre Hutu et Tutsi ne relève que de la pure subjectivité. L'évolution dans la qualification du génocide révèle que le débat sur la question n'est pas forcement fortuit. Lire, SHYAKA A., « Les conflits internationaux en Afrique des Grands Lacs et esquisses de leur résolution », in Etudes Rwandaises, n°6 du CCGC, UNR, Butare, décembre 2002, pp.99-100 ; Lire également CHRETIEN, J.P., Le défis de l'ethnisme. Rwanda et Burundi : 1990-1996, Karthala, Paris, 1997, 13.

* 23 Le terme « association » est traduit par le mot en kinyarwanda « umuryango, » qui signifie famille.

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