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Figure de l'autre et construction de l'identité de la victime à  travers l'association des étudiants et élèves rescapés du génocide, (AERG).

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par Eric Ndushabandi
Université Nationale du Rwanda et Facultés Universitaires Saint Louis- Bruxelles - PhD Student 2010
  

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II.1. Le degré de participation, tentative d'explication

Pour aborder la problématique de la participation communautaire à la commémoration du génocide, partons de ce bilan établi par un membre de l'exécutif de l'AERG au sein de l'UNR quant aux acteurs et attentes par rapport aux « autres ». : « Certains ne répondent pas à notre invitation quand on leur demande d'animer les conférences débats sur divers sujets en rapport avec le génocide et la mémoire. Cette réticence est parfois due au fait qu'ils ne se sentent pas prêts à affronter le débat dans un milieu universitaire mais aussi la délicatesse des sujets proposés ne leur permet pas de répondre positivement à notre demande. La participation de toute la communauté universitaire n'est pas vraiment satisfaisante. Certains étudiants préfèrent rester enfermés dans leurs chambres, d'autres restent indifférents et d'autre encore préfèrent rentrer chez eux au village »30(*).

Par la Méthode d'Analyse en Groupe, les discussions avec les étudiants en science politique ont relevé un certain nombre de facteurs explicatifs de la faible participation au sein de la communauté universitaire:

- La décentralisation des activités de commémorations précipitées ou alors non préparée a entraîné parfois une faible participation. Le degré de participation varie également en fonction des orateurs prévus au programme du jour.

- Certains membres de la communauté universitaire pensent encore que la commémoration ne concerne que les seuls rescapés du génocide31(*).

- Enfin, la participation est subordonnée à des conjonctures politiques qui peuvent soit favoriser ou défavoriser la participation citoyenne32(*).

La décentralisation des activités de commémoration a-t-elle un effet positif sur les activités de commémoration dans les unités publiques qui ont une histoire particulières et qui méritent de marquer la commémoration d'une emprunte particulière ?

Trois problématiques méritent d'être soulevées et pourrons probablement faire objet de recherches prochaines. Elles ont trait au problème de niveaux et de compétences. Quels sont les différents niveaux de cette décentralisation ? Quelles sont les compétences transférables au niveau de la base ? Que deviennent les sites mémoriaux jadis construits en des lieux ayant une histoire particulière ?

Nous ne pensons pas apporter des réponses à ces questions d'autant plus qu'il serait tôt d'en faire une évaluation. Cependant notre recherche de terrain révèle que par rapport à la question des niveaux de cette décentralisation, une confusion demeure sur les lieux officiels où se tiendront les activités. Certains affirment que jusqu'au matin du 7 avril, ils ne savaient pas s'ils devaient aller à la cellule ou au secteur local ; à l'UNR ou alors au stade provincial où se tiennent habituellement les activités de commémoration au niveau du district de Huye.

L'autre enjeu est celui de compétence. Comment trouver les orateurs « compétents qui devront parler du « génocide » ou de tout sujet s'y rapportant.  A l'UNR cette question se pose moins peut être du fait que nous pouvons trouver à l'UNR un certain nombre de chercheurs sur la thématique. La compétence ici renvoi non seulement à l'aspect intellectuel, mais aussi et surtout elle renvoi à la capacité et la volonté de parler du génocide, de son histoire et de ses conséquences avec clarté et objectivité, (si elle est requise bien évidemment). Le tiraillement et la dispersion des quelques compétences disponibles au pays a entraîné des absences et des retards des orateurs pendant la commémoration. Ceci exige donc un renforcement des capacités et la disponibilité des sources « avérées »33(*) utilisables lors de la commémoration.

Le témoignage de cet étudiant révèle par ailleurs que la décentralisation des activités de commémoration vers les niveaux de base handicape quelque part la participation des riverains de la ville de Butare jadis observable à la commémoration à l'UNR. C'est à l'UNR que l'on le seul site plus visible construit dans la ville de Butare : « Les personnels académiques, administratifs et techniques de l'UNR quant à eux, (c'est par rapport aux étudiants évoqués précédemment), ils justifient leur absence en disant qu'ils participent aux activités de commémoration dans leurs cellules et secteurs respectifs qu'ils habitent 34(*)».

La décentralisation serait une manière efficace de faire participer tout le monde et une stratégie de faire émerger une mémoire collective. Cependant, il est indispensable de renforcer rigoureusement la coordination et la planification pour ne pas encourager « les indifférents » ou ceux qui profiteraient de cette diversité pour se noyer dans le repli, l'oubli et l'effacement.

* 30 Notre enquête, Mai 2010.

* 31 Les universitaires viennent en masse quand il s'agit des militaires qui animent les conférences. Le franc-parler de Mr Joseph Habineza, Ministre chargé de la culture et du sport lui a valu une grande popularité dans la communauté universitaire.

* 32 Rappelons que cette analyse est faite à la veuille des élections présidentielles prévues en Août 2010. Le discours présidentiel du 7 avril 2010 à la commémoration du génocide, fait une forte référence à la démocratie, aux échéances électorales et surtout aux conditions sécuritaires à l'intérieur du pays.

* 33 Bien que la CNLG à envoyé à toutes les institutions et instances du pouvoir public les grandes orientations des thèmes à discuter pendant la commémoration, il est indispensable que le manuel d'histoire tant attendu soit disponible. La CNUR en charge de ce travail a entrepris ce travail délicat qui a été remis aux mains des historiens de l'UNR pour la plus part.

* 34 Rappelons que depuis 2010, les activités de commémoration ont été décentralisées aux niveaux des cellules et des secteurs. Ce qui justifie que les efforts sont éparpillés quant il s'agit de la commémoration à l'UNR. Nous y reviendrons dans les lignes suivantes.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams