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Figure de l'autre et construction de l'identité de la victime à  travers l'association des étudiants et élèves rescapés du génocide, (AERG).

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par Eric Ndushabandi
Université Nationale du Rwanda et Facultés Universitaires Saint Louis- Bruxelles - PhD Student 2010
  

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II.2. Le personnel et les autorités universitaires : deuxième figure de l'autre.

L'AERG est une association comme tant d'autres qui sont réunies dans l'Association Générale des Etudiants de l'UNR et qui est devenue la « National University of Rwanda Student Union, NURSU ».

L'AERG travaille en collaboration avec l'UNR. Les autorités nous soutiennent par plusieurs initiatives. Le gouvernement rwandais à travers l'UNR octroie des bourses et des logements aux étudiants rescapés du génocide, même si ces bourses sont jugées insuffisantes par la plus part de nos enquêtés. L'université apporte également son soutien à travers l'association des étudiants de l'UNR, dans la préparation de la commémoration du génocide de chaque année.39(*) Elle réserve le grand auditoire pour les activités de commémoration pendant toute la semaine de deuil national. Les conférences s'y tiennent, les discours s'y prononcent et les films s'y projettent40(*) ; alors que les témoignages sont donnés pendant les veillées de deuil sur le site mémorial construit à l'entrée principale de l'UNR. C'est effectivement ces quatre grandes activités qui caractérisent la commémoration du génocide à l'UNR.

Cet état de chose nous amène à nous interroger sur certaines attitudes de l'UNR par rapport à son « soutien » apporté à l'AERG. Pourquoi l'UNR ne prendrait-elle pas en charge les activités de commémoration à l'UNR ? Il est indispensable que les rescapés soient les premiers protagonistes de la commémoration, cependant la participation ne serait pas moins forte à notre avis si c'était l'UNR qui prenait en charge les activités de commémoration. Si l'UNR met en place des comités ad hoc pour organiser différentes activités41(*) de même l'engagement de l'UNR en tant qu'institution ne devrait pas se réduire à un simple soutien financier à l'AERG ou aux discours prononcés lors des conférences et des cérémonies commémoratives. Les expressions souvent répétées par les membres de l'AERG réaffirment les propos de nos enquêtés qui considèrent que la commémoration est réservée aux seuls rescapés. Lors des conférences débats et les veillées sur le site mémorial de l'UNR, on peut entendre de la bouche des rescapés, « merci d'être venu nous soutenir », « merci pour votre aide, merci pour votre soutien », « nous vous demandons de continuer à nous soutenir »42(*). Il est indéniable que c'est d'abord un soutien aux rescapés du génocide, cependant l'UNR en tant qu'institution insisterait sur cet aspect en sensibilisant la communauté universitaire à une plus grande et active participation. Si on admet que le génocide est un crime contre l'humanité, c'est cette même humanité toute entière qui prendrait en charge des activités de sa commémoration.

Parallèlement, peut-on observer qu'au niveau national, les activités sont prises en charge par l'Etat à travers sa Commission Nationale de Lutte contre le Génocide et non pas par IBUKA43(*) ni par l'AERG national.

Comment les membres de l'AERG perçoivent-ils le rôle du gouvernement dans la commémoration du génocide à l'UNR ? Les propos de nos enquêtes reviennent généralement sur l'aspect financier, la bourse aux étudiants et l'envoie des conférenciers :

* 39 Cette association jadis connue sous le nom de l'Association Générale des Etudiants de l'Université Nationale du Rwanda, AGEUNR, s'est dotée d'un nouveau nom Anglais « National University of Rwanda Student Union, (NURSU).

* 40 Une particularité de cette année, c'est qu'on a découragé la projection des films sur le génocide sans censure au préalable. Le thème de l'année étant en rapport avec le traumatisme. Il a été déconseillé de montrer des films  « traumatisants ». Cette décision n'est pas accueillie de la même façon dans la communauté universitaire. Pour certains, le traumatisme n'est pas mauvais, c'est une étape nécessaire dans la thérapie pour le rescapé. Pour d'autres, s'il y'a peu de participation du côté étudiant, c'est par ce qu'il n'y avait pas beaucoup de films au programme de la semaine. Effectivement la soirée du 12 avril 2010, les étudiants étaient venus nombreux à la projection du film, alors que la veuille et quelques heures plutôt la salle était presque vide lorsque le gouverneur de la province du sud, ancien étudiant à l'UNR, donnait sa conférence. Une recherche approfondie et multidisciplinaire est indispensable pour analyser ces facteurs de motivation et les différents instruments de mémoire.

* 41 Les cérémonies de collation des grades, les autres conférences ouvertes sont généralement encadrées par les services de l'UNR ou des comités ad hoc. Il n'est pas moins étonnant que l'on trouve sur la table d'honneur l'absence visible des autorités universitaires à côté des certaines autorités invitées par l'AERG pour animer les conférences.

* 42 Des expressions qui ont toujours attiré notre attention et qui finalement nous ont inspiré cette piste de recherche

* 43 « IBUKA » qui signifie souviens-toi, est la plus grande association des rescapés du génocide qui a pour mission de préserver la mémoire du génocide des Tutsi au Rwanda.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery