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Figure de l'autre et construction de l'identité de la victime à  travers l'association des étudiants et élèves rescapés du génocide, (AERG).

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par Eric Ndushabandi
Université Nationale du Rwanda et Facultés Universitaires Saint Louis- Bruxelles - PhD Student 2010
  

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II.3. Les autorités politico militaires

Une autre dernière figure de « l'autre » considérée dans cette réflexion est celle des autorités politico-militaires souvent évoquées dans les discours le jour de la commémoration. Comment les membres de l'AERG perçoivent-ils le rôle joué par les autorités politiques et militaires tant au niveau national que régional ? Quelles sont les attentes de l'AERG par rapport à ces instances politico-militaires ?

L'appui du gouvernement est déjà formalisé et prévu dans la constitution rwandaise. Toutes les lois sont conçues dans l'esprit de l'unité et la réconciliation nationale. En son chapitre II, article 9, en son premier alinéa relatif aux principes fondamentaux, les deux premiers principes se rapportent directement au génocide et la lutte contre son idéologie.

Plus loin au chapitre IV, en son article 179, au troisième alinéa, la constitution rwandaise prévoit la mise sur pied d'une Commission Nationale de Lutte Contre le Génocide ayant pour mission de plaider pour la cause des rescapés du génocide à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.

L'AERG se base donc sur ces dispositions constitutionnelles pour adresser aux autorités politico-militaires reconnaissance et doléances : « Le gouvernement nous appui en nous envoyant des différentes autorités pour donner des conférences et prononcer des discours en son nom. Les services de militaires et la police sont quant eux avec nous le plus souvent et nous leur demandons de renforcer la sécurité par leur présence et leur soutien »44(*).

L'opinion du représentant de l'AERG fait évidement une distinction entre la figure et le rôle du politicien et du militaire dans la période de commémoration.

Ces deux perspectives sont au coeur du discours du rescapé, membre de l'AERG. Le gouvernement n'est pas que protecteur mais aussi dispensateur des biens et des services. Les thèmes des conférences reviennent d'une part sur l'histoire du pays, le génocide et son histoire, et d'autre part, sur les réalisations et le processus de reconstruction nationale45(*). Les discours sont rassurants et ne cessent de donner sens aux événements. Une « vrai lecture »46(*) du passé est soigneusement argumentée.

Les services de sécurité, sont souvent représentés par des officiers militaires et policiers de haut rang au niveau de la province du sud. Leur « bravoure » et leur engagement « infaillible » sont sans cessent répétés par les représentants de l'AERG. Ils ont sauvé des nombreuses vies au prix de leur sang. Ils sont des « héros », qui ne se lassent pas de protéger les rescapés éparpillés sur toutes les collines du Rwanda qui subissent encore des menaces, voir tués par les récidivistes de l'idéologie du génocide47(*).

Enfin, le souci de la survie et la menace contre les rescapés est très remarquable dans les discours des représentants de l'AERG. Son identité est encore menacée, l'idéologie du génocide est encore plus affirmée dans les langages des collègues, sur l'internet et dans les familles où s'abreuvent la plus part des jeunes universitaires.

* 44 Entretien, mai, 2010.

* 45 Nos recherches doctorales en cours étudient soigneusement ces formes de représentations officielles du passé dans leurs rapports aux représentations sociales. Notre cas d'étude se limite aux groupes qui ont suivi les leçons d'histoire transmises dans les « ingando », (sorte de camp de solidarité, organisé systématiquement pour tous les nouveaux inscrits des universités publiques et pour toutes les catégories sociales rwandaises), pour en élucider la portée et les limites d'un tel dispositif officiel de gestion du passé après le génocide.

* 46 Nous faisons référence aux versions officielles qui prétendent donner la « vraie interprétation du passé », Cette version se positionne par rapport aux écrits des colonisateurs et des missionnaires européens et de certains historiens rwandais d'avant 1994. On peut trouver la version officielle formalisée dans le manuel de formation pour les « ingando » et d'autres formations, de la Commission Nationale pour l'Unité et la Réconciliation, Octobre, 2006.

* 47 Mot de circonstance du représentant de l'AERG au site mémorial du génocide à l'UNR, 13 avril 2010.

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