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La problématique des conflits en Afrique: le cas de la Somalie, de la Côte d'Ivoire et de la RDC

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par Salif Kà¢
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Maitrise en science politiques 2012
  

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Chapitre II : Les causes socio-économiques et politiques

Il est une évidence certaine que les jeunes Etats africains plus ou moins pauvres en ressources naturelles et humaines n'ont pu connaitre, à l'exception de Botswana, une stabilité démocratique pour leur développement économique. Ainsi la plupart des régimes autoritaires ont vécu à partir des années 90 ce que le politiste français Jean François Bayart appelle une « décompression autoritaire » au profit du processus de démocratisation qui se poursuit encore avec beaucoup de difficultés. Sous prétexte de démocratiser et de développer l'Afrique, les puissances étrangères déroulent leur stratégie de « boulimie foncière » pour exploiter et asservir l'Afrique. Cependant la résistance à la volonté impérialiste se faisait entendre partout. Car « la pauvreté dans la dignité vaut mieux que l'opulence dans l'esclavage » aurait dit un adage africain tant évoqué pour le Président dictateur Ahmed Sékou Touré. Ces propos de sagesse africaine sont utilisés à l'inverse par les politiques pour piller l'économie des Etats souverains et indépendants africains. Cette attitude malsaine est aujourd'hui source incontournable de conflits aussi bien sur le plan économique (Section I) que sur le plan politique (Section II).

Section I : Sur le plan socio-économique

En analysant la situation économique en termes de ressources, l'on se rend compte qu'il y a des enjeux fondamentaux. Aussi bien en RDC, en Somalie qu'en Côte d'Ivoire, la richesse (Paragraphe I) comme la pauvreté (Paragraphe II) constituent de véritables sources de conflits.

Paragraphe I : La richesse comme source de conflits 

Concernant les ressources naturelles, les trois pays détiennent chacun une richesse particulière. En somalie, la richesse en ressources halieutiques est quelquefois source de convoitise incontrôlable entrainant des hostilités entre les usagers des eaux riches en thons et crustacés. A cet effet, une lecture économique des causes du conflit interne et externe qui persiste encore considère que la faillite de l'Etat en 1991 a fait l'objet de surpêche étrangère. Cette pêche illégale a été le fait des chalutiers italiens, grecs, espagnols et japonais.33(*) Ce pillage difficile à contrôler dénote de l'inefficacité de la puissance publique, partant de l'inexistence de l'Etat en tant que tel. C'est ainsi que se développe une insécurité en permanence. Compte tenu de la position stratégique du pays, la piraterie devient une menace pour le transport maritime international depuis le début de la guerre en fin 90.

Si en Somalie, la richesse maritime est source de conflits, en côte d'Ivoire et en RDC, il en est autrement. D'ailleurs, ce sont les richesses foncières qui alimentent les rivalités entre les usagers. Chacun de ces deux Etats se particularise par la nature de ses richesses. En Côte d'Ivoire, elles sont agricoles tandis qu'en RDC elles sont minières.

La RDC est extrêmement riche en ressources minières au point de faire l'objet d'une convoitise au niveau international. Il y a du diamant, de l'or, du cobalt, du cuivre, de l'étain, de la bauxite, du fer, du gaz, des schistes bitumeux, charbon, du pétrole et du Colombo tantalite (coltan). Ce dernier minerai très rare dans le monde est localisé au Nord et au sud Kivu, à Katanga et à Maniema.il fait depuis quelques décennies l'objet d'une convoitise de la part des plus grandes puissances mondiales, à savoir les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe. Le coltran et d'autres ressources du sous-sol de la RDC sont indispensables pour la technologie de pointe, la fabrication et l'entretien des engins aéronautiques et spatiaux, les ordinateurs et la téléphonie cellulaire.34(*) L'enjeu fondamental est qu'il n'y a nulle part ailleurs où l'on peut s'approvisionner suffisamment en coltan si ce n'est en Australie, en Brésil ou en RDC. La région de Kivu, partie orientale de la RDC possède la plus grande réserve mondiale avoisinant 80% des réserves mondiales de tantale qui est extrait du coltan.

Au moment où l'Australie et le Brésil en exportent d'énormes quantités pour alimenter les industries de haute technologie, la RDC quant à elle, reste victime de l'exploitation de cet or gris. Le tantale est une matière incontournable pour l'industrie aérospatiale, aéronautique et de défense (réacteurs, missiles et satellites). Si autrefois, seules l'Allemagne, la Belgique et la France se concurrençaient pour le contrôle du coltan avec toutes les conséquences qui en découlaient, aujourd'hui, il en est autrement. Les Etats-Unis et un peu plus tard la Chine entent en jeu pour bénéficier des opportunités industrielles de ce minerai. Il y a présentement une absence d'éthique et de respect du droit international dans l'exploitation du colombo tantalite malgré les quelques rapports des Nations Unies qui dénoncent l'attitude des multinationales téléguidées en terre congolaise. Plus grave encore, la puissance allemande entre en affrontement diplomatique avec Kinshasa tout en soutenant des milices sécessionnistes proches du Président rwandais. Ainsi la RDC sous l'effet d'une guerre silencieuse contre elle et ses intérêts devient l'ennemi des pays voisins (Rwanda, Ouganda et Burundi) instrumentalisés par les puissances occidentales qui soutiennent leurs multinationales. Une nouvelle configuration géopolitique fait de Kigali le lieu de convergence du coltan qui sera par la suite acheminer vers l'Europe et les Etats-Unis. Cette nouvelle forme de commerce triangulaire version du XXIème siècle continue d'entrainer des affrontements et des victimes (environ 5 millions de morts) notamment dans la région de Kivu. Toutefois, l'entrée de la Chine en jeu avec la signature du contrat du 17 septembre 2007 offre à la RDC ce que les autres puissances n'ont jamais pu proposer.

Par ailleurs, en Côte d'Ivoire, la question de la propriété foncière soulevée après la fin du régime de Houphouët Boigny pour qui la terre appartient à celui qui la « met en valeur » a divisé l'opinion avant de se concrétiser avec la réforme du code foncier rural. En effet, la Côte d'Ivoire avait fait appel à la main d'oeuvre étrangère qui a contribué à faire de son économie l'une les plus performantes de l'Afrique pour un pays qui ne dispose que du coton, du café et du cacao. Selon Aminata Traoré, la Côte d'Ivoire dont le café et le cacao rythment le dynamisme économique enregistre dans le courant des années 60-70 des taux de croissance de 6 à 7% faisant d'elle le premier exportateur et importateur mondial de cacao avec le tiers du marché mondial.35(*)

Ainsi la population étrangère qui constitue 26% de la population totale avait formé avec les ivoiriens de souche la nation ivoirienne avant d'être secouée par des « identités meurtrières » sous l'effet de la politisation de la réforme foncière avec le fameux concept d'ivoirité. Les conflits fonciers opposent particulièrement les populations autochtones et allochtones dans les régions de l'Ouest et du Centre-Ouest de la Côte d'Ivoire. C'est ainsi que Kassimi Bamba « le conflit ouvert en septembre 2002 apparait comme le résultat de cette rupture d'harmonie entre les ivoiriens eux-mêmes et entre les ivoiriens et les étrangers ». 36(*)

Ces propos sont d'autant plus vrais qu'ils sont confirmés par la loi no 98-750 du 23 décembre 1998, portant Code foncier rural promulgué 14 janvier 1999. Selon Théodore Dagrou cette loi « a été considérée comme contenant les germes potentiels de xénophobie, en ce qu'elle dispose, en substance, en son article 1, que seuls les ivoiriens peuvent accéder à la propriété de la terre ».37(*) Du coup, une bonne partie de la population née, grandie et travaillant en Côte d'Ivoire est exclue, marginalisée, ce qui du reste a créé un stock de frustrations qui génère une situation conflictuelle sans précédent dans l'histoire du pays.

* 33 Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

* 34 Op.cit. S.E. Moustapha Niasse.

* 35 Aminata Traoré. Lettre au Président des Français à propos de la Côte d'Ivoire et de l'Afrique en général. Librairie Arthème Fayard, 2005,p51.

* 36 Kassimi Bamba et Kévin Adou. Côte d'Ivoire : chronique d'une crise (2002-2008). Les Editions du CERAP, 2008, pp14-15.

* 37 Théodore Dagrou. Comprendre le Code foncier rural de la Côte d'Ivoire. 2ème édition revue et augmentée, Abidjan, 2007, p17.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote