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L'avenir du régime de non prolifération : La position iranienne dans la crise

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par Adrien Lopez
Université Toulouse 1 - Master Relations Internationales et Politiques de Sécurité 2008
  

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2. Le jeu des provocations et leurs destinataires :

Provocation : Technique de communication qui a pour but d'inciter une personne à agir, à réagir. Elle peut être de différents ordres et avoir différents buts. Elle consiste à prêcher le faux pour avoir le vrai, obligeant l'autre à se justifier. Si l'autre ne se justifie pas cela permet de donner l'illusion de la validité des idées et du raisonnement, on retrouve cette idée dans le vieil adage « le dernier qui parle à toujours raison.

Elle diffère de l'argumentation car elle mobilise un ensemble de techniques permettant de rendre la présentation des faits insupportable pour le locuteur auquel elle s'adresse. Le silence pouvant être interprété comme une acceptation implicite. Le fait que les univers médiatiques soient hermétiques permet d'empêcher le dialogue et donc d'accentuer ce phénomène, le fait que les médias soient contrôlés empêche le débat intérieur. Un locuteur emploie ces techniques dans divers buts. Le débat politique est un lieu de confrontation d'opinions où les faits et la réalité sont souvent moins importants que la joute orale et la démonstration. Suivant le public auquel est adressé le discours les provocations seront plus ou moins claires, tranchantes. Il est intéressant de voir si les provocations, diffamations et injures se retrouvent face à tous les publics, par exemple si on ne les trouve que dans le cadre national et dans des milieux gagnés ou peu contestés. Le statut de l'individu qui utilise ses techniques de communication est aussi important, son degré d'exposition dans les médias internationaux, sa fonction, ses responsabilités.

La provocation ici, se base sur des assertions fausses ou réductrices, de la diffamation, des insultes ouvertes ou voilées, utilisant les mots afin de toucher le pathos de la personne provoquée. Elle se base sur la mobilisation de la signification implicite ou explicite des mots ou associations de mots employés en jouant sur les présupposés, les sous entendus. Elle peut donc utiliser la rhétorique dans le but de provoquer. Elle peut également utiliser le raisonnement dans l'absurde ou dans l'absolu, allant contre le bon sens, la rationalité ou la légalité, en avouant ouvertement une infraction à l'ordre commun afin de provoquer une vive réaction de l'autre. Enfin est considéré comme provocation l'annonce d'un plan ou d'une ambition qui va contre les droits ou les projets d'un adversaire ou qui fait peser une menace à terme sur lui.

La provocation est punie par exemple par la loi française lorsqu'elle appelle à la haine ou à la discrimination et lorsqu'elle porte sur un attribut d'une personne ou d'un groupe de personnes. La diffamation et l'injure sont, elles aussi punies par la loi française. La provocation est aussi punie par l'article 7 de la déclaration universelle des droits de l'homme quand elle incite à porter atteinte à ces droits. La provocation et la diffamation représentent les outils principaux d'une stratégie de contestation.

a. Analyse des données  en fonction de l'auteur :

Parmi le corpus, on remarque que les officiels en poste à l'AIEA et les anciens officiels provoquent peu. Si l'on prend les discours du président Ahmadinejad les provocations se font sous la forme de phrases claires, argumentée, exposant ouvertement son point de vue. Elles veulent faire un bilan et clamer l'impuissance et la perversion du système international. Il fait appel au champ lexical et sémantique du mouvement des non alignés et de l'intégrisme religieux.

Ensuite dans le discours de l'Ayatollah Khamenei, on peut clairement identifier ici aussi le champ lexical des non alignés. Il relève des contradictions du monde, oppresseur/ oppressé, il tente de trouver des stratégies mises en place par l'ennemi ce qui permet d'insister sur l'idée de résistance en utilisant des raisonnements et des déclarations du type « nous ne voudrons jamais, on ne peut pas ». Il essaye de mettre en lumière un complot des puissances qui veulent  « grâce à leurs moyens médiatiques et leurs réseaux politiques », «s'ingérer dans le monde » et « contrôler la république islamique d'Iran ». Il est le décideur final dans la chaîne de gouvernement, c'est son discours qui est le plus instructif. Un autre aspect de son discours est la référence à dieu et au caractère divin de la résistance et de chacunes des actions. « Si nous ne nous défendons pas, dieu nous le reprochera », « Les pressions historiques auraient tué n'importe qui mais pas nous, nous sommes bénis, aidés de dieu ». On trouve des phrases chocs, montrant l'inutilité des sanctions, des pressions. « Les sanctions n'ont servi qu'à développer l'armée, les potentialités locales ». L'Ayatollah Khamenei utilise des dictons, faisant appel au sens commun et au « pathos » de l'interlocuteur : « On ne peut pas prendre la proie au loup par la négociation, il faut lui la prendre par la force ». On trouve aussi des provocations mettant en jeu le futur, de type « nous ne sommes qu'au début du chemin/ la jeunesse achèvera la voie », qui renvoie à un futur dont personne ne peut être sûr et qui donc donne la force à cette assertion. Un grand nombre de techniques sont utilisées pour convaincre sa population et représentent une provocation pour le lecteur étranger ou ne partageant pas le même paradigme de pensée. L'Ayatollah Khamenei utilise des néologismes « Djihad universitaire », et lance même  « l'année de "l'innovation" ». Il utilise enfin des figures de rhétoriques « ils nous sanctionnent alors qu'ils sont, eux aussi coupables », argument utilisant un cliché commun, qui tente de disqualifier l'auteur car il n'est pas parfait et permet de dévier la réponse au sujet. Il y en a d'autre « le Djihad universitaire est une flèche qui atteint l'ennemi en plein coeur », ici on procède par analogie, après avoir expliqué que le djihad universitaire était un outil pacifique de résistance à l'ennemi et avoir proposé comme réussite ultime de ce « combat » l'invention d'un radar, il le compare à une flèche en plein coeur. Ce qui renvoie à un champ sémantique très hostile et menaçant la vie de son ennemi.

Le troisième acteur présent est l'imam Yazdi. Il n'y a dans le corpus qu'un seul de ses textes cependant il nous livre un bon aperçu de ses convictions. Ses propos sont clairs, mais rentrent en contradiction avec certains aspects du discours de l'Ayatollah Khamenei. La principale singularité est qu'il rejette lui la science dans son discours, « Eradication of innovation, corruption and superstition ». Cette phrase est dérangeante et montre que l'ensemble des acteurs ne partage pas la même opinion en Iran, il n'y a pas de pensée unique, même chez les plus conservateurs. Pour lui le système international est une coalition des forces de l'infidélité et de l'hypocrisie, servant du dollar et qui viennent soumettre et voler les pays pauvres. Toujours un mélange de non alignés et de marxisme. En tant qu'iman il fait bien sûre référence à la religion et emploi un terme que seul le président américain peut se permettre de prononcer, pour lui les puissances hostiles mettent en place une « Neo Crusade against the progress ». Chose qui est difficile à comprendre car elle rentre en contradiction avec le propos précédent. Pour lui il faut éradiquer l'innovation pour faire vivre les lois sacrées mais il se plaint après du fait que les États hostiles l'empêchent de progresser. Ce mot renvoyant clairement à la science et donc à l'innovation.

Enfin il reste les documents provenant de l'IRNA. On trouve principalement des tentatives de diffamation et de discréditation. Elles essayent de convaincre les récepteurs du message par la déduction logique. Voilà quelques exemples codés après analyse :

«Iranian doesn't need US => US deprive Iranian nation from legal rights»

«Fully acknowledge in private => bargain directly in order to take advantage»

«Send wrong information => politicised nuclear case»

«No compromise => brake bilateral agreement; become never ending demand»

On trouve des menaces de vengeance, de divulguer des informations : 

«God will humiliate the great power; Lot of untold stories about Iranian nuclear program; any country moving in line of super power would suffer lost and taste the agony of defeat » 

La presse fait des références au passé en «remuant le couteau dans la plaie» ou en rappelant des faits d'armes dans la résistance « anti-hégémonique » : « Nuclear issue is 100 times as important as oil nationalisation» 

On trouve enfin des affirmations fausses ou intenables faisant plus appel au pathos des interlocuteurs :

« if they think they can force Iran to negotiate from lower position they should know that this era as ended ; Iran will not longer negotiate as it become normalized ; Would reject any incentive ; if there any pre condition , they should be ours; Iran mastered the nuclear energy for peace full purpose; Iran nuclear energy is totally indigenous » 

Grâce à cette distribution en fonction des auteurs on peut remarquer que les provocations vont decrescendo en fonction de l'exposition médiatique internationale et de la proximité avec les organismes internationaux. Cela peut être expliqué par la socialisation que procurent les régimes, les acteurs loin des forums internationaux et de la médiatisation provoquent plus que ceux qui sont devant la scène.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle