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Le contrôle des armes légères et de petit calibre en afrique de l'ouest

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par Salamane YAMEOGO
Institut de Hautes Etudes Internationales et du Dévelppement (IHEID) - Master en Etudes du Développement 2009
  

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SECTION II : L'ÉVALUATION SOUS L'ANGLE  TRIPARTITE DE

L'EFFICACITÉ, L'EFFECTIVITÉ ET DE L'EFFICIENCE

La tension entre une norme et/ou une politique publique et le fait du comportement de leurs destinataires, tel qu'il apparaît dans la réalité pose le problème de l'efficacité, de l'effectivité et de l'efficience de cette norme et/ou de cette politique publique. D'où l'intérêt d'une évaluation. Le système CEDEAO n'est pas en dehors de ce hiatus entre les cadres normatifs et stratégiques. Il s'avère de faire une évaluation du système de contrôle des ALPC sous l'angle tripartite « effectivité, efficacité et efficience ». Mais, il faut d'emblée des précisions conceptuelles. Les termes « effectivité, efficacité et efficience » sont compris aussi bien sous l'angle juridique que sous l'angle développementaliste. Vue la diversité des objectifs et des programmes, la présente étude porte sur l'ECOSAP et les Commissions nationales. Ainsi, l'efficacité (§I), l'effectivité (§II) et l'efficience (§III) du système seront analysées. Ce qui va permettre de toucher du doigt les critères d'impacts et d'utilité.

§I : L'EFFICACITE DU SYSTÈME

La notion d'efficacité n'est pas unanimement définie. Tant en sciences administratives, juridiques et politiques que dans les domaines d'études du développement, un certain flou demeure. Les réflexions sont abondantes : Kelsen 1962 ; Knoepfel 1995; Auer, Malinverni et Hottelier 2000; Ost et Van de Kerchove 2002 ; Charnoz et Severino 2007. Mais, une certaine convergence semble lier ces différentes disciplines. Dans un langage courant, l'efficacité, selon le dictionnaire le « Petit Robert », fait référence à la capacité de produire le maximum de résultats avec le minimum d'efforts ou de dépenses. Usuellement, c'est le fait de produire l'effet attendu. Sans se livrer à des développements théoriques assez longs, il est ici retenu la nomenclature de la doctrine helvétique, d'ailleurs dominante, qui définit l'efficacité non seulement distinctement de l'effectivité et de l'efficience mais aussi en opérant une approche pas fortement opposée entre l'efficacité de la norme et de la politique publique. Pour ces auteurs, l'efficacité, au sens étroit, est la capacité d'une mesure d'atteindre les objectifs visés par la loi ou la politique publique. Elle se mesure par rapport aux résultats « outcomes », c'est-à-dire à l'ensemble des effets qui sont causalement imputables à une politique publique déterminée (Flückiger 2001, 94). Une politique ou une norme sont efficaces si les résultats correspondent à leurs objectifs. A contrario, elle est inefficace, même si elle offre de nombreuses prestations, même si elle provoque de nombreux impacts, lorsqu'elle qu'elle se traduit, contre toute attente, par de piètres résultats (Flückiger 2001, 95). Selon Hans Kelsen, une norme est efficace de part sa simple existence. Mais, la norme est ici définie sur un plan purement juridique. C'est une règle de droit. Et, en tant que telle, les auteurs comme Suarez, Austin ou Kelsen assimilent purement et simplement l'efficacité de la règle à son existence. Ainsi, une règle valide est une règle qui existe, celle qui s'attache à son devoir d'être juridique (Kelsen 1962, 13). Aussi, l'existence de la règle entraine t-elle son obéissance. On aboutit à : Règle valide=règle qui existe=règle devant être obéie. Il se crée un cordon juridique entre validité et obligatoriété. En tout état de cause, l'efficacité laisse entrevoir des impacts.

Depuis la mise en oeuvre des plans de lutte contre la prolifération des ALPC, des actions ont été menées par les services publics et les ComNat avec des résultats visibles dans certains pays. Au Bénin, au Burkina Faso et au Cap Vert, les résultats sont peu connus. De toute évidence, ils paraissent maigres et sont en déca des attentes. Au Bénin, par exemple, les Réseaux d'Information Régionaux Intégrés (IRIN) des Nations Unies ont signalé qu'en 2000, le pays a intercepté un transport de 1000 cartouches de munitions entre le Burkina Faso et le Nigeria et arrêté le chef d'un réseau impliqué dans le trafic d'armes de petit calibre (Florquin et Berman 2006, 225). Cette prise est très infime quand on sait que le Bénin est une aire prisée des transites des ALPC et qu'il existe une forte concentration de producteurs locaux d'armes légères dans le nord du Bénin notamment à Parakou (Bouko 2006). La criminalité due à la circulation anarchique des ALPC avait poussé le Nigéria a fermé sa frontière avec le Bénin de façon unilatérale.

Au Burkina Faso, la recrudescence des attaques à main armée au moyen des ALPC sur les principaux axes routiers est fréquente. Pour y faire face, la ComNat a organisé au niveau national des ateliers et des sorties de sensibilisation à la relecture des textes législatifs relatifs aux armes. Au plan sous régional, le Burkina Faso a participé à des réunions et des ateliers ; le pays a aussi abrité un atelier du Programme de Contrôle des Armes Légères de la CEDEAO et organisé conjointement avec le Mali une opération sur le terrain. Mais les résultats ont été très maigres comme le reconnait le Colonel Paul Yameogo (Yameogo 2007, 1). Des antennes régionales de la ComNat n'ont cependant pu être installées en raison du manque de ressources financières. Ni les services de sécurité et de défense ni la ComNat ne fournit de résultats sur les ALPC récupérées pendant les opérations sur le terrain. Ici aussi, c'est un secret de Polichinelle de dire que les résultats sont insignifiants quand on sait que depuis la période révolutionnaire énormément d'armes pullulent dans le pays sans oublier les fuites d'armes en raison des coups d'Etat répétés, des conflits armés comme en Côte d'Ivoire et les fabricants locaux. Au Cap Vert, aucun chiffre n'est fournit quant à la saisie d'ALPC alors que le pays reste une plaque tournante des trafics et de contrebande de stupéfiants tels que le cannabis, la cocaïne, l'héroïne en provenance d'Amérique Latine vers l'Afrique de l'Ouest et l'Europe (UNODC 2009).

La situation est toute autre dans les Etats qui ont connu un conflit armé comme les pays de l'Union du Fleuve Mano. En Guinée, suite aux attaques des mouvements des dissidents guinéens/Rassemblement des Forces Démocratiques de Guinée (RFDG) et du Front Révolutionnaire Uni (RUF) de la Sierra Leone, en 2000 et 2001, le défunt président Guinéen Lansana Conté a fait appel à des jeunes pour renforcer l'armée guinéenne. Ainsi, entre 7.000 et 30.000 jeunes volontaires ont été recrutés dans les régions (Guéckédou, Kissidougou, Faranah, Dabola, Mamou, Kindia, Forecariah, N'Zérékoré) menacées par les incursions rebelles et enrôlés dans l'armée nationale. Cependant, les efforts de récupérations des armes aux mains de ces volontaires sont restés maigres. Dans la localité de Guéckédou sur une estimation de 2380 volontaires dont 70% reconnait avoir été armé et pris part aux combat, le Ministère de la Sécuité souligne avoir saisi 222 armes en 2001-2003. La Brigade criminelle guinéenne a saisi 52 fusils de chasse artisanaux entre 2001 et 2003 (Florquin et Berman 2006, 279). Avec l'appui des USA, les autorités guinéennes ont détruit 21.906 armes de petit calibre et armes légères obsolètes de même que 89.889 cartouches de munitions entre le 26 septembre le 11 novembre 2003. Parmi celles-ci, on trouvait des AK-47, des armes antichars portables et 278 missiles sol-air Strella-2 (Florquine et Berman 2006, 280).

D'énormes défis restent à surmonter par rapport aux jeunes enrôlés de façon ; surtout avec le coup d'Etat de décembre 2008, on est en droit de penser que les armes vont disparaître dans la nature et que peu d'opération de désarmement seront effectif sans compter qu'en cette période de régime militaire, les armes se retrouveront dans la rue à cause des vols et de certains détournements. En tout état de cause, le pays représente une zone à risque pour la circulation incontrôlée des ALPC. A cela s'ajoute les flots de réfugiés dans le pays. Selon les chiffres du second rapport du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies en 2003, la Guinée a accueilli plus d'un million de réfugiés au cours des dix dernières années en provenance des conflits armés de la Guinée- Bissau, du Liberia, de la Sierra Leone et de la Côte d'Ivoire. Lesquels camps sont militarisés. Selon Hilary O'Connor, repris par Florquin et Berman, en septembre 2004, il y avait plus de 280.000 réfugiés en Guinée dont 60% vivaient en dehors des camps, 140.000 étaient des Libériens, 30.000 venaient de Sierra Leone, 7.000 de Côte d'Ivoire et plus de 100.000 étaient des Guinéens rentrés du Liberia et de la Côte d'Ivoire qui fuyaient les combats dans ces pays (Florquin et Berman 2006, 282).

En Guinée Bissau, le stock des armes est assez élevé. Selon les experts, environ 20.000 ALPC (fusils d'assaut AK-47, et des fusils de chasse) issues des stocks de la guerre d'indépendance en 1974 seraient toujours en circulation. La guerre civile a été marquée par la distribution d'armes aux différentes factions (20.000 combattants) et aux civils (10.000 selon les estimations). Toutefois, en 2005, ce sont 7.182 ex-combattants qui ont participé au programme de Démobilisation, de Réinsertion et de Réintégration organisé par l'Organisation Internationale pour la Migration (OIM). Sur ce nombre, 2406 ont terminé le programme tandis que 2031 combattants supplémentaires devraient être en principe réintégrés au plus tard juin 2005 (Florquin et Berman 2006, 291). Quant à la ComNat, elle a réalisé quelques programmes de collecte d'armes. Mais, dans toute cette situation, le véritable hic est qu'aucun programme de désarmement n'a été effectué dans ce pays en dépit de ce flux dangereux des armes. Le pire c'est que le pays est fortement militarisé et, que les conflits sanglants persistent aussi bien entre les leaders politiques eux-mêmes qu'entre les leaders militaires et encore entre les hommes politiques et l'armée en témoignent les assassinats à répétition. Rien n'est sûr qu'après les élections présidentielles, le pays connaîtra une réelle accalmie qui puisse favoriser la mise en oeuvre d'un vrai programme de désarmement. Le Libéria, avec une période d'au moins dix ans de guerre civile, est un territoire inondé d'armes. A la suite de la prise du pouvoir par le Front Patriotique National du Libéria (FPNL) de Charles Taylor qui a mis fin au règne de Samuel Doé après huit ans de guerre civile, plusieurs factions dissidentes ont affrontées le FPNL. Ce dernier a aussi crée des milices armées. Plusieurs belligérants se sont opposés : Libériens Unis pour la Réconciliation et la Démocratie (LURD), Mouvement pour la Démocratie au Libéria (MODEL), Milices et Paramilitaires de l'ex-gouvernement du Libéria (GdL). Ce qui est certain, c'est que les deux camps (Loyalistes et Rebelles) qui se sont affrontés ont employé des armes qui ne sont pas encore hors d'état de nuire en dépit des quelques programmes de désarmement. Ainsi, le 26 juillet 1999 à Monrovia, le Bureau des Nations Unies pour les Services de Projet (UNOPS), basé à Bamako, a organisé la destruction d'environ 25.000 armes et de près de deux millions de munitions. Appelée « Flamme de l'espoir», la cérémonie a été supervisée par le Centre régional de l'ONU pour la paix et le désarmement en Afrique situé à Lomé, le Bureau des Nations Unies au Liberia (UNOL) et le PCASED. Les armes appartenaient à diverses factions en guerre dans le pays jusqu'en 1997 et ont été remises volontairement par les combattants ou saisies par l'ECOMOG, la force armée de maintien de la paix de la CEDEAO, ou par l'UNOMIL (Mission d'observation de l'ONU au Liberia). Elles ont été découpées à la scie électrique puis jetées dans un four (Wéry, Nkundabagenzi et Berghezan 2001, 36). Un second programme DDRR s'est déroulé entre avril et octobre 2005. Selon l'ONU, ce sont « 102.193 ex-combattants ont été désarmés et un total de 27.804 armes et 7.129.198 cartouches 54 a été recueilli. Parmi celles-ci, on comptait 20.458 fusils et mitraillettes, 690 mitrailleuses, 641 pistolets, 1.829 RPG et 178 mortiers » (Florquin et Berman 2006, 303). Mais, les inquiétudes ne sont pas dissipées. Le armes lourdes n'étaient pas restituées et étaient, au contraire, introduites illégalement dans d'autres pays voisins du Liberia, notamment en Côte d'Ivoire où la rémunération offerte dans les programmes de réintégration devait dépasser trois fois ce qui était proposé au Liberia 900 USD contre 300 USD (Florquin et Berman 2006, 304). En dehors de ces préoccupations, il reste que malgré la satisfaction qu'on peut tirer de ces opérations, des armes n'ont pas été rendues. Aussi, les soubresauts conflictuels dans les pays environs pourraient engendrer des réarmements silencieux et illicites.

Au même titre que le Libéria, la Sierra Leone a connu un conflit armé avec une pluralité d'acteurs : le RUF avec environ 20.000 combattants, Civil Defense Force (CDF) avec au moins 37.000 membres, l'Armed Forces Revolutionary Council dont le nombre reste imprécis et le West Side Boys (WSB). Ces différents groupes ont subtilisé les armes des forces gouvernementales et des équipes du maintien de la paix de l'ONU. Le RUF a particulièrement bénéficié des soutiens en provenance de la Bulgarie, de la Côte d'ivoire, du Burkina Faso, de la Guinée, de la Lybie, de la Slovaquie et de l'Ukraine (Leger 2007). A la guerre civile en janvier 2002, on estime à plus de 47.000 ex-combattants ont été démobilisée et désarmés. Selon Florquin et Berman « entre septembre 1998 et janvier 2002, quelque 25.000 armes de petit calibre, 1.000 armes légères et près d'un million de cartouches de munitions ont été collectées au cours de la procédure DDR. Toutefois, le programme, qui visait essentiellement la récupération d'armes d'assaut, n'a pas pu récupérer de nombreux fusils de chasse artisanaux de la CDF. Un Programme communautaire de collecte et de destruction d'armes (CACD), qui s'est concentré sur des armes exclues du programme DDR, comme les pistolets et les fusils de chasse, a permis de récupérer quelque 9.660 armes et 17.000 cartouches de munitions entre décembre 2001 et mars 2002. (...). Au 31 décembre 2004, le ramassage d'armes avait été soit achevé, soit était encore en cours dans 17 chefferies, 1.892 armes au total ayant été ramassées. A ce jour, la plupart des fusils de chasse et des munitions non explosées (UXO) a été récupérée. Sur le nombre relativement restreint de fusils d'assaut collectés (une quarantaine au total, semble-t-il), la plupart sont des G3 et des AK-4724 » (Florquin et Berman 2006, 373). D'autres programmes impliquant toutes les chefferies ont été initié pour éradiquer la circulation des ALPC.

En dehors de ces pays, le Mali, le Niger et le Togo ont saisie des armes. Au Mali entre décembre 2000 et juin 2003, en la faveur du programme « Armes pour le Développement » 850 armes, 12.548 cartouches de munitions et 230 grenades ont été collectées et détruites (Florquin et Berman 2006, 313 ; Barry 2005). Au Niger, après la cérémonie « Flamme de la Paix » du 25 septembre 2000 où 1243 armes rendues par les ex-rebelles ont été détruites, consacrant ainsi le retour de la paix à l'issue des Accords de paix avec l'ex- résistance armée, le Niger, pour marquer son adhésion aux objectifs de la Conférence des Nations Unies de juillet 2001, a organisé cinq (5) mini-flammes de la paix. C'est ainsi que les armes suivantes ont été détruites dans les localités ci-après : Diffa, 100 armes le 20 juillet 2001 ; Agadez, 100 armes le 27 juillet 2001 ; Agadez, 100 armes le 09 octobre 2002 ; N'Guigmi (Diffa), 103 armes le 17 mars 2003 ; N'Guigmi (Diffa), 67 armes le 05 mars 2004 et N'Guigmi (Diffa), 33 armes le 24 Août 2004. Les destructions ci-dessus citées n'ont concerné que deux (2) Régions sur les huit (8) que compte le pays. Depuis 2004, il n'y a pas eu de destruction. Cependant, la collecte continue grâce à l'action des Forces de défense et de sécurité ainsi qu'aux missions de sensibilisation de la Commission Nationale pour la Collecte et le Contrôle des Armes illicites (CNCCAI) à l'endroit des populations pour qu'elles remettent volontairement les armes illicites qu'elles détiennent (Kassouma 2008, 10-11). Quant aux autorités togolaises, elles ont saisi 649.563 cartouches de munitions et 22.293 armes à feu, des fusils de chasses importés et artisanaux pour l'essentiel, mais aussi 643 fusils d'assaut militaires (Florquin et Berman 2006, 381). A l'instar des autres Etats, la production locale des ALPC est croissante notamment la partie occidentale et frontalière avec le Ghana comme Badou, Bassar, Dogomba, Komkomba et Kpalime ainsi que dans le nord à Pagala et au Sud à Notsé (Florquin et Berman Ibid.). Ces armes dont on n'a pas encore la maîtrise sont sans doute mises en vente et pourraient servir dans d'éventuels violences étant donné que le Togo reste précaire du point de vue politique en témoigne le putsch manqué en juin 2009.

Au regard de ces résultats, deux points saillants méritent d'être notés. La quasi-absence de l'ECOSAP et son ainé le PCASED ainsi que des ComNat dans les actions menées. C'est de cette invisibilité que découle la seconde idée qui laisse penser au manque d'efficacité de ces structures.

La caractéristique principale est que ces institutions sont en seconde zone aussi bien pour les opérations de désarmement que pour le contrôle des armes. Mais quelles sont les défaillances ? Avant l'ECOSAP, il avait été reproché au PCASED plusieurs carences entre autres : l'absence de capacité organisationnelle et dynamique, les faiblesses financières. Ces mêmes limites ont été reprochées aux ComNat.

Quant l'ECOSAP, les critiques similaires ont été répétées en 2008 par Michel Sallé et Robin-Edward Poulton. Il s'agit entre autres de l'absence d'organisation dans les activités, du non respect du temps et du calendrier de travail, le gaspillage des ressources, le recrutement de personnes non spécialisées pour la conduite des programmes, la carence de communication entre ECOSAP et les NatCom ainsi qu'entre ECOSAP et le GAL, la Commission de la Sécurité CEDEAO. A ces failles s'ajoutent l'inertie des instances dirigeantes de la CEDEAO dans l'application des programmes, la mobilisation des ressources financières (Sallé et Poulton 2008). Quand on sait que plusieurs Etats ne payent pas leurs cotisations. La santé financière de cette vaste communauté comme on le constate est mauvaise. Les conséquences de ces mauvaises rentrées des cotisations, c'est qu'elles pèsent lourdement sur le fonctionnement des instruments de l'intégration et par conséquent sur les programmes de lutte contre les ALPC. La plupart des Etats membres accusent des arriérés importants au titre de leurs contributions financières aux budgets et fonds des institutions de la communauté. En ce qui concerne le budget du Secrétariat exécutif, cinq pays seulement, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali et le Nigeria sont à jour de leurs contributions financières auprès du Secrétariat exécutif. Les arriérés s'élèvent à la date du 30 septembre 2000, à la somme de 35,2 millions de dollars répartis comme suit : Liberia: 20 ans d'arriérés (11,5 millions $ US) ; la Mauritanie avant son retrait: 16 ans d'arriérés (6,4 millions $ US) ; la Gambie: 11 ans d'arriérés (2,9 millions $ US) ; la Sierra-Léone: 11 ans (3,7 millions $ US) ; le Cap Vert: 10 ans d'arriérés (2,5 millions $ US) ; la Guinée-Bissau: 10 ans d'arriérés (2,8 millions $ US) ; le Niger: 6 ans d'arriérés (2,1 millions $ US) ; la Guinée: 5 ans d'arriérés (2,06 millions $ US) ; le Sénégal: 3 ans d'arriérés (1, 29 millions $ US) et le Ghana: 2 ans d'arriérés (1,97 $ US) ( Douka 2007). Il est clair que si le budget CEDEAO était suffisant, elle pourrait contribuer de manière importante aux programmes de désarmement et renflouer les budgets des ComNat au sein des Etats. Cela éviterait quelque peu la dépendance vis-à-vis des financements externes.

Cet état de fait conduit tous les Etats à tendre la main à l'extérieur mettant du coup en péril tout le système de contrôle des ALPC. Comme le dit l'adage, « La charité bien ordonnée commence par soi-même », les Etats doivent se rappeler qu'avant de tendre la main aux autres pays notamment occidentaux et aux organisations internationales, ils se doivent d'honorer le paiement de leurs cotisations car c'est en faisant cela que les stratégies de lutte contre les ALPC seront effectives et efficientes.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984