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Le contrôle des armes légères et de petit calibre en afrique de l'ouest

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par Salamane YAMEOGO
Institut de Hautes Etudes Internationales et du Dévelppement (IHEID) - Master en Etudes du Développement 2009
  

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§II : L'EFFECTIVITE DU SYSTEME

Le critère d'effectivité à l'instar des critères précédents est partie intégrante du vocabulaire des courants sociologiques, réalistes et juridiques. Cet usage a crée un continuum dans les analyses des normes et des politiques publiques. Les juristes ne se content plus à examiner la règle sans prendre en compte l'aspect effectivité. C'est ce que écrivent Ost et Van de Kerchove « on comprend que, dans ces conditions, aux examens de légalité classique, se soient ajoutées les procédures d'évaluation, comme si l'intérêt se déplaçait progressivement de la régularité de la source de la règle (source-oriented test) en direction de la nature de ses effets (effectiveness-oriented tes) » (Ost et Van de Kerchove 2002, 329). La simple édiction de la norme qui lui conférait son caractère d'effectivité et de légitimité n'est plus de mise. Il faut continuellement « à grands efforts d'enquêtes et d'expertises, et moyennant une correction continue » (Ost et Van de Kerchove 2002, Ibid.) pour que la norme puisse s'imposer. Cependant, il reste peu aisé de définir le concept d'effectivité car c'est une notion extrêmement complexe, faussement simple - et l'engouement dont elle jouit aujourd'hui ne contribue pas à clarifier ses enjeux. Mais de façon générale, l'effectivité s'entend de la capacité de la règle à orienter le comportement de ses destinataires dans le sens souhaité par son éditeur. Pour Paul Amselek, est effective la règle utilisée par ses destinataires comme modèle pour orienter leur pratique (Amselek 1964, 257). Le changement de comportement, autrement dit la réceptivité de la norme, est l'un des indicateurs fondamentaux de l'effectivité d'une norme ou d'une politique publique comme l'écrivent Hans Kelsen (1962, 13) et Charles De Visscher (1967, 18). Toutefois, la réceptivité ne peut à elle seule justifier de l'effectivité ou pas d'une norme. Par conséquent, sur la base de quels indicateurs peut-on mesurer l'effectivité d'une norme ou d'une politique publique ? Ce sont les auteurs en droit de l'homme et en droit international de l'environnement qui développent longuement ces indicateurs. Il s'agit entre autres de Véronique Champeil-Desplats, Danièle Lochak dans leur ouvrage « A la recherche de l'effectivité des droits de l'homme » et de Sandrine Maljean-Dubois dans son ouvrage « La mise en oeuvre du droit international de l'environnement », (Lochak et Champeil-Desplats 2008 et Sandrine Maljean-Dubois 2003). Sandrine Maljean-Dubois souligne que le droit international de l'environnement peut-être qualifié d'effectif si : 1. assure la protection de l'environnement ; 2. Conduit au respect des règles et standards posés ; 3. Conduit à la modification du comportement humain souhaité ; 4. Est transposé aux différents niveaux institutionnels (régional, national et local)  par l'adoption de lois, règlements et la conduite de certaines activités administratives ; 5. A un impact de part sa seule existence indépendamment de l'adoption de mesures spécifiques.

Quoique le sujet traité dans le présent cas soit loin du domaine de l'environnement, il reste convenable de soumettre le cadre normatif ouest-africain sur les ALPC à ces indicateurs.

Le premier indicateur revient à se demander si le cadre normatif permet la protection des populations contre les effets néfastes liés à la prolifération des ALPC : la sécurité humaine. Cet indicateur n'est pas satisfait dans tous les pays ouest-africains, l'insécurité humaine est monnaie courante. Les dernières attaques de la capitale Lagos du Mouvement d'Emancipation du Delta du Niger (Mend) le 13 juillet 2009 au Nigeria qui fait au moins cinq morts (TV5 Afrique 13 juillet 2009); les enlèvements de touristes, d'agents humanitaires comme le cas du Mali, du Niger ; les braquages à mains armées, le banditisme de grand chemin. Le climat général reste précaire. Dans le rapport présenté par l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) le 13 juillet 2009, Antonio Maria-Costa, directeur de l'ONUDC souligne que « le trafic d'autres produits comme les cigarettes, les armes et les faux médicaments, représente une menace pour la sécurité de la région. Le trafic de drogue et le crime organisé pillent l'Afrique de l'Ouest, détruisent les gouvernements, l'environnement, les droits de l'homme et la santé » (UNUDC 2009). Pour Saïd Djinnit, représentant spécial de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, « le trafic de drogue, le crime organisé et les coups d'Etat militaires menacent la paix et la sécurité en Afrique de l'Ouest » (UNUDC 2009). En conséquence, cet indicateur n'est pas remplit. L'indicateur « conduit au respect des règles et standards posés »  convient bien au présent cas. Dans le domaine de contrôle des ALPC, le constant est qu'il y a un non respect des règles et standards posés aussi bien de la part des gouvernants que de la part des gouvernés. Les exemples de trafics illicites d'armes, de détournements et de réexportations d'armes, de contournement des règles sont légion (Leger 2007, Tonquedec, 2006, Small Arms Servey 2006 et 2007). La production artisanale n'a point cessé, pis elle prend de l'ampleur au mépris de règles (Florquin et Berman 2006). L'indicateur « conduit à la modification du comportement humain » est pareil aux deux cas précédents. Les mesures ouest-africaines sont loin d'avoir été incorporées par les destinataires. La violation des normes est remarquable. Les populations violent autant leurs règles internes que les normes sous régionales.

L'indicateur de la « transposition des normes aux différents niveaux institutionnels (régional, national et local)  par l'adoption de lois, règlements et la conduite de certaines activités administratives ».Plus de trois ans après son adoption, la Convention pas encore entrée en vigueur. Dix Etats l'ont pas encore ratifié : le Benin et le Ghana et le Libéria se sont engagés à la ratifier, la Guinée et le Togo ont entamé les procédures de ratification, la Gambie n'a pas tenu son engagement de 2007 selon elle ratifierait la Convention, le Cap Vert et la Guinée Bissau n'ont montré aucune volonté à ce sujet, aucun progrès n'a été remarqué en Côte d'Ivoire et au Nigeria (Sallé et Poulton 2008, 38). Au plan interne des Etats, le Mali a aux termes de la Loi 04/50 du 12 novembre 2004 modifié la Loi n°60-4AL/RS du 7 juin 1960 sur les armes. Mais le problème reste que cette nouvelle loi ne s'applique pas « aux armes et munitions de guerre qui constituent l'armement règlementaire de l'armée, de la gendarmerie, de la police et de toute autre force publique. Elle ne concerne pas non plus les armes et munitions dont doivent être régulièrement munies les officiers de réserve à charge pour ceux-ci de justifier de leur qualité » (Cissé 2005, 5). Ce qui peut poser des difficultés en ce sens que de nombreuses armes passent entre les mains des forces de l'ordre public aux mains des réseaux mafieux. Depuis l'adoption de la Convention, il n'y a donc pas eu de changements notables des législations internes pour se conformer aux dispositions du cadre communautaire. Par conséquent, ce critère reste insatisfait.

Quant à l'indicateur de « impact de part sa seule existence indépendamment de l'adoption de mesures spécifiques », l'insatisfaction reste pareille. Parlant de l'ECOSAP, Sallé et Poulton écrivent que c'est un système non performant à double point de vue: inadéquation dans l'organisation et dans la coopération intra-institution. A ceci s'adjoint le déficit de communication, le manque de programmes bien ficelé pour les activités. L'organisation diplomatique et le manque d'engagement font également défaut.

En somme, l'application de ces critères permet de conclure en une faible effectivité du système de contrôle. Mais, quel est le degré d'efficience du système ?

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