II. Le schéma perceptuel
1) Définition
Nous rentrons directement dans le comportement du
consommateur. Cette notion de perception est très importante puisque
dépendante du champ de vision, la perception va être
déterminante dans le processus de décision d'achat.
En effet, selon Richard Ladwein (1999), la perception et
l'interprétation faites de celle-ci permettent a l'individu de donner du
sens aux informations issues de son environnement. En marketing, la
connaissance des processus perceptuels et interprétatifs permet de
comprendre la manière dont est exploitée la communication
commerciale17. La perception se révèle donc un
élément incontournable pour savoir si la PLV/ILV en allée
centrale est influente.
Mais avant de décrypter le schéma perceptuel en
détail, il convient dans un premier temps de définir la notion de
perception.
Il existe de nombreuses définitions de la perception,
mais celles retenues ici correspondent directement aux cadres de recherche car
elles ont une orientation marketing et commerciale18.
La définition donnée par Dussart en 1983 est
orientée commerce mais permet de comprendre le fonctionnement de la
perception. Selon l'auteur, la perception est un « processus par lequel un
consommateur prend conscience de son environnement de marketing et
l'interprète de telle façon qu'il soit en accord avec son
schéma de référence ».
De plus, la perception est un « processus par lequel un
individu choisi, organise et interprète des éléments
d'informations externes pour construire une image cohérente du monde qui
l'entoure » (Kotler et Dubois, 2002).
Ainsi les définitions données par les auteurs
sont importantes puisque selon eux la perception conditionne par la suite
l'image perçue. De la sorte, la perception est déterminante car
elle va construire le point de vue, le ressenti d'un point de vente.
La perception est très importante car elle va
être à la base de la construction du point de vue et de prise de
position par le consommateur et donc d'action par la suite.
De plus, une étude a mis en évidence
l'importance de la répétition d'un message dans le processus
de perception et du comportement qui en résulte19. En effet,
l'expérience portait
17 « Le comportement de l'acheteur et du consommateur
», Richard Ladwein, 1999, ed Economica
18 « Comportement du consommateur et de l'acheteur »
Nathalie Guichard, Régine Vanheems , éditions Bréal
19 « Research and Practice», American Journal of
Public Health, September 2005. Vol 95, No. 9 »,
sur l'action de prendre les escaliers et non l'escalateur.
Trois variables ont été mises en place pour inciter à
prendre les escaliers:
· La première aucun message incitant et
résultat, 5 personnes sur 20 prennent les escaliers.
· Un message incitant unique mais sur plusieurs affiches,
résultat 10 personnes prennent l'escalier.
· Enfin, pleins de message incitant la prise des escaliers
et sur plusieurs affiches, résultat 11 personnes prennent les
escaliers
Or mis la question de savoir si l'efficacité d'un
affichage et dû a un ou plusieurs message, l'étude met en avant
que la répétition est plus efficace, surtout dans un contexte
déjà bien chargé en publicité. Donc le rappel
permet une efficacité de la publicité.
2) Les phases du processus perceptuel
Le processus perceptuel sollicite les cinq sens de
l'individu. Sans ces sensations, le sujet ne peut recevoir de l'information et
donc par conséquent la percevoir. Tout d'abord pour avoir une
perception, il faut une exposition à un stimulus. Ce stimulus peut
être vu ou entendu mais il doit faire l'objet d'une attention, la seule
condition pour qu'une information soit retenue. En effet, un individu dans un
point de vente peut passer devant un grand nombre d'affiches promotionnelles,
mais le client ne fait pas attention car cela ne concerne pas ses
préoccupations du moment.
De plus, « la sélectivité de l'attention
est dû par le fait que certains stimuli sont plus facilement
repérables que d'autres » (Dubois, 1990). Des variables existent
pour permettre une meilleure attention et donc une perception :
· Le format du message publicitaire (plus c'est grand, plus
ont voit)
· La position au sein du support
· La couleur et le contraste
· Le mouvement
· Le choquant ou l'insolite
Par la suite, après avoir perçu l'information,
l'individu interprète les messages a sa façon et participe
à construire son opinion par rapport à son environnement.
Donc, la perception peut se définir comme un double
mécanisme. Pour avoir l'existence du processus perceptuel, il faut que
le sujet reçoive l'information et qu'ensuite il traite l'information
venant de son environnement.
Ainsi, le processus perceptuel peut se résumer ainsi
:
·
2nd phase: L'Interprétation
1ere phase: La sensation
· La sensation permet à l'individu de collecter et
d'enregistrer un stimulus externe par ses sens
L'interprétation permet d'organiser l'information
reçue et de lui donner une signification
3) Les seuils sensoriels
Comme nous venons de le voir, la perception se fait à
partir des sensations à partir de l'environnement, autrement dit des
stimuli externes. Il est donc intéressant de s'interroger sur
l'existence d'un seuil minimal d'intensité a partir duquel nous allons
commencer a percevoir les choses.
Il y a en effet l'existence d'un niveau a partir duquel la
stimulation faite de l'environnement va être perçue par le sujet.
Deux types de seuils peuvent donc être mis en
évidence20 :
· Le seuil absolu : il correspond à la plus
petite valeur d'un stimulus qui suscite les réponses du sujet. Par
exemple, à partir de quel niveau sonore un client va percevoir la
musique du magasin ?
· Le seuil différentiel : il correspond à
la plus petite différence entre deux stimuli perçus et
détectés par le sujet. Dans ce cas présent, il s'agit de
savoir a quel moyen l'innovation entre deux produits est perçu ou, autre
exemple du moment de perception lors d'un remodeling de rayon.
La notion de seuil est importante donc, puisque sans un seuil
assez important, le consommateur ne peut prendre en compte l'information et
donc la percevoir. Dans le cas de l'étude, le nombre de PLV/ILV en
allée centrale, ou encore sa taille sont des seuils sensoriels et vont
permettre la phase de perception des clients.
20 « Comportement du consommateur et de l'acheteur »
Nathalie Guichard, Régine Vanheems , éditions Bréal
« L'affichage promotionnel en allée centrale :
Perception, Mémorisation et Performance ~ Adrien
BERNARD 2009/2010
4) Les différentes formes de
perception
Le processus perceptuel se décompose lui-même en
trois formes spécifiques que nous distinguerons par la suite en
détail:
· La perception subjective
· La perception sélective
· La perception déformante
Une des formes de perception correspond à la
perception (( subjective ~. Elle varie d'un individu a l'autre. La façon
de percevoir un environnement dépend des caractéristiques et de
l'histoire d'un individu. Deux personnes peuvent avoir deux
interprétations différentes à un même stimulus car
elles ont un vécu et une expérience passée distincte.
Ensuite, il existe la (( distorsion de la perception ».
Dans cette forme de perception, les stimuli sont interprétés en
fonction des schémas mentaux de l'individu. Toutes données
provenant de l'environnement sont interprétées par les croyances
initiales. Ainsi, l'individu va déformer une information qui est
contraire a ses croyances de manière a ce qu'elles soient
cohérentes avec ces dernières.
Ce processus de distorsion est valable quelque soit
l'information et quelque soit la source de l'information.
Enfin, nous avons la perception dite (( sélective ~.
Dans ce type de situation, l'individu a beaucoup d'informations qui lui
parviennent. Avec un trop plein d'informations, l'individu ne peut pas tout
retenir. Par conséquent, l'individu va sélectionner quelques
informations en faisant un tri. Comme nous avons des capacités
cognitives limitées, face à toutes les informations qui nous
parviennent, le cerveau humain s'est doté de processus pour trier,
sélectionner et stocker une partie d'entre elles. Ainsi, le cerveau
pourra ressortir les informations stockées pour une utilisation
immédiate ou future.
Ce phénomène mit en place par notre cerveau se
nomme le (( filtre perceptuel ». Puisque le consommateur est soumis
à des messages volontairement voulu pour répondre à sa
demande ou alors à des messages sans l'avoir demandé, ce filtre
à son importance. Cette notion fait donc appel aux valeurs de l'individu
qui conditionnent sa manière d'agir, et à sa typologie de
consommation qui conditionne sa manière de consommer.
Si certaines informations parviennent à franchir le
filtre perceptuel, alors elles seront traitées et utilisées par
la suite.
Le consommateur interprète le message reçu
selon ses propres règles mentales. La compréhension est donc un
processus cognitif suivant lequel le consommateur confronte le stimulus
reçu avec des informations déjà en mémoire.
Ainsi, Chantal Rouvrais-Charron met en évidence
l'importance de nos valeurs personnelles comme filtre perceptuel lors d'une
exposition publicitaire sous forme de schéma.21
Inconsciemment, le client potentiel va filtrer l'information publicitaire en
amont avec ses valeurs personnelles avant de construire une réponse
cognitive et affective. Cette notion de réponse cognitive et affective
est très importante car elle va conditionner l'attitude. Cette
réponse cognitive pourra également avoir comme objectif de mettre
le message publicitaire dans la mémoire permanente, d'être
présent dans l'ensemble invoqué par le consommateur pour le choix
du magasin ou une fréquentation non prévue. Et enfin, de faire un
comportement quasi immédiat.
Figure 2: Fonction de filtre du système de valeurs
lors d'une exposition publicitaire
Pour illustrer le filtre perceptuel dans le cadre de
l'étude, prenons l'exemple d'un individu étant en magasin avec
l'envie d'achat de produits en promotion. Celui-ci va sélectionner
l'information en triant par exemple l'information parlant de la promotion et
rejeter les informations ne parlant pas de promotion. Par la suite, cette
expérience va lui servir pour l'élaboration de sa réponse
cognitive et affective en se construisant une image prix du point de vente et
son avis concernant l'offre proposée.
Une quatrième forme de perception existe, mais elle
est plus sujette à controverses car elle touche un problème
d'éthique. En effet, il s'agit de la perception sublimable et qui
s'adresse a la partie inconsciente de l'individu.
La perception est dite sublimable si 50% des sujets n'ont pas
conscience d'avoir perçu le stimulus mais que leur système
sensoriel à perçu. Autrement dit, nous sommes face à
des
21 « Les valeurs individuelles : un filtre perceptuel lors
du traitement d'un message publicitaire », Chantal ROUVRAIS-CHARRON,
2002.
informations que nous, clients, ne sommes pas capables de
restituer puisque nous sommes certains de ne pas les avoir perçues.
Pourtant, l'information a belle et bien été perçue et est
dirigée dans la partie inconsciente de notre comportement.
Ainsi, on peut se demander la question suivante,
«peut-on influencer un consommateur à son insu en l'exposant
à un message du type commercial en dessous de sa perception consciente
?
Une expérience à été faite en
1957. Dans un cinéma du New Jersey, on incrusta deux accroches «
BUVEZ COCA COLA » et « MANGEZ DU POP CORN » dans le film
projeté au public. On enregistra effectivement une hausse des ventes des
deux produits (respectivement 18% et 58%). Mais les conditions précises
de l'expérience n'ayant pas été précisées,
aucun crédit scientifique ne put raisonnablement être porté
à cette expérience. »22
5) Synthèse sur la notion de
perception
Ainsi, la notion de perception est un processus très
complexe. En effet, nous pouvons voir que la perception est fortement
dépendante a l'environnement du sujet. La perception est donc la
sensation que l'on a suite au traitement d'un stimulus.
De plus, la perception varie d'un individu a l'autre, une
information est perçue différemment selon les attentes, la
culture, les valeurs, les motivations des individus. C'est donc la raison des
différentes formes de perception puisque selon l'individu, une
information sera traitée distinctement. De plus, la littérature
met en évidence la perception sublimable. De la sorte, un stimulus ne
peut être perçu inconsciemment et engendrer par la suite une
réaction, ce qui est peut être le cas de la PLV/ILV en
allée centrale.
Enfin, nous pouvons donc voir que le processus perceptuel est
la racine de la mémorisation des informations et qu'elle conditionne nos
réactions, autrement dit nos comportements. Ainsi, une information en
point de vente sera traitée, peut être mémorisée si
elle convient ou encore être la raison d'un comportement comme l'achat ou
la construction d'une image prix. En conséquence, nous pouvons nous
interroger si une fois l'affichage de la PLV/ILV perçue, le client
mémorise cette information.
22 « Comportement du consommateur et de l'acheteur »
Nathalie Guichard, Régine Vanheems , éditions Bréal
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