WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Genre & mobilisations sociales: étude de genre des mobilisations féministes radicales et LGBT à  Istanbul

( Télécharger le fichier original )
par Adèle PRUVOST
Université Rennes 1 - Master 2 Sciences Politiques 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

IV) « Militer c'est d'abord s'émanciper soi » : un rapport féminin à l'engagement ?

A) Facteurs d'entrée dans le militantisme

Certaines théories des mouvements sociaux, celles du comportement collectif, se focaliseraient sur une frustration collective comme cause d'émergence de ces mobilisations. Les théories des mobilisations des ressources quant à elles accorderaient plus d'importance a l'organisation, et aux stratégies menées par l'organisation pour atteindre ces objectifs, mettant une certaine emphase sur les stratégies menées a l'encontre de l'Etat et/ou des élites. Au final le reproche que l'on peut porter a ces deux théories est qu'elles n'accordent pas assez d'importance a l'individu, et aux pratiques militantes. Qu'est ce qui fait qu'un individu de part ses frustrations personnelles, de part son expérience, son parcours de vie se décide à entrer dans le militantisme ? Qu'est ce qui fait qu'il soit plus ou moins sensible ou attirés par certaines causes ? C'est ce que nous allons aborder ici. Dans un second paragraphe nous essayerons d'observer les coûts et les rétributions du militantisme féministe radical et LBT à Istanbul. D'après Gaxie, observer coûts et rétributions du militantisme n'est pas toujours facile. Certaines rétributions sont en effet d'ordre « inconscientes » alors que traditionnellement les militants seraient « officiellement désintéressés et censuraient l'existence d'intérêts propres distincts de l'attachement a la cause de l'Action collective. »84 Cependant il semblerait que dans les groupes de mobilisations de femmes, les rétributions autres que l'attachement a la cause sont ouvertement exprimées, notamment les dimensions psychologiques, affectives, émotionnelles, et émancipatoires de l'activisme. Il apparaît donc plus facile au premier abord d'étudier les coûts et les rétributions d'un militantisme dans lequel les femmes n'hésitent pas a s'exprimer sur ce qu'elles ressentent, et sur les efforts et les bénéfices que leur coûte ou leur apporte cet engagement.

D'oà viennent les militantes féministes et LGBT ?

Dans son étude sur les jeunes militantes dans les mouvements féministes, Liane
Henneron85 montre que l'éducation des mères n'a pas forcément de corrélation avec

84 Daniel GAXIE, «Rétributions du militantisme et paradoxes de l'action collective», Swiss Political Science Revue, Vol 11, N°1, (2005), p157-188

85 Liane HENNERON, « Etre jeune féministe aujourd'hui : les rapports de génération dans le mouvement féministe contemporain », L'Homme et la société, n°158, (2005/4), p93-111

l'entrée dans le militantisme féministe de leurs filles. En effet les mères peuvent être des contre-modèles pour leur fille. Cependant la transmission familiale aurait son importance dans l'intérêt de la jeune fille pour la politique. La « prise de conscience )) passerait par la découverte des idées féministes et de la construction sociale du genre au travers des lectures personnelles, ou pendant certains cours a l'Université. En effet les militantes féministes et LBT de Lambda et Amargi, ayant été interrogées, ont toutes fait des études a l'Université, ou sont en train de les faire. Deux étudient la sociologie, une étudie l'archéologie, une autre a étudié l'histoire, et la cinquième le graphisme. Même si le panel est restreint nous pouvons néanmoins observer que la majorité des militantes a fait des études en sciences sociales, notamment en sociologie, qui peut s'avérer être un biais privilégié pour découvrir les études de genre. Toutes les militantes interrogées sont issues de la classe moyenne supérieures, avec des pères journalistes, directeur, comptable... Et des mères qui travaillent parfois aussi, ou qui sont mères au foyer. Les militantes témoignaient sur l'effet un peu « ghetto )) du militantisme féministe, toutes les militantes étant issues de la classe moyenne supérieure, et dont les principales actions se déroulaient à Taksim, lieu privilégié de la classe aisée et occidentalisé. Le fait d'être issue de la classe moyenne supérieure semble grandement avoir facilité l'entrée dans le militantisme féministe et LBT de ces femmes. Premièrement car étant issues de famille plutôt intellectuelles et relativement aisées, elles ont pu faire des études a l'Université et donc avoir accès a un certain nombre de connaissances et de lectures facilitant cette « prise de conscience )). La socialisation primaire issue d'une famille plutôt intellectuelle peut favoriser un intérêt pour la politique. Deuxièmement il semble que les familles de classes moyennes supérieures, vivant pour la plupart dans des grandes villes, et dans des quartiers occidentalisées sont moins imprégnées du poids des traditions, et sont peut être plus ouvertes. Le fait d'habiter dans un quartier, comme Taksim par exemple, cosmopolite et ouvert, facilite les rencontres. Le fait de pouvoir voir d'autres manifestations ou actions militante, peut éveiller une curiosité et faciliter une entrée dans le militantisme. La moyenne d'âge des militantes interrogées varie entre 20 et 35 ans, il semble qu'elle est significative de la tranche d'âge de toutes les militantes des deux associations, tranche d'âge que nous pouvons qualifier de jeune. Quand les militantes sont interrogées sur leurs motivation à entrer dans le militantisme, la plupart (qu'elles soient féministe ou LBT) répondent que c'est leur avidité d'information, et de lectures, qui les ont poussé à venir dans ces lieux qui sont aussi des bibliothèques. Après s'être ensuite familiarisées avec les lieux, elles ont eu envie de s'investir aussi « pour donner en retour toute l'aide que j'avais reçus ici )). Dans beaucoup d'entretiens il apparaît aussi la notion de confiance en soi, peu de militantes avant de s'investir dans ces organisations avait confiance en elles. Souvent elles mettent d'ailleurs un certain temps avant « d'oser venir )), un élément déclencheur comme une rupture sentimentale, ou un conflit familial, va faire que l'individu va enfin

oser. Et beaucoup disent retrouver confiance en elles au sein des organisations, se sentant soutenus par les autres, ayant des liens amicaux ou affectifs, et surtout ne se sentant pas en « danger » ou « jugées ».

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore