§2- Comment Profiter de l'Expérience
Internationale pour la Recherche des Solutions au Problème
Israélo-palestinien ?
L'étude sur la pratique internationale et les
programmes de retour, a mis en évidence un certain nombre de facteurs
qui sont utiles en termes de l'élaboration de solutions durables et de
la conception d'un programme de retour des réfugiés
palestiniens.
Dans cette partie, l'accent sera mis sur quatre thèmes
:
- la nécessité de coordination entre les organismes
de secours et de développement, - celle d'oeuvrer pour la
réconciliation,
- la nécessité de prendre en considération
le choix volontaire des réfugiés,
- la nécessité d'un rôle actif et objectif de
la communauté internationale.
1- Quel rôle pour les agences
internationales?
Un autre aspect de l'engagement international est le rôle
de l'agence dirigeante.
Selon Michael Dumper272, l'expérience et la
pratique du HCR montre que l'attribution du rôle d'agence principale
à une institution unique est essentielle dans un programme de
rapatriement. L'alternative est à éviter car elle comporte
beaucoup de chevauchement, une diffusion d'objectifs, des concours sur les
fonds, des rivalités entre inter-agences et des guerres de territoire
conduisant à une réponse confuse aux besoins des
réfugiés. En outre, comme Peter Mardsen273 l'a
montré, il y a des preuves pour suggérer que l'utilisation des
acteurs historiques dans un contexte donné évite le gaspillage du
temps, puisque les nouvelles agences se verront consacrer des efforts et des
ressources pour s'établir.
Concernant les réfugiés palestiniens et comme on
l'a déjà vu, l'avenir de l'UNRWA est l'un des plus grands
débats. D'après son mandat, l'UNRWA doit rester responsable des
réfugiés jusqu'à leur retour à leurs foyers.
Toutefois, suite à la création d'un Etat palestinien, il existe
une hypothèse que son service serait progressivement
transféré aux ministères palestiniens concernés
272 M. Dumper, «Palestinian Refugee Repatriation: Global
Perspectives», Routledge, (2005), p.295.
273 P.Marsden, «UNHCR under duress: The reducing power of
UNHCR to influence outcomes for Afghan refugees», in M. Dumper,
«Palestinian Refugee Repatriation: Global Perspectives»,
Routledge, (2006), p.232-270.
et l'UNRWA serait progressivement démantelée. C'est
le sens des accords de principes conclus dans les pourparlers de Taba et dans
les Accords de Genève274.
Deux points de vue opposés sont énoncés
sur le rôle des institutions ou agences internationales pendant et
après un accord de paix. Le premier275 montre que les
Palestiniens doivent éviter de dépendre d'une seule organisation,
en ajoutant que le HCR et l'OIM276 doivent être responsables
du retour des réfugiés ou de leur réinstallation dans des
pays tiers vu qu'ils ont le plus d'expérience dans ce domaine, alors que
l'UNRWA, le PNUD et la Banque mondiale doivent être en charge de
l'intégration des réfugiés palestiniens qui veulent rester
dans leur pays d'accueil277. En revanche, le deuxième
avis278considère que, quel que soit le scénario qui va
prendre place, l'expérience de la communauté internationale donne
à penser qu'un seul organisme devrait être responsable de la
logistique, de la coordination et la planification d'un programme de
rapatriement, et dans une certaine mesure, de la réinsertion des
réfugiés de retour. En effet, l'expérience internationale
montre l'avantage de faire usage des acteurs historiques qui possèdent
une expérience dans le domaine et une mémoire institutionnelle
qui pourrait servir de référence279.
Tous ces facteurs suggèrent un réexamen de
l'hypothèse que l'UNRWA serait éliminée rapidement
après un accord ; il est clair qu'il s'agit d'un
référentiel de compétences, de crédibilité
et de légitimité dans les communautés de
réfugiés et ce sont de précieux atouts dans une
période de transition volatile et risquée.
Donc le deuxième avis est le plus convaincant, et comme
on l'a déjà vu dans la premiere partie, il est primordial que
l'agence qui a accompagné les refugiés durant les années
conflictuelles étende ses activités à la phase post
conflictuelle.
Ainsi, l'UNRWA est l'agence la plus habilitée à
traiter d'un éventuel retour palestinien, et cela en coopération
et non pas en parallèle avec d'autres agences.
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