2- Relation entre paix et réconciliation.
Le conflit qui provoque le déplacement est souvent
profondément enraciné dans l'ethnicité, le
régionalisme, la religion ou la classe sociale, et le déplacement
lui-même aura causé plus de souffrance et de douleur. Les
réfugiés sont peu susceptibles de revenir si ceux qui ont
causé leur déplacement sont toujours au pouvoir ou continuent
d'être en mesure d'agir en dehors des contraintes de la loi.
274 A voir dans le chapitre suivant.
275 S.Hanafi, «Palestinian return migration: Lessons from
the international refugee regime», in M. Dumper, «Palestinian Refugee
Repatriation: Global Perspectives», Routledge, (2005),
p.273-285.
276 L'Organisation Internationale pour les Migrations.
277 S. Akram - T. Rempel, «Temporary Protection for
Palestinian Refugees», IDRC, (2003).
278 Soutenu par M. Dumper, (2005), op.cit.
279 Ibid., p.303.
Il existe effectivement un nombre croissant
d'expériences qui indique que, à moins que les causes et les
traumatismes à la fois du conflit et du déplacement soient
traités par un programme conscient de la réalisation de la
justice et la réconciliation, le conflit risque de survenir une fois de
plus. Pour cette raison, les programmes de rapatriement exigent
également un élément de réconciliation politique et
sociale280.
Les mouvements migratoires forcés et les crises de
réfugiés contemporains ont principalement eu lieu dans des
contextes de guerre ou des contextes liés au conflit, ces situations
sont caractérisées, entre autres circonstances, par une violence
généralisée affectant l'ensemble de la
société, par des troubles sociaux, politiques et
socio-économiques, par une fragilité et répartition des
institutions de l'Etat, par une destruction physique et par
l'insécurité281.
Dans les dernières décennies, on estimait que
les conflits internes constituaient la base de la majorité des flux de
réfugiés et cela signifie, du point de vue du rapatriement
volontaire, que le processus de retour des réfugiés dans leur
pays d'origine signifie beaucoup plus que le simple fait de traverser les
frontières. Pour la population des réfugiés, cela
constitue une nouvelle rencontre avec le peuple et avec l'ensemble du pays qui
est dans une situation post-conflictuelle, tant au niveau politique et
juridique qu'au niveau social et économique. Et c'est dans cette
situation, souvent caractérisée par les divisions
provoquées par le conflit, que la notion de réconciliation
acquiert une importance particulière.
L'expérience internationale de sa part, a reconnu que
la réconciliation est une partie intégrante d'un programme de
rapatriement ; pour que cette dernière se produise, la justice doit
également apparaître comme ayant été
rendue282. Mais sans connaître la nature exacte de l'accord de
paix qui conduit au rapatriement, il est difficile de délimiter les
façons possibles dont la justice apparait comme étant faite.
Nous avons donc vu que la question des réfugiés
dans d'autres conflits a été traitée comme l'un des
principaux sujets, de sorte que la réconciliation risque d'être
entravée si la question de retour n'est pas incluse dans les futurs
accords de paix.
Cependant, pour que cela se fasse, il faut qu'il y ait un
accord global, considéré comme juste et équitable et que
certaines pratiques, telles que les nouvelles colonisations israéliennes
et les incursions démolissant des maisons, cessent.
Mais les grandes lignes d'un modèle de
réconciliation doivent comporter des éléments de
justice
280 C.Bell, « Peace agreements and human rights»,
Oxford: Oxford University Press, (2000).
L. Welchman, «The role of international law and human rights
in peacemaking and crafting durable solutions for refugees: Comparative
comment», BADIL, (May 2003).
281 A.Garcia Rodicio, «Re-approaching voluntary repatriation
within a reconciliation framework: A proposal drawn from the Cambodian return
process», in M. Dumper, «Palestinian Refugee Repatriation: Global
Perspectives», Routledge, (2005), p.215.
282 « Not only must Justice be done; it must also be seen to
be done » (Il faut non seulement que justice soit rendue, mais qu'elle
apparaisse aussi, comme ayant été rendue).
Une célèbre citation du juge britannique Gordon
Hewart, dans l'affaire R v Sussex Justices ex parte McCarthy, 1924.
réparatrice, qui exigeraient des excuses pour les
souffrances causées à la suite du conflit, d'où la
nécessité qu'Israël reconnaisse l'injustice commise en 1948.
A cet effet, une commission de trêve et de justice pourrait être
créée pour les témoignages publics des crimes contre
l'humanité et une amnistie serait offerte sur la base des aveux. Aussi
un certain nombre d'activités conjointes pourraient être
lancées à partir de journées de commémoration
commune pour les victimes du conflit, allant jusqu'aux échanges
culturels283.
Donc, justice et réconciliation vont de pair pour
apporter la guérison psycho-sociale et établir une plate-forme
d'actions visant à prévenir que tels conflits n'éclatent
de manière violente dans le futur.
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