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Les sons binauraux, effets cliniques et neuropsychologiques; perspectives d'applications.


par Brigitte Forgeot
Université Paris 8
Traductions: Original: fr Source:

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Tests neuropsychologiques utilisés pour la mémoire épisodique.

Les subtests de l'échelle de mémoire de Wechsler, version III (MEM III) :

Les subtests suivants ont été retenus :

- Mémoire logique II: il s'agit du rappel différé de l'histoire courte lue par l'examinateur 30 mn plus tôt.

- Reconnaissance des visages II : il s'agit du rappel différé des 24 visages observés 30 mn plus tôt, en les reconnaissant parmi une nouvelle série de 48 visages.

Tâche informatisée utilisée pour la mémoire épisodique

Mémoire épisodique : « Mémoire d'éléphant »

Il s'agit d'une tâche de rappel d'une liste de mots. Une grille de 25 mots est présentée durant cinq minutes ; le sujet doit ensuite retrouver ces 25 mots, en sélectionnant cinq mots par planche de 15 mots présentée. Parmi les 15 mots se trouvent des perturbateurs appartenant aux mêmes catégories sémantiques que les mots à retrouver ou bien étant de même consonance. La performance du sujet est notée selon les critères de temps de réalisation (un maximum de 20 secondes par planche est permis), de mots reconnus et de fausses reconnaissances. Trois niveaux de difficultés existent, en fonction du nombre de mots à rappeler ; nous avons choisi le niveau moyen (25 mots).

IV. SONS BINAURAUX ET EMOTIONS.

1. Revue de la littérature.

Comme pour la mémoire, peu d'études ont été publiées à ce jour sur les relations spécifiques entre sons binauraux et émotions. Pourtant, dans la littérature, il a été démontré depuis longtemps les liens entre ondes cérébrales et émotions, d'une part grâce à une méta analyse des publications sur les ondes thêta (Schacter, 1977), d'autre part par l'observation de l'asymétrie cérébrale en ce qui concerne le traitement des émotions (Davidson, 1993). En particulier, Davidson remarque l'asymétrie des ondes cérébrales chez des patients souffrant de dépression : la distribution de l'activité alpha dans les parties antérieures des hémisphères est associée à l'humeur ; chez les patients dépressifs, ils constatent une activité moindre dans l'hémisphère gauche par rapport au droit.

En conséquence de ces travaux, un protocole de traitement de la dépression par neurofeedback -ondes alpha- a été mis en place avec succès (Baer & Rosenfiel, 2001). Les auteurs ont montré que la dépression disparaissait, que les cognitions habituellement liées à la dépression avaient également disparues et que ces effets se maintenaient au cours d'un suivi de cinq ans après cette thérapie.

Young Youn Kim et Al ont étudié en Corée, en 2002, les effets particuliers d'exercices respiratoires sur l'EEG de 12 enfants, ces changements visibles à l'EEG étant corrélés à de meilleurs résultats scolaires et une meilleure stabilité émotionnelle. Ces changements ont pu être comparés à ceux induits chez les adultes par la méditation : augmentation du rythme d'amplitude alpha, présence rythmique d'ondes bêta, augmentation du rythme Thêta et cohérence inter-hémisphérique. Les auteurs ont montré que les effets de la relaxation induisaient chez ces enfants une maturation émotionnelle.

2. Echelles cliniques utilisées.

L'échelle HAD :

L'échelle HAD est un questionnaire développé par Zigmond et Snaith (1983), traduit et validé en France par Lepine (1985), afin d'évaluer le niveau actuel de la symptomatologie dépressive et anxieuse en éliminant les symptômes somatiques. C'est principalement pour cette raison que nous avons sélectionné cette échelle, au vu de la population à laquelle nous nous intéressons. Ce questionnaire se présente sous la forme d'une échelle d'auto-évaluation de symptômes anxieux et dépressifs, dans laquelle la dimension d'anhédonie c'est-à-dire de perte de la capacité à ressentir du plaisir est prédominante. L'échelle comporte 14 questions : 7 concernant l'anxiété et 7 concernant la dépression, correspondant à une réponse variant de 0 à 3. Le score total est la somme des deux sous-scores, calculés en additionnant les réponses.

Les auteurs de l'échelle recommandent l'utilisation des deux sous-scores avec les valeurs suivantes :


· Score total = 7 : trouble (anxieux ou dépressif) considéré comme absent,


· Score total compris entre 8 et 10 : trouble (anxieux ou dépressif) considéré comme douteux,


· Score total = 11 : trouble (anxieux ou dépressif) considéré comme probable.

La comparaison de différentes populations de patients évalués par l'HAD permet de confirmer sa stabilité malgré des facteurs événementiels ou situationnels récents, comme l'admission en milieu hospitalier, le stade d'évolution de la maladie cancéreuse, la proximité de la fin de vie, qui en soi, ne sont pas associés à des scores significativement différents. En revanche, la baisse du fonctionnement physique et social du patient et la présence d'une douleur chronique sont associés à des scores d'anxiété plus élevés (Lepine, 1985). L'échelle est apparue sensible aux changements. Son administration peut être répétée jusqu'à une fois par semaine. Dans cette perspective d'évaluation dynamique, il est possible de mesurer l'efficacité des traitements mis en route par la variation des scores.

Le "Bermond-Vorst Alexithymia Questionnaire" (BVAQ):

Bermond et Vorst, deux auteurs néerlandais, ont développé dans le courant des années 90 un questionnaire d'alexithymie suite à certaines critiques qu'ils formulaient à l'égard de la TAS-20. Tout d'abord, ils voulaient réintégrer la dimension d'appauvrissement de la vie fantasmatique qui avait été éliminée de la TAS-20 car elle était corrélée avec la désirabilité sociale. Ensuite, ils ont sélectionné un nombre identique d'items par dimension afin d'éviter qu'un facteur n'exerce un poids plus important sur le score total, comme c'est le cas pour la TAS- 20. Enfin, leur échelle comprend un nombre identique d'items dont la cotation est inversée.

La BVAQ mesure, en auto-évaluation, cinq facteurs:

F1 : Difficulté à décrire ses sentiments (difficulty verbalizing)

F2 : Difficulté à s'échapper dans l'imaginaire (difficulty fantasizing)

F3 : Difficulté à identifier ses sentiments (difficulty identifying)

F4 : Pensée opératoire (difficulty analyzing)

F4 : Difficulté à réagir aux situations émotionnelles (difficulty emotionalizing)

Les quatre premières dimensions concernent des aspects habituellement mesurés par les échelles d'alexithymie. En revanche, la dimension de faible réactivité est nouvelle. Elle concerne la capacité de l'individu à ressentir des émotions en présence d'une scène admise comme émouvante.

La « Trait Meta-Mood Scale » (TMMS) :

Cette échelle a été créée par Salovey et Mayer (1995), auteurs connus par ailleurs pour leurs travaux sur l'intelligence émotionnelle et la mise au point d'un outil évaluant celle-ci, la MEIS (Mesurement of Emotional Intelligence Scale). Elle a pour but de mesurer les différences individuelles dans la capacité à identifier et à traiter les émotions. Plus précisément, elle évalue le degré d'attention que les individus portent à leurs sentiments, la clarté de leur expérience de ces sentiments, et leurs croyances à propos de la possibilité de stopper les états d'humeurs négatives ou de prolonger les positifs. Les auteurs considèrent cet instrument comme une sorte de test d'intelligence émotionnelle puisqu'il a été conçu pour mesurer des différences individuelles relativement stables concernant les trois facteurs évalués. Les individus diffèrent dans leur compréhension de leurs états affectifs (et ceux des autres) ainsi que dans leur capacité à les articuler. Ils varient également dans leur capacité à réguler ces sentiments et à les utiliser de manière adaptée pour motiver leur comportement. L'attention portée aux émotions, la clarté de discrimination des émotions et la régulation de l'humeur semblent fondamentales dans le domaine de l'intelligence émotionnelle. Ainsi, la structure factorielle de l'échelle mesure les trois domaines de l'expérience de l'humeur réflexive décrits par Mayer et Gaschke (1988) : monitorer les sentiments, les discriminer et les réguler.

Trois échelles ont été créées, basées sur l'analyse factorielle :

F1 : L'attention (Attention) portée aux émotions.

F2 : La clarté (Clarity) dans la discrimination des émotions.

F3 : La régulation de l'humeur (Repair), dans le sens de stopper les émotions négatives et prolonger les positives.

La TMMS se présente sous la forme d'un questionnaire d'auto-évaluation en 30 questions, 10 pour chaque échelle.

V. UTILISATION DES SONS BINAURAUX EN MEDECINE ET PSYCHOPATHOLOGIE.

1. Revue de la littérature.

En dehors du trouble de déficit de l'attention et des troubles du développement, c'est en psychopathologie et en médecine comportementale que les effets des sons binauraux ont sans doute été le plus étudiés. Il existe également quelques publications concernant leur intérêt en chirurgie (anesthésie) et pour le contrôle de la douleur. Ainsi, deux publications récentes dans la revue « anaesthesia » décrivent, l'une les effets sur la dose d'anesthésique nécessaire durant une intervention chirurgicale légère, l'écoute de sons binauraux diminuant significativement cette dose comparée à l'écoute de sons neutres (Kliemptf et al, 1999), l'autre les effets de l'écoute de sons binauraux sur l'anxiété pré opératoire des patients (Padmanabhan , Hildreth & laws, 2005). Dans cette étude, l'anxiété des patients avant l'intervention a été mesurée à l'aide de l'échelle STAI, anxiété Etat/Trait de Spielberger ; l'anxiété était significativement plus basse chez les patients ayant écouté des sons binauraux que chez ceux ayant écouté des sons neutres.

D'autre part, il a été montré (Cox, 1996), que l'écoute de sons binauraux de fréquence alpha réduisait la pression artérielle et la vitesse des battements cardiaques de 4 à 10 %, diminuait la sensation de douleur de 50% en moyenne, diminuait le taux sanguin de mélatonine de 6 % en moyenne tandis que les taux de beta endorphines sanguines augmentaient de 14 % en moyenne. Chez les mêmes sujets, Cox note une augmentation de sérotonine de 23% ainsi qu'une diminution de norépinephrine de 18%.

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Peniston et Kulkosky (1989) ont mis en évidence des effets physiologiques dus à un entraînement par les ondes cérébrales lentes alpha et thêta, en particulier une augmentation sanguine des bêta endorphines chez des patients alcooliques. Par la suite, Peniston et Saxby (1995) ont confirmé l'efficacité de l'entraînement cérébral par des ondes lentes chez des sujets alcooliques présentant des symptômes dépressifs associés, cotés par l'échelle de dépression de Beck. Le traitement consistait en 20 séances d'entraînement de 40 minutes chacune. L'entraînement a de plus induit une diminution significative des scores aux sous-échelles de personnalité (personnalités schizoïde, schizotypique, borderline, évitante, dépendante, anxieuse, hypomaniaque, dysthymique, histrionique, passive-agressive, abus de substances, abus d'alcool, pensée psychotique et dépression psychotique). Un suivi de 21 mois n'a pas montré de reprise d'alcool. Le choix des ondes a été déterminé en ce qui concerne les ondes alpha pour leur action réduisant l'anxiété et les ondes thêta, induisant des états proches du sommeil, pour leur capacité à générer imagerie mentale et rêves éveillés habituellement pauvres chez les sujets alcooliques. Ces résultats ont été confirmés par d'autres auteurs, lors d'une étude chez des patients indiens d'Alaska, présentant une dépendance alcoolique (Sanders & Waldkoetter, 1997).

Enfin, nous citerons une dernière étude (Degood & Valle, 1975) qui a mis en évidence l'effet de la production d'ondes alpha chez 28 jeunes hommes de 20 ans en moyenne : augmentation significative aux échelles auto-administrées de confiance en soi, d'expressivité, d'ambition, d'internalité, de contrôle sur les événements, ainsi que sur l'extraversion. Dans une deuxième étude chez les mêmes sujets (DeGood & Valle, 1975) les auteurs ont mis en évidence une diminution significative de l'anxiété cotée par l'échelle de Spielberger, la STAI.

2. Echelles cliniques utilisées.

L'échelle d'anxiété Etat-Trait de Spielberger (STAI-Y) :

Couramment utilisée dans la recherche en psychologie, la STAI-Y est un indicateur sensible des modifications transitoires de l'anxiété induite par divers situations ; elle comprend deux échelles : l'échelle anxiété-Etat, qui a pour but d'évaluer les sentiments d'appréhension, la tension, la nervosité et l'inquiétude que le sujet ressent « à l'instant présent, juste en ce moment », et l'échelle anxiété-Trait qui mesure l'anxiété en tant que disposition stable, révélant un trait de personnalité, ressentie « de façon générale ». Chaque échelle comporte 20 propositions, elles sont auto-administrées. L'échelle Etat évalue l'anxiété situationnelle, c'est-à-dire l'état émotionnel actuel du sujet. Dix énoncés de cette échelle se réfèrent à la présence d'affect négatif (ex : être nerveux) tandis que dix autres énoncés se réfèrent à la présence d'affects positifs (ex : être calme). Le sujet indique ses réponses selon une échelle de Likert à quatre points allant de « pas du tout » à « beaucoup » selon l'intensité des sentiments ressentis. L'échelle anxiété Trait permet d'évaluer l'état émotionnel habituel du sujet. Onze énoncés se réfèrent à la présence d'affects négatifs (ex : avoir des pensées troublantes) et neuf se réfèrent à la présence d'affects positifs (ex : être bien). Le sujet indique ses réponses selon une échelle de Likert à quatre points allant cette fois de « presque jamais » à « presque toujours ».

Echelle de relaxation de Crist (Relaxation Inventory) (traduction Dovero) :

Le but de cette échelle est de mesurer par autoévaluation l'état de détente ressenti par le sujet à un moment précis.

C'est une échelle factorielle qui comporte trois facteurs qui forment trois sous échelles :

F1 : l'échelle de tension physiologique (Physiological Tension) concerne les activités physiologiques présentes durant les états de tension et de non relaxation ;

F2 : l'échelle d'évaluation comportementale (Physical Assessment) représente l'évaluation d'un état général agréable ;

F3 : l'échelle de tension cognitive (Cognitive Tension) évoque les états mentaux d'inquiétude et d'anxiété.

L'intérêt de cette échelle est de permettre d'établir une ligne de base de l'état de relaxation du sujet afin d'évaluer une thérapie ou encore l'entraînement à la relaxation. Elle se prête facilement à un re-test.

VI. UTILISATION DES SONS BINAURAUX DANS UN DISPOSITIF PSYCHOTHERAPEUTIQUE.

L'écoute de sons binauraux ne nécessite qu'un lecteur de CD audio et un casque stéréo. Il devrait donc pouvoir s'insérer facilement dans un dispositif de psychothérapie en face à face, le son devant être réglé de façon à ne pas gêner l'entretien. Nous pouvons imaginer diverses applications de ce dispositif : relaxation, diminution de l'anxiété, traitement des émotions, facilitation des souvenirs, facilitation des associations, « médium » autorisant la verbalisation et l'élaboration etc.

Nous avons évoqué précédemment l'effet de synchronisation des hémisphères cérébraux lors de l'écoute de son binauraux. La technique EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) développée par Francine Shapiro (2001) qui consiste à stimuler alternativement chaque hémisphère de façon rapide en demandant au sujet de suivre des yeux un stylo est très employée pour traiter les psycho-traumatismes ; l'hypothèse la plus souvent avancée pour expliquer l'efficacité de ce traitement est la synchronisation inter-hémisphérique, laquelle favorise le traitement des émotions. Nous noterons que les mêmes effets ont été obtenus par la stimulation alternative de chaque côté du corps, en tapant par exemple alternativement sur chaque cuisse ou sur chaque bras, ainsi que par un son qui serait entendu alternativement d'une oreille à l'autre.

Il nous paraît donc intéressant d'inclure des sons binauraux dans un dispositif de psychothérapie avec les mêmes indications qu'un protocole EMDR.

PARTIE II - DISPOSITIF EXPERIMENTAL

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