WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le migrant africain du grand- Lyon. L'" agir " social et économique à  construire. Enjeux, discours d'acteurs, pratiques, stratégies et cadres d'intégration, de mobilisation et valorisation des compétences des migrants sub- sahariens de l'agglomération lyonnaise

( Télécharger le fichier original )
par Issopha NSANGOU
Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne  - Master 2 Pro en ingénierie du développement social  2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 3 : Comment inciter les migrants à se saisir plus collectivement des dispositifs institutionnels d'intégration et d'insertion et à se rapprocher des structures publiques et privées gestionnaires des politiques publiques en lien avec la question des migrants au niveau local?

1. Corpus de solutions émises par les acteurs eux-mêmes

La question s'inscrit dans la ligne de celle du Haut-Conseil à l'Intégration : à savoir investir dans les associations pour réussir l'intégration, y compris les associations communautaires. Cela impliquerait la prise en compte des «compétences ethniques »140 sur lesquelles nous reviendrons dans le même temps. Nous nous sommes enquis de ce sujet lors de notre enquête auprès d'un élu communal pour qui :

138 Nous en avons identifié près d'une centaine oeuvrant à Lyon et les alentours. Voir l'annuaire des associations du Rhône.

139 Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales du Rhône

140 On peut y voir les compétences qui sont développées en interne par les communautés associatives qui les mettent au service des actions qui impliquent l'interculturalité.

104

I «D'abord il faudrait casser ce préjugé bien français qui assimile associations communautaires et communautarisme(&), Après il faudrait qu'il y ait une politique de contact systématique avec ces associations; et ça on ne le fait pas. Et je ne sais pas si ce sera toujours bien pris par elles. Parce l'idée du politique qui veut mettre son nez là-dedans, ce n'est pas forcément ce qui est apprécié.... »

Cela induit-il qu'il pourrait y avoir une méfiance systématique de la part de certaines associations de migrants si les politiques venaient à initier un contact avec elles? Notre élu communal est affirmatif: « Oui, je crois. Puis il y a l'entre-soi qui joue. »

Une chargée de mission et formatrice pour l'ASSFAM141 interviewée lors de notre enquête déplorait aussi le fait qu'à propos de ces associations : « On ne leur laisse pas de place...il y a une gêne, elles sont taxées de communautaristes ...à tort quelques fois».

En ce qui concerne la forme du contact à créer, selon cet adjoint au maire en charge de la démocratie locale et la lutte contre les discriminations, il pourrait prendre la formed':

I « Un soutien financier aux associations communautaires. Il y a la politique de la ville très générale, il est vrai, qui joue sur les quartiers où il y a beaucoup de migrants.

I Ça passe aussi par des soutiens aux femmes, par exemple ce que fait FIJI Rhône-Alpes142 qui est une association qui fait de l'accompagnement, du soutien, de l'aide personnalisé et de la formation en direction des femmes immigrées, maghrébine ou africaines, en particulier sur tous les problèmes de droit privé souvent compliqué, de droit international privé. Et donc nous on les finance par exemple. Elles interviennent auprès des femmes migrantes et ce n'est pas communautaire ».

I À propos de l'interculturalité, certaines communes ont engagé des réflexions sur la question, avant-gardiste sur les questions d'intégration/insertion des populations immigrées, la 2e la plus importante en termes d'effectif après Lyon, La Mairie de Villeurbanne par exemple a produit un texte intitulé « Démocratie et Diversité » et qui:

« &Développe un point de vue qui n'est pas le plus courant en France, justement à partir de l'idée de l'existence des communautés, l'intérêt de cette multiculturalité, avec la nécessité de passer par cette interculturalité.. .On a réfléchi au moins là-dessus, oui...On a participé à l'enquête du CRAN143, une grande enquête sur la lutte contre les discriminations, donc on leur a communiqué un rapport assez important sur ce texte et d'autres choses... »

I De ce point de vue, la Mairie reste disposée à travailler avec les associations communautaires; qu'elles portent des actions d'intérêt général national ou exclusivement au niveau local. Mais, une fois de plus, l'institutionnel souligne l'intérêt pour ces associations d'une intégration en réseaux, car:

« À l'époque où il y avait le CARA144, c'est sûr ça facilitait les choses, c'est clair. Moi je regrette qu'il n'y ait pas assez de fédérations...Moi je préfèrerais qu'il y ait effectivement des regroupements qui permettent de parler un peu collectivement et de mobiliser aussi des associations différentes ».

141 Association Service Social Familial Migrants, Délégation du Rhône.

142 Vu sur le Portail internet de l'association : « Femmes Informations Juridiques Internationales est une association à vocation régionale qui défend les droits personnels et familiaux ayant une dimension internationale (mariages mixtes, déplacements illicites d'enfants, divorces prononcés à l'étranger). La structure née en 2002 d'un partenariat institutionnel et associatif (la Délégation régionale des droits aux femmes et à l'égalité-DRDFE, l'Agence pour la cohésion sociale et l'égalité des chances-ACSé, le Secrétariat général aux affaires régionales-SGAR, Femmes contre les intégrismes-FCI, Le Centre d'Information des Droits des Femmes et des Familles du Rhône-CIDFF), lutte contre les discriminations et vise à faire respecter l'égalité entre les hommes et les femmes. Elle offre des informations et des conseils juridiques relatifs au droit international de la famille au public comme aux professionnels. À ce titre des juristes assurent des permanences téléphoniques et accueillent le public sur rendez-vous. Par ailleurs, l'association offre des formations pour les professionnels et les sessions de sensibilisation pour le public». FIJI Rhône-Alpes. http://www.fiji-ra.com/

143 Conseil Représentatif des Associations Noires de France

144 Collectif des associations des migrants africains dissous suite à de multiples dissensions internes. Des versions convergentes nous ont été rapportées lors de notre enquête par des responsables d'associations anciennement membres de cette fédération.

105

De là à inciter formellement les associations de migrants africains à se constituer en collectifs pour « faciliter le dialogue », la Mairie de Villeurbanne n'a pas spécifiquement engagé de réflexion en ce sens, s'appuyant sur l'idée que ce n'est pas au politique d'organiser les associations subsahariennes du Grand Lyon, l'initiative devant venir des acteurs eux-mêmes. Le Collectif Africa 50 ambitionne, nous l'avons souligné, de porter cet impératif et d'incarner la vitrine principale de toutes les associations de culture africaine et caribéenne dans le Grand Lyon. Pour autant, d'après des renseignements collectés au cours de notre enquête, le collectif n'est pas suffisamment visible au sein de certaines mairies. C'est ce qu'indique l'élu communal de notre investigation :

«Tout ce que je vois c'est des mails que je reçois, mais je ne les connais pas...À ma connaissance il n y a pas eu de demande formelle [émanant du collectif Africa 50] qui nous ait été adressée, sinon je l'aurais su... ».

La situation est différente à l'échelle de la Communauté du Grand Lyon, partenaire institutionnel et financier central du Collectif Africa 50 qui fut très impliqué lors de la Célébration du Cinquantenaire des Indépendances africaines pilotée par le collectif. Un de ses coordonnateurs nous confiait ainsi que:

« Les associations qui vont au niveau du Grand Lyon de leur propre initiative, on les renvoie vers Africa 50. En ce sens, une partie du travail [de la visibilité institutionnelle et du positionnement en tant référent principal des organisations africaines] est réalisée. Maintenant il y a un travail de communication à faire en sorte que toutes les associations de culture africaine reconnaissent vraiment l'objectif du collectif, adhèrent et puis passent par le créneau qu'on a défini afin d'aller de l'avant ensemble(...) je pense que dans les trois années à venir, Africa 50 aura plus de portée, plus de voie ».

Difficile d'attester la pertinence de ces propos, nous n'avons en effet pas pu rencontrer toutes les associations ayant engagé une telle démarche, individuellement ou sous la bannière du collectif. Pour le moment, du reste, en matière d'ancrage dans les politiques publiques de la ville et d'intégration nationale, au vu des données recueillies sur le terrain et des observations faites ( rapport d'activités verbaux principalement), seuls le volet culturel ( la valorisation de la mémoire, la promotion de l'interculturalité, la prévention des discriminations le soutien à la parentalité, le soutien scolaire) et les débats autour de la relance des économies africaines et les initiatives entrepreneuriales à promouvoir sur le continent noir( à travers le FEDDA) semblent s'inscrire sur cette ligne. Encore que l'objectif majeur d'Africa 50 c'est principalement d'assurer la promotion de la présence de l'Afrique et la contribution des Africains à la vie de la cité lyonnaise et de ses environs.

L'appropriation par le collectif Africa 50 des dispositifs existants de la politique de la ville en matière d'Insertion, et de la politique d'intégration, permettant un accompagnement global des primo-arrivants, des femmes et des migrants âgés (publics prioritaires du PRIPI/PDI) reste donc pour l'heure marginale. Néanmoins, selon les principaux coordonnateurs qui reconnaissent ce déphasage avec les problématiques sociales et réelles des immigrés de manière générale et des subsahariens en particulier, des travaux de réflexion seraient en cours dans ce sens :

« Ça c'est l'objectif d'Africa 50. Nous sommes en train de travailler là-dessus. C'est vrai qu'aujourd'hui, toutes les structures d'insertion dont vous parliez, on n'a pas encore abordé ces aspects, mais on passera obligatoirement par ça, on en a parlé lors de nos deux dernières réunions. En fait pour nous, l'intégration va passer par la base, et ça va commencer par les femmes et les enfants en particulier ceux qui sont nés ici, qui sont perdus et qui ne connaissent pas bien leur culture. Il y a des activités qui sont en train d'être mises en place pour permettre l'insertion des jeunes puis des femmes; Aujourd'hui on a ciblé le milieu scolaire. Nous sommes en train de voir l'association des parents d'élèves au niveau de Lyon, dans les écoles. Il y a une activité qui est prévue le 31 octobre pour inciter les parents par exemple à entrer dans tout ce qui est associations. Il y a aussi une activité sur l'éveil des enfants, dès l'âge de 4 ans. Aujourd'hui on le fait à Villeurbanne au sien des associations, et on fait en sorte que ces gens-là puissent faire venir les enfants. L'objectif à terme c'est de la faire dans chaque commune, d'aller vers ces populations. Mais tout ce qui est insertion des personnes âgées dans les foyers de travailleurs migrants par exemple, on n'a pas encore soulevé le problème. Mais effectivement sur ce plan-là, il y a du boulot à faire ».

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote