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L'obéissance en droit pénal camerounais. à‰tude de la jurisprudence.

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par ARMEL CHALAIR DJIEDJEU TCHOUAKE
Université de Dschang - Master II 2010
  

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PARAGRAPHE II : Les limites des faits justificatifs

L'obéissance à l'autorité a toujours été un fait justificatif en droit pénal camerounais comme le dit le texte ci-dessus visé. Sous l'égide de ce texte, la responsabilité pénale de l'auteur de l'acte ne pouvait être engagée que si « l'ordre est manifestement illégitime »84. Pour ainsi dire, l'ordre d'une autorité peut être inopérant (A), faisant resurgir la responsabilité du donneur d'ordre (B).

A- Le rejet de l'ordre du supérieur ou d'une autorité publique

La jurisprudence s'étant prononcée dans le sens de la punition du subordonné civil ayant exécuté un ordre illégal, il reste à déterminer quand un acte est manifestement illégal. Tel sera le cas s'il s'agit de porter atteinte à la vie ou à l'intégrité corporelle, ou de soumettre une personne à la torture. L'article 132 bis C.P. a supprimé ce fait justificatif s'agissant de la torture « l'ordre d'un supérieur ou d'une autorité publique ne peut être invoqué pour justifier la torture »85. Ce texte risque de créer des problèmes dans la hiérarchie militaire, le subordonné étant toujours prompt à exécuter l'ordre de son supérieur hiérarchique. Ainsi, aucune excuse n'a été accordée aux gardiens de la paix BIMOGA Louis Legrand, KAM John Brice et GREDOUBAI Michel. En effet condamnés pour torture sur les sieurs DJIMAFO Joseph et LEWAT WANDJI, ces agents de la police avaient suspendu l'un des prévenus sur une sorte de balançoire et l'ont violenté dans le but de lui faire avouer le vol d'arme : l'intéressé en

83 C.S. Arrêt N°259/P du 6 juin 1985 : affaire BONDOUM Gustave c/MP et NKONG Jacques. Inédit.

84 V. Art.83 al.2 C.P.

85 V. Art.132 al.5 C.P.

~~ohéita!aance en dtolt pénal cametowaaL : étude de lajutL6ptude.nce. Page 38

est mort. Le second a été frappé à l'aide de morceaux de bois sur la plante des pieds. Trainés en justice, ils ont argué exécuter l'ordre de leur supérieur hiérarchique l'officier de police ETOUNDI Marc, chef de poste qui leur a demandé « d'exploiter les mis en cause ». Ce dernier, pour sa part, était poursuivi pour complicité en instance ; mais en appel, la requalification a donné lieu à l'infraction d'omission de porter secours.86

Dans le même ordre d'idée, le juge de Bafia a condamné un policier qui avait refusé au gardé à vue la possibilité de recevoir des soins sur ordre de la hiérarchie. Qualifiant cet acte de torture, le juge a rejeté l'argument de l'obéissance hiérarchique au regard de l'article 132 bis C.P.87. Le même juge dans une affaire pareille a condamné un autre policier pour délit de torture à la suite d'un refus au gardé à vue de la possibilité de communiquer avec sa famille sur ordre du chef de poste88

Exceptionnellement, la loi écarte la justification par l'autorisation de la loi ou le commandement de l'autorité légitime : tel est le cas en matière de crime contre l'humanité89.

Il est une exception très particulière posée par l'article 122-4 du code pénal français. Cet article dispose que celui qui accomplit un acte régulièrement commandé par l'autorité légitime ne peut en principe se le voir imputer en tant que crime ou délit. Ainsi le gardien de prison qui écroue une personne en vertu d'un mandat d'arrêt ne se verra pas reprocher d'avoir porté atteinte à la liberté physique de l`intéressé. Ceci a donné lieu plus tard à la théorie de l'obéissance passive. Selon cette théorie, un subordonné doit obéir aveuglément à son supérieur hiérarchique sans se poser de question sur leur éventuelle légalité, et qu'en contrepartie, il est toujours irresponsable en exécutant ces ordres quelque soit l'illégalité de ceux-ci. Cette théorie conduit à justifier toutes les infractions commises sur ordre et aboutit à ce que le commandement de l'autorité légitime soit un fait justificatif général. Cette théorie trouve une très bonne

86 C.A. du Centre, Arrêt n°09/CRIM du 11 mars 2008 : affaire MP, WANDJI Robert et DJIMAFO Joseph c/ ETOUNDI Marc, KAM John Brice, BIMOGA Louis Legrand et GREDOUBAI Michel. Précité.

87 T.P.I. Bafia, jugement n°608/cor du 30 juin 1997.

88 T.P.I. Bafia, jugement n°832/cor du 23 novembre 1997, citées par ONANA ETOUNDI (F), « L'impunité dans le ressort judiciaire du Grand Mbam » in Impunité en Afrique centrale : Cahier des droits de l'Homme, n°3 février 2000, p.53.

89 Cass.crim. : 23 janvier 1997, Gazette du Palais 1997 relative à l'affaire du sang contaminé : des lots de sang ont été transfusés aux patients par des infirmiers en connaissance de cause. Inculpés par la suite, ils ont argués pour leur défense l'ordre de la hiérarchie. Le juge en a fait fi et les a condamnés avec la dernière énergie.

~~ohéita!aance en dtolt pénal cametowaaL : étude de lajutL6ptude.nce. Page 39

place dans l'armée où l'on ne discute pas les ordres en opposition aux fonctionnaires civils pour qui elle n'est pas opérante.

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