2.   Le passif : un cadrage sevêre source d'incidences
fiscales nombreuses
a.   Capitaux propres et provisions reglementees 
· Les capitaux propres 
La   difference   de   traitement   entre   comptes  
consolides   IFRS   (deduction   des   titres d'autocontrôle)  et 
comptes  individuels  PCG  (maintien  en  valeurs  mobiliêres  de 
placement)  sera source  de  divergences,  qui  peuvent  a  terme  modifier  la
 taxation  des  entreprises.  En  effet,  elles pourraient  s'estomper  au 
profit  de  la  methode  appliquee  en  comptes  consolides  si  les  comptes
individuels suivent les dispositions des normes IFRS. Cette solution est
probable puisque, la encore, deux  principes  comptables  cohabiteraient  pour 
l'etablissement  de  deux  jeux  de  comptes,  ce  qui n'est pas la finalite
des normes IFRS. 
L'application de ce traitement reserve aux comptes consolides
pourrait étre a l'origine d'une reduction  de  l'imposition  supportee 
par  les  entreprises :  Les  titres  viendraient  en  deduction  des capitaux 
propres  et  ne  seraient  plus  source  de  profit  ou  de  perte39   
en  cas  de  d'emission, depreciation, d'annulation ou de cession comme
c'est le cas sous le PCG. 
· Un encadrement juridique des provisions reglementees 
Le point de divergence le plus marque quant au passif est celui
des provisions reglementees. 
La suppression de ce regime serait due, si cette solution est
retenue a terme, a la deconnexion de la fiscalite40. La disparition
de ces provisions induit un montant deductible global plus faible et une
imposition plus lourde de part l'augmentation de la base taxable. Rappelons que
ce regime existait pour des raisons purement fiscales et n'aurait donc plus
lieu d'étre sous les normes IAS / IFRS4l. Le montant  
auparavant   destine   aux   provisions   reglementees   pourrait   desormais  
étre   incorpore directement aux capitaux propres. Reste que cette
solution accentuerait d'autant plus l'emergence d'un  bilan  fiscal  et  donc 
une  deconnexion  totale  entre  la  comptabilite  et  la  fiscalite,  ce  qui 
ne 
39  Ces profits ou pertes ne s'incorporent plus au
resultat global 
40  Voir « Fiscalite et normes comptables
internationales : mais ou et donc or ni car » M.Eric Delesalle, Revue de
Droit fiscal N°l6, annee 2004, P.739 
4l  Idem note l7 
recueille pas la faveur de l'Administration. 
Prise   individuellement,   la   disparition   des  
provisions   pour   hausse   des   prix   ou   pour fluctuations  de 
matiêres  premiêres  risque  d'avoir  de  lourdes  consequences. 
Leur  constitution permettait de faire face aux fluctuations des marches et
d'attenuer leurs repercussions.   Selon les normes IFRS, le resultat taxable
risque non seulement d'étre revu a la hausse mais aussi de fluctuer plus
fortement. La encore, le resultat taxable sera influence par des facteurs
exogênes qui attenuent 
la lisibilite et les previsions des entreprises et de
l'Administration. 
b.   Provisions pour risques et charges 
· Provisions pour restructuration 
La  constitution  de  provision  pour  restructuration  est 
nettement  plus  complexe42   sous  les normes  IFRS  que  sous  le 
PCG.  Le  fait  generateur  retenu  pour  ces  provisions  pourrait 
étre  plus tardif,  puisque  l'existence  et  l'annonce  d'un  plan  ne 
sont  plus  suffisantes.  C'est  ainsi  que  les indemnites d'incitation au
depart volontaire ne seraient comptabilisees qu'a la date d'acceptation de
l'employe. La condition de constitution des provisions serait certaine et non
plus probable* ; elles 
ne seraient donc plus evaluees par voies statistiques ou selon
une quelconque autre methode. Les coüts de resiliation d'un contrat ne
seraient provisionnes que lorsque l'entite met effectivement fin 
au contrat (méme remarques *). 
Deux incidences fiscales ressortent de cette situation
: 
    Des  abus  etaient  pratiques  sur  les  provisions  de 
rupture  de  contrat.  Ledit  contrat  pouvait finalement ne pas faire l'objet
d'une rupture pendant la periode de restructuration. Dans ce cas, les
conditions  avaient  ete  respectees  puisque  le  risque  etait  probable.  La
 provision  etait  seulement 
reintegree. Sous les normes IFRS, un tel raisonnement ne saurait
étre valable. 
42  C'est en general le cas pour l'ensemble des
provisions pour risques et charges 
    L'avantage que constituaient les provisions pour
restructuration au regard de la determination de 
l'impôt existera toujours mais sera decale43. 
· Provisions pour grosses reparations 
Dês   2005,   une   partie   de   ces   provisions  
devra   étre   remplacee   par   la   methode   de decomposition  de 
l'actif  puisque  les  provisions  pour  grosses  reparations  disparaltront 
avec  les normes IFRS. L'amortissement par composants etait possible sur option
depuis lier  janvier 2002. Or 
les entreprises qui ne pratiquaient pas sur options cette methode
seront penalisees debut 2005 car 
elles devront reintegrer lesdites provisions et l'effet negatif
qui en decoule ne sera pas compense par l'amortissement qui aurait ete
pratique. 
L'Administration44  repond a ce sujet que la
diminution du montant des charges deduites durant la 
periode d'amortissement sera compensee en partie par la reduction
de la duree d'amortissement des composants. 
Une solution insatisfaisante pour deux raisons : 
    L'AFEP  ont  conclu  que  cette  compensation  partielle 
laisse  toujours  subsister  un  coüt  fiscal important  du  fait  de 
l'impossibilite  de  constituer  des  provisions  pour  grosses  reparations 
et  du raccourcissement de la duree d'amortissement (incidences deja evoquees).
S'ajoute l'augmentation 
de l'assiette de la taxe professionnelle due au renouvellement
des composants. 
    L'Administration  admet  donc  implicitement45  
qu'il  y  a  un  risque  puisque  l'amortissement decompose conduirait a
une duree d'amortissement plus courte que celle de l'ensemble du bien. Or 
elle ne s'est pas prononcee sur le traitement fiscal en cas
d'amortissement trop rapide. 
43  En l'espêce, les incidences porteront
davantage sur la tresorerie de l'entreprise 
44  Position evoquee lors des reunions de Groupe de
travail sur les incidences fiscales a l'AFEP 
45  Cette incoherence de la part de l'Administration
accentue le flou juridique dans lequel se trouvent les entreprises 
En  somme,  le  rêglement  du  CRC  2002-l0  a  permis  une
 convergence  du  PCG  vers  les 
normes  IFRS  au  sujet  des  provisions  pour  grosses 
reparations.  Les  divergences  portant  sur  les depenses  de  remplacement 
disparaltront  et  celles  portant  sur  les  depenses  de  gros  entretiens
demeureront.  Pour  ce  cas  precis,  les  entreprises  auront  toujours  le 
choix  entre  composants  ou provisions  en  2005.  Si  ce  point  ne  fait 
pas  l'objet  de  convergence,  la  transposition  aux  comptes statutaires
sera d'autant plus delicate que l'Administration fiscale risque de ne pas
tolerer de telles differences de traitement. 
  Avril 2004  50 
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