PARTIE :
Considérations Générales
et
Théoriques
Intégration de l'Intelligence Economique (IE) dans
les pratiques managériales des Entreprises Congolaises
CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL
Le présent chapitre s'évertue à scruter
les questions relatives aux généralités conceptuelles et
à la clarification des postulats théoriques cernant la
problématique d'une proposition d'intégration de l'intelligence
économique dans l'approche managériale congolaise. Etant
donné que l'axe central de ce travail s'articule autour de
l'intelligence économique, nous allons nous efforcer de clarifier tous
les concepts-clés ayant trait à ce champ scientifique pris ici
comme des prismes donnant une vision spécifique de la
réalité et de l'influence de l'IE dans le management des
organisations modernes avant d'élucider toutes les variables. Nous osons
croire, en effet, que la saisie de toutes ces acceptions et paradigmes
épargnerait au lecteur toute ambiguïté sur leurs
caractères polysémiques afin de mieux comprendre les grandes
questions abordées plus loin.
Section I : Clarification des mots-clés
Ce sont des concepts qui édifient et explicitent le
concept central autour duquel gravite l'essentiel de cette recherche. Nous en
relevons cinq concepts- clé :
I.1.1. Information
Le concept d'information est un terme générique.
Il recouvre en fait de diverses conceptions correspondant à des
objectifs et utilisations variées selon que l'on soit dans telle ou
telle autre discipline scientifique. Eu égard à la
problématique ainsi qu'à l'objet du présent travail, il
nous a semblé impératif d'avoir une idée sur tout ce qui
se fait, sort et entre dans l'entreprise sous l'appellation information.
De nos jours, le concept information est employé d'une
manière trop vaste et diversifiée. Son influence est très
prépondérante dans certaines disciplines qui tentent de lui
donner une acception assimilable au caractère de leur objet et de leur
substance. Mais, en général, le concept lui-même
désigne le contenu d'un échange (le quoi) entre émetteur
et un récepteur (le qui). C'est un substantif dérivé du
verbe informer, lui-même issu du latin ` informare' qui se traduit par
donner une forme, d'où, son sens de mise au courant dans le Dictionnaire
Universel (2002).
L'information est définie comme étant l'action
de donner une connaissance d'un fait, tandis que dans le Littre, un autre
dictionnaire de langue française, on trouve au mot information, parmi
tant d'autres définitions, la signification suivante : information,
terme de philosophie, action d'informer, de donner la forme... de ces deux
définitions, il s `en dégage deux notions distinctes, bien
qu'étroitement imbriquées :
1. Une notion de renseignement qui se rapporte à la
substance implicite de l'information et à son contenu sémantique
;
Intégration de l'Intelligence Economique (IE) dans
les pratiques managériales des Entreprises Congolaises
2. Une notion de forme, au sens d'apparence extérieure,
qui est la présentation explicite de l'information.
Ces deux notions fondent la base de toute définition
technique de ce concept. Elles sous-tendent l'existence de la notion de
renseignement, et d'une explication implicite de sa nature sémantique,
d'une part, et d'autre, une expression de la forme qui la présente pour
qu'elle se manifeste. Ce qui fait dire à Eric RAGUENES que
l'information est un renseignement susceptible d'être exploité
par l'entreprise (RAGUENES, 1998).
Vu le contexte et les impératifs de cette étude,
nous considérons le mot information comme une matière
première dont la qualité doit conditionner celle de la
décision et de la communication de l'entreprise par sa vertu et sa
capacité à augmenter la connaissance et diminuer l'incertitude
dans les mécanismes décisionnels.
Nous ajouterons qu'elle est, de surcroît, une valeur
stratégique devant servir l'action et la décision. Elle ne peut
être utile dans une entreprise que quand elle est exprimée comme
une donnée factuelle tel qu'un message (vocal, écrit,
gestuel...), un signal, une image (animée, fixe...), un symbole, un
texte, un son... définis par un langage ou portée sur un support
(physique, visuel, phonique...) capable d'agir sur son destinataire. Toute
information doit posséder certaines propriétés telles que
: l'origine, l'itinéraire, la vitesse de circulation, la durée de
vie, etc.
Dans une entreprise, son utilité est dictée par
sa pertinence par rapport à un niveau décisionnel donné
qui doit juger son intérêt, son origine, son accès, sa
disponibilité, sa forme jusqu'à son coût ou même sa
rentabilité. Dans l'IE, l'information nourrit le cycle de renseignement,
d'influence et de sécurité. Elle se diffère d'un bruit car
elle a une valeur et que le bruit n'est qu'une redondance.
L'idée que l'information soit devenue une denrée
capitale a fait ses marques dans la littérature. L'ère de
l'information est rentrée très largement dans la
littérature d'application voire même de vulgarisation (DRUCKER,
1995; STEWART, 1997) et est devenu un de recherche par excellence en Management
et en Stratégie.
Ainsi, en IE, on distingue trois catégories
d'informations, plus ou moins confidentielles :
+ Les informations « blanches » : qui sont ouvertes
et publiques. On les trouve dans les médias, les réunions
publiques, les bases de données, ou auprès des organismes
publiques. Disponibles et facilement accessibles, elles sont émises par
des sources dites « ouvertes », formelles, et sont l'objet des
démarches classiques de veille (cf. point II.1.2.1.a).
+ Les informations « grises » : sont plus sensibles
; recueillies auprès du personnel d'une entreprise, dans une
documentation réservée aux collaborateurs internes, ou
auprès des fournisseurs ou même des concurrents, ces
données se sont pas publiques mais néanmoins obtenues de
manière légale et indirecte.
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les pratiques managériales des Entreprises Congolaises
+ Les informations << noires >> : qui sont
réellement réservées à des personnes, et y
accéder relève d'un acte illégal. De ce fait, elles ne
sont pas intégrées à une démarche d'Intelligence
Economique, car elles renvoient à des pratiques d'espionnage
condamnées par la loi.
Le poids de ce concept dans la vision actuelle du monde, nous
impose de jeter un regard sur la notion de société
d'information. Bien que l'emploi du terme ce soit
généralisé tout récemment. Le concept de
société de l'information est né de la vision de Norbert
Wiener qui diagnostique en 1948 la force structurante de l'information et
prédit qu'elle transformera la société à
l'ère de l'informatique naissante. Il faut toute fois attendre quelques
années avant que ce rêve <<cybernétique >> ne
se concrétise. Années durant lesquelles l'information est
à la fois un enjeu stratégique et un instrument du pouvoir, en
particulier dans le contexte de la guerre froide caractérisé par
l'affrontement Est - ouest et la menace d'une guerre nucléaire qui
justifiait à elle seule la culture du secret, du complot et de la
subversion. (BULINGE, 2002).
Cependant, la société de l'information
apparaît comme l'expression d'un idéal de paix, de savoir,
d'ambitions et de transparence que l'on retrouve dans le discours du vice
président américain Al gore (1994) lorsqu'il formule pour la
première fois l'idée des << autoroutes de l'information
>>. Il annonce un mot d'humaniste fondé sur les technologies de
l'information et de la communication : en quelques millièmes de
secondes, un individu peut faire le tour du monde et plonger librement dans
<<un océan de savoir >>.
Ces autoroutes de l'information, ou plus
précisément, ces réseaux d'intelligence répartis -
nous permettront de partager l'information, de nous connecter et de communiquer
comme une communauté globale. De ces connections nous retirerons des
progrès économiques solides et durables, des démocraties
fortes, de meilleures solutions pour les défis globaux ou locaux, de
meilleurs soins de santé et, enfin de compte, un plus grand sens de la
gestion de notre petite planète (AL GORE, 1994). Depuis lors, la
date du 17 mai de chaque année a été dédiée
à ce qu'on appelle dorénavant, la journée mondiale de la
société de l'information.
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