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La Constitution à  l'épreuve des accords politiques dans le nouveau constitutionnalisme africain


par Pihame BARBAKOUA
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies en droit public fondamental 2008
  

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Paragraphe II : La protection de l'ordre constitutionnel

La protection de l'ordre constitutionnel procède par la stabilisation des institutions (A) qui permet de maintenir le processus de démocratisation (B).

A : La stabilisation des institutions

Dès la signature de l'accord, les tensions retombent. Ce qui témoigne que le consensus a été retrouvé (1) et que la constitution est désormais mise hors d'atteinte (2).

1 : Le consensus retrouvé

Le nouveau constitutionalisme africain dans son ensemble, ou du moins dans sa majorité, a pour socle le consensus175. Matérialisé par les conférences nationales qui auraient servi de base aux dites constitutions, le consensus a irrigué la vie politique des Etats africains jusqu'à ce que la nostalgie de « président dinosaure »176 vienne le faire disparaître. C'est cette rupture unilatérale du contrat social qui a conduit dans la majorité des cas, à la crise. Au Togo par exemple, après avoir appelé à adopter la constitution de 1992, le Président Gnassingbé Eyadema qui s'était vu transformé en un ersatz administratif, n'a ménagé aucun n'effort pour éroder peu à peu, les pouvoirs du Premier ministre pour conduire au final à la révision du 31 décembre 2002. Cet évènement, associé à la mascarade électorale de 1998, a fracturé de façon inédite, le tissu social ; fracture qui s'est perpétuée

174 Sur ce point consulter utilement le Dictionnaire de droit international public op.cit., pp.45O-451

175 Selon le lexique des termes juridiques, le consensus en droit constitutionnel peut s'entendre d'un accord général sur les valeurs sociales essentielles et spécialement sur le régime politique établi. Ce qui a pour effet de modérer les antagonismes politiques (lutte dans le cadre d'un régime et non sur le régime lui-même). Il peut aussi désigner la méthode d'adoption des décisions consistant dans la recherche d'un accord mutuel sans que l'on procède à un vote formel (ou même pour éviter de recourir à un tel vote), GUILLIEN (R.) et VINCENT (J.), dir. , Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 2003, p.152

176 LOADA (A.), « La limitation ...» op.cit., p.147

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jusqu'à ce jour. En Côte d'Ivoire, c'est plutôt le concept d'« ivoirité »177 qui a fait basculer le pays dans les affres d'une crise profonde, dont les effets ne sont pas prêts d'être oubliés.

Les accords politiques viennent donc rendre l'atmosphère moins tendue. Ils conduisent à un certain apaisement qui dénote d'un certain consensus trouvé sur la vision nouvelle de la vie en société. Le consensus retrouvé, la vie de l'Etat reprend normalement ou du moins apparemment. Ce qui met la constitution hors d'atteinte.

2 : La constitution mise hors d'atteinte

Le propre de tout système de crise est de protéger le statu quo. Il s'assimile volontiers à la mise au frigo du système normal, permettant de le conserver et de le faire sortir une fois la menace vaincue. De même, les accords politiques constituent une sorte de rempart qui protège la constitution et sur laquelle viennent s'écraser toutes les menaces trimbalées par les crises. Il s'agit au premier chef de la menace de l'armée.

En effet l'armée s'est toujours considérée comme la conscience du peuple. Elle s'arroge volontiers la mission de protéger les institutions, de les stabiliser ou de les rentabiliser davantage. Le Colonel BOKASSA l'avait systématisé en ces termes : « Si un jour il y a de la pagaille ici, je n'hésiterais, je prends le pouvoir pour y mettre de l'ordre »178. Cette théorie fut traduite dans les faits par l'armée nigérienne en 1995 qui s'imposa par un coup d'Etat, comme arbitre du conflit de compétence entre le conseil constitutionnel, dont la décision a été violée par la nomination du premier ministre HAMA Amadou, et le Président MAHAMAN Issifou. Tout récemment, c'est l'armée togolaise qui s'est illustrée en nommant au poste de Président de la République par intérim Faure Essozimna GNASSINGBE, au mépris des règles constitutionnelles prétextant le fait que le pays était en passe de basculer dans une phase sombre de son histoire. Or, le Président Oluségun OBASANJO rappelait volontiers que « le régime militaire en Afrique a donné au malade une thérapeutique pire que la maladie qu'il est sensé guérir »179.

177 TOULOU (L.), « Election de la peur ou peur des élections : dilemme et contretemps de la sortie de crise en Côte d'Ivoire », inédit, p.5

178 GBEOU-KPAYILE (N.), L'armée et la démocratie en Afrique, Mémoire de DEA Droit Public Fondamental, Lomé 2004-2005, p .14

179Cité par VIGNON (Y.B.), « Coup d'Etat... »op.cit., p.616

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Les accords politiques évitent donc « qu'il y ait de la pagaille ici » et que l'armée se sente obliger d'intervenir dans un champ qui a priori n'est pas le sien. Par ailleurs ils permettent de renforcer le processus démocratique en branle depuis quelques années.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus