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La Constitution à  l'épreuve des accords politiques dans le nouveau constitutionnalisme africain


par Pihame BARBAKOUA
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies en droit public fondamental 2008
  

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B : Le maintien du processus démocratique

« Les représentants du pouvoir acceptent de nombreuses concessions pour ré embrayer le processus démocratique. Ceux de l'opposition retrouvent la voie de la participation aux élections, obtiennent des garanties d'un traitement équitable, les conditions d'un processus électoral pluraliste sont mises sur pied. » Écrivait le Professeur Charles DEBBASCH180.

Le processus démocratique en Afrique, contrairement à ce qui se passe dans les vieilles démocraties, semble procéder par le partage du pouvoir(1), qui garantit à défaut d'une alternance politique et démocratique, la circulation des élites(2).

1 : Le partage du pouvoir

L'un des traits marquants du phénomène des accords politiques est le partage du pouvoir. Pour Pierre Moukoko Mbojo, la multiplication des crises politiques, au lendemain des élections pluralistes et compétitives, semble donner l'impression que la plupart des partis politiques qui vont aux élections, refusent d'intégrer la défaite dans leur démarche politique. Aussi, soutient-il que rares sont les partis qui, après une défaite électorale acceptent facilement l'idée d'avoir à passer encore quatre ou cinq années dans l'opposition comme le prescrit la démocratie normative. Il conclut à la volonté et au désir de la plupart de ces partis de participer activement au gouvernement. Il bâtit ainsi la célèbre théorie de la démocratie consociationnelle181 qui à l'inverse de la démocratie pluraliste, postule le privilège du consensus au détriment de la concurrence chère à la théorie de la démocratie majoritaire182.

Dans le cadre des accords politiques, elle se matérialise concrètement par la pratique des gouvernements d'union nationale. Il s'agit du gouvernement de crise, chargé de la mission de stabiliser l'Etat, dit le Professeur KPODAR. Du point de vue constitutionnel, on peut soutenir que la caractéristique essentielle d'un gouvernement d'union nationale qui est de renfermer, dans une large mesure, les représentants

180 L'Etat du Togo op.cit., p.28

181 « Pluralisme socio politique et démocratie en Afrique... » op.cit., p.40

182 KPODAR (A.), «la communauté internationale et le Togo... » op.cit., p.44

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des forces politiques nationales, révèle le rejet du greffon de l'Etat importé. Mais l'essentiel, c'est qu'il garantit la circulation des élites, en résolvant du coup, la crise.

2 : La circulation des élites

S'il est illusoire de penser que les accords politiques conduisent à l'alternance politique et démocratique, il semble acquis qu'ils assurent quand même la circulation des élites183 qui en est, pour ainsi dire, l'avatar. Issu de la rotation des postes184, « l'alternance postule la réunion de plusieurs conditions objectives : transparence des élections, existence d'une opposition structurée et suffisamment forte pour faire jeu égal avec la majorité en place. Elle requiert par ailleurs, un consensus minimum entre les forces en compétition, surtout, sur les institutions ; et enfin une certaine modération et prudence de la nouvelle majorité dans l'exercice du pouvoir et sa volonté de réformer »185. Or, sur ces questions, on constate une déraison aussi bien du côté de la majorité que du côté de l'opposition. L'alternance s'analyse donc dans le nouveau constitutionalisme africain comme un « accident de l'histoire » malgré le fait qu'elle est juridiquement consacrée186.

Si l'accord de Linas Marcoussis et sa postérité ont assuré, dans une certaine mesure, une alternance en Côte d'Ivoire par l'éjection de Laurent Gbagbo du fauteuil présidentiel, il faut reconnaître qu'il s'agit bien là d'un cas iconographique. Dans la majorité des cas, on assiste tout simplement à l'octroi du poste de Premier ministre, s'il en existe et de quelques portefeuilles ministériels, parfois importants, à l'opposition. Il en est ainsi au Togo où l'UFC s'en sort, après l'accord RPT-UFC, avec les portefeuilles des affaires étrangères, de la communication, de l'enseignement supérieur, longtemps jalousement conservés par le RPT187. En Côte d'Ivoire, le chef de la rébellion Guillaume Sorro, obtient par le biais de l'accord de Linas Marcoussis, le poste de Premier ministre, réinventé à cet effet188. Il ressort par ailleurs de l'accord RPT-UFC, que des nominations seront faites conjointement à des postes de grandes responsabilités189.

183LOADA (A.), « La limitation du nombre de mandats présidentiel en Afrique francophone »op.cit., p.147.

184 Idem

185 QUERMONNE (J-L.) cité par LOADA (A.), « La limitation... » op.cit.

186 Sur cette question lire KPEDU (Y.) « La problématique de l'alternance au pouvoir dans le débat

constitutionnel africain » RTSJ, 2011, p.67

187 Sept portefeuilles ont été accordés à l'UFC. Voir l'annexe de l'accord RPT-UFC

188 Il s'agit bien d'un poste d'hyper Premier ministre comme dans les régimes parlementaires classiques.

189 Point II de l'accord RPT-UFC

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Il est donc clair, que par l'institution d'un droit constitutionnel d'exception, les accords politiques s'avèrent être un complément essentiel pour ne pas dire indispensable. Seulement, leur efficacité semble s'émousser par le reproche qu'on leur fait d'être extra juridique. D'où la nécessité de leur positivité.

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