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Des juridictions militaires congolaises et du sort de leurs condamnés. Cas des violations des règles minima de détention dans la prison militaire de N'dolo.

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par Michael KAZAD CHIPUT
Université William Booth - Licence en Droit 2015
  

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CONCLUSION

Nous nous sommes intéressés aux juridictions militaires, au sort du condamné militaire après le prononcé de son jugement le condamnant à une peine tel que le prévoit le code pénal militaire et de la vie qui l'attend une fois dans son milieu de privation de liberté.

Cependant après une analyse minutieuse du traitement pénitentiaire, nous sommes arrivés à constater que toutes les règles tant internationales que nationales qui ont tendance à cadrer ou à encadrer le système carcéral en République Démocratique du Congo ne sont qu'échantillon, puisque certains détenus de la Primil de N'dolo sont allés jusqu'à dire que la prison en RDC est un Enfer sur terre. Les conditions de détention sont vraiment en dessous même de la moyenne. Les déficiences se remarquent donc dans l'alimentation, en vêtements et literie, en exercices physiques, en service médical, en information et droit de plainte des détenus, en bibliothèque, en séparation des détenus par catégories, en instruction et loisir et pire encore en personnel. Bref, le traitement pénitentiaire congolais dévie énormément non seulement aux règles minima qui s'avèrent être internationales mais aussi et surtout à celles de l'ordonnance n°344 du 17 Septembre 1965 portant régime pénitentiaire, qui en soit s'inspire aux mêmes réglés minima de détention.

C'est pour cela même, dans un atelier national organisé en juillet 2007 sur la réforme du système pénitentiaire en RDC, le ministre de la justice, George Minsay Booka, avait insisté sur le respect des règles minima pour tous les détenus et par tous les établissements pénitentiaires, notamment les déviations citées ci-haut.

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pénitentiaire tant sur le plan textuel que sur le plan pratique aux conditions conjoncturelles de notre pays, la République démocratique du Congo.

Nonobstant toutes les déviations tragiques, le gouvernement Congolais par le biais de son ministère de la justice et de la défense reste sourd et muet. Nous pensons qu'il serait agréable que celui-ci pense à réduire le nombre des détenus en particulier ceux qui ont déjà purgé le 1/4 de leur peine par une liberté conditionnelle, soit par grâce présidentielle. D'où nous saluons l'idée de l'opposition congolaise mise en oeuvre par le chef de l'Etat, de pouvoir gracier et amnistier certains détenus. Car cela permettra de réduire le nombre de détenus dans les prisons de la République en général et en particulier celle de N'dolo qui normalement a été construite pour recevoir 500 détenus mais qui en est là à plus de 1472 détenus.

Il ne suffit pas seulement de diminuer le nombre des détenus dans les prisons mais aussi d'en assurer la réintégration ou la réinsertion dans la société en leur apprenant au mieux un métier.

La surpopulation de la Primil de N'dolo n'est donc pas uniquement due au grand nombre des militaires incarcérés à cause des circonstances des guerres, mais surtout à la durée anormale d'incarcération de chaque détenu, aggravée par le mauvais fonctionnement de la justice militaire.

Cette surpopulation des prisons contribue à :

y' Accentuer les mauvaises conditions matérielles de détention et le non-respect de la plupart des règles édictées dans l'Ensemble des règles minima pour le traitement des détenus et dans la législation congolaise en la matière ;

y' Détériorer la condition physique des détenus et à faciliter la transmission des

maladies infectieuses (comme la tuberculose) chez les détenus ; y' Aggraver anormalement les conditions détention de ceux, très nombreux, qui

sont en préventive alors que ces personnes doivent bénéficier de la

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présomption d'innocence et, à ce titre, jouir de conditions de détention différentes des condamnés qui ont été reconnus coupables d'infractions pénales.

La République démocratique du Congo fonctionne sur une base répressive mais non préventive.

La dignité humaine est si importante, d'où l'importance de la protéger à son extrême vulnérabilité, car il vient d'être démontré et approuvé à suffisance dans ce travail qu'en RDC, les droits de l'homme en général et ceux du détenu en particulier restent encore une hypothèse d'école. Le pauvre est donc soumis à plus d'obligations qu'il lui est reconnu des droits.

Ce travail formule des recommandations, surtout à l'intention des responsables du système judiciaire et pénitentiaire congolais, dont certaines sont des actions et des mesures à coût faible ou nul et dont la mise en application immédiate ou à court terme est possible.

Visant à combattre la détention illégale

? Renforcer le contrôle sur le respect des procédures en matière d'arrestation et de détention (notification, comparution devant une autorité judiciaire, etc.) ;

? Instruire les Officiers du Ministère Public qu'ils assument les responsabilités de contrôle qui sont les leurs au niveau des divers centres de détention conformément à l'article 80 du Code congolais de procédure pénale, afin de relever rapidement les cas d'arrestations arbitraires et de détentions illégales et de les régulariser au fur et à mesure ;

? Assurer au détenu le concours d'un avocat (dès son arrestation et sa mise en détention) pour permettre au détenu d'exercer son droit d'avoir l'assistance d'un avocat ;

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w' Informer les détenus des droits qui sont les leurs tant au stade de l'instruction pré juridictionnelle et juridictionnelle que pendant l'exécution de la peine privative de liberté.

Visant à améliorer l'administration de la justice pénale

w' Fournir un appui léger aux parquets et à l'administration pénitentiaire (en fourniture de bureaux, papiers, etc)

w' Renforcer à travers des sessions de formation et séminaires la formation du personnel pénitentiaire, des magistrats, APJ et OPJ (dont la majorité n'a pas reçu la formation adéquate) particulièrement dans le domaine des normes internationales sur les garanties judiciaires et sur la protection des personnes en détention, pour également éviter des arrestations arbitraires et des détentions irrégulières ;

w' Réviser la législation pénitentiaire et plus particulièrement l'ordonnance 344 du 17 septembre 1965 sur le régime pénitentiaire. Il y a lieu d'initier une nouvelle législation ou de proposer des modifications au texte qui existe actuellement en rapport avec les règles minima pour le traitement des détenus.

w' Améliorer des conditions de travail et de rémunération des personnels intervenant dans l'administration de la justice et dans le système pénitentiaire ;

w' Appuyer les Bureaux de consultation et d'assistance gratuite des barreaux ;

w' Pousser la justice en générale et militaire en particulier à accélérer sa manière de traiter les dossiers pour éviter que les prévenus qui croupissent encore en prison en attendant même que leurs dossiers puissent enfin être mis à table ;

w' Enjoindre les magistrats à accorder la mise en liberté provisoire et la mise en liberté conditionnelle, surtout les établissements doivent en informer les

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détenus de cette faculté et les encourager à recourir à des peines substitutives à l'emprisonnement.

Visant à améliorer les conditions de détention et à respecter les Règles minima sur le traitement des détenus

Dans le domaine alimentaire :

w' Distribuer régulièrement et de façon contrôlée les aliments ;

w' En favorisant la communication des détenus avec l'extérieur et leur famille (notamment en supprimant toute forme de monnayage des visites) afin de suppléer par les apports de nourriture ;

w' En favorisant l'incarcération des détenus dans les établissements pénitentiaires proches de leur lieu d'origine ou de leur famille ;

w' Développer le travail des détenus y compris les travaux d'intérêt collectif particulièrement ceux pouvant augmenter l'autosuffisance alimentaire ;

w' Coordonner l'intervention des divers organismes caritatifs ou humanitaires qui interviennent pour apporter une aide alimentaire ;

Dans le domaine médical :

w' Respecter la législation en matière de transfert pour hospitalisation (art 60 de l'Ordonnance 344) ;

w' Séparer les personnes détenues atteintes de maladies infectieuses de la population pénitentiaire générale pour éviter la propagation de ces maladies et leur administrer un traitement médical adapté à leur état ;

w' S'assurer que les médecins ainsi que les infirmiers de l'Etat s'acquittent effectivement de leurs tâches dans les prisons ;

w' Reconnaître, officiellement, aux médecins engagés bénévolement dans les soins des détenus, le droit de consulter et de soigner les prisonniers malades

;

w' Envisager des visites médicales dans les cachots ;

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w' Traiter les détenus malades sur un même pied d'égalité, sans aucune discrimination liée à leur rang social, les motifs de leur arrestation, leurs tendances politiques, etc.

w' Ouvrir dans les hôpitaux publics proches des prisons, un pavillon pour détenus malades en transfert

Dans le domaine de l'adoucissement des conditions de détention :

w' Favoriser l'exercice physique, le sport

w' Faciliter l'usage de radios, TV, lectures, etc.

Visant à réhabiliter le système pénitentiaire :

w' Augmenter les effectifs du personnel pénitentiaire notamment le personnel féminin ;

w' Assurer une formation de base et un recyclage du personnel pénitentiaire en remettant en route le Centre de formation du personnel judiciaire qui fonctionnait à Kinshasa-Gombe et dont le but était la formation du personnel judiciaire (greffier, huissier, gardien de prison, surveillant, etc.

w' Réhabiliter les prisons militaires permettant ainsi de diminuer la surpopulation de nombreuses prisons et de séparer détenus civils et militaires ;

w' Remettre en état des établissements de garde et d'éducation pour les enfants afin d'éviter la présence de mineurs dans les prisons et y assurer un encadrement des mineurs en vue de leur réinsertion par des modules spécialisés en matière d'éducation civique et morale et d'apprentissage des métiers ;

w' Remettre en état la fourniture de la restauration et des soins médicaux.

w' Remettre en route dans les prisons les activités de production agricole et artisanale et plus particulièrement celles visant à augmenter l'autosuffisance alimentaire notamment par la mise en place de projets à caractère durable.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry