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Du respect des droits de l'homme en prison. Cas de la RDC.

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par Dabissi David LANKOANDE
Université de Nantes - Master droit international et droits fondamentaux 2015
  

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B - L'administration journalière des prisons

Le manque de personnel pénitentiaire fait que l'administration journalière et laissé à une auto gestion des détenus entre eux. Les quelques-uns du personnel que l'on trouve en poste sont d'un âge très avancé et ne sont plus aptes pour la plupart à exercer en tant que fonctionnaire de l'Etat. La retraite du fonctionnaire n'existant pas en RDC, ceux-ci continuent d'être présents à leur poste pour bénéficier soit de la ration alimentaire qu'ils partagent avec les détenus là où l'Etat en fournit ou de l'argent des visiteurs des parents détenus contre une quelconque faveur pour ce dernier.

Les détenus passent la journée entière dans la cour dans une oisiveté totale pourtant, en avril 1999, à Egham, dans le Comté de Surrey en Angleterre, la conférence internationale pour la réforme pénale organisée par Penal Reform International (PRI) en son objectif 8 pour une nouvelle approche en matière pénitentiaire faisait la recommandation suivante : « la possibilité de travailler doit être

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Mémoire de Master 2, spécialité droit international et europeen des droits fondamentaux
Présenté et soutenu par Dabissi David LANKOANDE, juillet 2015

offerte aux détenus ». Cela bien sûr, a pour finalité, que « les détenus soient convenablement préparés à leur sortie de prison » Un nouveau programme en matière de réforme pénale (PRI), avril 1999, P.13. A la conférence panafricaine sur les réformes pénales et pénitentiaires tenue à Ouagadougou à l'initiative de la CADHP, de PRI et de l' Association Pénitentiaire Africaine en septembre 2002, il a aussi été conclu la nécessité de promouvoir les activités de production en milieu pénitentiaire en recommandant, entre autres, les mesures suivantes à l'endroit des gouvernements et des institutions de justice pénale :

? Encourager les activités agricoles, manufacturières et artisanales en prison afin d'améliorer les conditions de vie des détenus et du personnel pénitentiaire.

? Promouvoir une gestion transparente des prisons

Se faisant on permettra ainsi au détenu « de susciter en lui, le goût de l'effort, de la participation à une tâche communautaire et constructive ; d'éveiller en lui l'esprit de créativité et de l'amener à se libérer par le travail»38.

Il faut signaler la particularité des prisons en RDC qui disposent d'un local où se tiennent les jugements correctionnels. Dans ces conditions un détenu peut passer tout le temps que durera sa peine sans jamais mettre les pieds dehors.

La visite des parents des détenus se fait à l'intérieur de la détention, il n'y a pas de parloir, les visiteurs pouvant même se retrouver à l'intérieur des cellules sans aucune restriction. Il s'en suit des trafics de tout genre, de la drogue, la prostitution et même des armes. Ainsi, on a pu être témoin en décembre 2014, lors d'une minuterie à la prison centrale de Makala à Kinshasa à la prise en otage de trois cent vingt-neuf (329) visiteurs dont 59 mineurs par les détenus pour exiger la satisfaction de leur revendication. Et à Bukavu dans le Sud Kivu, le 5 juin 2014 des détenus quittent leur cellules munis d'armes automatiques et abattent 2 militaires des FARDC en faction devant la prison, un détenu aussi trouvera la mort dans la réplique de l'attaque.

Dans la prison de Butembo dans le nord Kivu, des individus armés non identifiés, certainement de connivence avec des détenus, ont pris d'assaut la prison dans la

38 Alexandre KONE et Didier Y. HIEN, la réglementation pénitentiaire au Burkina Faso p. : 13

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nuit du 18 octobre 2014 aux environs de 19 heures pour vider le maximum de pensionnaires soit trois cent vingt-six (326) détenus.

Toujours dans la prison de Bukavu, le 20 janvier 2015 c'est une grenade offensive et des cartouches de munitions de guerre, que le Capita général brandira à l'intérieur de la détention pour exiger des autorités la satisfaction de ses revendications. C'est donc montrer tout le danger de la gestion de la détention par les détenus eux-mêmes, en l'occurrence les détenus militaires qui ont installés une gestion administrative militarisée39 qui échappe même à l'administration de la prison. Cette administration parallèle appelée Capita ou gouvernorat en fonction des prisons, perçoit des taxes aussi bien des détenus que de leurs visiteurs, les chefs règnent en vrai maître et collaborent avec l'administration de la prison qui tolère leur existence. Le maintien de la discipline assurée par des détenus sur d'autres détenus est contraire à la règle 28 du RMT qui dispose qu' « Aucun détenu ne pourra remplir dans les services de l'établissement un emploi comportant un pouvoir disciplinaire.»

La violence est quasi permanente dans la détention à cause des rivalités pour le contrôle des différentes bandes et les détenus font souvent les frais de cette violence, les prisons en RDC ne sont donc pas les lieux où règnent la sécurité.

Le personnel pénitentiaire ou ce qu'il y a de personnel pénitentiaire n'est ni formé, ni rémunéré, cette situation de bénévolat est contraire aux prescriptions des normes internationales40.

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1. Capita Général

2. Commandant PM

3. Commandant Adjoint Second PM

4. Commandant Second PM

5. Commandant T2

6. Commandant T2 Adjoint

7. Commandant Second T2

8. Commandant Chargé de discipline

9. Commandant Chargé de discipline Adjoint

10. Commandant Chargé de Lutte contre les incidents

11. Commandant de la Cour 12.Commandant de la Cour Adjoint

13.Les Capita des cellules 14.Secrétaire

15.Secrétaire Adjoint

16. Conseiller militaire

17. Conseiller civil

18. Gardes Rapprochés (GR) du Capita Général

40 RMT46. 1) L'administration pénitentiaire doit choisir avec soin le personnel de tout grade, car c'est de son intégrité, de son humanité, de son aptitude personnelle et de ses capacités professionnelles que dépend une bonne gestion des établissements pénitentiaires.

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La sécurité extérieure des établissements pénitentiaires est assurée en RDC soit par la Police Nationale Congolaise (PNC), soit par les Forces Armées de la RDC (FARDC) ou les deux forces ensembles. Ces corps n'ont à l'origine bénéficiés d'aucune formation en matière pénitentiaire, il s'en suit alors souvent des exactions de toutes sortes sous forme de sanctions. Ces châtiments fréquemment infligés aux détenus constituent des traitements inhumains, cruels et dégradants dans presque toutes les prisons à des divers degrés. Ses pratiquent vont de la mise au cachot durant une période pouvant aller jusqu'à quarante-cinq (45) jours, l'usage des chaînes ou entraves et des fouets etc., l'utilisation de la lumière dans certaines prisons dans les cellules est également pratiquée comme châtiment. Même si la pratique est conforme à l'Ordonnance n° 344 du 17 septembre 1965 relative au régime pénitentiaire de la République Démocratique du Congo41, elle est en total contradiction avec l'ensemble des règles minima42 . Ainsi, dans un rapport publié mi-mars 2013, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'homme a recensé

2) L'administration pénitentiaire doit s'efforcer constamment d'éveiller et de maintenir dans l'esprit du personnel et de l'opinion publique la conviction que cette mission est un service social d'une grande importance; à cet effet, tous les moyens appropriés pour éclairer le public devraient être utilisés.

3) Afin que les buts précités puissent être réalisés, les membres du personnel doivent être employés à plein temps en qualité de fonctionnaires pénitentiaires de profession, ils doivent posséder le statut des agents de l'Etat et être assurés en

conséquence d'une sécurité d'emploi ne dépendant que de leur bonne conduite, de l'efficacité de leur travail et de leur aptitude physique. La rémunération doit être suffisante pour qu'on puisse recruter et maintenir en service des hommes et des femmes capables; les avantages de la carrière et les conditions de service doivent être déterminés en tenant compte de la nature pénible du travail.

47. 1) Le personnel doit être d'un niveau intellectuel suffisant.

41 Art. 78. - Les peines disciplinaires applicables dans les prisons et camps de détentions sont :

1° La privation des visites pendant deux mois au maximum, sous réserve du droit pour le prévenu de communiquer avec son

conseil ;

2° La privation des correspondances pendant deux mois au maximum, sous réserve du droit pour le détenu de correspondre

avec son conseil et d'écrire aux autorités administratives et judiciaires ;

3° Les travaux ou corvées supplémentaires pendant quinze jours au maximum à raison d'une heure par jour ;

4° Les menottes pendant sept jours au maximum ;

5° Le cachot pendant 45 jours au maximum

42 RMT 27. L'ordre et la discipline doivent être maintenus avec fermeté, mais sans apporter plus de restrictions qu'il n'est nécessaire pour le maintien de la sécurité et d'une vie communautaire bien organisée.

RMT31. Les peines corporelles, la mise au cachot obscur ainsi que toute sanction cruelle, inhumaine ou dégradante doivent être complètement défendues comme sanctions disciplinaires.

RMT37. Les détenus doivent être autorisés, sous la surveillance nécessaire, à communiquer avec leur famille et ceux de leurs amis auxquels on peut faire confiance, à intervalles réguliers tant par correspondance qu'en recevant des visites.

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deux cent onze (211) personnes mortes en détention entre janvier 2010 et décembre 2012, dont cinquante-quatre (54) en 2010, cinquante-six (56) en 2011 et cent onze (101) en 2012. Abstraction faite des « décès en détention qui ont pu être confirmés comme résultant de violations des droits de l'homme ». Les traitements cruels, inhumains et dégradants sont présents dans les lieux de détention en RDC et Emmanuel Okundji, responsable de l'ONG Observatoire national des prisons d'affirmer que « L'usage de la torture est fréquent dans certains lieux de détention qui, pour la plupart, échappent à tout contrôle de l'autorité et des défenseurs des droits de l'Homme ».

L'alimentation et les soins sont des droits minimums pour tout homme et doivent être garantis même pour les personnes privées de liberté.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams