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Quelle politique de formation mettre en oeuvre dans les établissements de santé pour accompagner la transition numérique et les possibles usages de l'intelligence artificielle (IA) ?


par Elisabeth Berthelot
IGS - Master Ressources Humaines 2020
  

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Partie 1 : Questions générales - contexte personnel

1. Avez-vous déjà changé de contexte professionnel ou connaissez-vous des contextes professionnels multiples ?

2. Si non, êtes-vous prêt à changer d'établissement ou à passer par un détachement hors de votre établissement pour explorer de nouveaux contextes professionnels et ainsi pérenniser votre employabilité dans différents types d'établissements ?

3. Quels sont selon vous les bénéfices des changements de contexte professionnel ?

4. Selon-vous, votre métier est-il amené à changer dans les prochaines années ? Quels sont les changements à envisager spécifiquement liés aux nouvelles technologies ?

5. En quelque mots, que savez-vous des implications de l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé ? Est-ce un sujet auquel vous vous intéressez ?

6. Selon vous, quel(s) type(s) d'impact(s) (positifs/négatifs) les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle ont-elles / auront-elles sur votre métier ?

7. D'après vous, quelles sont les actions à mettre en place pour anticiper l'évolution des changements dans votre quotidien professionnel liés aux nouvelles technologies et plus spécifiquement à l'intelligence artificielle à court, moyen et long terme ?

8. On parle d'intelligence artificielle en comparaison de la vision/perception que nous avons de l'« intelligence » humaine. Si toutes les qualités humaines pouvaient être inculquées aux machines, quelles seraient selon vous les principales à transmettre ? Pourquoi et dans quelle mesurent cela vous parait-il possible ? Jusqu'où doit aller la machine ? Doit-elle rester un outil d'aide à la décision ?

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Partie 2 : métiers concernés et accompagnement

9. En fonction des impacts (positifs/négatifs) des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur métier, comment les médecins sont-ils / seront-ils accompagnés ?

10. En fonction des impacts (positifs/négatifs) des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur métier, comment les professions paramédicales, infirmiers plus spécifiquement sont-ils / seront-ils accompagnés ?

11. En fonction des impacts (positifs/négatifs) des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur métier, comment le personnel administratif, dont les secrétaires médicales/agents d'accueil, sont-ils / seront-ils accompagnés ?

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Annexe 4 : Interview DRH CHU

ENTREVUE, DRH CHU

Partie 1 : Questions générales - contexte personnel

Avez-vous déjà changé de contexte professionnel ou connaissez-vous des contextes professionnels multiples ?

On ne peut pas dire que j'ai changé de contexte professionnel dans la mesure où je n'ai pas été chez Renault chez EDF puis dans l'hôpital public mais on peut parler de contexte professionnel qui soit assez différent notamment en termes de maturité sur l'intégration des nouvelles technologies. Entre les [différents hôpitaux dans lesquels j'ai exercé], on voit beaucoup de différences en matière de contexte. On n'est pas sur la même temporalité, sur les mêmes activités, sur la même maturité quant à l'intégration des nouvelles technologies dans la prise en charge des patients. Là où [tel hôpital] était très en avance sur l'intelligence artificielle, [tel hôpital] très en retard, [tel hôpital] est à un stade intermédiaire avec la volonté de mettre en place des outils et une capacité très impressionnante à se développer au service des patients. Il y a beaucoup de retard concernant les fonctions supports.

Si non, êtes-vous prêt à changer d'établissement ou à passer par un détachement hors de votre établissement pour explorer de nouveaux contextes professionnels et ainsi pérenniser votre employabilité dans différents types d'établissements ?

Oui je changerai d'établissement. Cela viendra après. Dans quelle temporalité je ne suis pas encore en capacité de le dire.

Quels sont selon vous les bénéfices des changements de contexte professionnel ?

Je pense qu'à un moment tu te retrouves dans un environnement que tu maîtrises et quand tu es dans une maîtrise de l'environnement tu arrives avec une idée précise de ce que tu veux faire. Tu le fais. A partir d'un certain moment tu te réinventes mais la réinvention à ses limites. Faire venir quelqu'un d'autre à ta place pour avoir d'autres idées et conduire le changement dans un autre sens ou vers une version plus évoluée c'est souvent la meilleure façon pour soi

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de considérer que la mission est terminée et pour l'organisation de continuer à progresser. Je suis convaincu que on arrive on changer les choses sur deux/trois ans. Au bout de trois ans on atteint un palier qui est plus ou moins éloigné en fonction de la maturité au changement de l'organisation. Une fois que tu as atteint ton palier, soit tu te désengages et tu laisses « la boutique vivre », soit tu laisses la place et la boutique continue à changer. C'est l'idée du changement d'établissement tous les trois, quatre voire cinq ans. Une personne ne peut pas apporter du changement pendant dix ans. Une fois que tu as fait bouger les choses tel que tu avais envie de les faire bouger d'autres feront mieux après toi.

Selon-vous, votre métier est-il amené à changer dans les prochaines années ? Quels
sont les changements à envisager spécifiquement liés aux nouvelles technologies ?

Le métier ne va pas vraiment changer dans les prochaines années sur le plan des missions. Les ressources humaines cela reste faire des choses avec les gens : du social, de l'organisation, du suivi de parcours... Il y aura toujours des salariés dans l'entreprise et il y aura toujours des DRH dans l'entreprise. Ce qui va changer dans notre métier ce sont les outils qu'on utilise pour le faire. Les outils que l'on utilise en ressources humaines vont évoluer sur deux axes :

Celui du datamining, c'est-à-dire tout ce qu'on va pouvoir faire avec les informations dont on dispose sur les gens, sur les organisations pour être plus prédictif, avoir des réponses qui sont plus pertinente au regard des problématiques que les agents et que les services rencontrent.

Tout ce qui va être autour de la mobilité et de la dématérialisation. Actuellement la dématérialisation transforme notre façon de travailler tous les jours. Je n'ai plus besoin d'avoir comme j'avais à [tel hôpital] ou à [tel hôpital] un bureau. Aujourd'hui le problème de [tel hôpital] c'est que la solution informatique derrière la dématérialisation est insuffisante : elle est trop compliquée, trop limitée et elle ne donne pas le service qu'on attend d'elle. Nous sommes donc assez limités en matière de dématérialisation mais le directeur général souhaite qu'on avance très vite et il souhaite notamment que progressivement la direction générale soit rassemblée dans les établissements de santé. Aujourd'hui la direction générale est sur un site à part. L'enjeu depuis que je suis arrivé est de remettre tous les gens de la direction générale sur site, de leur dire : « Maintenant vous allez travailler avec les vrais gens. Vous arrêtez d'envoyer des mails et vous allez sur le terrain, expliquer, rencontrer les cadres. ». Ce n'était pas le cas avant. Notre métier va donc être très impacté par ces nouveaux outils qui vont nous permettre d'être sur le terrain.

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Que savez-vous des implications de l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé ?

La vision que j'en ai c'est qu'on a recours à l'intelligence artificielle sur 3 types d'activités :

· Le premier type d'activité c'est l'assistance prédictive au diagnostic. On commence à en faire en imagerie, dans le suivi des populations qui sont atteints de cancer. On commence à voir des choses apparaître sur des bases statistiques.

· Le deuxième domaine sur le plan clinique qui est en train d'évoluer c'est, au-delà de la prescription sur le diagnostic, c'est la mise en série de diagnostics pour construire un parcours de santé type et orienter plus vite le patient c'est ce que les PU (PU-PH : Professeur des universités-praticien hospitalier) de [tel hôpital] appelle la fin de l' « evidence based medecine ». C'est finalement ne plus traiter les individus individuellement pour leurs problèmes de santé mais rentrer toutes les data de la vie des gens : variations de poids, variations de tension, examens de sang, etc., et laisser l'intelligence artificielle dire si la situation d'un patient s'améliore ou se dégrade et adapter sa prise en charge. Aller au-delà de la thématique du simple diagnostic pour aller sur des parcours de soins. C'est un projet qu'on est en train de mener avec BioSerenity, issue de l'incubateur de la Pitié-Salpêtrière qui a développé 3 programmes de médecine prédictive dont sur le sommeil et le cardiaque.

· La troisième thématique, c'est l'intelligence artificielle au service des fonctions supports. C'est le recours à la fonction prédictive de l'IA pour accompagner tout ce qui va concerner la partie hôtelière, l'organisation des services, l'optimisation du fonctionnement. C'est tout ce qu'on a pu voir à [tel hôpital] dans les expérimentations qu'on a menées avec PetalMD, société québécoise sur l'IA au service de la programmation, des unités de consultations externes et de programmation de listes de gardes numériques. Cette solution n'a pas très bien fonctionné en France car elle est très chère et le produit est conçu selon le corpus de règles du code du travail québécois. Il n'a pas été possible de l'adapter au code du travail français et au code de la fonction publique, il ne pouvait pas absorber l'ensemble de ces données. Ce n'est qu'un début. D'autres solutions moins onéreuses et en capacité de s'adapter viendront.

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Selon vous, quel(s) type(s) d'impact(s) (positifs/négatifs) les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle ont-elles / auront-elles sur votre métier ?

En positif, Je vous dirais une flexibilité et une agilité plus importante. C'est la capacité d'avoir la bonne information au bon moment et d'avoir des diagnostics justes sur les organisations et les parcours des agents.

Les aspects négatifs, c'est qu'on risque de perdre notre capacité d'analyse. En confiant la capacité d'analyse à un système informatique de plus en plus performant, on risque de ne plus être capable de reproduire le raisonnement et de déshumaniser la relation. Comme diraient les syndicats, « dans RH il y a H et h c'est humain alors il faut être humain ! ». Le problème qu'on a avec la mise en place de l'intelligence artificielle c'est que si on lui confie une trop grande latitude décisionnelle on risque de se retrouver avec des décisions qui sont plus des conséquences normatives que de réels accompagnements individualisés.

D'après vous, quelles sont les actions à mettre en place pour anticiper l'évolution des changements dans votre quotidien professionnel liés aux nouvelles technologies et plus spécifiquement à l'intelligence artificielle à court, moyen et long terme ?

À court, moyen et long terme l'analyse est la même pour pouvoir mettre en place et anticiper les changements liés aux nouvelles technologies dans mon métier. Il faut d'abord savoir ce que fait l'intelligence artificielle : ce qu'elle est capable de faire à un instant T. Cela implique une veille technologique régulière, d'être au contact et de recevoir des start-up créatrices d'innovations et de tester des solutions sur différents périmètres. Ensuite, cela implique un changement culturel qui en France est très compliqué à faire admettre aux équipes : c'est qu'on a le droit de se tromper. C'est une façon de penser très anglo-saxonne. Veille technologique, expérimentation technologique et changement culturel au service de l'expérimentation sont la base du travail. Une fois qu'on est au clair sur ce qu'on sait faire et ce qu'on saura faire dans 3 ans - ce qu'on arrive à avoir quand on discute avec les startups et qu'on lit les journaux spécialisés régulièrement - ensuite on peut, non pas identifier ce que l'IA va faire mais comment on va changer l'organisation elle-même pour faire de la place à l'intelligence artificielle.

Sur la simple dématérialisation, aujourd'hui à [tel hôpital] quand un agent a besoin par exemple de poser un congé parental il doit :

·

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aller voir son gestionnaire de proximité qui

o regarde si la décision est possible

o prépare le document

o transmet le document à la direction centrale qui

refais le contrôle,

agréé le raisonnement de l'agent de terrain,

Met le document en signature au directeur correspondant et

fait partir la décision sur le terrain.

Actuellement on est en train de passer au parapheur électronique et au contrôle de décision

décentralisée. L'objectif c'est que l'agent de terrain qui souhaite poser un congé parental par

exemple puisse :

· Aller voir l'agent qui :

o analyse sa situation et prépare la décision

o La soumet au directeur pour signature

o La donne à l'agent.

Je supprime alors 4 niveaux de contrôle. Cela implique 2 choses : - que l'agent sur le terrain soit mieux formé et - que je repositionne l'encadrement.

Là où j'ai aujourd'hui :

· L'agent ;

· Son adjoint des cadres

· l'attaché de site

· l'agent administratif de contrôle

· L'adjoint des cadres qui encadrent les agents administratifs qui contrôlent

· l'attaché qui encadre les adjoints des cadres qui encadrent les agents de contrôle

· le directeur qui encadre les attachés Demain j'aurai :

· L'agent administratif encadré par

· Un RH de proximité qui rencontre

· Un directeur

On passe à un système de production/visa/validation/signature. On gagne environ 30% de temps de travail dans la validation grâce aux nouvelles technologies.

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Ce sur quoi je me bats actuellement c'est de faire comprendre aux agents que ça va être comme ça, cela reste de la science-fiction pour eux. C'est un grand saut dans l'inconnu. Les agents pensent que les décisions seront mauvaises car elles ne seront pas contrôlées. C'est le principe de logique de responsabilité. L'autre chose c'est de leur faire comprendre comment on paramètre les outils pour qu'ils soient utiles et là aussi c'est très compliqué.

Pour que les solutions soient mieux acceptées, je demande aux équipes (agents de catégorie C, B et A) de rencontrer des sociétés qui proposent des solutions, de leur poser toutes les questions qu'ils veulent et de restituer l'entretien avec les points positifs et les inconvénients. Une fois au clair on revoit la solution qu'ils souhaitent prendre et on creuse ensemble. À [tel établissement] les personnes n'ont pas l'habitude de travailler ensemble.

On parle d'intelligence artificielle en comparaison de la vision/perception que nous avons de l' « intelligence » humaine. Si toutes les qualités humaines pouvaient être inculquées aux machines, quelles seraient selon vous les principales à transmettre ? Pourquoi et dans quelle mesurent cela vous parait-il possible ? Jusqu'où doit aller la machine ? Doit-elle rester un outil d'aide à la décision ?

Les 3 lois de la robotique de La fondation de Isaac Asimov ont été reprises dans les éléments industriels que l'on voit aujourd'hui. Le contenu des lois n'est pas tout à fait le même mais c'est un clin d'oeil à cette oeuvre littéraire.

Recherche annexe : Ces trois lois sont :

- loi numéro 1 : un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger ;

- loi numéro 2 : un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ;

- loi numéro 3 : un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984