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Quelle politique de formation mettre en oeuvre dans les établissements de santé pour accompagner la transition numérique et les possibles usages de l'intelligence artificielle (IA) ?


par Elisabeth Berthelot
IGS - Master Ressources Humaines 2020
  

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Partie 1 : Questions générales - contexte personnel

Avez-vous déjà changé de contexte professionnel ou connaissez-vous des contextes professionnels multiples ?

C'est mon 3e métier aujourd'hui. Aujourd'hui je suis directeur d'hôpital et c'est mon premier poste comme DRH. Avant j'étais collaborateur parlementaire et auparavant j'ai travaillé à la cour de justice de l'union européenne en charge des questions posées par les juridictions françaises à la cour de justice de l'union européenne. C'est mon troisième contexte professionnel et les trois n'avaient rien à voir les uns avec les autres.

Si non, êtes-vous prêt à changer d'établissement ou à passer par un détachement hors de votre établissement pour explorer de nouveaux contextes professionnels et ainsi pérenniser votre employabilité dans différents types d'établissements ?

Ces changements de postes n'étaient pas tant pour pérenniser mon employabilité que pour ce qu'apporte le changement lui-même.

Quels sont selon vous les bénéfices des changements de contexte professionnel ? Je trouve que c'est hyper intéressant de changer de contexte professionnel d'une part parce que cela permet de découvrir d'autres choses, sans doute de renouveler ses idées, de trouver des pistes d'amélioration - tout ne tombe pas du ciel - plus on échange avec d'autres personnes, plus on change de contexte, plus on va avoir de nouvelles idées. On va garder des idées que l'on va reprendre d'établissement à établissement qui vont s'affiner et s'améliorer parce qu'on aura eu d'autres échanges avec d'autres personnes. Il peut également y avoir des idées qui vont être très bien dans un contexte et qui ne passeront pas dans un autre contexte.

Un exemple très simple qui peut être représentatif de ce qui est transposable, c'est de toujours tenir à disposition des bonbons pour les agents. C'est très bête mais cela fait toujours plaisir. Un point commun entre les trois postes que j'ai occupé dans le secteur public : tout est très

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hiérarchisé, que ce soit l'assemblée nationale avec les élus et les parlementaires, la cour de justice de l'union européenne et particulièrement l'hôpital. Les contre-exemples existent néanmoins : j'ai effectué auprès du secrétariat général des affaires européennes, organisme rattaché au Premier Ministre et ce n'était pas du tout hiérarchisé, cela m'avait beaucoup plu. Quand on avait une information capitale, il fallait aller vite. D'une manière générale, je regrette que cela soit trop hiérarchique dans l'administration. J'essaie de changer cela à mon niveau.

Selon-vous, votre métier est-il amené à changer dans les prochaines années ? Quels sont les changements à envisager spécifiquement liés aux nouvelles technologies ?

Oui, comme tous les métiers de la fonction publique. Certains changeront uniquement sur la forme et d'autre même sur la façon de procéder. Tous les ans à l'hôpital on reçoit les campagnes d'évaluations des entretiens professionnelles par papier qui doivent être renvoyées signées par le DRH pour l'ensemble des agents de l'hôpital. C'est un circuit logistique et administratif qui est imbuvable. On va bientôt changer la forme puisqu'on va passer à l'évaluation numérique. Cela ne changera pas le fond de l'évaluation. Et à l'inverse, notamment sur le recrutement, Cela va tout changer point on ne recrute plus du tout de la même manière. On recrute notamment aujourd'hui sur Indeed ou LinkedIn depuis deux ans et c'est beaucoup plus efficace. Tout le process a également été modifié, on est sur des offres d'emploi dynamiques qui mettent en valeur les avantages d'être à l'AP-HP 112 et non plus sur des fiches de poste. Ça a été un changement des mentalités assez intense.

En quelque mots, que savez-vous des implications de l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé ? Est-ce un sujet auquel vous vous intéressez ?

L'innovation m'intéresse. J'ai fait l'année dernière un stage durant lequel je m'occupais des questions de télémédecine à l'AP-HP.Centre - Cochin, Necker, Pompidou. Concernant l'intelligence artificielle à l'hôpital, on pense tout de suite à la radiologie, à l'interprétation des clichés de radiologie, c'est une évidence. Les clichés de radiologie ont vocation à être traités par des machines suffisamment « intelligentes » pour pouvoir interroger les bases de données et interpréter l'image en indiquant qu'il s'agit d'un cancer ou d'autre chose. Il y a un formidable outil de gestion. Un autre sujet que je vois, au-delà des données numériques en santé, c'est leur mise en commun globale réunissant la ville et l'hôpital et de manière anonyme pour avoir

112 Assistance Publique - Hôpitaux de Paris

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des données épidémiologiques qui n'auront jamais été aussi justes et affinées. Toutes les politiques de prévention en santé vont être modifiées.

Selon vous, quel(s) type(s) d'impact(s) (positifs/négatifs) les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle ont-elles / auront-elles sur votre métier ?

L'impact positif, c'est qu'il y a des tâches qui vont pouvoir être faites par les machines. On va mettre l'humain sur le coeur de métier qui est de prendre soin du malade. Cela va avoir à terme sur certains métiers et certaines disciplines de santé qui vont être clairement réduites par la machine qui les aura remplacés ou aidés suffisamment pour qu'on ait moins besoin de personnes. C'est clair qu'il y aura un impact humain sur le moyen terme. Certaines études démontrent que le métier de radiologue est voué à quasiment disparaitre d'ici 20 ou 30 ans, en tout cas concernant la partie radiologie interprétative, pas la radiologie interventionnelle. Pour un DRH ou pour in directeur des affaires médicales, cela aura un impact potentiel. Si demain, Google qui a de grands projets sur ce sujet, est capable d'avoir 100% d'exactitude sur une analyse d'image, la radiologie interprétative est quasiment morte. Le coeur des métiers des radiologues va changer et cela va redistribuer l'offre de soin. Cela va permettre de répondre à une demande qui ne pouvait pas être prise en charge par manque de professionnels. D'autres métiers moins considérés aujourd'hui comme aide-soignant ou infirmier, vont rester essentiels parce qu'on ne pourra pas les remplacer par des machines. C'est une bonne chose. Les patients voudront toujours de l'humain. Dans quelques dizaines d'années, une machine pourra faire une intervention chirurgicale complexe mais les patients auront toujours besoin d'être pris en charge par un être humain.

D'après vous, quelles sont les actions à mettre en place pour anticiper l'évolution des changements dans votre quotidien professionnel liés aux nouvelles technologies et plus spécifiquement à l'intelligence artificielle à court, moyen et long terme ?

Pour moi, il y a deux types de changements. Par exemple, le métier d'archiviste est amené à disparaitre, les métiers liés à la facturation en grande partie également avec les pré-admissions en ligne. Beaucoup de tâches des métiers de secrétariat vont être effectuées par des machines. Néanmoins, on annonce des disparitions de métiers pour dans vingt ans mais cela met plus de temps en réalité. Il n'y a pas encore eu de rupture définitive. On en n'est pas

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encore au moment où l'on considère qu'un secrétariat est inutile. Pour le moment aucune machine n'est capable de les remplacer. Il faut quand même le garder en tête.

On parle d'intelligence artificielle en comparaison de la vision/perception que nous avons de l' « intelligence » humaine. Si toutes les qualités humaines pouvaient être inculquées aux machines, quelles seraient selon vous les principales à transmettre ? Pourquoi et dans quelle mesurent cela vous parait-il possible ? Jusqu'où doit aller la machine ? Doit-elle rester un outil d'aide à la décision ?

Il y a un très beau film qui s'appelle Dark City dans lequel des extra-terrestres implantent des souvenirs fictifs dans l'esprit des gens pour voir leurs réactions. Typiquement, si on a le souvenir d'être un tueur en série, est-ce qu'on continue à perpétuer des meurtres ensuite ou est-on maître de nos actes ? Le héros finit par se révolter. Il ne s'agit pas là de machines mais d'aliens mais le principe est le même. Les aliens cherchent des réponses dans la tête au lieu de les chercher dans le coeur. Je pense que la machine ne doit pas uniquement penser froidement son raisonnement, elle doit avoir aussi un coeur au sens littéraire. On ne peut bien user de certaines déterminations : une vie humaine c'est tant d'euros, un homme de 65 ans par rapport à un enfant de 10 ans ça vaut tant et l'arbitrage qu'il faut faire selon les cas mais la décision humaine, qui contient certes une marge d'erreur, qui n'a pas de quadrillage de décision unique, permettra toujours de prendre une meilleure décision. Je préfère des cas extrêmes (du plus mauvais au meilleur) qu'une moyenne lisse.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand