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Quelle politique de formation mettre en oeuvre dans les établissements de santé pour accompagner la transition numérique et les possibles usages de l'intelligence artificielle (IA) ?


par Elisabeth Berthelot
IGS - Master Ressources Humaines 2020
  

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Partie 1 : Questions générales - contexte personnel

Avez-vous déjà changé de contexte professionnel ou connaissez-vous des contextes professionnels multiples ?

J'ai envie de dire oui et non. En fait, je n'ai pas changé de contexte professionnel, j'ai toujours évolué dans un environnement qui touche au secteur sanitaire et médico-social avec une notion de numérique. Ça a toujours été la toile de fond, une toile de fond stable en termes de champs d'intervention professionnelle mais avec des postes et des organisations d'accueil différents : que ce soit la direction d'établissement de santé au CHU de la Réunion, la contribution à des fonctions nationales pendant ma phase de Matignon ou durant mes phases de présence à la cour des comptes et les fonctions opérationnelles maintenant dans le champ du numérique dans le secteur privé mais c'est bien la même trame de fond professionnelle.

Si non, êtes-vous prêt à changer d'établissement ou à passer par un détachement hors de votre établissement pour explorer de nouveaux contextes professionnels et ainsi pérenniser votre employabilité dans différents types d'établissements ?

Pas tout de suite. Je suis sur un projet qui doit être mené sur la durée pour réussir mais évidemment l'environnement de numérique en santé requiert de la mobilité.

Quels sont selon vous les bénéfices des changements de contexte professionnel ?

Il n'y a pas que des bénéfices. II ne faut pas perdre de vue qu'il peut y avoir des changements professionnels contraints. J'ai la chance de n'en avoir connus que peu. Je considère que c'est plutôt bien d'avoir une phase d'évolution et de mobilité. Il ne faut pas non plus tomber dans l'écueil de la surmobilité qui est un peu une caractéristique de l'époque actuelle. A moins que je n'aie pas les bons référents, ce qui est possible, adaptés à l'époque mais j'ai toujours plutôt considéré qu'il fallait rester au moins deux ans dans un job pour apporter quelque chose. Après cela dépend comment on compte. Quelle est l'unité de temps ? Je vois dans le contexte privé

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du développement de l'activité économique que l'unité de temps n'est pas tout à fait la même, de la même manière que l'unité de temps à Matignon, où on était plutôt sur de la durée, n'était pas tout à fait la même. Arrive le seuil au-delà duquel il faut bouger pour pouvoir apporter dans un environnement nouveau. Il faut savoir le déterminer er en fonction de l'organisation. Quand j'étais au CHU de la réunion, je considérais que 4 ans c'était une bonne durée. Je n'ai jamais fait plus de 4 ans dans un job. Je ne sais si on considère que c'est court.

Selon-vous, votre métier est-il amené à changer dans les prochaines années ? Quels sont les changements à envisager spécifiquement liés aux nouvelles technologies ?

Cela dépend du métier. Je serais assez en peine de dire le métier que je fais. En tout cas le champ numérique et santé bouge beaucoup. Par construction il est intrinsèquement lié aux mutations des nouvelles technologies puisqu'une partie essentielle de mon job est d'en produire. L'avenir des fonctions que j'exerce aujourd'hui est lié aux changements que ces nouvelles technologies apporteront ou n'apporteront pas sur la société dans son ensemble.

En quelque mots, que savez-vous des implications de l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé ? Est-ce un sujet auquel vous vous intéressez ?

Je m'y intéresse avec un angle particulier. Même si j'ai eu quelques rudiments de formation à l'ia d'un point de vue technique, je ne suis pas un informaticien. Je regarde le sujet du point de vue de ses applications pratiques et de son impact sur les métiers. Avec les fonctions que j'occupe aujourd'hui, je travaille avec des développeurs pour entrer plus concrètement dans la turbine concrète de production de ces algorithmes.

Selon vous, quel(s) type(s) d'impact(s) (positifs/négatifs) les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle ont-elles / auront-elles sur votre métier ?

S'il n'y a pas d'lA, je n'ai plus de métier. Mon métier c'est de faire de l'IA donc l'impact est assez puissant.

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D'après vous, quelles sont les actions à mettre en place pour anticiper l'évolution des changements dans votre quotidien professionnel liés aux nouvelles technologies et plus spécifiquement à l'intelligence artificielle à court, moyen et long terme ?

C'est aussi une méta question mais c'est intéressant pour moi ! Comme une partie de mon travail consiste à aider les gens à accompagner ces évolutions, l'accompagnateur des évolutions d'une certaine manière doit s'imbiber des évolutions des métiers des autres elles-mêmes. Là où il y a une répercussion sur ce que l'on fait c'est qu'il faut qu'on prenne en compte, dans les technologies qu'on développe et les protocoles de déploiement qu'on met en place, leur appropriabilité par les professionnels sur le terrain. C'est là où il faut avoir ce méta raisonnement : on peut avoir des supers technologies hyper efficaces, si elles ne sont pas appropriables ou si elles ne correspondent pas au temps d'évolutions des métiers, on sera à côté de la plaque. Je prends un exemple précis de ce que l'on fait avec Jouve sur l'IA d'automatisation de l'admission. On travaillait depuis juillet 2019 sur une version très dense technologiquement de solution d'IA allant très vite avec un process d'automatisation assez complet de l'admission et en fait le Covid 19 a amené une demande forte plus urgente un peu moins aboutie technologiquement et on s'aperçoit que c'était la bonne manière de faire pour qu'elle soit appropriée par les personnels des admissions qui là maintenant sont prêts à admettre la 2ème étape technologique. Il y a à graduer la densité technologique avec son appropriation sur le terrain.

On parle d'intelligence artificielle en comparaison de la vision/perception que nous avons de l'« intelligence » humaine. Si toutes les qualités humaines pouvaient être inculquées aux machines, quelles seraient selon vous les principales à transmettre ? Pourquoi et dans quelle mesurent cela vous parait-il possible ? Jusqu'où doit aller la machine ? Doit-elle rester un outil d'aide à la décision ?

Il y a dans la question un présupposé qui mériterait d'être remis en perspective qui est l'idée que nous serions forcément meilleurs que les machines. En fait, sur toute une série de processus, elles sont bien meilleures que nous. La principale qualité humaine à transmettre aux machines et sur l'essentiel des processus est la qualité à déléguer ces processus aux machines. Ça ne vaut pas dire, et c'est cela le sens du principe de garantie humaine qu'on a porté avec Ethik-IA qu'il faut les laisser agir sans supervision et c'est là que se pose la question de jusqu'où doit aller la machine. Elle doit aller jusqu'où on lui dit d'aller et il faut qu'elle reste

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sous supervision et que son intensité et son degré d'exposition qu'elle emporte notamment dans le champ santé pour la sécurité des patients apaisés, il faut avoir des processus de garantie humaine un peu cadrés. C'est ce qu'on fait en déployant des collèges de garantie humaine avec les premiers cas pilotes qui se mettent en place dans le domaine dentaire sous l'égide de l'union française pour la santé bucco-dentaire. Il y a tout un champ de réflexion aujourd'hui sur la cognition en IA pour l'appropriation des émotions par l'IA. La question est de savoir si l'IA deviendra un jour ou pas consciente. Je pense que ce sont de beaux débats mais qui n'ont pas de portée opérationnelle. Tout dépend de la définition que l'on met derrière les termes. Pour moi la question de la conscience est réglée au sens où une machine qui est capable de prendre des décisions à partir d'informations qu'on lui donne et de faire en partie de manière autonome agit selon un processus conscient. Mais ce n'est pas la conscience comme on l'entend nous et d'ailleurs comme on l'entend à tort, comme quelque chose de spécifiquement humain. Il y a toute une série d'êtres vivants qui sont conscients et qui pourtant ne sont pas humains. La conscience n'est pas spécifiquement humaine. Si on doit le définir un peu plus platement, c'est un processus par lequel une entité réalise ce qu'elle est en train d'effectuer. Et là, l'IA, quand elle exécute un process algorithmique, quand elle descend une chaine décisionnelle, elle réalise parfaitement qu'elle est en train d'exécuter le processus algorithmique. Simplement, à la différence de nous, elle n'y met pas ce que l'on appelle des émotions. Là aussi il faudrait aller un peu plus finement dans la définition et c'est là où s'arrête ma compétence. Comme régulateur de l'IA, je vois plutôt du danger à ce que l'on cherche à inculquer de l'émotion humaine à l'intelligence artificielle. Cela risque de la dérouter de son rationalisme et cela risque de nous donner « bonne conscience » en se disant que comme elle se rapproche de nous, on va la laisser décider. Je pense que c'est une erreur d'analyse. Il faut la garder sous revue humaine qui elle implique du non rationnel et de l'émotion. Pour une bonne régulation éthique, c'est plutôt notre matière à nous. Cela m'inquiéterait beaucoup de savoir que l'IA ait des émotions. Les deux extrêmes du sujet sont inquiétants : un extrémisme rationaliste serait une IA dangereuse et une IA émotionnelle et fleur bleue qui verserait des larmes à chaque fois qu'elle aurait des décisions compliquées serait tout aussi dangereuse. Restons sur une ligne de partage qui est à peu près claire à ce stade-ci de l'évolution de la technologie. Évidemment elle va se brouiller au fil du développement des machines. On a des machines qui exécutent des process algorithmiques à partir de traitement de données dans une dynamique rationnelle par essence et nous, humains régulateurs, essayons de positionner le principe de garantie humaine qui peuvent intégrer des éléments irrationnels.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway