WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La résilience de l'hôpital public face aux catastrophes: cas du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouedraogo

( Télécharger le fichier original )
par Atina YARGA
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature - Diplôme d'Administrateur des hôpitaux et des services de santé 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE

Section 1 : Revue de littérature, définitions des concepts,problématique

Paragraphe 1 : Revue de littérature

Le risque a toujours hanté le quotidien des hommes. Ce sont les cindyniques17(*) qui rendent compte de l'attitude de l'Homme face aux risques. Ainsi, Georges Yves KERVEN (1988)18(*) distingue trois approches du danger à travers l'histoire : (1) l'âge du sang au cours duquel ce furent les sacrifices humains expiatoires qui servaient à conjurer les catastrophes ;(2) l'âge des larmes, qui marqua l'abandon des sacrifices jugés peu commodes avec l'évolution des moeurs et(3) l'âgedes neurones qui vit émerger de tentatives d'explication des calamités de façon plus rationnelle. Selon Caroline BELOT (2002), l'idée des théoriciens des cindyniques était que le risque pouvait être vaincu grâce aux progrès technologiques. Toutefois, cet espoir a vécu. De ce fait, J. SHORT cité par Caroline BELOT (2002 :6),remarque que la notion a connu un glissement sémantique se focalisant désormais sur la gestion des risques. Face au risque, sept (07)postures s'offrent à l'homme : l'acceptation, l'évitement, la protection, la réduction, les réserves, le transfert (ou délégation) et la recherche19(*).Il apparaît donc que l'idée de catastrophe est intimement liée à la gestion du risque. Dès lors que ce préalable est acquis,une question fondamentale se pose : comment faire face aux catastrophes ? Entre alors en jeu la résilience.

De nombreux travaux de recherche se sont intéressés à la résilience en matière de catastrophes naturelles. C'est le cas des géographes dont la réflexion s'est focalisée sur les villes en situation de catastrophes naturelles. Ainsi, Serge LHOMME et ali. (juin 2010) se sont penchés sur les réseaux techniques face aux inondations.Ils relèvent que : « Pour construire une ville résiliente, il ne suffit [...] pas de construire des bâtiments résilients. Il semble, dans un premier temps, davantage nécessaire d'avoir des réseaux techniques résilients »20(*). Les réseaux techniques sont, entre autres, le réseau d'évacuation des eaux pluviales (caniveaux), le réseau d'électricité, de téléphone, de distribution d'eau, de transport, etc. Aussi, proposent-ils trois (03) indicateurs de performance de ces réseaux qui mesurent respectivement la vulnérabilité structurelle, la vulnérabilité matérielle et la vulnérabilité fonctionnelle(comme le montre la figure n°1 ci-dessous). Lorsqu'il y a une catastrophe, les trois niveaux sont plus ou moins affectés. De leur niveau d'affectation, dépend la résilience de la ville considérée dans son ensemble.Ce modèle nous semble approprié pour analyser la résilience hospitalière. En effet, l'hôpital est une infrastructure urbaine critique qui remplit une fonction aussi vitale que les réseaux techniques. Lorsqu'un hôpital est affecté par une catastrophe, cela se ressent sur la ville et vice-versa.

Figure 1 : Les processus de résilience

Source : Serge LHOMME et ali. (juin 2010 : 499)

Pour sa part, Assonsi SOMA (2015) a traité des vulnérabilités etde la résilience de la ville de Ouagadougou en s'intéressant aux zones à risque d'inondations. Il pointe du doigt l'urbanisation horizontale partagée entre lotissement archaïque  et habitat spontané. Selon lui, « le manque de viabilisation [...]des zones loties engendre sans doute des risques de tout genre qui peuvent se transformer en catastrophes si l'aléa venait à se produire », (A. SOMA, 2015 : 67)21(*). L'auteur a également établi une cartographie des zones inondables au moyen des Systèmes d'information géographique (SIG). Aussi, conclut-il, qu'il y a une faible adaptation et une faible résilience de la population et de la municipalité face aux inondations. C'est pourquoi, il préconise un changement des perceptions des acteurs des zones à risques et de la population en général.

Mais si la résilience de la ville ou des populations doit être prônée, elle présuppose que l'on s'attarde sur une autre résilience : celle du système de santé ; car lorsqu'il y a catastrophe, l'hôpital semble constituer la dernière bouée de sauvetage.

La problématique de l'hôpital en situation de catastrophes naturelles a intéressé les chercheurs en administration sanitaire et en sciences de la santé. Ainsi, dans son mémoire de fin de cycle en Administration des hôpitaux, Gnindoro Julie SOME (2011)22(*), s'est intéressée à la gestion des inondations du 1er septembre 2009 par le CHU-YO. Dans cette étude, l'auteure a d'abord fait le point de l'expérience du Burkina Faso dans la gestion des conséquences des catastrophes naturelles. Elle a notamment passé en revue le dispositif juridique et le cadre institutionnel de la gestion des crises dans le pays d'une part, la gestion des inondations par le CHU-YO ainsi que les conséquences financières et matérielles des inondations du 1er septembre 2009 d'autre part.

En matière de catastrophes d'origine anthropique, les recherches ont surtout porté sur la réponse à apporter aux conséquences sanitaires des catastrophes. Les travaux des médecins rendent compte de cette tendance. Dans sa thèse de doctorat en médecine, Bendaoud AHMED SALEM (2010), a traité del'afflux massif de 126 blessés,enregistrés à l'hôpital militaire Avicenne de Marrakech, lors des catastrophes à propos de huit évènements entre 2006 et 2008. Tous les évènements en question ont concerné des accidents de la voie publique. L'auteur est parti du constat que leur prise en charge pré-hospitalière et hospitalière n'est pas satisfaisante, malgré l'adoption des plans blancs au Maroc. Pour ce faire, il a utilisé des critères comme la distance du lieu de l'accident par rapport à l'hôpital, le temps qui s'écoule entre la survenue de l'accident et le transfert à l'hôpital, la durée de l'hospitalisation, l'accueil à l'hôpital, le type de blessures et leur gravité, la mortalité intra-hospitalière, etc. Après avoir relevé les difficultés y relatives, il conclut sur un diagnostic amer : « L'état actuel de la médecine d'urgence au Maroc montre des problèmes au niveau de l'accueil des afflux massifs de blessés où les besoins de réorganisation s'avèrent indispensables »23(*).

Quant à la Tunisienne Amal Bou OUNI épouse HAMZAOUI (2012), ses travaux ont porté sur : « Plan blanc et gestion des crises sanitaires aux urgences »24(*). Elle y a analysé la prise en charge médicale, par le service des urgences de l'hôpital Fahrat ACHED entre 2007 et 2010, des blessés à travers l'étude de quatre cas : l'accident d'un train, l'intoxication par des fumées d'un incendie, l'intoxication alimentaire collective d'ouvriers et la pandémie de grippe AH1N1, totalisant 3266 personnes. En l'absence d'un plan blanc, les difficultés se sont rencontrées au niveau de la coordination du transport des blessés, l'organisation des soins aux urgences qui ont vu leurs capacités dépassées et qui manquaient de ressources matérielles. La gestion médicale a été assurée par des urgentistes appuyés par des spécialistes de maladies infectieuses. Cette prise en charge a été complétée par une aide psychologique de psychiatres.

Thomas SCHWARZ (6 septembre 2015)25(*), quant à lui, s'est intéressé à la problématique de la résilience en matière de santé. Selon lui, le concept n'est pas neutre et semble être une nouvelle caisse à résonnance de la communauté internationale. Aussi, s'étonne-t-il que la résilience n'ait véritablement pris corps dans le langage de l'Assemblée mondiale pour la santé qu'en mai 2015 avec l'avènement de la maladie à virus Ebola. Selon lui : « Réclamer des systèmes de santé résilients est donc au premier coup d'oeil comme mettre du vieux vin dans une nouvelle bouteille à la mode ». Il va jusqu'à se demander si la résilience est « une nouvelle dimension des systèmes de santé ou manoeuvre de diversion ».

Cette position n'est pas partagée par Valéry RIDDE et ali. (juin 2016). Analysant la réponse par le système de santé burkinabè aux attaques terroristes du 15 janvier 2016 à Ouagadougou, ils ont relevé une amélioration de la prise en charge pré-hospitalière et hospitalière grâce à une capitalisation des expériences acquises lors des crises antérieures26(*). En particulier, une meilleure organisation des secours pré-hospitaliers a été notée et le rôle de l'hôpital affirmé: «Patients weretriagedbased on prognosis and severity of injury. The country main hospital, the CHU-YO, received most of the injured (n=32)»27(*).

* 17 Sciences qui étudient le danger.

* 18 KERVEN (Yves Georges) et ali., sous la direction de J.L WYBO, « Une perspective historique et conceptuelle sur les sciences du danger, Introduction aux cindyniques », , Eska, 1988, p.79 cité par Caroline BELOT (2002).

* 19 SAKR (Nabil), Gestion des risques des projets, Mémoire de Licence de Gestion, Université Cadi-Eyyad, 2006. http://www.memoireonline.com/12/07/785/m_gestion-des-risques-des-projets8.html, édition en ligne du 22/02/2017 à 17h08.

* 20 LHOMME (Serge), SERRE (Damien), DIAB (Youssef), LAGANIER (Richard), « Les réseaux techniques face aux inondations, ou comment définir des indicateurs de performance de ces réseaux pour évaluer la résilience urbaine », inBulletin de l'Association des géographes français, Bulletin de l'Association des géographes français, juin 2010, pp.487-502

* 21 SOMA (Assonsi), « Vulnérabilités et résilience urbaines : perception et gestion territoriale des risques d'inondation dans la ville de Ouagadougou », Thèse de Doctorat de Troisième Cycle en Géographie, sous la direction de Dr. Georges COMPAORE, Université de Ouagadougou, thèse soutenue le 15/12/2015, 422p.

* 22 SOME (Gnindoro Julie), « L'hôpital en situation de catastrophe naturelle ; contribution à l'élaboration d'un plan de gestion des catastrophes », Mémoire de fin de cycle, Ecole nationale d'administration et de magistrature, 2011, 44 p.

* 23 AHMED SALEM (Bendaoud) « La gestion de l'afflux massif de blessés lors des catastrophes à propos de 8 évènements », thèse de Doctorat en médecine, Université CADI AYYAD, Faculté de Médecine et de Pharmacie, Marakech, Thèse N°26, 2010, 99p., p.98

* 24OUNI (Amal Bou) épouse HAMZAOUI, « Plan blanc et gestion des crises sanitaires aux urgences », Thèse de doctorat de Médecine, Université de Sousse, Faculté de Médecine « Ibn El Jazzar », 2012, 96p.

* 25 Directeur du réseau MedicusMundi International, dans un article intitulé "Résilience : nouvelle dimension des systèmes de santé ou manoeuvre de diversion ?" . Paru dans le Bulletin MedicusMundi Suisse, 6 septembre 2015. Source : http://www.medicusmundi.ch/fr/bulletin/med-in-switzerland/la-resilience édition en ligne du 13/02/2017 à 12h11

* 26 Notamment la prise en charge sanitaire des blessés de l'insurrection populaire des 30 et 31/10/2014 et ceux du coup d'Etat du 16 septembre 2015

* 27 RIDDE (Valéry), LECHAT (Lucie), MEDA (Ivlabehire Bertrand), «Terrorist attack of 15 january 2016 in Ouagadougou : How resilient was Burkina Faso's health system?», in BMJ Global Health, 20 juin 2016, 8p.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore