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Une approche de mesure du bien-etre des enfants et de la pauvreté des ménages au Congo

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par Anaclet Géraud NGANGA KOUBEMBA
Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Ingénieur Statisticien 2008
  

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Chapitre 1

LES ASPECTS CONCEPTUELS DE LA PAUVRETÉ

Il est à noter a priori que la pauvreté reste à l'évidence un thème récurrent en économie du développement, voire en économie tout court. Selon les estimations de la Banque mondiale, plus de la moitié de la population des PVD vit en deçà de 2 dollars par jour9, ce qui correspond à environ un total de 2.8 milliards de pauvres. Dans la population de ces pays, un quart des habitants, soit environ un total de plus d'un milliard d'habitants vit avec moins de 1 dollar par jour10, considéré comme seuil de pauvreté absolue. En Afrique subsaharienne, zone où la proportion des pauvres dépasse celle de toutes les grandes zones géographiques du monde, ce taux avoisine 50 %11. Ces quelques considérations sont à même de susciter donc une attention croissante de la question de pauvreté parmi les analystes du développement. Il y a tellement d'approches qu'il serait difficile de les dénombrer. Cela a un impact immédiat sur le choix de la dimension par laquelle la pauvreté doit être saisie, et donc une diversité d'analyses. Qu'à cela ne tienne, nous tentons de présenter les opinions les plus usitées et de fixer notre position. En effet, il nous est important d'étaler, avant d'entrer dans le vif de notre travail, certains concepts qui entourent la notion de pauvreté. Le chapitre a trois sections. La première présente les grands courants de pensées sur la pauvreté. La seconde est consacrée à la littérature sur la pauvreté des enfants. Enfin, la dernière étaye une série de définitions d'analyse et de mesure de la pauvreté.

1.1 LES GRANDS COURANTS DE PENSEE SUR LA PAUVRETE

Conceptualiser le bien-être est une question qui se heurte, nous l'avons mentionné plus haut, à une difficulté dans le choix de l'option de mesure. Le problème a toujours fait l'objet d'un débat théorique au regard des diverses approches empiriques. Toutefois, le principe commun de toutes ces approches est la distinction entre les indicateurs monétaires et non monétaires. Notons que, de façon générale, les indicateurs monétaires et non monétaires ne s'opposent pas nécessairement au sens pur du terme. Par exemple, le revenu peut être considéré en lui-même comme l'objectif de bien-être, tout comme il peut être une bonne approximation des variables non monétaires telles l'éducation, la santé et le cadre de vie.

9 Mesurée en PPA (parité de pouvoir d'achat).

10 Ibid.

11 Jean-Pierre Cling, 2003, in : « la croissance ne suffit pas pour réduire la pauvreté : le rôle des inégalités », p.5.

Lachaud (2000) parle de deux options majeures qui semblent constituer le cadre actuel de mesure de la pauvreté : l'option des utilitaristes et l'option des capacités. «L'approche de l'utilité stipule qu'il existe des fondements théoriques suffisants pour considérer que les dépenses des ménages sont une bonne approximation du bien-être pour l'analyse de la pauvreté. Dans ces conditions, les dépenses ou les revenus des ménages constituant des instruments de réalisation du bien-être, il est possible d'assimiler l'insuffisance des ressources à la pauvreté, cette dernière reflétant à la fois la faiblesse quantitative et la précarité des rendements des actifs physiques, humains, sociaux et naturels. L'approche des capacités quant à elle examine la pauvreté comme une privation de droits, une situation à l'origine d'un manque de capacités fonctionnelles élémentaires pour atteindre certains minima acceptables, le bien-être étant fonction à la fois de la disponibilité des biens matériels et de l'élargissement des possibilités des choix».

Même s'il est vrai qu'il est ardu, sur un plan purement conceptuel, d'éclairer sur les avantages et les inconvénients de telle ou telle autre approche empirique pour jauger la pauvreté (les données disponibles demeurent la plupart du temps insuffisantes), la discussion théorique se révèle importante car elle a toujours des retombées significatives. En effet, pour prendre position dans une démarche scientifique, il faut d'abord mieux connaître l'existant. Nous avons recensé comme dans Asselin et Dauphin (2000), trois grands courants économiques qui sont les plus usités dans le cadre conceptuel usuel des dimensions d'appréhension de la pauvreté : le courant des welfarist, le courant des besoins de base et le courant des capacités. Les lignes qui suivent présentent ces trois courants après quoi suivra une analyse critique sur leur façon de s'intéresser à la situation des enfants.

1.1.1 L'ecole welfarist

L'école welfarist est la plus usitée des trois écoles de pensée des dimensions d'analyse de la pauvreté. Elle est une approche monétaire12 ou unidimensionnelle de mesure de la pauvreté. Amplement utilisée dans la littérature (peut être faute de mieux), elle suppose agréger la pauvreté par un seul type de données qui serait censé indiquer à lui seul le niveau de bien-être du sujet, à savoir le revenu ou la dépense de consommation [A. Soliz et L. Alejandro (1999), Lachaud (2000)]. Le cadre de cette école assimile le pauvre à un sujet dont le niveau de revenu ou de consommation est inférieur à un niveau prédéfini appelé `'seuil de

12 L'aspect monétaire de la pauvreté et la notion d'actifs dominent à la Banque mondiale, tandis que l'orientation majeure du Programme des Nations Unies pour le développement fait référence à la pauvreté humaine [PNUD (2000)].

pauvreté'. Presque tous les pays d'Afrique subsaharienne utilisent cette approche dans l'élaboration de leurs profils nationaux de pauvreté. Elle est aussi très pratiquée dans les pays développés. Les partisans de cette école sont aussi appelés des « utilitaristes ». Simplement parce que, selon eux, en considérant les ressources que sont le revenu ou la consommation, le sujet opte parmi toutes les combinaisons de biens et services abordables, ceux qui lui procurent une plus grande satisfaction ou utilité13. Dans le même sens, Lachaud précise que dans cette approche, le bien-être est fondé sur une fonction d'utilité, définie par rapport à des consommations de biens et de services, et susceptibles de reproduire les préférences des individus pour des ensembles alternatifs de consommations.

Mais cette approche n'échappe pas à certains inconvénients majeurs :

· d'abord, la consommation mesure assez grossièrement le bien-être. Consommer moins qu'une autre personne est un problème de préférence et non un problème lié au pouvoir d'achat du consommateur : tel consommateur peut beaucoup dépenser pour être à l'équilibre et tel autre peut décider de ne dépenser qu'à la limite et se sentir même plus à l'équilibre que le premier ;

· ensuite, cette approche nécessite des données monétaires fiables et actuelles, si bien qu'elle est subjective et inadaptée, surtout dans le contexte des PVD.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote