1.3 Analyse formelle de concepts
1.3.1 Introduction
Une base de donnees, appelee aussi contexte d'extraction ou
d'une maniere generale contexte formel, est generalement representee par une
relation binaire entre un ensemble d'attributs I et un ensemble
d'objet O.
Definition 1 Contexte formel
Un contexte formel est un triplet K =
(O,I,R), decrivant deux ensembles finis O et I et
une relation (d'incidence) binaire, R, entre O et I
tel que R ? O × I. L'ensemble O est habituellement
appele ensemble d'objets (ou transactions) et I est appele
ensemble d'attributs (ou items). Cha que couple
(o,i) ? R designe que l'objet o ? O possede
l'attribut
i ? I (note oRi).
Un exemple de contexte formel K est illustre dans la
figure 1.1, avec O =
{1,2,3,4,5} et
I = {A, B,C, D, E}.
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A
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B
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CD
|
E
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1
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×
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×
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×
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2
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×
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×
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×
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3
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×
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×
|
×
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|
×
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4
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×
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×
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5
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×
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×
|
×
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|
×
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FIG . 1.1 - Exemple de contexte formel
L'analyse formelle de concepts, introduite par Wille en 1982
[66], traite des concepts formels : un concept formel est un ensemble d'objets,
l'extension, auxquels s'appliquent un ensemble d'attributs, l'intention.
L'analyse formelle de concepts offre alors un outil de classification et
d'analyse, dont la notion centrale est le treillis de concepts. Le treillis de
concepts peut etre vu comme un regroupement conceptuel et hierarchique d'objets
(a travers les extensions du treillis), et interprete comme une representation
de toutes les implications entre les items (a travers les intentions) [58].
L'analyse formelle de concepts permet aussi de reduire
considerablement le nombre de relations entre ensembles d'attributs, en ne
generant que celles considerees comme non redondantes.
Dans ce qui suit, nous allons presenter les elements fondamentaux
de l'analyse formelle de concepts.
1.3.2 Notion d'ordre partiel
- Ensembles ordonnes :
Soit E un ensemble. Un ordre partiel sur l'ensemble
E est une relation binaire = sur les elements de E, tel
que pour x, y, z ? E nous avons les proprietes suivantes [21] :
1. Reflexiyite : x = x
2. Anti-symetrie : x = y et y = x x =
y
3. Transitiyite : x = y et y = z x = z
Un ensemble E dote d'une relation d'ordre =,
note (E,=), est appele ensemble partiellement ordonne
[21].
Soient P et Q deux ensembles partiellement
ordonnes. Nous dirons que P et Q sont ordre-isomorphes,
note P ~= Q, s'il existe une bijection f : P
Q et tel que x = y dans P si et seulement si
f(x) = f(y) dans Q. La bijection
f est ainsi dite ordreisomorphisme [21].
- Relation de couverture :
Soient E un ensemble ordonne (E,=
) et x, y deux elements de E. La relation de
couverture entre les elements de E, notee ?, est definie
par x ? y si et seulement si x = y et tel qu'il n'existe pas
d'element z ? E tel que x = z = y pour z =~
x et z =~ y.
Si x ? y, nous disons que y couvre x
ou bien que y est un successeur immediat de x (et donc
x est couvert par y ou x est un predecesseur immediat
de y) [21].
- Join et Meet :
Soit un sous-ensemble S ? E de l'ensemble partiellement
ordonne (E,=). Un element
u ? E est un majorant, ou borne-sup, de S si
pour tout element s ? S, nous avons s = u. L'ensemble des
majorants de S est note UB(S). D'une maniere duale, un element
ü ? E est un minorant, ou borne-inf, de S
si pour tout element s ? S, nous avons v = s.
L'ensemble des minorants de S est note LB(S) [27].
UB(S) = {u ? E | ?s ? S, s =
u} LB(S) = {v ? E | ?s ? S, v = s}
Le plus petit majorant d'un ensemble S, s'il existe,
est le plus petit element de l'ensemble UB(S) des majorants
de S. Cet element est note Join(S) (?S). D'une
maniere duale, le plus grand minorant d'un ensemble S, s'il existe,
est le plus grand element de l'ensemble LB(S) des minorants
de S. Cet element est note Meet(S) (?S) [27].

h i
e
a b
c
f g
FIG . 1.2 -- Join - Meet
Exemple 1 Soit le treillis de concepts illustre par la figure
1.2. Ainsi, nous avons : UB({a,b}) = {T, h,i, f}
LB({e, f}) = {a, ?}
- Treillis complet : Un ensemble partiellement ordonne
(E,=) non vide est un treillis si pour tout couple d'elements
(x, y) ? E, l'ensemble {x, y} possede un plus petit
majorant, note x ? y, et un plus grand minorant, note x ?
y.
L'ensemble partiellement ordonne (E,=) est un
treillis complet si pour tout sous-ensemble S ?E, les elements
Join(S) et Meet(S) existent [21].
Les treillis sont frequemment representes sous forme d'un
diagramme de Hasse (les arcs transitifs sont omis), appele egalement graphe de
couverture [21]. Dans ce type de graphe, les sommets correspondent aux elements
de l'ensemble E et les arcs aux relations de couverture entre les sommets
[21].
Theoreme 1 Theoreme fondamental de l'analyse formelle de
concepts [27] : L'ensemble des concepts formels, extrait a partir d'un
contexte formel, constitue un treillis complet quand les concepts
formels sont ordonnes par inclusion des extensions (ou par inclusion
des intentions).
- Join-irreductible et Meet-irreductible :
Pour un element l d'un treillis complet L, nous
definissons [21] :
l* = ?{x ? L|x <
l} l* = ?{x ? L|l < x}
Un element l est dit Join-irreductible s'il couvre un
element unique. D'une maniere duale, l est dit Meet-irreductible, s'il
est couvert par un seul element.
L'ensemble des elements Join-irreductible de L est
note par J (L) et l'ensemble des elements Meet-irreductible
de L est note par M(L). Chacun de ces ensembles
herite de la relation d'ordre de L [21].
Exemple 2 Dans la figure 1.2, b est un element
Meet-irreductible, alors que e est un element
Join-irreductible. Dans la figure 1.3, nous avons J(L) =
{b, c} et M(L) = {e, f}.

b c
a
d
e f
FIG 1.3 -- Join-irreductible - Meet-irreductible
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