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Le pouvoir décisionnel des chefs religieux traditionels Dogon aux dépens des lois et règlements en vigueur

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par Amadou Sangara
Université de Bamako, Mali - Maitrise Droit Privé 2007
  

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INTRODUCTION.

La région occupée par le peuple dogon est située au centre-est de la république du Mali. Elle occupe une zone tampon à la frontière sud-est, entre le Mali et le Burkina Faso.

Elle est rattachée à la 5e région administrative (Mopti) du Mali, dont elle occupe toute la moitié Est, avec de gros centres semi-urbains tels Bandiagara, Bankass, Douentza et Koro.

Adossés à la roche ou construits sur le plateau rocheux, les villages Dogon sont, nichés au pied de la falaise en bordure du haut plateau de Bandiagara, et face à une vaste plaine qui s'étend vers le sud.

Ce sanctuaire de la falaise de Bandiagara inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, d'une superficie de 4 000 km2, est un site mixte à la fois, culturel et naturel réparti entre les trois régions naturelles du pays Dogon:

- Le plateau, les falaises et la plaine du Seno-Gondo;

Le pays dogon est une des zones les plus anciennement peuplées d'Afrique de l'Ouest; ses populations ont été au cours des siècles les témoins des différents troubles qui ont marqué le territoire.

Le plateau et la falaise de Bandiagara ne sont pas occupés par une population homogène mais par une mosaïque de communautés descendant des différentes vagues de migrations qui sont arrivées dans ce refuge idéal pour mieux se protéger contre les guerres et les famines.

Plusieurs recherches et enquêtes ont dévoilé les analogies entre ces villages et ceux du sud de la Mauritanie, datant du 1er Millénaire établissant ainsi un lien entre ces populations. Lien patent pour les constructions de pierre de textiles, etc., qui peut s'expliquer par cette migration Nord-Sud ou qui peut-être le reflet d'un même stade de développement.

Ces « Dogon » aux multiples dialectes ont su vivre ensemble depuis plusieurs siècles sans qu'ils aient eu de grands problèmes autres que des guerres sporadiques, ce qui leur a donné une certaine cohésion.

Cette histoire commune, les similitudes culturelles et l'unité du territoire ont permis de les regrouper en une ethnie « Dogon ». Ces populations nouvelles, qui se sont superposées aux autochtones, ont à peu près divisé le territoire du plateau entre l'Ouest et le Sud-Est.

Le peuplement dogon se rattache à deux principales arrivées de populations.

La première migration est descendue très tôt du Nord avant le X è siècle, venant de l'empire du Ghana.

Quittant leur pays en guerre et en proie à la désertification, les animistes Soninké appelés aussi Wakoré vont se diriger vers le Niger, source d'eau constante, rejoignant d'anciennes villes Djenné ou en fondant de nouvelles: Goundam, Dia et surtout Djenné-Djenno avec l'aide des autochtones Bozo, IX è Siècle.

Non loin de là, selon Monteil aurait été fondé un royaume Nono, autre branche Soninké, sous la conduite d'une reine qui occupera toute la région Nord et Ouest du plateau de Bandiagara : Pignari, Leogelou, N'Duleri.

Dans ces régions aujourd'hui les habitants se disent d'origine Nononké ou Djénnéké d'ethnie Sâman.

Cette première migration n'est pas très bien connue de la plupart des Dogon, ce qui explique le fait que lors des grandes cérémonies traditionnelles, les griots n'en font pratiquement pas allusion quand ils font l'éloge des dogons ou décrivent le parcours historique du peuplement dogon.

La seconde migration, beaucoup mieux connue, serait venue du Mandé à la suite de persécutions religieuses ou pour fuir le commerce des esclaves. De sérieuses présomptions laissent penser qu'une première vague de migrants malinké serait arrivée de Yatenga dès le X è siècle; Elle serait à l'origine des Kibsi.

La migration principale du Mandé, celle des quatre familles dogon qui peupleront la falaise et le plateau, daterait du XII è siècle. Les étapes et la chronologie de ce long voyage, sont déclamées lors des cérémonies et participent au mythe fondateur commun qui unit tous les dogons, ce mythe dogon varie suivant les régions.

Les quatre clans de migrants qui étaient arrivés au pied de la falaise devront se battre pour le territoire avec les différents occupants dont les Tellems1(*) qu'ils vont absorber ou faire fuir puis, selon la tradition, ils se sépareront à ``kan'' pour fonder chacun leurs propres villages.

De nos jours, nous pouvons retrouver des descendants des Tellems, une minorité dans les confins de la frontière entre le Mali et le Burkina; Lors d'une cérémonie annuelle organisée à l'intention de toute l'ethnie Tellem, ils viennent jusqu'à Iréli pour les festivités, comme pour témoigner des liens étroits existants entre Dogons et Tellems.

Les dogons vont occuper le plateau et la plaine en élaborant au cours des siècles, afin de continuer la lignée, une vie religieuse très codifiée et une vie sociale basée sur la hiérarchie des générations.

Ces dogon-Mandé, ayant adopté les rituels locaux sans peine car tous étaient animistes, vont résister aux poussées venues de toutes parts, tant celle de l'empire musulman songhoï, qui rayonnait depuis sa capitale Gao sur toute la région de Tombouctou et du Hombori, que celle des voltaïques. Ceux ci exerceront une forte influence sur les rites, apportant par exemple les sociétés de masques qui n'existaient pas chez les Tellems, la métallurgie et leur langage, ce qui fera classer le dogon ``toro'' parmi les langues voltaïques.

Selon la tradition les quatre faces de la toguna ou case à palabre ou le « grand abri » représentent les quatre familles fondatrices dogons. Dans chaque prière, dans la construction du grenier, de la case habitée, on constate la présence du nombre quatre inspirée sans étonnement et incontestablement des quatre clans venus du Mandé.

Egalement les quatre points cardinaux de l'univers sont déjà connus, et sont intégrés dans la pratique de certains rites ou cérémonies et cela bien avant le contact avec l'extérieur ou la colonisation.

La connaissance des étoiles et le calcul du vent témoignent de l'existence de la boussole traditionnelle. Aussi est-il intéressant de noter que généralement les cérémonies de prière ou d'imploration des esprits-dieux sont précédées toujours de la représentation ou de l'évocation du nom de ces quatre points cardinaux, qui sont entre autres nommés et reconnus comme suit (en tôrô-sô): Dou (l'Est), Mouyonron (l'Ouest), Natangan (le Nord), Teingourou (le Sud.)

L'organisation sociale chez les dogons, repose sur une classification bien définie. Et ainsi, chez les dogons, les chefs religieux traditionnels sont la sommité dans l'organisation sociale. Ils détiennent des pouvoirs très importants et énormes. Leur champ d'action est très étendu et multiforme.

La vie quotidienne dans la société dogon est organisée en fonction d'une hiérarchisation très codifiée, la religion est étroitement associée à des personnes précises et au rang social qu'elles occupent.

La société dogon est patriarcale, composée d'un ensemble de familles ou clans. La base de cette société est la famille étendue, groupée sous l'autorité d'un patriarche.

Le chef religieux traditionnel est l'homme le plus âgé du village ou celui qui a été choisi par les divinités ou les ancêtres. Il n'existe pas un chef religieux pour chaque localité, aussi les chefs ont-ils plusieurs « circonscriptions »?

Contrairement au chef de village, dont la fonction se transmet du père au fils aîné, le chef religieux est choisi par plusieurs villages qui sont des descendants d'un même clan ou qui ont une origine commune.

Le chef religieux le plus élevé en grade est celui du clan Arou, du village du même nom. Son pouvoir spirituel est totalement indépendant du pouvoir temporel, c'est à dire de la politique menée par le village.

Mais auparavant, avant l'arrivée du colonisateur, les chefs disposaient aussi d'une réelle autorité politique.

Aujourd'hui, en ce qui concerne les affaires du village, le pouvoir politique est exercé par le chef du village et le pouvoir spirituel par le Prêtre mais, les décisions qui dépassent le cadre du village sont prises par le chef religieux.

Les zones de compétence de l'un et de l'autre ont en fait tendance à se chevaucher mais, de nos jours encore la parole du chef spirituel a plus de valeur que celle du chef temporel.

Le pouvoir décisionnel des chefs religieux traditionnels ou encore autorités traditionnelles, présente dans un certain nombre de domaines des différences aux textes. Mais aussi, on constate des complémentarités ou compatibilités dans beaucoup d'autres domaines entre l'autorité traditionnelle et l'autorité publique ou les textes.

En effet, ce sujet sera traité en deux parties :

La première partie parlera du pouvoir des chefs religieux dogon. Quant à la deuxième partie, elle étudiera la cohabitation des deux autorités : autorité traditionnelle et autorité publique.

* 1 Peuple, qui occupait l'actuel « pays dogon » avant l'arrivée des dogons.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand