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Culture managériale et pérennisation des projets de développement au Cameroun: cas du nazareth agro pastoral training and production centre de menteh (bamenda)

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par Albert Legrand TODJOM MABOU
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master Développement et Management des Projets en Afrique 2014
  

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I. Contexte d'étude

Après l'indépendance, l'Etat camerounais, comme plusieurs autres en Afrique, s'est hissé au rang de seul partenaire de développement. En effet, « L'Etat était à la fois entrepreneur, marchand, organisateur et régulateur. »6(*) Le Cameroun enregistre ainsi une croissance considérable pendant les décennies 1960-1970. L'apport des Eglises dans ce progrès est substantiel7(*). En effet, plusieurs d'entre elles, qui avaient déjà entrepris des actions sociales visant le développement et l'amélioration des conditions de vies des populations, surtout dans les domaines de l'éducation et des soins sanitaires, vont continuer sur la même lancée avec de nouvelles initiatives.

Cette croissance générale du Cameroun est soutenue par la production et l'exportation des produits agricoles auxquels s'ajoute, à partir de la moitié des années 70, l'exploitation des ressources pétrolières.8(*) Mais la performance économique s'est brutalement estompée au cours des années 1985 et 1986 à cause de la chute des prix des produits agricoles et pétroliers sur le plan international. C'est le point de départ d'une crise multidimensionnelle qui affecte aussi bien les institutions étatiques que les institutions privées.9(*) Et cette récession économique s'accentue considérablement, car l'Etat, omniprésent, manque d'objectivité « dans le choix des activités et l'allocation des ressources. D'où une perte de productivité et un manque de compétitivité. »10(*)

En réponse à cette crise, le Cameroun initie sous la pression du FMI et de la Banque Mondiale, à la fin de l'année 1989, un Plan d'Ajustement Structurel. Parmi les prescriptions du PAS figurent le désengagement de l'Etat du secteur de la production, la réduction de son train de vie, l'instauration de plus de démocratie et de bonne gouvernance11(*). A ce premier programme de réforme économique, d'autres PAS sont entrepris en vue de restaurer l'équilibre macro-économique et de relancer l'économie du Cameroun. Ce processus aboutit à l'atteinte du point d'achèvement de l'IPPTE le 28 avril 200612(*) inscrivant enfin le pays parmi les bénéficiaires de l'annulation d'une partie considérable de la dette extérieure et de la relance des investissements dans les secteurs prioritaires du développement tels que l'éducation, la santé et le développement agricole.

Cependant, l'état de précarité, extériorisé par les mauvaises conditions de vie, l'insuffisance alimentaire et le chômage, qui prévaut au Cameroun avant et pendant l'application des différents programmes d'ajustement économique n'est guère différent de celui qui se vit après l'atteinte du point d'achèvement de l'IPPTE. La pauvreté reste souveraine. En effet, l'enquête ECAM III réalisée en 2007 estimait à 39,9% le taux de pauvreté de la population contre 40,2% en 2001, dont 55% de ruraux. ECAM III a révélé des disparités importantes dans l'évolution de la pauvreté entre 2001 et 2007. En milieu urbain, la pauvreté a nettement reculé de l'ordre de 5 points notamment dans les villes de Douala et Yaoundé, alors qu'en milieu rural, elle a augmenté de près de 3 points, surtout dans les régions septentrionales. Ainsi au Cameroun, la pauvreté est un phénomène qui affecte davantage le milieu rural13(*).

En effet, selon les enquêtes ECAM II et ECAM III réalisées respectivement en 2001 et 2007, deux personnes sur cinq (40 %) vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire. Les indicateurs sur l'emploi et l'éducation ont peu varié au cours de la dernière décennie. D'une part, le taux d'activité de la population de 10 ans ou plus estimé en 2005 à 72 % est passé à 69 % en 2010 ; environ 76 % de la population active occupée en 2005 et 70 % en 2010 sont en situation de sous-emploi global, c'est-à-dire travaillent, volontairement, moins que la durée hebdomadaire minimale de 35 heures, ou gagnent moins que le SMIG horaire. D'autre part, le taux net de scolarisation au primaire (enfants de 6-11 ans) est resté autour de 80 % en 2005 et 2010. Le taux d'alphabétisation des personnes de 15 ans ou plus, estimé à 71 % en 2010, demeure faible pour les femmes (55 %)14(*).

En outre, le climat politique et économique est caractérisé par une méthode de gestion influencée par la corruption, les lenteurs administratives, le favoritisme, l'absence d'études de faisabilité et de management de risques ou d'impact adéquats dans les projets. Ce fonctionnement empêche les programmes d'ajustement d'atteindre les objectifs visés aux échéances fixées. Par conséquent, la situation sociale ne s'améliore pas.15(*) Le taux de chômage ne régresse pas16(*) et les coûts des produits alimentaires restent élevés sur le marché17(*). D'une part, les soins de santé ne sont pas à la portée de tous, car les prix des consultations, des médicaments et des analyses médicales restent élevés et l'éducation pour tous n'est pas effective. D'autre part, les infrastructures routières ne sont pas suffisantes, car l'enclavement isole encore de nombreuses zones et régions du pays. Le secteur de l'agriculture quant à lui est encore peu développé malgré les initiatives de production agricole entreprises par certaines associations locales, Groupement d'Initiative Communautaires (GIC), ONG et coopératives18(*).

Face à cette réalité sociale, l'Etat, les associations, les ONG et les Eglises au Cameroun, comme dans d'autres pays d'Afrique déploient des initiatives de développement en vue d'améliorer les conditions de vie des populations. Mais l'on constate que « les milliers de projets et de programmes de développement mis en place depuis des décennies n'ont pas toujours permis à l'Afrique de sortir de la pauvreté ». 19(*) En analysant les causes de cet insuccès, il résulte d'une part que, la culture des localités où sont implantés les projets n'a pas été prise en compte dans la conception de ses opérations censées apporter le développement aux populations ciblées ; et d'autre part que, ce n'est pas par manque de moyens financier que ces actions échouent en Afrique. C'est plutôt à cause de l'incapacité des Africains à porter une vision claire du développement. C'est du moins ce que pensent certains auteurs comme Axelle Kabou qui soutient que :

« Le sous-développement de l'Afrique n'est pas dû à un manque de capitaux. Il serait naïf de le croire. Pour comprendre pourquoi ce continent n'a cessé de régresser malgré ses richesses considérables, il faut d'abord se demander comment cela fonctionne au niveau micro-économique le plus élémentaire : dans la tête des Africains ».20(*)

Daniel Etounga Manguelle abonde dans le même sens et ajoute que ce sont les cultures, les mentalités des populations et l'emprise du groupe social sur l'individu qui le rendent réfractaire au développement. En effet, selon l'auteur, l'Afrique régresse d'année en année. Ce phénomène de dégradation presque fatale interpelle les consciences. D'où l'interrogation d'Etounga et son constat:

« L'Afrique n'est plus au bord du gouffre, elle y est tombée depuis et continue malheureusement sa chute libre dont personne n'entrevoit encore la fin (...). Comment passer sous silence le fait que depuis cinq ans la situation loin de s'améliorer n'a fait qu'empirer ? (...) L'Afrique est donc aujourd'hui véritablement en panne ».21(*)

Marie Thérèse Mengue rejoint Axelle Kabou et Etounga Manguelle. En effet, pour elle la culture devient un frein au développement.22(*)  Toutefois, les projets de développement, créateurs d'emplois et générateurs de ressources et de changement social exigent avant tout un management efficace et efficient qui, en plus d'impliquer rationnellement tous les acteurs, tiennent compte des particularismes socioculturels dans le but d'atteindre les objectifs visés et de perdurer dans le temps et l'espace.

* 6 Sévérin Cécile ABEGA, Société civile et réduction de la pauvreté, Yaoundé, Editions Clé, 1999, p. 83.

* 7 Jean Paul MESSINA et Jaap Van SLAGEREN, Histoire de l'Eglise au Cameroun : des origines à nos jours, approche oecuménique, Paris, Karthala, 2005, p. 233.

* 8 Hervé TCHEKOTE, « Désengagement de l'Etat, développement de la microfinance et problématique du financement de la production agricole au Cameroun » in 2ème journée de recherches en sciences sociales (INRA SFER CIRAD), 11 & 12 décembre 2008, Lille, France, p. 2.

* 9 Ibid.

* 10 Michel KOUNOU, Le panafricanisme : de la crise à la renaissance, Yaoundé, Editions CLE, 2007, p. 297.

* 11 Moïse MOUPOU, Lawrence MBANGA AKEI , « Désengagement de l'État et réponses paysannes au Cameroun » in Les Cahiers d'Outre-Mer, N° 241-242, Vol. 61, Janvier-Juin 2008, p.163.

* 12 Le Cameroun est successivement soumis à plusieurs PAS et à l'IPPTE. Après avoir été enlevé de la liste des pays bénéficiant de l'IPPTE le 30 Août 2004, le Cameroun est réintégré dans ledit programme le 24 Octobre 2005 et atteint finalement le point d'achèvement le 28 avril 2006.

* 13 Institut National de la Statistique, Enquête démographique et de santé et à indicateurs multiples (EDS-MICS)- 2011, Maryland, U.S.A., ICF International Calverton, 2012, p. 33.

* 14 Institut National de la Statistique, Enquête démographique et de santé et à indicateurs multiples (EDS-MICS), Op. cit., p. 33.

* 15 BANTONGUE Alain, « la lettre du FMI au Cameroun », in Mutations, 9 septembre 2004.

* 16 http://www.237online.com/201106135837/Actualites/Economie/cameroun-131-de-taux-de-chomage-et-758-de-taux-de-sous-emploi-au-cameroun.html (Consulté le 15 juin 2012 à 21h04 mn). Le taux de chômage de 13,1% et 75,8% de sous-emploi sur une population de près de 20 millions d'habitants, selon les estimations du Bureau international du travail (BIT) et du gouvernement lui-même.

* 17 http://www.statistics-cameroon.org/downloads/prix/Note_synthese_prix_2011.pdf (Consulté le 15 juin 2012 21h10 mn). En 2011, les prix à la consommation finale des ménages sont en hausse de 2,9 %, ce taux était de 1,3% en 2010. La ville de Bamenda a enregistré la plus forte hausse des prix de consommation dans les ménages (4,8%) suivi de Bafoussam (4,0%) et la ville de Garoua la plus faible (1,4%). Dans les deux grandes métropoles (Douala et Yaoundé), on a enregistré le même taux d'inflation (3,1%).

* 18Moïse MOUPOU, Lawrence MBANGA AKEI , « Désengagement de l'État et réponses paysannes au Cameroun » in Les Cahiers d'Outre-Mer, N° 241-242, Vol. 61, Janvier-Juin 2008, p. 163.

* 19 Marie Thérèse MENGUE (Dir.), Développement et changement social en Afrique, Yaoundé, PUCAC, Juin 2012, p.21.

* 20 Axelle KABOU, Et si l'Afrique refusait le développement ?, Harmattan, Paris, 1991, pp.21-22.

* 21 Daniel ETOUNGA MANGUELLE, L'Afrique a-t-elle besoin d'un programme d'ajustement culturel ?, Ed. Nouvelle du Sud, Paris, 1991, pp. 12-14.

* 22 Marie Thérèse MENGUE (Dir.), Développement et changement social en Afrique, Op. cit., p.21.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery