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Contribution a la prise en compte de la dimension genre dans les reformes des institutions du secteur de la sécurité en Cote d'Ivoire : cas de la gendarmerie nationale


par Judicaël YAPO
Centre Africain de Management et de Perfectionnement des Cadres (CAMPC) - Master en Management de projets 2015
  

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I-2. PROBLEMATIQUE

Le processus de Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) occupe désormais une place prépondérante dans les agendas des communautés internationales du développement, de la paix et de la sécurité. Il constitue pour les gouvernements, un véritable vecteur de transformation des politiques, des institutions et des programmes de sécurité. Ce processus ouvre la voie à l'intégration des questions de parité entre les hommes et les femmes (Centre for the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2008).

Ceci pour intégrer la dynamique du principe d'égalité entre les hommes et les femmes proclamé par les instruments internationaux1 notamment la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité du 31 octobre 2000 (DCAF, idem). Cette dernière résolution souligne dans son préambule:

qu'il importe qu'elles [les femmes] participent sur un pied d'égalité à tous les efforts visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité et qu'elles y soient pleinement

1 la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de (1948), la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (1979), la Convention et le programme d'Action de Bejing (1995), etc.

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associées, et qu'il convient de les faire participer davantage aux décisions prises en vue de la prévention et du règlement des différends (p. 1).

Tous ces instruments politiques et juridiques imposent des responsabilités spécifiques au secteur de la sécurité et devraient donc régir tous les processus de Réforme du Secteur de la Sécurité (Centre for the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2011).

Plusieurs initiatives ont été prises au niveau de l'Afrique pour tenir compte de la dimension Genre. Il s'agit par exemple du Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes, du Nouveau Partenariat Economique pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) et son volet pour l'égalité des sexes, ainsi que la Déclaration Solennelle pour l'Égalité du Genre en Afrique (Nations Unies, 2016).

En outre, le Cadre de prévention des conflits de la CEDEAO stipule que « les États membres doivent adopter des mesures pratiques, y compris des réformes législatives et positives visant à promouvoir le recrutement des femmes dans les forces armées et autres agences de sécurité, et leur participation active aux composantes militaires et civiles de la FAC» (Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest [CEDEAO], 2008).

Par ailleurs, la mise en place d'un cadre institutionnel propice à la promotion de l'égalité Genre s'est également traduite par la création lors de la 26ème Session de l'Autorité des Chefs d'État et de Gouvernements de la CEDEAO à Dakar en 2003, sur Décision A/DEC.16/01.03, du Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre (CCDG). Aussi, la création du CCDG a-t-elle permis l'adoption en 2010 du plan d'action régional de la CEDEAO pour la mise en oeuvre des Résolutions 1325 et 1820 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité (Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre [CCDG], 2015).

En Côte d'Ivoire, l'adoption du plan d'action quinquennal dénommé « PAN 1325 20082012 », illustre la volonté des autorités ivoiriennes à s'inscrire dans une dynamique structurelle de mise en oeuvre de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité. De même, plusieurs stratégies nationales ont également été développées par le gouvernement pour renforcer le rôle de la femme, notamment le document de politique nationale sur l'égalité des chances, l'équité et le Genre adopté en 2009 et la Stratégie nationale de lutte contre les Violences Basées sur le Genre en 2012 (Centre for the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2009).

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L'adoption en 2012 de la Stratégie nationale de RSS intervient dans le cadre d'un vaste programme de transformation et de renforcement des Institutions. Cette Stratégie est axée sur cent huit (108) Réformes et articulées autour de six piliers2. C'est au niveau du pilier (vi), Dimension humaine et sociale, qu'est formulée la Réforme N°101 : « Intégrer la dimension genre dans toutes les activités liées à la transformation et la gestion des institutions du secteur de la sécurité ». Par ailleurs au niveau du pilier (i), la réforme N°20 vise à « développer une politique énergique de promotion du Genre basée sur la participation et la responsabilisation effectives du personnel féminin au sein des institutions chargées de la sécurité et de la défense ». La stratégie ivoirienne de RSS qui se veut holistique est fondée sur quatre « principes directeurs »3 dont l'une repose sur une « intégration effective du genre et la responsabilisation des femmes et des catégories traditionnelles anciennement exclues de toutes les composantes du secteur de la sécurité en côte d'ivoire& » (Conseil National de Sécurité [CNS], 2012, p. 9).

Le CNS a adopté la Stratégie de Sécurité Nationale qui définit et précise de façon cohérente l'action des principaux acteurs intervenant dans la Sécurité intérieure et extérieure.

La mise en oeuvre de cette stratégie s'est traduite par l'adoption de la Loi 2016-09 et la Loi 2016-10 du 13 Janvier 2016 portant respectivement Programmation des Forces de Sécurité Intérieure et Programmation Militaire, pour les années 2016 à 2020. Ainsi, les institutions du secteur de la sécurité ont vu leur cadre juridique et institutionnel renforcé pour les rendre plus efficace et professionnel. Au-delà de ces aspects, l'une des priorités de ces lois reste la prise en compte du Genre dans le système de Défense et de Sécurité (Ministère en charge de la défense [MINDEF], 2017).

Il convient également de noter que la Constitution ivoirienne du 8 novembre 2016 consacre le principe d'égalité entre homme et femme (Groupe de la Banque Mondiale, 2017).

Aujourd'hui, les femmes sont présentes dans toutes les institutions du secteur de la sécurité, notamment au niveau de la Police où elles constituent 12% des effectifs, au niveau des eaux et forêts elles représentent 2% des effectifs (Conseil National de Sécurité [CNS], 2015); nous notons 1 % pour les Armées (soit 1.45% pour l'Armée de Terre, 1.01% pour l'Armée de l'Air et 0.55% pour la Marine Nationale) (MINDEF, Idem).

2 Les six piliers de la stratégie RSS en Côte d'Ivoire : (i) Sécurité Nationale ; (ii) Reconstruction post-crise ; (iii) Etat de droit et relations internationales ; (iv) Contrôle démocratique ; (v) Gouvernance économique et (vi) Dimension humaine et sociale.

3 Les quatre principes directeurs de la stratégie RSS ivoirienne : (i) un engagement politique permanent ;(ii) une appropriation nationale ; (iii) une approche holistique ; (iv) une intégration du genre.

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Aussi, l'adoption d'une Communication en Conseil des Ministres du 14 mai 2014, relative au recrutement des femmes à la Gendarmerie Nationale, qui est restée depuis sa création en 1962 la chasse gardée des hommes, a permis l'ouverture de ses portes aux femmes depuis la rentrée scolaire 2015-2016. Cette mesure assortie d'un quota de 10% réservé aux femmes, concerne tant les officiers que les sous-officiers; la communication a précisé que cette mesure permet à la Côte d'Ivoire de se mettre au niveau des standards internationaux en la matière, tout en confirmant la politique de promotion du Genre traduite par la nomination de femmes dans les instances de décision de l'Administration et des Armées (Secrétariat Général du Gouvernement [SGG], 2014). Ainsi, l'entrée des femmes à la Gendarmerie a été effective depuis le 14 octobre 2014 avec la première promotion d'officiers femmes au nombre de quatre (4), suivie de l'intégration de trente-cinq (35) sous-officiers femmes sur un effectif de trois cent quatre-vingt-dix-huit (398) élèves sous-officiers de la promotion 2015-2017 (elles constituent environ 0.02% du personnel de la Gendarmerie). Nous avons noté qu'une seconde promotion de femmes sous-officiers au nombre de vingt-sept (27) est en cours de formation dans les deux écoles de Gendarmerie4 (Gendarmerie Nationale, 2017).

Mais, en dépit de toutes les résolutions internationales, régionales et tous les efforts consentis au plan national pour améliorer la participation et la responsabilisation des femmes, le constat est que les femmes restent sous-représentées ou absentes dans plusieurs secteurs des services de l'État (Centre for the Democratic Control of Armed Forces [DCAF], 2010). C'est pour cela que la Banque Mondiale s'est particulièrement penchée sur la situation en Côte d'Ivoire et mentionne dans un rapport que « les femmes ivoiriennes souffrent de discriminations supplémentaires sur le marché du travail&Elles sont systématiquement écartées des postes à responsabilité dans des secteurs, ou au sein des entreprises, comme dans la finance, l'immobilier et le secteur public.» (Groupe de la Banque Mondiale, 2017, p. 44). Le même rapport de cette institution précise également qu'au titre de l'année 2016, la Côte d'Ivoire occupait la 136ème place sur 144 pays dans le monde d'après l'indice du Genre compilé par le World Economic Forum ou encore le 43ème rang sur 52 pays africains selon l'indice Genre de la Banque Africaine de Développement (Groupe de la Banque Mondiale, idem).

Mieux, estime le Ministère de la Défense ivoirien, « les sociétés africaines ne mettent pas assez les femmes en avant, notamment sur des emplois considérés comme masculins qui bien souvent semblent inaccessibles et réservés » (p. 77).

4 Les écoles de Gendarmerie d'Abidjan et de Toroguhé à Daloa.

Cependant, si l'ouverture de la Gendarmerie Nationale aux femmes a été marquée par un engagement politique dans l'application de la politique du Genre, l'on note toutefois des inquiétudes quant à son efficience. En effet, alors qu'elles ont reçus les mêmes rudiments que leurs frères d'armes masculins pendant leur formation, les trente-cinq (35) sous-officiers et les quatre (4) officiers femmes ont toutes été affectées auprès des grands commandements, dans les Etats-majors des Légions et dans les écoles de la Gendarmerie à des emplois administratifs tels que l'encadrement, le secrétariat, le courrier etc., loin des postes opérationnels.

Ce constat a donc suscité les interrogations suivantes : quels sont les obstacles liés à la prise en compte efficiente de la dimension Genre dans la politique d'emploi du personnel féminin de la Gendarmerie Nationale en Côte d'Ivoire? Quelle politique d'emploi du personnel féminin de la Gendarmerie Nationale au regard des objectifs de la prise en compte de la dimension Genre dans les réformes des institutions du secteur de la sécurité en Côte d'Ivoire?

Les obstacles à l'intégration du Genre à la Gendarmerie Nationale sont-ils liés à des écarts dans la politique d'emploi du personnel?

Les écarts dans la politique d'emploi du personnel sont-ils liés à une phase expérimentale de l'emploi des femmes?

I-3. HYPOTHESE

Les obstacles à l'intégration du Genre dans la Réforme de la Gendarmerie Nationale sont liés à une phase expérimentale de l'emploi des femmes.

I-4. OBJECTIFS DE L'ETUDE I-4-1. Objectif général

L'étude vise à appréhender les obstacles liés à la prise en compte efficiente de la dimension Genre dans la politique d'emploi du personnel féminin de la Gendarmerie Nationale en Côte d'Ivoire.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld