WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La formation comme levier d'une méthode de conduite au changement


par Virginie Wibaut
Université de Toulouse - ENFSEA - Ingénieur de la formation et des systèmes d'emploi 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 1 : La résistance au changement

A partir des années 2000, s'opère une distinction du stable et de l'évolutif. On est passé d'une conception statique de l'organisation à une conception dynamique ce qui a permis de faire émerger des théories du changement.

Parmi ses théories, on trouve l'analyse socio technique, comme d'autres écoles se réclamant de la théorie des systèmes et, prenant en compte toutes les dimensions de l'organisation qui sont impactées par le changement.

L'organisation face à cette complexité renforcée par l'instabilité de l'environnement doit alors faire preuve de flexibilité pour pouvoir s'adapter aux contraintes extérieures.

La conduite du changement peut être définie comme un levier d'apprentissage dans le sens où elle permet de limiter la perte immédiate de productivité, les temps de formation et surtout l'accroissement de productivité.

« La résistance au changement » est la raison la plus couramment avancée pour justifier l'échec d'un projet de transformation d'une organisation alors que ce dernier provient principalement de méthodes de conduite des transformations inadaptées. Leur point commun réside dans la méconnaissance du fait que toutes les grandes évolutions de ces trente dernières années ont augmenté à la fois le niveau d'exigence des collaborateurs et leur capacité à ne pas faire ce qu'on leur demande.

La raison voudrait que l'on s'interroge sur nos méthodes. Mais on s'acharne à faire « toujours plus de la même chose » : un peu plus de top-down, un peu plus de communication et un peu plus du triptyque « Conception -> Communication -> Exécution »

L'ampleur des résistances au changement que l'on observe dans les organisations se trouve d'abord dans l'écart entre le modèle de décision centralisé et autoritaire et les aspirations à l'autonomie et à l'implication. Les enquêtes sur le niveau d'engagement des salariés, le rejet du modèle des grandes entreprises par les jeunes générations, l'attractivité à contrario des start-ups ou le succès du mouvement des entreprises libérées. « Il faut arrêter ce qui ne marche pas ». C'est l'exemple même de la capacité au changement des dirigeants en mettant fin au triptyque mécaniste imposant le changement.

46

Section 2 : Le retour d'expérience

Alain MEIGNANT y fait référence comme moyen d'amélioration continue par retour d'expérience, par un dialogue ouvert. C'est le bottom up.

Arnaud TONNELE, en parle surtout pour arrêter ce qui ne marche pas, le triptyque mécaniste du top down.

L'avantage du retour d'expérience est qu'il se base sur le réel, et non sur la théorie. Il fournit donc une information fiable.

Lorsqu'on conduit les transformations comme s'il n'y allait pas avoir de feedback, comme si la transformation se déroulait dans un unique sens. Nous faisons « comme si » les systèmes humains sur lesquels nous intervenons allaient sagement attendre sans réagir. Et quand ils réagissent nous appelons cela paresseusement « résistance au changement ».

La différence entre compliqué et complexe. La différence fondamentale entre un phénomène compliqué et un phénomène complexe, dans le second, il y a des feedbacks : la conséquence rétroagit sur la cause initiale, et pas forcément comme on le souhaiterait.

Prévoir l'imprévisible : on pilote un changement, on conçoit un plan, on le communique puis on attend que l'exécution se déroule conformément au plan. Dans ce bel enchainement de causes et d'effets ce qui s'écarte des prévisions est considéré comme anormal.

Dans le paradigme complexe, il y a les feedbacks, largement imprévisibles. Se borner à vouloir tout prévoir est une sorte de déni nous donnant l'illusion de contrôler l'incontrôlable.

Si nous allons un cran plus loin. Tout est il aussi imprévisible que cela ? Oui, s'il on s'attache à deviner la forme et le contenu précis des changements à venir. Nous ne pouvons prévoir quand notre voiture va tomber en panne, ni quelle sera la nature de la panne. En revanche, si l'on admet que d'une façon ou une autre la panne imprévue risque d'arriver alors nous laissons la place à l'imprévu. Et cet imprévu devient même la seule chose prévisible.

Nassim TALEB, l'un des essayistes contemporains les plus influents, ancien trader, nous invite, non pas à réduire la probabilité de l'imprévu mais au contraire à nous préparer à cet imprévu. C'est ce qu'il appelle « l'antifragilité »23. La capacité à se transformer de tout système vivant peut très bien s'appliquer dans l'univers des organisations. C'est ce qui n'est pas sans rappeler la « bio-mimétisme » d'Idriss ABERKANE, un autre essayiste de talent. Et ce qu'on appelle tout simplement

23 Nassim Nicholas TALEB, Antifragile - les bienfaits du désordre - Les Belles Lettres, 2013.

47

l'agilité que l'on retrouve dans toutes les propositions les plus récentes de management de projet ou de conduite de transformations.

Tous les systèmes de contrôle que l'on s'échine à mettre en place (reportings ; référentiels, systèmes qualité, procédures, processus, ...) non seulement diminuent le niveau d'engagement et de créativité des collaborateurs mais, lorsqu'un imprévu survient, se révèlent être de redoutables obstacles à l'agilité.

L'agilité dans le cas qui nous occupe, c'est-à-dire les imprévus du retour d'expérience, c'est :

- arrêter de vouloir faire des prévisions, arrêter d'investir autant de temps et de ressources dans des systèmes de contrôles dont on connait l'effet contre productif sur la confiance et l'engagement des collaborateurs.

- inversement, investir cette énergie dans le développement d'organisations, de cultures et de systèmes de management qui partent de l'homme pour bâtir les transformations.

Dans bon nombre de pratiques actuelles, l'homme n'est plus le problème, il est la solution. Alors pourquoi consacre-t-on du temps et de l'énergie à faire des prévisions plus ou moins fausses, plutôt que de se préparer à l'imprévu ? La réponse est simple : l'imprévu est rare.

Par définition, ce que l'on ne connait pas, rien ne sert de chercher à l'imaginer. Par contre, mieux vaut se préparer de façon générique et non de façon spécifique. En effet chaque événement spécifique a une probabilité de survenue faible (en dehors de la courbe de Gauss). Si l'on considère tous les imprévus d'une manière plus générale, la survenue de l'un d'entre eux est plus probable. L'objectif est donc de se préparer à la survenue de n'importe quel « pépin » et d'être prêt à innover pour réagir très vite afin de le solutionner.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera