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Les aires marines protégées en droint international de l'environnementpar Fridrich Terrence Moussavou Université de Limoges - Master 2 2023 |
B- Principes de gestion collaborativeLes menaces qui pèsent sur la biodiversité marine et côtière ne sont à prouver.Ces écosystèmes, essentiel pour l'équilibre environnemental et économique, subissent une pression constante due à la pollution, à la surpêche, à l'acidification des océans et à la destruction des habitats. La survieet l'équilibre de cette biodiversité appellentla mobilisation de plusieurs acteurs, tant au niveau local que régional et international. Dans ce contexte, la gestion collaborative des aires marines protégées (AMP) s'impose comme une solution clé. Reposant sur une approche intégrative, elle vise à impliquer un large éventail d'acteurs dans les processus de prise de décision et de mise en oeuvre des mesures de conservation. Ces acteurs incluent notamment les gouvernements, chargés d'établir les cadres juridiques et politiques nécessaires pour soutenir la gestion des AMP, les communautés locales et autochtones, dont les connaissances traditionnelles sur les écosystèmes marins et côtiers sont indispensables pour une gestion durable, les organisations régionales qui coordonnent les efforts entre pays pour gérer efficacement les écosystèmes transfrontaliers, les scientifiques et chercheurs qui fournissent des données et analyses pour orienter les politiques de conservation, ainsi que les acteurs économiques tels que les industries de la pêche, du tourisme et du transport maritime, qui doivent être impliqués dans l'adoption de pratiques durables. Cette approche intégrative est particulièrement pertinente dans le cadre des accords régionaux, car elle permet d'harmoniser les politiques entre États pour éviter les disparités réglementaires et les conflits, de promouvoir une gestion des écosystèmes transfrontaliers qui tienne compte de leur interdépendance écologique, de renforcer les capacités locales et régionales pour surveiller, protéger et restaurer les habitats marins et côtiers. Assurer une répartition équitable des bénéfices tirés des ressources marines, favorisant ainsi l'adhésion des communautés locales aux objectifs de conservation. La participation des organisations non gouvernementales, des communautés locales, des pécheurs, des ONG et d'autres acteurs dans le processus de prise de décision et de gestion est un facteur fondamental à la protection de la biodiversité. Cette prise en compte de divers acteurs doit être considérée en amont, c'est-à-dire, lors de la mise en place des AMP, et en aval, lors de la gestion de celles-ci. S'il manque une véritable implication de ces acteurs, la lutte pour la conservation de la biodiversité marine et des écosystèmes qui l'abrite, sera vouée à l'échec. L'implication de divers acteurs permet de renforcer l'acceptabilité etl'efficacité des mesures de gestion en prenant en compte les connaissances et les besoins des différentes parties118(*). Au niveau étatique, la gestion des AMP nécessite une coordination intersectorielle. Ici, il s'agit d'intégrer les différentes autorités et secteurs concernés (pêche, tourisme, conservation, hydrocarbure, environnement, etc.) pour une gestion holistique et efficace. Ainsi cette coordinationpermet d'harmoniser les efforts de conservation avec les objectifs de développement économiques et social, en évitant les conflits d'usage et en maximisant les synergies entre les acteurs119(*). En Méditerranée, par exemple, les initiatives régionales ont été mises en place pour promouvoir la gestion intégrée des zones côtières, impliquant des collaborations entre les secteurs de pêche, du tourisme et de la conservation120(*). De ce fait, une gestion efficiente des ressources marines tient compte des dynamiques locales et des changements environnementaux pour ajuster la stratégie de gestion ; c'est le principe d'adaptabilité et de flexibilité. L'adaptabilité permet de réviser les plans de gestion en fonction des nouvelle données scientifiques et des retours d'expérience, garantissant une approche évolutive (Granek et al., 2010)121(*). A titre d'exemple, la gestion adaptative a été utilisée pour améliorer la résilience des écosystèmes coralliens faces aux impacts du changement climatique et des activités humaines (Cazalet et Boncoeur, 2015)122(*). Un autre principe de gestion auquel on fait recours pour une gestion efficace, c'est la transparence et l'accès à l'information. Il faut s'assurer que toutes les informations pertinentes sont disponibles et accessibles aux parties prenantes et au public. La gestion des ressources exige le respect des droits des communautés locales. Reconnaîtreet respecterles droits des communautés locales sur leurs ressources et leurs terroirs est un impératif.Une gestion équitable des AMP passe essentiellement par la reconnaissance et le respect des droits des communautés locales. Celles-ci détiennent des connaissances traditionnelles et dépendantes des ressources marines et doivent être impliquées dès le début dans la conception et la mise en oeuvre des mesures de gestion (Cinner et al., 2009)123(*). Ce respect des droits des communautés locales contribue à renforcer la légitimité des AMP et à promouvoir leur efficacité. En somme, la gestion collaborative des AMP, adossée aux accords régionaux, constitue une stratégie essentielle pour répondre aux défis de la conservation marine. Elle garantit une protection efficace et équilibrée des écosystèmes tout en renforçant la résilience des communautés humaines qui en dépendent. * 118Chaigeau, T., & Brown, K. (2016). « Les AMP et la gouvernance participative : une étude de cas à Madagascar », Revue d'Ecologie, 71(2), 245-256. * 119 Leleu, K., alban, F., Pelletier, D., Charbonnel, E., Letourneur, Y., & Bouresque, C.F(2012), « Suivi des impacts écologiques et socio-économiques des AMP : Un défi pour la gestion intégrée des zones côtières en Méditerranée ». Cahiers de biologie marine, 53, 47-62. * 120 Centre d'Activités régionales pour le Programme d'Actions Prioritaires, 2008 ;PNUE/PAM, plan Bleu, « Les Lignes directrices pour une gestion intégrée des zones côtières en méditerranée » * 121Granek, E.F., et al. (2010), « la gestion des services écosystémiques dans les AMP ; perspectives internationales », Annales des Sciences naturelles, 3(2), 53-66. * 122Cazelet, B., Boncoeur, J. (2015). « La gestion des ressources marines et côtières dans les pays du sud : une perspective de long terme ». Revue tiers Monde, 221, 151-166. * 123Cinner, J. E., McClanahan, T.R., & Graham, N.A.J. (20090. « Les AMP t la résilience des écosystèmes coralliens : implications pour la gestion », Natures sciences sociétés, 17(1), 88-94. |
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