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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon


par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège
Traductions: Original: fr Source:

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Préoccupations locales

Comme nous l'avons expliqué plus haut, la thématique d'Ikigai (« élargir la variété d'activités d'Ikigai pour les retraités salariés ») pour les retraités constitue actuellement une des thématiques les plus importantes pour le CLFS dans le cadre de ses activités pour renforcer le rapport entre ses adhérents et leur localité. Et le CLFS diversifie les domaines de ses activités au niveau local, au delà de ses activités traditionnelles comme la revendication de l'augmentation des salaires, mais en s'impliquant, à diverses occasions, dans la politique publique locale tels que l'aménagement de la ville, la santé des personnes âgées, la politique agricole de la Municipalité etc.

Et cette forme d'implication locale du CLFS ne peut pas être considérée sans tenir compte de son propre intérêt global en tant qu'un organisme appartenant à la plus grande fédération syndicale au Japon : Rengô. Notamment, la diminution radicale du nombre d'adhérents du Rengô au cours de cette dernière décennie, reflète une série de mutations du monde salarial contemporain (vieillissement, tertialisation, précarisation, diversification de mode de vie etc.), ce qui constitue un facteur déterminant du changement de comportement des organisations syndicales au Japon. Aujourd'hui, comme le disait Monsieur Y plus haut, le mouvement du CLFS ne consiste plus seulement à « hisser les drapeaux rouges » pour revendiquer l'augmentation des salaires, mais également à s'impliquer dans les divers domaines de la vie de la population locale dont pour une grande partie sont des adhérents. Et ceci en renforçant notamment le rapport avec la politique municipale. C'est de cette manière-là qu'aujourd'hui, le CLFS essaie de valoriser son existence dans la société.

Pour la thématique d'Ikigai des personnes âgées, comme nous l'avons expliqué plus haut, le CLFS avait déjà pris l'initiative de créer la Maison des fleurs en 1997. Et d'après Monsieur Y, la coopération entre le CLFS et la Municipalité en matière du vieillissement, peut remonter encore plus avant, si on parle d'une série d'actions menées par le CLFS en collaboration avec la Municipalité telles que la quête (bokin), la visite de maisons de retraite etc.

Cependant, l'idée de lier la thématique d'Ikigai ou de la santé des personnes âgées à l'agriculture ou à la ruralité, reste encore une nouveauté pour le CLFS. En effet, la relation concrète entre le CLFS et un agent public du secteur agricole de la Ville de Toyota, existe à peine depuis 2003 où il a collaboré avec le BPA de la Municipalité de Toyota, pour effectuer l' « Enquête sur la conscience sur l'agriculture de Toyota ». La motivation du CLFS pour son implication dans les domaines agricole et rural semble rester encore partielle et limitée. Malgré les attentes potentielles exprimées par la couche salariale de la Ville de Toyota au travers de l'enquête de 2003, l'intérêt réel de la part des salariés vis-à-vis de l'agriculture et de la ruralité ainsi que du Projet Nô-Life, n'est pas si enthousiaste parmi la majorité de cette population. Ainsi, la motivation de type Ikigai pour les activités agricoles ne peut pas correspondre facilement à l'objectif du Projet Nô-Life tel qu'il est conçu par le BPA et la CAT à savoir : la conservation des terrains agricoles et la formation de porteurs de l'agriculture, via les activités agricoles de type Ikigai par les retraités salariés.

Intérêt du côté des travailleurs : jardinage, loisir, auto-consommation. Ecart avec l'objectif du Projet Nô-Life

Il avait été constaté dans le résultat de l'enquête de 2003, que 62.7% des enquêtés ont exprimé une envie de mener des activités agricoles d'une manière quelconque, et que 35.5% veuleut faire « un jardin potager pour le loisir », 24.5% « pour l'auto-consommation » et 2.7% « pour vendre des produits et en tirer un revenu ». Comme on le voit dans ce résultat, si un bon nombre de salariés étaient intéréssés par l'activité du jardinage à titre de loisir ou d'auto-consommation, il y avait encore très peu de gens qui imaginaient vendre leurs propres produits agricoles.

Nous pouvons rappeler ici un trait spécifique de la population de Toyota : elle est constituée pour une grande partie, par les « émigrants ruraux » venant d'autres régions rurales pour travailler à Toyota dans le secteur automobile au cours des années 65-75. D'un côté, ces émigrants gardent souvent un certain attachement à la vie rurale qu'ils ont connu dans leur enfance, et de l'autre ils ont peu de rapports sociaux dans leur localité de la Ville de Toyota589(*).

En fait, Monsieur Y est lui-même ce type d'émigrant rural : né dans une ferme d'une autre région, il s'est installé à Toyota pour travailler dans l'usine automobile Toyota, en raison de l'absence de travail dans son pays. Et il loue actuellement une parcelle et cultive son jardin avec son épouse dans la Ville de Toyota. Il affirme également qu'il connaît beaucoup de gens autour de lui qui louent une parcelle et jardinent, et qu'ils ont une haute motivation pour leur auto-consommation alimentaire. Pourtant, il affirme également que lui-même « n'est pas si passionné par la ruralité (nô) » et que sa motivation est dans le prolongement du loisir. Ce qui ne le conduit pas à avoir une prise de conscience concernant la conservation des terrains agricoles de la Ville.

Il trouve également « non réaliste » l'objectif prôné par le Projet Nô-Life de gagner un million de yens de revenu agricole. « Il faut, dit Monsieur Y, le considérer séparémment. Ce qu'il faut faire pour la conservation des terrains agricoles et la promotion d'Ikigai. » Puis, il trouve qu'il est difficile pour les personnes âgées de s'investir autant dans les activités agricoles : « En investissant dix millions de yens et achetant des machines, combien d'années faut-il pour que tout cela paie ? Il n'est même pas sûr que cela paie en dix ans. »

* 589 Monsieur K, président du Centre Nô-Life, et Madame S de la Section de la Création d'Ikigai ont évoqué cette caractéristique de la population de Toyota.

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