Rechercher sur le site:
 
Web Memoire Online
Consulter les autres mémoires    Publier un mémoire    Une page au hasard

Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon


par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège
Traductions: Original: fr Source:

précédent sommaire suivant

Caractère général des données

Notre analyse du CLFS se base sur l'entretien effectué par l'enquêteur (rédacteur) avec Monsieur Y, vice-chef du secrétariat du CLFS (en 2006). Il est également adhérent du Syndicat ouvrier de l'automobile Toyota (Toyota Rôso).

Il n'occupait pas son poste actuel lors de la distribution de l' « Enquête sur la conscience sur l'agriculture de Toyota (Toyota-shi Nôgyô ni kansuru Ishiki Chôsa) » en 2003 (car le personnel de ce poste change chaque année). Depuis 2006, il est membre du Comité pour l'élaboration du Deuxième Plan fondamental de l'agriculture de Toyota au sein de la Municipalité. Il nous a accueilli dans le Bureau du CLFS pour répondre à nos questions pendant près d'une heure.

Représentations

Les représentations de l'agriculture et de la ruralité chez Monsieur Y porte sur des préoccupations dont les deux niveaux s'imposent : global et local, ce qui correspond à la caractéristique des missions du CLFS que l'on a constaté plus haut.

Au niveau global, deux thématiques sur l'agriculture sont énoncées en les mettant en relation avec les thématiques du Projet Nô-Life : l'une sur l'auto-suffisance alimentaire au Japon ; l'autre sur le manque de main-d'oeuvre agricole.

Préoccupations globales sur l'agriculture

Concernant l'auto-suffisance alimentaire, quoique personnelle, Monsieur Y « a une forte prise en conscience » de ce problème. Il s'agit de la forte dépendance alimentaire du Japon587(*), qu'il la considère en rapport avec la thématique du Projet Nô-Life : la prévention des friches agricoles. Puis, il a évoqué la conjoncture internationale actuelle où la grande croissance économique de nouveaux pays émergents désignés sous l'acronyme « BRICs » (Brésil, Russie, Inde, Chine) risque de rendre de plus en plus difficile la condition du Japon pour assurer (importer) son alimentation. Monsieur Y ajoute « déjà en réalité, la Chine a commencé à manger le thon. Notre alimentation sera de plus en plus menacée »588(*).

Puis, Monsieur Y établit le lien entre sa préoccupation à propos de l'auto-suffisance alimentaire et du manque de la main-d'oeuvre agricole au Japon, c'est-à-dire du manque de « porteurs » de l'agriculture qui est également une des thématiques du Projet Nô-Life. Cependant, Monsieur Y considère ce problème de manière plus globale que dans le cadre limité du Projet Nô-Life. Ceci notamment en suggérant la nécessité d'introduire de la main-d'oeuvre étrangère non seulement dans le secteur industriel mais également dans le secteur agricole au Japon. En fait, il avait suggéré ce point lors de la deuxième réunion officielle du Comité pour l'élaboration du Deuxième Plan fondamental de l'agriculture de Toyota qui eut lieu en novembre 2006. Ainsi, sur ce point, il explique comme ci-dessous :

« (...) On est dans une situation où il est difficile de compter sur les jeunes comme porteurs. Ce que j'avais un peu dit lors de la dernière réunion, c'est qu'il faudrait que plus d'immigrants étrangers installent pour nous aider. C'est d'ailleurs, ce qui se passe déjà dans le secteur industriel. Dans la région de Toyota, à peu près 5% des employés sont déjà des étrangers, je crois. (...) Pour l'agriculture ou la forêt, les jeunes ne se forment plus comme agriculteur, et on n'habite plus dans la zone de moyenne montagne. Pour soutenir l'agriculture et la forêt, la politique nationale doit réagir également, mais l'essentiel, c'est de s'assurer d'abord, de quelque part, de la main-d'oeuvre. (...) »

Et Monsieur Y en attribue la cause au fait que les jeunes ne reprennent plus les activités agricoles, au fait que le développement industriel est bien supérieur à celui de l'agriculture dans la région de Toyota, comme une condition « indéniable ».

Quel rapport établit-il entre ces préoccupations globales et le Projet Nô-Life ? Pour lui, ce rapport est plutôt problématique que positif, car les thématiques de l'auto-suffisance et de la formation de porteurs de l'agriculture et celle d'Ikigai sont presque incompatibles : « Les retraités salariés ne pourront continuer à mener leur activité agricole qu'au maximum dix ans. Après tout, il est impossible de les considérer comme porteurs, à mon avis »

Cependant, les mesures pour l'infrastructure d'Ikigai sont considérées comme nécessaire par le CLFS, mais elles ne peuvent correspondre ni aux mesures pour les porteurs, et ni à celles pour l'auto-suffisance alimentaire.

Puis, en rapport avec la thématique de la Politique de la Municipalité de Toyota : « ville où vivent ensemble la ville et les campagnes rurales et montagnardes », ainsi que la grande thématique du Projet Nô-Life : Conservation des terrains agricoles, Monsieur Y porte un regard plus global. En terme de multifonctionalité - quoique implicitement -, il pense non seulement à la conservation des terrains agricoles, mais également à celle des forêts de montagne. Et il considère que c'est un « très grand problème ». Mais il ajoute également qu' « il faudrait le traiter avec une politique de portée nationale ».

* 587 Le taux d'autosuffisance alimentaire au Japon est actuellement 40% en terme des calories, 70% en terme de chiffre d'affaires. (Nôrinsuisan-shô, 2005).

* 588 Dans les médias également, ces dernières années, on parle beaucoup de ce sujet au Japon. D'ailleurs, un bon nombre de stagiaires du Projet Nô-Life ont également évoqué ce problème en parlant du futur risque de la « crise alimenaire au Japon »...

précédant sommaire suivant








® Memoire Online 2007 - Pour tout problème de consultation ou si vous voulez publier un mémoire: webmaster@memoireonline.com