2. Réponses aux
questions : analyse du processus entre acteurs institutionnels
Le processus de la construction du Projet Nô-Life ne
peut pas être considéré comme un procédé
résultant de simples opérations administratives, juridiques,
techniques ou politiques, mais comme un processus émergent et complexe
qui implique les dimensions historique, sociale et culturelle des acteurs
impliqués dans ce processus, que nous avons étudiés plus
haut.
Rappelons-nous ici les trois éléments
déterminants de l'objecif du Projet Nô-Life tels qu'ils ont
officiellement été définis par la Municipalité de
Toyota.
1 Conservation des terrains agricoles (prévention de
friches)
2 Conservation de la main-d'oeuvre agricole (formation
agricole)
3 Proposition de nouvelles activités aux personnes
âgées pour assurer leur Ikigai
Ces trois éléments déterminent
l'objectif du Projet Nô-Life à savoir : le
développement de l'agriculture de type Ikigai.
Cependant, ces éléments officiellement
présentés par le Projet ne nous permettent pas
immédiatement de répondre à une série de questions
générales que nous pouvons supposer telles que : quel est
l'objectif initial du projet ? (développement agricole ou mesure
sur le vieillissement de la population ?) ; de quel domaine ou
secteur le Projet relève-t-il ? (politique agricole ou Ikigai des
personnes âgées, mais quelle définition
opérationnelle du terme d'Ikigai ?) ; dans quel contexte le Projet
a-t-il été établi ? (il semble être
multiple...) ; quel est le contenu des actions du projet ? (formation
agricole ni professionnelle ni amatrice, mais de quel type ? Et location
de terrains agricoles, mais cela relève du domaine
privé...) ; quelle finalité le Projet se donne-t-il ?
(y a-t-il une fin à ce projet ?)
Vu la complexité et le flou que l'objectif officiel
du projet implique, il nous paraît quasiment impossible de
répondre à ces questions d'un point de vue objectif ou
général, ce qui nécessite de recourrir à d'autres
types d'explications capables d'appréhender les dimensions plus
concrètes et substantielles des choses. C'est pourquoi nous avons pris
un « détour » qui, afin de comprendre plus
sociologiquement le Projet comme une action, va mettre en évidence les
éléments déterminants les représentations et
actions de chaque acteur dans son enjeu, et nous permettera finalement
d'analyser la relation sociale entre ces acteurs qui est à la fois
construite autour du projet et mis en jeu par le Projet.
En sa basant sur les éléménts de
l'analyse des acteurs effectuée plus haut, nous allons répondre
aux quatre questions posées au début de ce chapitre.
Elaboration de l'ensemble des
actions concrètes pour la construction du Projet Nô-Life
Comment l'ensemble des actions concrètes pour la
construction du projet a-t-il été élaboré par
différents types d'acteurs locaux ? Le Projet Nô-Life n'a pas
été construit de manière isolée des autres projets
précédemment menés soit par le BPA lui-même, soit
par d'autres acteurs du territoire de la Ville de Toyota, dont les
thématiques ont des points communs avec celles du Projet Nô-Life.
Mais il se situe dans la continuité d'idées et d'actions qui
l'ont précédée au sein des 7 acteurs étudiés
plus haut. Chacun de ces acteurs avait construit ses propres actions,
anticipant d'une manière ou d'une autre, les thématiques du
Projet Nô-Life. Nous avons établi ci-dessous un tableau
chronologique les situant à la fois par période (année) et
par acteur afin de mettre en évidence la relation entre ces actions
historiques liées au Projet Nô-Life.
Ce tableau chronologique nous permet de réorganiser les
actions constitutives du processus de la construction du Projet Nô-Life.
C'est pourquoi il est intéressant de retracer l'itinéraire que le
BPA, notamment Monsieur K président du Centre Nô-Life, a pris pour
arriver à la réalisation de son but : réalisation du
Projet Nô-Life. En fait, cet itinéraire nous montre tout un
emsemble d'actions du type du bricolage qui combine plusieurs types de
ressources disponibles aux yeux de l'acteur (BPA et Monsieur K) Puis, cette
démarche, dont l'oeuvre est la réalisation du Projet
Nô-Life, n'a pas exclu la réalisation d'un certain nombre de
transactions sociales entre les agents concernés de champs sociaux
différents à base territoriale.

Itinéraire des actions du BPA pour la
construction du Projet Nô-Life
Nous illustrons ici les manières dont ont
été mises en place les six actions suivantes, dont les trois
premières se sont déroulées avant que le Projet
Nô-Life ait été mis en discussion en 2001, et les trois
autres se sont déroulées après 2001.
Avant la mise en discussion du Projet
Nô-Life :
1 Mise en place des Jardins citoyens avec la CAT(acteur 3) en
1998
2 Etablissement de l'Ecole de l'agriculture vivante avec la
CAT en 2000
3 Etablissement de la Ferme école des Personnes
âgées avec la SCI(acteur 2) en 2001 (inauguration en 2002)
Après la mise en discussion du Projet
Nô-Life :
4 Etablissement du GASATA(acteur 7) avec des arboriculteurs de
Sanage en 2003
5 Réalisation de l'Enquête sur la Conscience sur
l'agriculture de Toyota avec le CFLS(acteur 6 ) en 2003
6 Application de la politique de la Zone spéciale pour
la Création de Nô-Life avec le BDPA(acteur 4) et l'ECV(acteur 5)
en 2003
1 Mise en place des Jardins citoyens avec la
CAT(acteur 3) en 1998
Les Jardins citoyens ont été
réalisés à l'initiative de la CAT mais à la demande
plus ou moins informelle du BPA qui voulait les réaliser dans le
prolongement de la conception du « Parc rural »
présentée dans le Plan de 96 (voir la partie de l'acteur 1).
L'idée des Jardins citoyens est importée de
l'idée des « Jardins familiaux » en Europe, connue
au Japon sous le nom du « Klein garten », alors que la
construction des cabanes était interdite par la Loi agraire au Japon, ce
qui a contraint la CAT à aménager les jardins sans cabane. Et
pour la création des Jardins citoyens, il y avaient deux
intérêts différents croisés : faire du bien au
public (pour la Municipalité), mais également profiter des
usagers de ces jardins pour s'assurer de futurs producteurs agricoles (pour la
CAT).
L'intérêt de la CAT était de conserver les
terrains agricoles et de s'assurer de futurs producteurs au sein des usagers de
ces jardins pour un développement durable du secteur agricole. C'est
pour cela que la taille d'une parcelle est plus grande (100\u13217u) que
celle des « Jardins familiaux » (20 - 30\u13217u). Et
si les Jardins citoyens sont aménagés à l'extérieur
de la zone à urbaniser, les Jardins familiaux sont
aménagés à l'intérieur de cette zone.
Puis, l'intérêt du BPA était de
réaliser l'idée de la multifonctionalité qui était
pronée par le Plan de 96 en incitant les citoyens à se mettre aux
activités agricoles. Ce qui est considéré par le Plan
comme une approche « bien commun » vis-à-vis de l'agriculture
et de la ruralité. Cette idée est conforme à la position
de la Municipalité orientée vers le bien-être public.
Malgré quelques insatisfactions de la part de la
CAT(voir la partie de l'acteur 3), le fait qu'il y ait constamment des usagers
constitue un élément de succès des Jardins citoyens.
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