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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon


par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège
Traductions: Original: fr Source:

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2. Réponses aux questions : analyse du processus entre acteurs institutionnels

Le processus de la construction du Projet Nô-Life ne peut pas être considéré comme un procédé résultant de simples opérations administratives, juridiques, techniques ou politiques, mais comme un processus émergent et complexe qui implique les dimensions historique, sociale et culturelle des acteurs impliqués dans ce processus, que nous avons étudiés plus haut.

Rappelons-nous ici les trois éléments déterminants de l'objecif du Projet Nô-Life tels qu'ils ont officiellement été définis par la Municipalité de Toyota.

1 Conservation des terrains agricoles (prévention de friches)

2 Conservation de la main-d'oeuvre agricole (formation agricole)

3 Proposition de nouvelles activités aux personnes âgées pour assurer leur Ikigai

Ces trois éléments déterminent l'objectif du Projet Nô-Life à savoir : le développement de l'agriculture de type Ikigai.

Cependant, ces éléments officiellement présentés par le Projet ne nous permettent pas immédiatement de répondre à une série de questions générales que nous pouvons supposer telles que : quel est l'objectif initial du projet ? (développement agricole ou mesure sur le vieillissement de la population ?) ; de quel domaine ou secteur le Projet relève-t-il ? (politique agricole ou Ikigai des personnes âgées, mais quelle définition opérationnelle du terme d'Ikigai ?) ; dans quel contexte le Projet a-t-il été établi ? (il semble être multiple...) ; quel est le contenu des actions du projet ? (formation agricole ni professionnelle ni amatrice, mais de quel type ? Et location de terrains agricoles, mais cela relève du domaine privé...) ; quelle finalité le Projet se donne-t-il ? (y a-t-il une fin à ce projet ?)

Vu la complexité et le flou que l'objectif officiel du projet implique, il nous paraît quasiment impossible de répondre à ces questions d'un point de vue objectif ou général, ce qui nécessite de recourrir à d'autres types d'explications capables d'appréhender les dimensions plus concrètes et substantielles des choses. C'est pourquoi nous avons pris un « détour » qui, afin de comprendre plus sociologiquement le Projet comme une action, va mettre en évidence les éléments déterminants les représentations et actions de chaque acteur dans son enjeu, et nous permettera finalement d'analyser la relation sociale entre ces acteurs qui est à la fois construite autour du projet et mis en jeu par le Projet.

En sa basant sur les éléménts de l'analyse des acteurs effectuée plus haut, nous allons répondre aux quatre questions posées au début de ce chapitre.

Elaboration de l'ensemble des actions concrètes pour la construction du Projet Nô-Life

Comment l'ensemble des actions concrètes pour la construction du projet a-t-il été élaboré par différents types d'acteurs locaux ? Le Projet Nô-Life n'a pas été construit de manière isolée des autres projets précédemment menés soit par le BPA lui-même, soit par d'autres acteurs du territoire de la Ville de Toyota, dont les thématiques ont des points communs avec celles du Projet Nô-Life. Mais il se situe dans la continuité d'idées et d'actions qui l'ont précédée au sein des 7 acteurs étudiés plus haut. Chacun de ces acteurs avait construit ses propres actions, anticipant d'une manière ou d'une autre, les thématiques du Projet Nô-Life. Nous avons établi ci-dessous un tableau chronologique les situant à la fois par période (année) et par acteur afin de mettre en évidence la relation entre ces actions historiques liées au Projet Nô-Life.

Ce tableau chronologique nous permet de réorganiser les actions constitutives du processus de la construction du Projet Nô-Life. C'est pourquoi il est intéressant de retracer l'itinéraire que le BPA, notamment Monsieur K président du Centre Nô-Life, a pris pour arriver à la réalisation de son but : réalisation du Projet Nô-Life. En fait, cet itinéraire nous montre tout un emsemble d'actions du type du bricolage qui combine plusieurs types de ressources disponibles aux yeux de l'acteur (BPA et Monsieur K) Puis, cette démarche, dont l'oeuvre est la réalisation du Projet Nô-Life, n'a pas exclu la réalisation d'un certain nombre de transactions sociales entre les agents concernés de champs sociaux différents à base territoriale.

Itinéraire des actions du BPA pour la construction du Projet Nô-Life

Nous illustrons ici les manières dont ont été mises en place les six actions suivantes, dont les trois premières se sont déroulées avant que le Projet Nô-Life ait été mis en discussion en 2001, et les trois autres se sont déroulées après 2001.

Avant la mise en discussion du Projet Nô-Life :

1 Mise en place des Jardins citoyens avec la CAT(acteur 3) en 1998

2 Etablissement de l'Ecole de l'agriculture vivante avec la CAT en 2000

3 Etablissement de la Ferme école des Personnes âgées avec la SCI(acteur 2) en 2001 (inauguration en 2002)

Après la mise en discussion du Projet Nô-Life :

4 Etablissement du GASATA(acteur 7) avec des arboriculteurs de Sanage en 2003

5 Réalisation de l'Enquête sur la Conscience sur l'agriculture de Toyota avec le CFLS(acteur 6 ) en 2003

6 Application de la politique de la Zone spéciale pour la Création de Nô-Life avec le BDPA(acteur 4) et l'ECV(acteur 5) en 2003

1 Mise en place des Jardins citoyens avec la CAT(acteur 3) en 1998

Les Jardins citoyens ont été réalisés à l'initiative de la CAT mais à la demande plus ou moins informelle du BPA qui voulait les réaliser dans le prolongement de la conception du « Parc rural » présentée dans le Plan de 96 (voir la partie de l'acteur 1).

L'idée des Jardins citoyens est importée de l'idée des « Jardins familiaux » en Europe, connue au Japon sous le nom du « Klein garten », alors que la construction des cabanes était interdite par la Loi agraire au Japon, ce qui a contraint la CAT à aménager les jardins sans cabane. Et pour la création des Jardins citoyens, il y avaient deux intérêts différents croisés : faire du bien au public (pour la Municipalité), mais également profiter des usagers de ces jardins pour s'assurer de futurs producteurs agricoles (pour la CAT).

L'intérêt de la CAT était de conserver les terrains agricoles et de s'assurer de futurs producteurs au sein des usagers de ces jardins pour un développement durable du secteur agricole. C'est pour cela que la taille d'une parcelle est plus grande (100\u13217‡u) que celle des « Jardins familiaux » (20 - 30\u13217‡u). Et si les Jardins citoyens sont aménagés à l'extérieur de la zone à urbaniser, les Jardins familiaux sont aménagés à l'intérieur de cette zone.

Puis, l'intérêt du BPA était de réaliser l'idée de la multifonctionalité qui était pronée par le Plan de 96 en incitant les citoyens à se mettre aux activités agricoles. Ce qui est considéré par le Plan comme une approche « bien commun » vis-à-vis de l'agriculture et de la ruralité. Cette idée est conforme à la position de la Municipalité orientée vers le bien-être public.

Malgré quelques insatisfactions de la part de la CAT(voir la partie de l'acteur 3), le fait qu'il y ait constamment des usagers constitue un élément de succès des Jardins citoyens.

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