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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon


par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège
Traductions: Original: fr Source:

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Une distance d'intérêts sectoriaux

Cependant, il y a une distance nette entre la SCI et le Projet Nô-Life malgré leur relation de coopération. Cette distance n'est pas celle entre la SCI et le BPA, mais celle entre la SCI et la CAT (coopérative agricole) qui est co-gestionnaire du Projet Nô-Life avec le BPA depuis le démarrage du Projet Nô-Life. Ces deux agents, la SCI et la CAT, relèvent des deux secteurs différents : l'un du secteur des services du vieillissement, et l'autre du secteur agricole qui est privé et économique. Donc il y a déjà une divergence d'intérêts de nature entre ces deux agents : d'un côté le service pour le bien-être de tous, et de l'autre le développement agricole.

Et dans les procédures de la mise en oeuvre du Projet Nô-Life, la SCI était absente. Les procédures de la réalisation du Projet Nô-Life ont été assurées par le BPA et une série d'agents du secteur agricole qui étaient concertés et coordonnés par le BPA478(*). D'ailleurs, la préoccupation propre aux agents de ce secteur est bien représentée dans une des thématiques principales du Projet Nô-Life : celle de la « formation de porteurs de l'agriculture (Nôgyô no ninaite no ikusei) », relevant de la politique agricole nationale du moment actuel. Et le terme d'Ikigai est également employé par la politique agricole locale depuis un moment pour designer une catégorie de producteurs agricoles qui sont à faible productivité479(*). Mais l'emploi de ce terme dans la politique agricole est plutôt marquée par le sens économique que celui socio-culturel que vise la SCI au travers de la thématique de la « participation sociale et travail d'Ikigai des personnes âgées ».

Sur ce point, Monsieur A, responsable de la SCI, nous a expliqué en parlant du rapport entre le Projet Nô-Life et le développement local. Même si la SCI n'est pas directement impliqué dans le Projet Nô-Life, sa vison sur celui-ci semble être celle du développement local de la Ville de Toyota dans le sens de l'idée de la « ville rurale480(*) » qui met en lien l'agriculture et la ruralité au cadre de vie et au lien social et territorial des habitants, plutôt qu'un simple développement agricole dans le sens économique. Selon lui, « L'idée d'introduire le `Nô (agriculture et rural)' dans un cadre de vie est synonyme d'un aménagement de la ville intégrant l'agriculture et la ruralité»481(*) .

A la différence de la coopérative agricole qui a tendance de viser une « agriculture intensive », la vision que Monsieur A a du Projet Nô-Life est orientée vers l'image d'une « ville rurale » intégrant des éléments de ruralité, dans le cadre d'un aménagement urbain-rural, dans le cadre de vie des habitants qui n'en disposent pas forcément. Même s'il ne suggère pas une situation de conflit entre la SCI et les agents du secteur agricole dont notamment la CAT, un écart de représentations sur le Projet Nô-Life et l'agriculture de type Ikigai entre ces deux agents nous semble assez net.

* 478 Il s'agit des : la coopérative agricole (CAT, acteur 3), l'administration agricole départementale (BDPA, acteur 4), l'organisme de vulgarisation (ECV, acteur 5), la Commission agricole etc. Les connaissances mutuelles entre ces agents du secteur agricole sont historiquement constituées dans le cadre des activités pour le « développement agricole » ayant une connotation économique et sectorielle.

* 479 Voir la partie de l'acteur 5.

* 480 `Inaka toshi' en japonais.

* 481 Voici la question - réponse entre l'enquêteur et Monsieur A : « [ L'enquêteur : La caractéristique du Projet Nô-Life me semble être liée à l'originalité de la Ville de Toyota : caractère non mégalopole comme Tokyo où la hausse de prix fonciers est extrème avec la speculation, mais une ville moyenne et rurale, qui est riche grâce à ses industries... Y-a-t-il des rapports possibles avec le Projet Nô-Life et l'aménagement urbain ?] C'est bien ça, c'est une 'ville rurale'. Sans avoir un cadre de vie comme base, on ne peut rien faire. L'idée d'introduire la 'ruralité (nô)' dans un cadre de vie est égale à un aménagement de la ville intégrant cette ruralité. Toutefois, - si ça peut être une contradiction politique - pour faire une agriculture intensive, et pour un développement agricole, il est nécessaire de baisser le coût et développer une agriculture à grande échelle, je pense. (...) Mais après tout, sans base de vie, pas de tentatives d'activités agricoles. Pour les habitants de grands ensembles (= 'danchi' en japonais), il n'y en a nulle part (moyens pour faire des activités agricoles). En bref, leur environnement ne leur permet pas de le faire. Alors, par où on doit ouvrir des portes pour eux ? Les jardins potagers et familiaux sont là, mais ce n'est pas encore suffisant. L'idée de les élargir seulement au niveau administratif est perverse. Il serait plus important que les gens de foyers agricoles créent un environnement favorable, puisqu'ils ont des moyens de le faire au niveau institutionnel. Donc, l'important est de donner des méthodes à ces gens-là, par exemple des subsides, comme par exemple 'on aide 20% pour aménager vos terrains agricoles et pouvez-vous en faire des jardins familiaux ?' etc. Ca serait une idée, même si l'on ne l'a pas encore étudiée... ».

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