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Dynamique des représentations sociales de l'agriculture et de la ruralité dans un contexte territorial du vieillissement de la population : Le cas du « Projet Nô-Life » de la Ville de Toyota au Japon


par Kenjiro Muramatsu
Université de Liège
Traductions: Original: fr Source:

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Vision concrète sur les porteurs de l'agriculture

La formation des producteurs censés être porteurs de l'agriculture de type Ikigai est l'objectif principal du Projet Nô-Life, et également une des missions de la Coopérative agricole. Mais en réalité, quel type de producteurs la CAT veut-elle former ? A-t-elle une vision concrète de ceux-ci ?

Plus haut, on a soulevé, dans les représentations que Monsieur S a de l'agriculture de type Ikigai, les dimensions suivantes : économique (objectif d'avoir un revenu agricole d'un million de yens par an); institutionnel (maintien d'une relation avec l'organisation de la coopérative) ; social (implication) et moral (mental).

Cependant, la valeur de l'agriculture de type Ikigai pour Monsieur S impliquait une ambivalence qui était non seulement liée à la situation objective des retraités (pas nécessaire de vendre les produits, car leur pension leur assure une vie stable), mais également au sens de la notion d'Ikigai elle-même (productiviste mais anti-utilitariste) Face à cette ambivalence, comment la CAT envisage-t-elle la réalisation de la formation dans le Projet Nô-Life ? Quelles conditions concrètes la CAT veut-elle proposer aux stagiaires via la formation ? Et quelle place accorde-t-elle à ces producteurs par rapport au modèle productiviste des agriculteurs tel qu'il est promu dans la politique agricole japonaise ? Il s'agit de la question de la finalité à laquelle elle veut faire aboutir le Projet Nô-Life...

Intérêt de l'organisation

D'abord, pour Monsieur S, la distance est nette entre la visée de la formation du Projet Nô-Life et le modèle productiviste de la politique agricole, promu aujourd'hui avec le système de l' « agriculteur qualifié (nintei nôgyô-sha) »500(*). Il considère qu'il sera « difficile » pour les stagiaires du Projet Nô-Life de suivre ce modèle. Il souhaiterait pouvoir accorder aux stagiaires du Projet Nô-Life au minimum une intégration (ou une participation) de manière quelconque dans une organisation à l'intérieur de la Coopérative agricole. Voici l'explication de Monsieur S :

« D'abord, il nous faut saisir qui fait quoi dans tel ou tel endroit. Notre organisation - la coopérative - et la Municipalité sont en train de s'efforcer à former des gens. Et si on ne peut pas identifier leur activité et leur relation, on ne saura plus où ils vont ! S'ils vont partir seuls et se contenter de vendre leurs produits par eux-même sans acheter nos matériels, sans vendre avec nous, on se demandera pourquoi on leur a fait apprendre. Ca n'ira pas pour nous, si ça se passe comme ça. On voudrait qu'ils adhèrent à la Coopérative, et qu'ils participent à telle ou telle organisation en bénéficiant ou gérant nos affaires. Sur ce point-là, ce n'est pas encore clair dans ce projet. »

L'importance de l'organisation est le point que l'on a déjà soulevé plus haut sur la vision de l'agriculture de type Ikigai de Monsieur S. La CAT souhaite que les stagiaires du Projet Nô-Life mènent leur activité agricole de manière à s'intégrer à l'organisation de la coopérative agricole. Et ceci sans pour autant exiger des stagiaires de suivre le modèle productiviste d'agriculture. Cela confirme de nouveau l'exigence de la CAT, basée sur son intérêt particulier qui se distingue de l'intérêt public de la Municipalité, dans leur implication dans le Projet Nô-Life.

Et dans l'explication ci-dessous, Monsieur S met surtout l'accent sur l'importance de l'aspect collectif dans les organisations de la coopérative agricole. Il n'est surtout pas souhaité par la CAT, que les stagiaires ne mènent leur activité qu'individuellement en dehors d'une organisation formelle. La participation dans un groupement de producteurs (seisan bukai) est ainsi recommandée aux stagiaires du Projet Nô-Life501(*).

* 500 C'est un modèle de producteurs agricoles promu par la politique agricole japonaise. Par cette politique, il est recommendé aux agriculteurs de suivre ce modèle via la qualification. Voir la partie de l'acteur 5.

* 501 « Ce qui sera bien pour nous, dit Monsieur S, c'est que les stagiaires participent à un groupement de producteurs. Ainsi on pourrait les organiser. (...) Avant tout, la Coopérative est elle-même une organisation. Et il y a des organisations à l'intérieur de cette organisation. On fonctionne comme ça. Donc, si on se focalise sur les individus, ça sera trop difficile de s'en charger. Le plus important, c'est la participation dans notre organisation. L'objectif est donc d'organiser les stagiaires. Mais ce n'est pas forcément dans une organisation déjà existante, ils peuvent bien en créer une nouvelle. Organiser c'est une des tâches de la Coopérative. Tout seul, ça ne marchera pas. Même s'il en a qui font comme ça... »

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