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Le management interculturel chez Bookoff France

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par David VANDEPONTSEELE
Université de Paris 7 - Master de recherche en étude japonaise 2008
  

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3.4.2 Se fient-ils aux règles ou au contexte pour arbitrer les conflits ?

Quand il s'agit de régler un conflit, on pourrait donc croire que les Japonais, connus pour jouir d'une relativement grande sécurité (taux de criminalité de 1.91 % contre 6,21% en France ou 8,55% aux États-Unis), auraient tendance à adopter une attitude universaliste, et appliquer la loi. Tandis que les Français, issus d'une culture latine, auraient tendance à adopter une attitude particulariste. Mais la réalité est radicalement opposée comme nous l'avons déjà vu plus haut.

En effet, les jugements rationnels que nous, Occidentaux, pensons règles universelles, se plient devant la loi des relations interpersonnelles. Si un individu commet une faute professionnelle, ses amis (donc collègues, supérieurs et subalternes) sont là pour le protéger, même s'il s'agit d'une faute grave. Ils feront jouer en sa faveur le pouvoir du groupe et forgeront de toutes pièces des arguments irrationnels reposant sur l'affectivité. Ils le défendront, non pas parce qu'il a raison mais parce qu'il appartient au groupe. On dénombre quelques individus qui ont commis de sérieuses erreurs et sont parfois rentrés dans l'illégalité mais ont gardé leur poste malgré les accusations ou ont simplement été mutés121(*). C'est le cas notamment du fondateur de BOOKOFF, Sakamoto Takashi, dont la rumeur dit qu'il aurait été accusé de harcèlement sexuel, mais qui fait toujours partie du pouvoir décisionnel122(*).

Un nombre impressionnant de paradoxes (à nos yeux) et de règles non appliquées au Japon nous incite à classer la culture japonaise du côté des cultures particularistes. L'hymne national en vigueur depuis la restauration de Meiji (1868 à 1912), par exemple n'est légiféré que depuis 1999. L'âge légal de consommation d'alcool est de 21 ans, alors que la plupart des japonais commencent dès leur arrivée à l'université, à 19 ans. Il est coutume de régler les rares conflits sans faire appel aux autorités législatives.

La France, au niveau des grandes instances, semble plutôt s'articuler autour de principes d'une culture universaliste sans pour autant ne pas prendre en compte quelques particularités. Elle aime se considérée fervente protectrice des droits de l'homme et de l'état de droit et une des principales actrices de leurs universalisations. Par contre, le modèle français semble être un système de relation, basé sur la défense des intérêts particuliers d'un groupe d'individus au détriment d'un autre123(*), on pourrait donc affirmer que le système s'articule autour de principes d'une culture particulariste. Les employés, par exemple mettent un point d'honneur à faire respecter les lois et le code du travail, au détriment, parfois, des patrons.

La rencontre entre une culture à tendance universaliste (France) et une culture à tendance particulariste (Japon) mène à un nombre considérable de conflits. Surtout si les responsables japonais n'ont qu'une connaissance très limitée du droit du travail français. Cette ignorance fut à l'origine des conflits au sein de l'entreprise pour l'obtention des jours fériés, des chèques repas, ... Pour décider des aptitudes à adopter sur les revendications des salariés, comme cela s'est passé récemment pour obtenir un salaire plus élevé pour le travail dominical ou pour l'obtention des chèque repas, la direction fait généralement appel à un avocat spécialisé dans le droit du travail français et lorsque la direction se rend compte qu'elle est dans l'illégalité, elle fait alors signer de nouveaux contrats à ses employés.

C'est une petite victoire pour le droit français, mais il reste encore beaucoup à faire. Aujourd'hui encore, les employés de la boutique BOOKOFF Quatre Septembre sont contraints d'attendre au minimum une semaine que le livre soit en rayon avant de le racheter pour un usage personnel (ce qui représente une atteinte au droit du consommateur). La situation est pire pour les employés de la boutique BOOKOFF Opéra, qui quant à eux n'ont aucune connaissance de leurs droits et qui par conséquent travaillent dans des conditions en opposition au droit du travail français (voir intra point 3.4.2).

Cette situation est également remarquable au Japon, où la législation voudrait que l'employé ne fasse que 8h par jour et 40h par semaine. Un maximum de 46 heures autorisées, alors que les employés japonais sont connus pour faire en moyenne 1h30 d'heures supplémentaires par jour124(*) en plus de leurs 8h de travail, sans compter les heures de repos, et sans augmentation du salaire125(*).

Il est très regrettable que les Japonais ne soient pas plus attentifs à faire respecter leurs droits chez eux, plus encore le droit du pays d'accueil lorsqu'ils exercent une activité dans un pays étranger. Mais depuis quelques années, les Japonais sont devenus incapables de concentrer leur colère contre les autorités, ou la direction pour créer des mouvements collectifs positifs126(*). Les conditions de travail difficiles que connaissent les travailleurs japonais sont pourtant à l'origine d'une pauvreté grandissante au Japon qui résulte dans l'augmentation de personnes au statut précaire tel que les freeter127(*), working poor128(*) ....

Cette précarité a également engendré un malaise social important, en grande partie responsable des problèmes sociaux actuels du Japon comme les meurtres de masses, le fort taux de suicide (24 pour 100 000 habitants129(*)), la baisse du taux de natalité (taux de natalité estimé à 7.64 en 2009 et l'accroissement de la population à -0.191%)130(*) ...

* 121 Nakane\u20013\u20013'†ç, Chie\u21315\u21315êçé}}Op.Cit. P160

* 122 "Sakamoto Takashi - \u22338\u22338çâ-{{\u23389çFF." Fresheye\u12506\u12506ÉyÉff\u12451ÉBB\u12450ÉAA. 10 Jun 2009 <http://wkp.fresheye.com/wikipedia/%E5%9D%82%E6%9C%AC%E5%AD%9D?site=BLK002&furl=http%3A%2F%2Ftalent.yahoo.co.jp%2Fpf%2Fdetail%2Fpp242356&ftitle=%E5%9D%82%E6%9C%AC%E5%AD%9D>.

* 123 Meir, Olivier. Op.Cit.P55

* 124 Turner, David. «Japan tries to cut hours for overworked salarymen» 16 Juin 2006. The Financial Times.

* 125 Issu du "Japan Labor Standards Act.", Code du travail Japonais.

* 126 Citation tirée des séminaires de Yatabe Kazuhiko, Sociologie du Japon contemporain 2ème semestre 2008

* 127 En Japonais : \u12501\u12501ÉtÉ[[É^^\u12540[[, terme utilisé pour désigner les travailleurs qui changent de travail très souvent, ne trouvant satisfaction dans aucun.

* 128 Terme utilisé pour désigner les travailleurs dont le revenu est trop bas pour assurer un niveau de vie décent. Traduisible en : travailleur pauvres.

* 129 Source : "Au Japon, les suicides se multiplient à cause de la crise économique." Le monde. 28 mai 2009 <http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2009/05/28/au-japon-les-suicides-se-multiplient-a-cause-de-la-crise-economique_1199294_3216.html>.

* 130 Source : "Japan - People." CIA - The world factbook. 5 Jun 2009 <https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ja.html#People>.

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