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La critique existentialiste du rationalisme chez Sàśren Kierkegaard

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par Eric MBOCK ABOUBAKAR
Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua - Mémoire fin de cycle de philosophie 2008
  

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I.3. PRELUDE CRITIQUE AU COURANT RATIONALISTE

La critique que les existentialistes adressent aux rationalistes est basée sur la manière dont l'homme est abordé c'est-à-dire manière objective.

Les existentialistes s'opposent aux concepts de la philosophie tels qu'on les rencontre chez PLATON, SPINOZA, DESCARTES et HEGEL. La philosophie platonicienne telle qu'on la conçoit ordinairement est à la recherche de l'idée en tant que quelque chose d'immuable, SPINOZA veut accéder à une vie éternelle qui est béatitude. En effet, le philosophe en général, depuis PLATON veut trouver une vérité universelle valable pour tous les temps, il veut s'élever au- dessus du devenir et opère ou pense opérer avec la seule raison.

Cette philosophie rationaliste est conçue comme l'étude des essences ; mais les existentialistes iront à l'encontre de l'idée de l'essence prise dans ce sens39(*). Martin HEIDEGGER pense que les objets, les instruments ont peut-être des essences, la table et la statue ont une essence, mais le créateur de ces objets, c'est-à-dire l'homme n'a pas une telle essence. Dans ses études, HEIDEGGER cherche à savoir ce que c'est qu'une statue et il trouve qu'elle n'est qu'une essence ; mais pour l'homme nous ne pouvons pas nous demander ce que c'est, mais qui est ce ? Il suit de là que l'homme n'est pas une essence mais une existence ; ou bien selon la formule de HEIDEGGER, un être dont l' « essence est dans son existence »40(*).

KIERKEGAARD pense que la formule de Descartes « je pense donc je suis » ne répond pas à la réalité de l'homme existant car, « moins je pense, plus je suis » et inversement. De tout ce qui précède nous devons remarquer que la philosophie de Platon et de Descartes est une philosophie à la recherche de ce qui est stable et universel.

Mais avec HEGEL, l'idée de stabilité sera remplacée par l'idée du mouvement universel ; et seule restera, cependant, l'idée de l'objectivité, de la nécessité, d'universalité et de totalité des philosophes classiques. De part son génie, HEGEL arrive à maintenir à la fois l'idée de mouvement, et les idées d'objectivité, de nécessité, d'universalité et de totalité. De là, KIERKEGAARD s'oppose à HEGEL. Le philosophe danois récuse l'idée de HEGEL d'avoir fait un système car, trouve-t-il, il n'y a pas de système possible de l'existence. Il refuse d'être considéré comme un moment tel que le font les systèmes dans le développement de la réalité. HEGEL pense qu'il n'y a qu'une seule réalité véritable et pleine : c'est la totalité rationnelle «  parce que tout ce qui est rationnel est réel ». Or cette totalité c'est l'idée. A la recherche de l'objectivité qu'on retrouve chez HEGEL, à la passion et au désir de totalité, KIERKEGAARD va opposer l'idée de vérité comme subjectivité. Le principal ennemi de l'auteur des Miettes philosophiques est celui qui, à force de connaissances oublie ce que c'est qu'exister à l'exemple du savant qui s'efforce d'aller vers la connaissance objective des choses et pourtant qu' « il y a des choses qui ne peuvent pas être comprises par un savoir »41(*).

Le système hégélien a tort d'expliquer toutes choses. Les choses ne doivent pas être expliquées mais vécues. Aussi au lieu de saisir une réalité objective, universelle, nécessaire et totale, KIERKEGAARD dira que la vérité est subjective, particulière et partielle, raison pour laquelle il ne peut y avoir de système d'existence. Les deux mots système et existence sont contradictoires. La pensée ne peut pas atteindre l'existence réelle mais « seulement du passé ou l'existence possible » parce que ces existences sont opposées à l'existence réelle.

Si nous connaissons peu de choses au sujet de Socrate, c'est précisément que SOCRATE est un existant. Notre ignorance à son sujet est la preuve qu'il y a là quelque chose qui doit nécessairement échapper à la science historique42(*). Exister objectivement ou être dans la catégorie de l'objectif ce n'est plus exister c'est être distrait de l'existence.

Dans son premier volume intitulé Weltorientierung (l'orientation dans le monde) JASPERS expose sa philosophie qui constitue un examen et une critique de la science car, pour lui, il y a deux grandes théories philosophiques qui ont essayé en se fondant sur les sciences, de nous donner une vue de l'universel d'une part le positivisme et d'autre part l'idéalisme. Chacune de ces philosophies aboutit à la négation de l'individu c'est-à-dire de l'existence. Elles méconnaissent l'existence parce qu'elles veulent réduire les choses à ce que nous pouvons concevoir.

Dans cette critique faite à la science, Jaspers pense que « la science ne peut pas nous donner une vue totale et réelle de l'univers, car il n' y a pas des sciences, et chacune d'elles a ses postulats particuliers »43(*). Karl JASPERS reproche à ces différentes sciences le fait qu'elles soient fondées sur les hypothèses qu'elles ne démontrent pas et qui les rendent multiples parce que chacune ayant ses hypothèses qui les séparent des autres. En effet, chacune d'elles a un caractère spécifique de part son objet et pourtant l'objet commun de toutes ces sciences devait être l'homme. C'est pourquoi les sciences de la vie ne peuvent pas être réduites aux sciences de la matière, ni celle de l'âme et de l'esprit aux sciences de la vie. Dans tout cela il faudrait que nous portions notre regard vers celui qui conçoit la science et qui est l'existant. HEIDEGGER dans sa critique qu'il adresse aux sciences, constate qu'elles sont fondées sur des présuppositions en tant qu'elles laissent de coté l'existence, et se fondent sur l'opposition du sujet et de l'objet et qu'elles se meurent dans un système de pure représentation.

Gabriel MARCEL dans sa méditation sur les philosophes néohégéliens tels que BRADLEY, BOSANQUEt écrit : « Il n'y a pas de système de l'ensemble du monde »44(*). Cette philosophie hégélienne dominée par l'idée de l'absolu, amène Marcel à penser qu' « il ne peut y avoir de savoir absolu sur le réel, ni d'ailleurs sur nous-même »45(*). Nous sommes du domaine du non qualifiable car, toute qualification qu'on puisse nous donner est une qualification insuffisante ; c'est pourquoi il ne peut y avoir une vérité sur l'homme et encore moins sur l'ensemble des choses.

Le rationalisme ne nie pas la rationalité humaine. Son erreur réside dans le fait qu'il absolutise la raison. Le rationalisme est abusif puisqu'il conduit l'homme à s'enfermer dans sa propre raison. Il ne veut pas et ne tolère pas une autre fenêtre par où puisse entrer la lumière. Sous les apparences d'une plus grande largeur d'esprit, Le rationalisme en arrive à une étroitesse d'esprit. Lorsque le rationalisme impose à l'homme la raison comme seule source de connaissance, il refuse à ce dernier un dépassement qui l'élèverait davantage. Le poids du rationnel est la grande richesse de l'humanité. La dictature de la raison engendre une grande pauvreté. A première vue, le rationalisme semble assurer le royaume de l'homme, mais, en fait, il engendre le désarroi de l'esprit. C'est pourquoi avec Sören KIERKEGAARD, nous allons essayer, tout en montrant davantage les limites du rationalisme de voir comment sortir de ce grand tourbillon dans lequel nous a mené cette doctrine de la raison, en proposant les voies et moyens pour que l'homme puisse revenir à l'essentiel, à l'existant.

* 39 _ C'est-à-dire que la propriété essentielle de ces essences ou de ces idées, c'est essentiellement d'être stable. Cette pensée se trouve fortifiée par l'idée de création telle qu'on la conçoit au moyen âge.

* 40 _M. HEIDEGGER , cité par Jean WAHL, Les philosophies de l'existence, Paris, Armand Colin, 1959, P. 21.

* 41 _ J. WAHL, op. cit., p. 24.

* 42 _ Ibidem, p. 26.

* 43 _ Ibidem, op. cit., p. 28.

* 44 _ J. WAHL, op. cit., p. 29.

* 45 _ Idem.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius