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Analyse de la logique et de la portée de l'intervention de l'Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR) auprès des organisations de producteurs dans la communauté rurale de Gandon:l'exemple de l'ANCAR de Saint-Louis en partenariat avec le foyer de Sanar

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par Mamadou DIAKHO
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Master 2 2009
  

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2.7- Classification des organisations selon la nature des membres

Blundo (1991) distingue deux types de bénéficiaires : les membres et les nonmembres. Les individus inscrits et remplissant les conditions d'adhésion exigées par une organisation sont considérés comme membres. Ils ont le droit et le devoir de participer à toutes les activités du groupe. Les non-membres sont ceux-là qui n'ont contracté aucun engagement avec une organisation. Toutefois, ils peuvent être impliqués indirectement dans les activités de l'organisation, parce que résident dans un même cadre géographique que les membres. Cette classification fait distinguer deux types d'organisations : les organisations fermées et les organisations ouvertes. Dans le premier type d'organisation, les services offerts ne concernent que les membres, tandis que dans le second cas les services peuvent être offerts à la fois aux deux catégories de membres.

2.8- Classification des organisations selon leur composition

GAO (2000) présente à cet effet deux cas de figures : soit l'organisation réunit une seule catégorie de personnes, soit elle réunit plus d'une catégorie de personnes.

Dans le premier cas, les organisations ne concernent pas l'ensemble des membres de la communauté dans laquelle elles sont localisées. L'adhésion à ce type d'organisation devient sélective. C'est le cas des regroupements d'apiculteurs, de jeunes, de femmes ou de pisciculteurs.

Dans le deuxième cas, l'adhésion se fait indifféremment des couches sociales. Elle est libre et volontaire.

Quelque soit la classification ou la typologie adoptée, en pratique les frontières entre ces différents critères restent fluides.

2.9 - Courants théoriques sur les rapports entre l'État et les paysans

2. 9.1- L'organisation bureaucratique du secteur agricole par l'État :

Cette approche part de l'hypothèse selon laquelle l'essor des initiatives autonomes est ressenti comme une menace pour les intéréts de l'État. Considérer l'organisation paysanne ou la coopérative comme l'affaire de l'État et non celle des coopérateurs, c'est supposer que l'ordre ne peut régner dans le monde rural que si les OP disparaissent ou sont placées sous le contrôle des appareils étatiques.

2. 9.1.1- Le contrôle de la paysannerie par l'État :

Les représentations que les « développeurs » se font d'eux-mêmes et de leurs pratiques sociales se réfèrent, classiquement, à l'ordre légal, rationnel et bureaucratique caractéristique de la culture occidentale (Weber, 1991) et à « l'artificialisme » découlant du système de valeurs individualiste et positiviste (Dumont, 1985). Le développement rural n'est, à ce niveau, que le transfert de la croyance en l'ingénierie sociale que la culture occidentale s'est d'abord appliquée à elle-méme et qu'elle a ensuite mise en oeuvre dans les territoires coloniaux.

L'idéal bureaucratique auquel s'identifie la culture moderne de l'Occident s'efforce de combiner les valeurs d'efficacité et d'équité, et le terrain colonial ne constitue nullement une exception. Certes l'exotisme n'est pas entièrement évacué de la culture coloniale ; il demeure important, mais davantage comme un élément distinctif valorisant que comme un élément discriminant de l'identité sociale des acteurs. Les indépendances n'apportent guère de changements en ce qui concerne les « agents expatriés » du développement.

En ce qui concerne les nouvelles structures nationales d'administration du développement, la situation est plus complexe et exigerait une analyse qui ne peut être qu'ébauchée : a) Un premier point est la continuité formelle de la légitimité bureaucratique dans ce que l'on appelle significativement le secteur ou le monde du développement, qu'il s'agisse d'agences gouvernementales, internationales ou non-gouvernementales ; b) Un deuxième point est la bureaucratisation inéluctable des organisations issues du milieu rural lui-même dès lors que, pour accéder aux ressources du « secteur du développement », elles sont tenues de répondre aux exigences organisationnelles explicites des bailleurs de fonds. Plus que jamais la conformité réelle ou apparente aux normes d'efficacité et d'équité du modèle bureaucratique est une condition d'accès au « monde du développement » ; c) Un troisième point, conséquence du précédent, est la croissance en milieu rural d'une couche sociale d'intermédiaires entre le dispositif officiel de développement et les bénéficiaires de son intervention J.P. Jacob, 1997).

En effet, après la colonisation qui a intégré les populations indigènes dans un mode de production dominant au profit du groupe d'intérêts extérieurs, les politiques nationales de développement agricole des pays africains s'adaptent à ce système en privant les paysans de leur autonomie afin de masquer la réalité de l'exploitation dans les zones rurales (Ela, 1990, Goussault, 1976, Casswell, 1984, Dumont). Les appareils de l'État ont pris le relais du système colonial en imposant des structures d'encadrement qui renferment les producteurs locaux dans les nouvelles formes de domination. Comme le remarque Goussault : « L'initiative de l'État a pour objet premier une action sur la production agricole pour assurer la formation et l'appropriation de plus-values au profit du mode de production dominant la formation sociale », (Goussault, 1976).

Ce processus s'inscrit dans une stratégie globale qui met en oeuvre non seulement des idéologies mais aussi des facteurs économiques et politiques. En effet, à travers les sociétés de développement spécialisées dans une production de rente, l'État occulte ses processus de domination en recourant à l'idéologie de modernisation qui joue le rôle d'un modèle culturel intégré au appareils de pouvoir. En ce sens, le « déguisement » est partie intégrante de

l'intervention de l'État dans le domaine agricole. Moustapha Kassé renchérit pour fustiger la pertinence de ces institutions en affirmant que : « Au plan de l'encadrement, (..) l'intervention des Société de Développement Rural (SDR) n'a pas servi les intérets des petits producteurs Tout au plus, elles ont bénéficié techniquement, économiquement et socialement à une élite paysanne Par ailleurs, par une assistance bureaucratique et pesante, elles ont

complètement empêché les paysans de se prendre véritablement en charge en développant

leur propre dynamique d'organisation, de production et de commercialisation » (M. Kassé, 1996 :24). Dans la majorité des pays africains, l'intervention de l'État dans ce secteur ne se fait pas seulement par l'intermédiaire des sociétés de développement et des services d'animation rurale, mais aussi, naturellement du parti dominant ou comme l'appelle Ela le « grand parti ou le parti unique », (Ela, 1990).

Pour « encadrer » les paysans, les pouvoirs les obligent par diverses mesures d'une part à intégrer dans le parti et d'autre part à assister à leurs réunions, donc de manière générale à s'inscrire dans l'aire de l'idéologie dominante. C'est dire que ces régimes pratiquent l'encadrement des paysans par des institutions centralisées.

Ainsi, le souci d'implanter le « grand parti national » jusqu'au fond de la brousse (A. Adams, 1985) n'obéit pas seulement à la volonté d'asseoir le régime dans toutes les couches sociales, mais aussi de protéger les intérêts des groupes qui profitent de l'État pour élargir leur base économique. Dans ces conditions, laisser les paysans se réunir, leur laisser la possibilité de s'exprimer et de discuter en toute liberté de leurs problèmes ne peut manquer de soulever des questions politiques inhérentes au développement local. Pour empêcher l'émergence de cette conscience des enjeux politiques des problèmes du territoire, il s'agit de créer des structures contrôlées par le pouvoir. C'est-à-dire qu'il est possible de neutraliser les paysans qui, en dépit de leur majorité numérique et de leur forte contribution à l'économie nationale n'ont aucun poids politique réel.

En outre, l'État impose un cadre juridique et institutionnel à tout ce qui veut exister et fonctionner à titre officiel, autrement dit, toute organisation doit titre soumise aux appareils de pouvoir. Dès lors, il faut s'attendre à toute sorte de blocage dans les systèmes où le formalisme des instances locales n'encourage pas toujours les individualités créatrices à faire preuve d'initiatives : « Il est impossible pour les paysans d'organiser un petit mouvement pour réclamer de meilleures conditions. Cela n'est pas envisageable dans les régimes où le système coopératif a été vidé de son sens en tombant sous le contrôle de l'administration, comme à l'époque des sociétés indigènes de prévoyance », (Ela, 1990). La conclusion que l'on peut enfin tirer de cette approche est que les organisations paysannes ne sont perçues

qu'à travers la problématique de « l'encadrement ». Et cette vision n'est pas fortuite puisqu'elle reflète une stratégie hostile à toute forme d'initiatives qui échappent à l'emprise de l'État. Ce dernier impose au OP marginalisées un cadre économique précis, c'est-à-dire qu'au niveau de toutes les structures d'encadrement, les rapports avec les paysans sont strictement verticaux.

Cependant, l'insuffisance de cette approche réside dans le fait que selon elle, il n'y a aucun souci, les OP suscitées par les sociétés de développement fonctionnent d'abord dans l'intérêt de l'État et reproduisent, en fait, un système de domination dans un contexte où les projets officiels s'assurent le monopole du développement local. Les partisans de cette théorie se sont mis à critiquer aveuglément l'État jusqu'à méme oublier les vrais manquements qui existent au sein des OP. L'État a certes failli à sa mission mais il importe également de signaler d'une manière explicite que les différentes OP n'ont pas elles aussi acquis une certaine culture organisationnelle et par conséquent, elles se retrouvent confrontées à des conflits internes qui les affaiblissent en grande partie.

2. 9.1.2- La subordination de la société à l'État :

A. Adams explique comment les difficultés qui s'accumulent pour bloquer l'émergence des groupes représentant les intérêts réels des paysans. Elle montre que dans les pays où la société civile commence à s'affirmer, les paysans inventent des formes d'organisation au niveau villageois. Mais lorsque celles-ci dépassent le village et risquent de poser des problèmes qui touchent à la nature de l'État, elles sont confrontées à un problème de reconnaissance juridique d'autant plus insurmontable que l'accusation de subversion reste une menace permanente.

Les pouvoirs mesurent parfaitement le poids de ce type d'organisation où peut se faire entendre la voix des paysans avec leurs problèmes réels. L'une des stratégies de l'État consiste à rentrer dans ces structures pour en neutraliser le dynamisme. Il s'agit toujours de contraindre les paysans d'entrer dans des organisations artificielles et de les empêcher de se regrouper selon leurs propres critères.

Au Sénégal, les paysans ont longtemps été « biberonnés » par l'État qui les étouffait sous sa tutelle. Adams montre les tentions entre les groupements de producteurs et la SAED, structure opposée aux initiatives qui échappent à son contrôle. Gela veut tout simplement dire qu'on se situe dans la logique de subordination de la société à l'État. Il semble en effet aujourd'hui que tout ce qui échappe à l'État et va aux organisations non étatiques puis aux

« leaders paysans » porte atteinte à l'intégrité des institutions nationales et la stabilité du régime en place. C'est en ce sens que Adams déclare : « Pour les dirigeants politiques, le développement rural se conçoit sans un véritable mouvement paysan susceptible d'entrer en conflit avec les intér~ts de l'État » (A. Adams, 1985 :113).

Donc toute tentative visant à donner aux paysans un début d'autonomie se heurte au centralisme des regimes qui trouvent insupportables les initiatives prises en dehors de leur espace de domination.

A travers le foisonnement d'expérience et la diversité des structures, on retrouve les grandes tendances qui rendent compte des rapports entre l'État et les paysans. Ceci pour dire que l'État préfère remplir de nombreuses fonctions plutôt que de les confier aux OP. En plus, les groupements paysans sont acceptes si et seulement si leurs activites correspondent aux preoccupations du pouvoir. Dans cette perspective, les structures de developpement rural se definissent en fonction de la strategie des acteurs qui contrôlent le pouvoir. Au lieu de considerer la responsabilite des paysans dans leurs communautes, les pouvoirs se fabriquent des organisations à l'image de leurs projets d'intervention dans les zones rurales. Les OP reposent sur des organismes de developpement qui definissent un certain type de rapports entre l'État et les paysans dans un système où ceux-ci sont de simples executants et non de véritables partenaires. C'est donc pour faciliter leur intervention que les operations de developpement et les projets mettent en place des structures paysannes qui leur conviennent. En ce sens, on comprend toute la pertinence de cette affirmation de H. Dupriez quand il declare que : « Généralement, l'existence et l'efficacité de telles structures (~) sont liées à la seule présence de l'institution publique qui doit exécuter le projet et souvent mme à l'existence d'une subvention extérieure. Dans ce cas, les paysans sont informés que s'ils veulent bénéficier de l'aide extérieure, ils doivent se constituer en groupement de producteurs et respectent les règles fixées par les sociétés de développement » (Dupriez, 1980 :200).

Dans cette pratique, les dirigeants et les developpeurs ont tendance à encourager les profits individuels et collectiviser les pertes. De plus, l'adhésion à ces OP devient obligatoire d'autant que dans certains aménagements hydro-agricoles, on ne peut avoir une parcelle si on n'adhère pas aux groupements officiels. Ce modèle domine dans la plupart des experiences où les organisations ne sont guère le produit des initiatives paysannes mais plutôt des instruments de l'État.

On peut alors deduire que selon cette approche, les « developpeurs » tendent à etouffer les dynamismes internes des societes rurales sans lesquelles les problèmes des villages ne peuvent trouver des reponses inventees par les paysans eux-mêmes. Sur le terrain, on retrouve

l'encadreur qui sait et le paysan ignorant. Le rôle de l'animateur se limite à être une courroie de transmission à sens unique, c'est-à-dire du sommet à la base et l'on pense que tout peut changer si le paysan s'affirme et s'attaque à certains intéréts économiques.

En outre, pour éviter les conflits potentiels, on polarise les paysans sur les sujets qui écartent toute remise en cause pouvant modifier les rapports actuels entre les paysans et le pouvoir. Il peut être difficile de gouverner avec des ruraux capables d'intervenir dans les débats agricoles où leurs intérêts sont en contradiction avec la domination des notables, l'emprise de l'État et les luttes d'influence des responsables du pouvoir ou des élites locales régionales. On s'en tient donc au statu quo en réduisant les problèmes agricoles à des problèmes techniques devant lesquels les villageois doivent reconnaître leur incompétence et leur ignorance.

A travers ces différentes approches exposées dans la littérature, nous avons considéré que c'est l'approche de la gestion de l'interaction développée par Emmanuel Seyni Dione qui correspond le mieux à notre orientation théorique. Cette perspective théorique nous semble pertinente dans la mesure où elle postule le principe selon lequel l'intervention des organismes de développement au niveau des populations locales doit être conçue de manière à ce que la relation entre intervenants et leurs cibles soit horizontale.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille