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Les mécanismes offshores: entre optimisation et évasion fiscale

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par Nabil GRID
Université de Nice Sophia-Antipolis - Master 1 Droit Public parcours Fiscalité 2013
  

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Chapitre 2 : La dimension technique des mécanismes offshores :

La dimension technique des dispositifs offshores se fonde sur le fait que le contribuable qui a recours à ce type d'outils spécifique se doit d'être au courant des problématiques techniques liées à ces derniers.

Par la technicité on entend avant tout la complexité législative qui découle du recours aux législations offshores. Cette complexité passe par la présence de concepts juridiques qui peuvent apparaitre comme des obstacles au recours à te tels mécanismes, on citera la théorie de l'abus de droit ou encore l'acte anormal de gestion(I).

La technicité du système législatif auquel le contribuable sera confronté dans sa recherche est fonction de la nature du paradis fiscal dans lequel il est étable, en effet, les « zero-haven » ou « la théorie des vrais « faux » ou faux « vrais » paradis fiscaux » sont autant d'éléments nécessaires à la compréhension de l'environnement en jeu dans le cadre de nos recherches (II).

Section 1 : Aspect juridique des structures offshores :

La fiscalité offshore est caractérisée par la nécessité d'opérer de perpétuelles nuances pour savoir jusqu'où s'arrête l'optimisation fiscale. Cette limite est une tâche ardue à déterminer de telle sorte que la simple acquisition de biens à l'étranger peut revêtir une facette qu'elle ne disposait pas de prime abord, ainsi, l'acquisition d'un bien occulte à l'étranger peut être constitutive de fraude fiscale.

Paragraphe 1 :La frontière entre l'optimisation fiscale et la finalité des mécanismes offshore :

L'avantage fiscal que peut procurer l'acquisition d'un bien à l'étranger peut sembler légitime, mais pourtant, l'Administration fiscale peut y voir un détournement de la législation fiscale dans le but d'éluder l'impôt et d'autant plus lorsque sont en jeu d'autres législations fiscales.

A. Acquisition de biens à l'étranger

On va ici s'intéresser à la délocalisation des biens à l'étranger dans le but de profiter d'avantages fiscaux et les répercussions que cela a en droit fiscale français.

1 : Cours Monsieur Laroche 1er Semestre/ Fiscalité internationale/ Master 1 droit public parcours Fiscalité

En effet, l'acquisition de biens à l'étranger1peut, à l'évidence être effectuée soit de manière occulte, soit de manière « officielle ». Dans le premier cas, l'intéressé cherche généralement, son seulement à recueillir des revenus, qui évidemment ne seront pas déclarés en France, mais également à faire échapper une partie de sa succession aux droits de mutation à titre gratuit. La seconde hypothèse concerne la personne qui souhaite simplement, par exemple, disposer d'une résidence secondaire à l'étranger ou de divers biens productifs de revenus qu'il entend bien déclarer, mais on va le voir cette volonté suscite des problématiques fiscale liée à la fiscalité offshore.

1. Acquisition occulte de biens à l'étranger

Une personne qui acquiert un bien à l'étranger pense toujours faire une meilleure affaire, que cela soit au niveau ou au niveau de la fiscalité du pays où le bien est acqueri. Le fait est que l'Administration fiscale voit d'un mauvais oeil cette pratique qu'elle considère bien souvent comme étant faite dans un intérêt déterminé.

On ne peut pas faire l'écueil du raisonnement économique dans cette analyse du fait de l'esprit même de l'opération, par exemple, l'acquisition d'un contrat d'assurance-vie à l'étranger sera toujours faite dans un but économique, ce but est bien souvent fiscal.

Le fait est que la perspective de réaliser un bénéfice en bénéficiant d'un régime fiscal offshore en acquérant ce contrat d'assurance-vie est contrecarrer par la vision de l'Administration fiscale sur cet acte, en effet1, les produits attachés aux contrats d'assurance vie souscrits hors de France ainsi que les gains de cession de ces mêmes contrats sont imposables en France comme revenus mobiliers de source étrangère.

Dès lors, les revenus des contrats d'assurance-vie se trouvant dans cette situation seront soumis au barème progressif de l'impôt sur le revenu (IR), sans prélèvement libératoire possible.

Cette acquisition de biens occultes à l'étranger afin de bénéficier d'une législation fiscale favorable est risquée car il faut savoir que des enquêtes systématiques sont réalisées par les services de la DGI dans les agences de voyages, bijouteries et autres salles de ventes.

2. Acquisition « officielle » de biens à l'étranger, les questions de la domiciliation fiscale

a. Le bien dégage des revenus :

1 : http://www.droitissimo.com/impots

La question immédiate à laquelle est soumise la personne qui achète un bien qui dégage des revenus à l'étranger est de savoir si ces revenus sont ou non imposables et s'il faut les déclarer1. Cette question se pose car dans l'esprit du contribuable ce qui est acquis à l'étranger reste à l'étranger, et par voie de conséquence est imposé à l'étranger.

Pour répondre à ces questions, il faut d'abord revenir à la notion de résidence fiscale, pour envisager le sort fiscal de ces revenus en présence d'une convention fiscale internationale, sachant que l'application du convention fiscale internationale suppose la constatation préalable d'une double imposition de la même personne. Cette double imposition doit concerner des revenus réels. Ainsi une personne qui, par exemple, est imposée dans l'un des Etats à raison de la valeur locative de sa résidence ne peut être considérée comme subissant une double imposition justifiant l'application d'une convention fiscale internationale.

Le premier cas est celui où la personne peut être considérée comme domiciliée fiscalement au sens du droit interne des deux Etats, chacun peut donc prétendre imposer la personne sur ses revenus. Le deuxième cas est celui où la personne ne peut être considérée fiscalement domiciliée que dans un seul des deux Etats mais peut tout de même être imposé dans l'autre Etat.

Il en est ainsi de l'article 4A du CGI français qui impose l'étranger (qui n'a pas son domicile fiscale en France) qui dispose d'un bien productif de revenu en France. Par exemple, le belge qui dispose d'un appartement en France estimant que la législation française lui est plus favorable, se devra acquitter des impôts sur ses revenus locatifs sur le fondement de l'article 4A.

La stratégie fiscale peut être la suivante : un couple marié sous le régime de la séparation de biens décide d'aller s'installer dans un pays (frontalier) avec l'une des deux personnes du couple qui reste domiciliée en France et l'autre qui se domicilie à l'étranger, de cette manière cela pourra réduire considérablement les revenus à déclarer en France, et notamment ceux du bien productif de revenus, et ouvrant ainsi la voie au bénéfice d'une législation offshore plus favorable que la législation française.

Or, cette stratégie pour les couples mariés sous la séparation de bien semble être un leurre aux yeux de l'administration en ce qu'elle s'attelle à exiger la preuve d'une résidence séparée en fait, mettant en évidence la dichotomie entre le droit et le fait, moyen de lutter contre l'évasion fiscale internationale. L'administration exige notamment que soit montrée la preuve simultanée de la séparation de bien et l'absence de communauté de vie.

b. Le bien ne dégage pas de revenus :

A priori, l'on pourrait penser que cette personne ne supportera aucune imposition notamment si elle acquiert, par exemple, une simple résidence à l'étranger sans pour autant la donner en location. Dès l'instant où celle-ci ne lui procure aucuns revenus, elle ne générera pas d'impôt sur les revenus.

Cependant pour obliger1 la personne à participer au financement des charges communes, la plupart des législations fiscales des Etats comportent des dispositions qui permettent à ceux-ci d'imposer le contribuable sur la valeur locative de la ou des résidences situées sur son territoire, c'est le cas pour la France au travers de son article 164 C du CGI, en ce que la personne domiciliée à l'étranger qui détient en France d'une résidence sans posséder de revenus reste imposable en France sur trois fois la valeur locative, la personne qui désire donc avoir une résidence secondaire en France, voyant là une sorte de législation offshore doit être avertie.

Ce type de dispositions2 peut paraitre arbitraire, mais la législation fiscale française et ainsi faite, on peut y voir là un trait obscur de la législation fiscale française, mais comme nous le savons l'appréciation du privilège fiscal est sujette à mûre réflexion et à des analyses qui sont fonctions de la personne qui la fait (on citera l'exemple du régime fiscal de faveur présent en France pour les groupes qui peut apparaitre comme un privilège fiscal, alors que pour certains auteurs c'est tout le système fiscale français dans son ensemble qui est complexe.

La frontière entre l'optimisation fiscale et la finalité des mécanismes offshores est sujette à l'interprétation prétorienne lorsque des litiges interviennent dans le cadre de la détermination de cette frontière ténue. Il convient dès lors de comprendre où est la distinction entre optimisation et évasion fiscale après pris connaissance dans le cadre de ces recherches des législations fiscales applicables et des mécanismes offshores possibles.

B. La distinction entre optimisation et évasion fiscales : une définition juridique des concepts indispensable :

Dans les deux cas : à la fois dans le cadre de l'optimisation et dans l'évasion fiscale, la quête est la même : la réduction maximale de l'imposition.

Ces deux notions ont pour particularité d'être des concepts qui ne sont l'objet d'aucune dénotation, or, il est très ardue de comparer deux éléments qui ne sont pas définissable. En effet, les seules définitions possibles résultent d'une réflexion qui parfois n'aboutit à rien de concret.

Une normalisation de ces concepts est requise en ce sens que l'on ne peut fonder la commission d'une fraude fiscale alors qu'au préalable aucune définition légale n'est faite.

a. La distinction doctrinale des deux notions :

L'analyse jurisprudentielle nous permet de dégager les principales caractéristiques de ces deux concepts

1 : « Les Chantiers fiscaux à engager », édition l'Harmattan, Thierry Lambert, 2002 / 2 : www.senat.fr / 3 :www.etudes-fiscales-internationales.com/evasion-fiscale-inte/

· Optimisation fiscale :

L'optimisation fiscale est relative pour certains auteurs à l'habileté et l'intelligence du contribuable de faire sienne la législation afin que celle-ci la serve. Dans le cadre de notre étude, il s'agirait donc d'avoir recours aux législations fiscales internationales pour pouvoir tirer un bénéfice de l'assujettissement à ces dernières.

Cette notion est, en principe, acceptée par à peu près tous les Etats et ses conséquences, licites, sont également reconnus. En France, il est de jurisprudence constante qu'en présence de deux techniques juridiques dont la finalité est identique, il est licite d'opérer un choix en fonction de la fiscalité. En d'autres termes, entre deux solutions qui emportent les mêmes effets juridiques, le contribuable est en droit de choisir celle qui minimise sa charge fiscale.

· La fraude fiscale :

La fraude fiscale est la violation de la loi fiscale afin de ne pas se soumettre aux charges fiscales qui incombent normalement au contribuable. La fraude fiscale présente deux aspects que l'on retrouve souvent dans le domaine juridique : c'est l'aspect matériel en ce sens qu'il y a une violation matérielle de la loi, mais aussi l'aspect intentionnel.

Cet aspect se caractérise par le fait que la violation doit être conduite en connaissance de cause, le contribuable qui commet une telle violation le fait avec la conscience de le faire, et la volonté délibérée.

La fraude fiscale se rapproche clairement de la faute pénale, or le juge ne peut la qualifier en tant que telle.

· L'évasion fiscale :

La notion d'évasion n'existe pas en droit fiscal ou civil français, l'expression évasion fiscale est ambiguë. Son sens général est l'évitement de l'impôt en déplaçant tout ou partie d'un patrimoine ou d'une activité vers un autre pays (l'expression paradis fiscal étant alors fréquemment présente à proximité), sans que le citoyen concerné s'expatrie lui-même (ce serait alors une expatriation fiscale).

L'évasion fiscale représente donc une zone grise entre optimisation et fraudes fiscale, c'est l'objet de nos recherches.

b. Des distinctions sources de confusion :

1 : « Rapport de l'OCDE 3OECD Publishing, 25 avr. 2006

On remarque une vision homogène sur la notion de fraude fiscale : elle constitue une infraction ou un crime dans la majeure partie des Etats. Concernant les notions d'optimisation fiscale et d'évasion fiscale l'homogénéité de la notion n'est pas de mise.

La particularité intrinsèque des deux notions hétérogènes quant à leur vision selon les Etats est qu'elles se fondent toute deux sur la légalité, en ce sens que les opérations dont il est question ne sont pas déclarées illégales par la loi.

C'est l'intention du contribuable qui les distingue : on oppose alors l'ingénierie au montage. Une telle distinction repose cependant sur l'interprétation des Etats et des administrations fiscales. Elle introduit, dès lors, un élément de subjectivité qui met à mal la sécurité juridique des opérations.

Les Etats devraient plutôt rechercher l'intention du législateur dans l'exposé des motifs de la loi et condamner les opérations qui y seraient contraires, sans tenir compte de l'intention du contribuable.

La distinction entre fraude et évasion fiscale n'est pas clairement définie, et apparait abstrait. Pourtant, le BOFIP dispose clairement que l'article 1741 du code général des impôts (CGI) vise quiconque s'est frauduleusement soustrait ou a tenté de se soustraire frauduleusement à l'établissement ou au paiement total ou partiel de l'impôt.

La distinction entre les deux notions apparait d'autant plus subjective que les Etats confrontés à la question des législations fiscales offshores tentent de faire un amalgame entre les deux notions, ce qui laisse une marge de manoeuvre plus importante pour les administrations fiscales. La Suisse qui est un haut-lieu de l'évasion fiscale comme nous avons pu le voir au cours de nos recherches à l'inverse d'autres Etats a toujours eu la rigoureuse intention de distinguer les deux notions.

L'appréciation de ces deux notions au niveau international a été réalisée par L'OCDE qui propose dans son glossaire des termes fiscaux les définitions suivantes. (taxevasion ou taxavoidance), et de fraude fiscale (taxfraud)

· Evitement (Avoidance) : La traduction de l'anglais au français n'est pas unanime mais tous les auteurs s'accordent à dire qu'il s'agit bel et bien d'un contournement de la loi fiscale visant à réduire la charge fiscale due par le contribuable.

· Evasion (Evasion) : La traduction est unanime, il s'agit du non-paiement de la charge fiscale qui est due.

· Fraude (fraud) : la fraude fiscale est une forme délibérée d'évasion qui revêt généralement un caractère pénal. Ici, il y a une notion en plus qui est celle de la violation.

La détermination de la frontière entre l'optimisation fiscale et l'évasion fiscale est un passage incontournable dans le cadre de l'étude des dispositifs fiscaux offshores, elle est importante dans le cadre de la compréhension de la dimension technique de ces mécanismes. Il découle de cette technicité un impact jurisprudentiel au rang desquels nous rangerons la théorie de l'abus de droit et la lutte contre la concurrence fiscale dommageable au sein des groupes.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon