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Les mécanismes offshores: entre optimisation et évasion fiscale

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par Nabil GRID
Université de Nice Sophia-Antipolis - Master 1 Droit Public parcours Fiscalité 2013
  

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Paragraphe 2 : Les vrais « faux » ou faux « vrais » paradis fiscaux :

La théorie des vrais « faux » ou faux « vrais » paradis fiscaux est l'idée selon laquelle la base commune à tous ces Etats membres est la faiblesse (volontaire ou non) des charges fiscales qui incombent aux contribuables, mais leurs agissements dans le cadre internationale, certaines de leurs dispositions législatives ou encore les relations entretenus avec des Etats luttant contre l'évasion fiscale font que l'on en vienne à se demander s'il ne s'agirait pas de « faux paradis fiscaux ».

A. Les Bahamas, une place paradisiaque de l'offshore :

Il s'agit d'une ancienne colonie dont le nom complet est le Commonwealth des Bahamas (de son nom officiel).

Les Bahamas1 est le paradis fiscal par excellence.

1 :http://www.impots.gouv.fr/

2 :http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse?codeAnalyse=1293

Les seules2 dispositions fiscales dans ce pays se résument à une déduction de 3,4 % de la rémunération (un taux qui ne mérite aucune comparaison avec la France: entre la CSG, CRDS, déduction forfaitaire de 10%).

Concernant les travailleurs indépendants, ils doivent payer eux-mêmes la totalité du montant.

Pour les expatriés, il peut être possible d'obtenir un remboursement de cotisations à la retraite, mais seulement s'ils retournent dans leur pays d'origine et cela dépendra aussi du temps durant lequel ils ont travaillé dans le pays.

Il existe aussi un droit de timbre qui est un impôt qui pourrait être dû dans un certain nombre de circonstances, notamment sur les achats de biens immobiliers et pour l'envoi de grandes quantités de devises à l'étranger.

Le plus faible taux de droit de timbre est de 2%, mais le plus grand est de 8% sur les transactions immobilières de plus de 100.000 $. Ces frais sont normalement partagés entre l'acheteur et le vendeur. Une charge de 1% est appliquée aux prêts hypothécaires et payés par l'emprunteur. Les frais pour l'envoi d'argent à l'étranger sont calculés à 0,25%.

L'inscription des Bahamas sur la première liste des paradis fiscaux de l'OCDE en 2000, a entrainé le développement de l'idée selon laquelle les années 2000 allaient sonner le glas de la fin du statut de régime fiscale privilégié. Sensibles à la pression de la communauté internationale en raison de leur dépendance aux revenus touristiques, ils s'engagent dès lors à améliorer leur réputation. Ils prennent des mesures concrètes afin de diminuer le nombre de sociétés utilisant leur territoire à des fins d'évasion fiscale ce qui a entrainé le fait que Les Bahamas ont été retirées de la "liste grise" des paradis fiscaux par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) après avoir signé 18 accords d'échange d'informations fiscales.

Mais il n'en reste pas moins que même si des mesures drastiques ont été prises afin de limiter cet « exode fiscal », « paradis fiscal » est une dénomination qui va bien à cet archipel en ce qu'il n'existe aucun impôt sur les personnes physiques aux Bahamas et aucun droit de succession.

Le décret n° 2010-1509 du 8 décembre 2010 portant publication de l'accord sous forme d'échange de lettres entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Commonwealth des Bahamas, ne vise pas à fustiger la fiscalité quasi inexistante aux Bahamas mais vise avant tout à plus d'échange d'information pour que l'Administration fiscale française puisse rattraper les évadés fiscaux.

En effet, l'accord signé entre les deux parties obligent les deux Etats à une obligation mutuelle quelle que soit l'origine du ressortissant faisant l'objet du contrôle « les renseignements doivent être fournis conformément au présent Accord par l'autorité compétente de la Partie requise, que les renseignements portent ou non sur un résident, un ressortissant ou un citoyen d'une Partie contractante ».

Concernant les impôts en jeu lors de l'échange d'information, cela concerne les impôts existants prévus par les dispositions législatives et réglementaires des parties contractantes, c'est-à-dire que si l'Administration fiscale soupçonne une entreprise d'évasion fiscale en matière d'impôt sur les sociétés, elle pourra très bien recueillir les informations nécessaires auprès des autorités des Bahamas pour savoir si le but à réellement été d'éluder l'IS en s'installant dans cet Etat.

L'accord prévoit aussi la fourniture d'information sur demande car l'autorité compétente devra fournir des informations dès que l'autre partie le lui demandera. Ces renseignements doivent être échangés, que la Partie requise ait, ou non, besoin de ces renseignements à ses propres fins fiscales ou indépendamment du fait que l'acte faisant l'objet de l'enquête aurait constitué, ou non, une infraction pénale au regard du droit de la Partie requise s'il s'était produit dans la Partie requise.

Les Bahamas restent donc une place emblématique de l'offshore, les accords en matière d'échanges d'informations fiscales venant simplement se poser comme mesure de dissuasion. La jurisprudence du Conseil d'Etat témoigne de ce constat.

On citera à titre d'exemple jurisprudentiel le cas de banque française, dont la filiale implantée aux Bahamas qui exerce une activité de banque privée internationale consistant en la collecte de fonds de clients particuliers nord-américains intéressés dans le placement de leurs avoirs aux Bahamas et dont l'implantation sur ce territoire lui a permis d'acquérir une clientèle spécifique qui n'aurait pas réalisé ses placements en France. Cette banque française apporte la preuve qui lui incombe en vertu de l'article 209 B du CGI que l'implantation dans un pays à régime fiscal privilégié de cette filiale, n'avait pas, pour elle, principalement pour objet d'échapper à l'impôt français1. L'on comprend que cette société française à réussi à échapper à l'article 209 B car elle a prouvé que l'intérêt de son installation aux Bahamas était avant tout marketing (captation d'une nouvelle clientèle) et non fiscal.

Au même titre que les Bahamas, la fiscalité des Bermudes est sans nul doute celle d'un pays à fiscalité privilégiée, pourtant ce pays a été retiré de la liste des ETNC.

1 :CE 26 décembre 2012 n° 349070, 9e s.-s., min. c/ Sté BNP Paribas : RJF 3/13 n° 271

B. Le retrait injustifié des Bermudes de la liste des Etats non coopératifs :

Parmi les Etats et territoires non coopératifs : la liste au 1er janvier 2014 qui se limite à huit pays uniquement est tombée, on ne retrouve pas les Bermudes. Le journal le Monde précise qu'Elisabeth Guigou (présidente PS de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée) et Christian Eckert (rapporteur général PS du budget à l'Assemblée) ont dénoncé ce retrait dans un communiqué commun. Ces derniers trouvent injustifiée la sortie de Jersey et des Bermudes de la liste « au regard des derniers travaux du Forum mondial sur la transparence, organisés sous l'égide de l'OCDE, publiés à la suite de la réunion de Jakarta les 21 et 22 novembre derniers, un tel retrait n'est pas justifié, précisent-ils.

On parle de retrait injustifié des Bermudes car les caractéristiques fiscales de ce pays sont celle d'un paradis fiscal en tant que tel.

Parmi ces caractéristiques on citera le fait :


· Qu'il n'y ait pas d'impôt sur le revenu aux Bermudes et qu'il n'y ait aussi pas d'impôt sur les sociétés.


· Logiquement, il n'y a pas de déclarations d'impôt sur le revenu ce qui attire les célébrités.


· Les travailleurs indépendants doivent s'inscrire auprès de l'administration fiscale dans les 7 jours à compter de la création de l'entreprise afin que cette taxe puisse être mise en oeuvre. Si ces paiements sont effectués en retard alors des amendes seront appliquées.

On voit à travers ces minces dispositions fiscales que les Bermudes, sont certes dotés de dispositifs fiscaux mais aucune comparaison n'est possible avec la fiscalité française, de ce fait, il est aujourd'hui cohérent d'affirmer que les Bermudes sont bel et bien un pays à fiscalité privilégiée, une place où l'évasion fiscale est envisageable.

C. Le Luxembourg, un pseudo paradis fiscal à l'européenne

Le Luxembourg appartient à l'UE et ne fait donc par partie de la liste des Etats non-coopératifs, par rapport aux autres Etats le Luxembourg dispose d'une fiscalité appliquée aux personnes physiques et morales qui est beaucoup plus lourde que celle des Bermudes ou des Bahamas, mais qui reste attractive par rapport aux taux français ce qui fait que l'on ne peut pas parler de paradis fiscal mais de pays à fiscalité attractive.

Concernant l'impôt sur les sociétés, les sociétés considérées comme résidentes (c'est-à-dire ayant leur siège statutaire ou leur administration centrale) au Luxembourg sont imposables sur leurs bénéfices mondiaux.

Les sociétés étrangères ne imposables au Luxembourg qu'à raison de leurs revenus de source luxembourgeoise : revenus immobiliers ; dividendes ; plus-values ; intérêts...

Taux d'imposition effectif

28.8%

Contre 33,1/3% en France

Impôt minimal forfaitaire (sachant qu'en France l'IFA a été supprimé)

1500€

Impôt sur la fortune

0.5% de l'actif net

En matière d'impôt sur les sociétés, le Luxembourg attire par ces taux plus faibles que la France (28,80% contre 33,1/3%). Tout comme en France, il existe une multitude de taxation sur les opérations financières comme la taxation des plus-values caractérisée par l'imposition au taux standard de l'impôt sur les sociétés, sachant qu'il existe une exonération de la plus-value si la société-mère luxembourgeoise détient au moins 10% du capital de sa fille depuis au moins 12 mois (régime mère-fille luxembourgeois).

Concernant l'imposition des personnes physiques, l'imposition sur les revenus se caractérise de la sorte :

Revenu annuel imposable en euros :

Taux :

Jusqu'à 11 265 €

0% (alors qu'en France on serait dans la tranche à 5.5%)

De 11 265€ à 13 173€

8% (alors qu'en France on serait dans la tranche à 14%)

De 13 173€ à 41 793€

Augmentation de 2% par tranche de 1908 € (en France on serait entre la tranche à 30% et 41%)

Plus 41 739 €

39% (en France nous sommes à 45% pour la fraction supérieure à 151.200 euros.)

Contribution au fond pour l'emploi

4% pour les revenus inférieurs à 150 000€ et 6 % au-delà.

Ainsi, en 20081, le pays est placé sur la liste grise des paradis fiscaux de l'Organisation de coopération et développement économiques (OCDE), il rectifie aussitôt le tir. Il accepte que l'échange d'information ne passe plus nécessairement par la voie judiciaire, mais directement entre les administrations. Quelques semaines auparavant, le pays s'y opposait encore.

Le Luxembourg, qui a le statut de « paradis fiscale d'Europe », même s'il a été retiré de la liste grise de l'OCDE, était attaché au secret bancaire ce qui faisait de lui un Etat duquel l'Administration fiscale française se méfiait. Or, depuis le 20 mars 2014 le Luxembourg va devoir lever le secret bancaire au mépris de sa qualification d' « european offshore place » que les journalistes du Figaro et du Monde lui ont donné.

Ainsi, le Luxembourg et l'Autriche ont donné leur feu vert jeudi à la loi européenne sur la fiscalité. Ce texte, en souffrance depuis 2008, doit permettre d'étendre l'échange automatique d'informations fiscales aux versements effectués par des trusts ou des fondations, et non pas seulement par des personnes physiques. Il constitue donc un élément important de l'arsenal de l'Union pour lutter contre l'évasion fiscale et le secret bancaire, même s'il n'est pas le seul.

1 : Evasion fiscale. Après la Suisse, le Luxembourg va lever le secret bancaire/ Journal Le Parisien/ Rubrique Economie

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo