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La performance de l'achat public

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par Jérémy FASS
Université de Montpellier - Master 2 contrats publics et partenariats 2016
  

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B. La difficile sanction de l'obligation

A la recherche d'une coercition performante. La performance a ceci de particulier qu'il est difficile de la sanctionner. Exiger le paiement d'une somme en raison d'un comportement anti-performant est critiquable au regard des difficultés financières des personnes publiques, qui justifient elles-mêmes le recours à une vision performante. L'incitation semble davantage adaptée.

Pour autant il faut se demander si l'utilisation d'une sanction pécuniaire sanctionnant la non-performance ne permettrait pas de faire comprendre aux personnes publiques qu'une vision davantage stratégique et managériale, serait un changement de bon augure pour elles. A l'image du référé contractuel qui n'est que peu utilisé, l'ombre de la sanction pourrait suffire à convaincre les services achats d'user de nouveaux outils et de veiller à une vision performancielle de leurs achats.

L'absence de sanction pour faute de gestion contractuelle. Un mauvais management n'est pas sanctionné juridiquement. Il peut l'être politiquement, mais seulement pour de graves manquements. Cette responsabilité politique est pourtant insuffisante car elle est incertaine.

286 J. DESMAZES, « Achats publics : la problématique conciliation des dimensions managériale et juridique de la responsabilité publique », in Politiques et management public, vol. 19, n° 1, 2001. Les nouvelles exigences de la responsabilité publique, Actes du dixième colloque international, Paris, 2000, T. 1, pp. 81-102.

287 A. BARILARI, « Réforme de la gestion publique et responsabilité des acteurs », AJDA, 2005, p. 696.

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Seule une pénalisation des pratiques irrégulières des responsables politiques est prévue. On pense notamment au délit de favoritisme288, à la prise illégale d'intérêts289, au trafic d'influence290 ou encore à la corruption291. Il est certain que ces pratiques doivent être sanctionnées. Toutefois, seul le favoritisme permet indirectement une sanction de l'efficacité à proprement parler. C'est en effet le non respect des principes fondamentaux qui est alors sanctionné, or on a déjà vu que le respect de ces principes était aussi gage d'efficacité.

Ainsi non seulement la contre-performance n'est pas sanctionnée, mais le choix de la voie pénale est aussi symptomatique de l'inadaptation du contrôle de l'efficacité de l'achat public.

Le contrôle pénal vise les personnes ayant eu des comportements irréguliers, tandis que les sanctions administratives visent davantage les institutions. Cette pénalisation est une thérapie et a une fonction dissuasive. La matière des marchés publics a été entachée de nombreux débordements et atteintes à la réglementation. Sévir pénalement a donc eu un but pédagogique afin que la réglementation des marchés publics soit respectée292. Cependant, à l'heure où une approche managériale des marchés publics doit rattraper son retard, cette pénalisation constitue une rigidité qui participe à une vision trop juridique de l'achat public. Les acheteurs se focalisent sur la réglementation par peur de la sanction pénale. Sans compter que certaines de ces sanctions dans leurs rédactions actuelles peuvent parfois faire obstacle à des pratiques qui seraient pourtant les bienvenues, comme le sourcing par exemple. La pénalisation devait faire peur. C'est réussi. Toutefois cette logique punitive ne saurait être parfaitement adaptée pour cette fois servir l'efficacité.

L'incitation contractuelle. Des mécanismes contractuels existent pour que les personnes publiques encouragent et veillent à un comportement performant de la part de leurs partenaires. Aussi l'article 17 du décret relatif aux marchés publics de mars 2016 traite des prix et prévoit que « des clauses incitatives peuvent être insérées dans les marchés publics notamment aux fins d'améliorer les délais d'exécution, de rechercher une meilleure qualité des prestations et de réduire les coûts de production. »293 L'incitation plus que la sanction

288 Code pénal, Art. L. 432-14.

289 Code pénal, Art. L. 432-12.

290 Code pénal, Art. L. 432-11.

291 Code pénal, Art. L. 432-11.

292 C. PREBESSY-SCHNALL, « la pénalisation du droit des marchés publics », coll. Bibliothèque de droit public, LGDJ, 2002.

293 D. n° 2016-360 du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics, Art. 17.

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semble être une contrainte plus efficace. Cela revient au paiement de prime à la performance294. Cependant ce type de clause n'est d'une part pas obligatoire et ne s'attache d'autre part qu'à garantir la performance qu'au stade de l'exécution du contrat.

Des pénalités sanctionnant la performance peuvent être prévues également, mais leur mise en oeuvre est bien souvent plus cher que la pénalité elle-même et surtout, cette méthode ne favorise pas une relation de confiance avec le prestataire. L'équilibre contractuel peut vite se rompre avec un usage excessif de pénalités. De même ces pénalités n'agissent qu'au stade de l'exécution.

Au-delà de la sanction, c'est le contrôle la performance qui joue un rôle central (II).

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