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La performance de l'achat public

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par Jérémy FASS
Université de Montpellier - Master 2 contrats publics et partenariats 2016
  

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B. L'achat public : un acte économique saisie par l'exigence de performance

L'achat public, un acte économique régit par le droit public de l'économie. L'économie recouvre aussi bien les activités de production, de distribution, que de consommation des richesses. L'achat public se rapportant au volet « consommation » de l'économie, l'achat est un acte économique. L'Administration intervient donc à ce titre sur le marché. Les pouvoirs adjudicateurs vont donc être autant soumis à la libre concurrence au même titre que n'importe quel autre opérateur économique.

Cependant, le droit de l'Union Européenne a toujours considéré que les acheteurs publics n'avaient pas un comportement normal sur un marché, c'est à dire que dans certains cas ils pouvaient être guidés par des choix non-économiques. La crainte de l'Union Européenne est que les Etats membres favorisent leurs entreprises nationales. C'est notamment pour cette raison que le droit administratif français a été « saisi par la

concurrence »103.

Paradoxalement, ces procédures de mise en concurrence et de publicité signifient aussi que l'Etat « choisit de réduire son altérité et de se penser dans les formes communes de l'entreprise. »104 Le lien entre l'Etat et l'économie s'en trouve restauré. A l'austérité vis-à-vis du marché et de sa « logique dégradante »105 va succéder une logique partenaire entre le droit et l'économie, à tel point que l'Etat va se voir contraint de se réaliser « lui aussi, sur le terrain de l'économie. »106

La nature économique de l'achat suppose une lecture performancielle des procédures qui s'y rattachent. « Si les indicateurs financiers sont essentiels dans un cadre privé, ce n'est pas le cas pour le secteur public. Sauf dans l'hypothèse d'activités industrielles et commerciales »107 Or les marchés publics sont précisément le support d'une activité commerciale des personnes publiques. Il apparaîtrait donc logique qu'en matière d'achat, l'exorbitance laisse place à la performance.

Cette nouvelle conception juridique s'inscrit au sein du droit public de l'économie qui correspond à « la partie du droit public (qui régit l'action des personnes publiques), qui

103 J. CAILLOSSE, « Le droit administratif français saisi par la concurrence ? », AJDA 2000, p.99.

104 Ibid.

105 Ibid.

106 Ibid.

107 G. DESMOULIN, « La recherche de la performance des politiques publiques. De l'illusion à la raison ? », art. préc.

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porte sur le domaine de l'économie »108. Ce droit depuis 1945 s'est en effet structuré autour de plusieurs thèmes, au nombre desquels on trouve évidemment les contrats de la commande publique109. Or ce droit économique, tout public soit-il, a ceci de précieux qu'il emprunte aux différentes branches du droit. Cette approche globale du droit public économique est revendiquée110, de telle sorte que la distinction traditionnelle entre droit privé et droit public ne fait alors plus sens. Il s'agit donc « du triomphe d'une troisième voie »111 car ce droit doit par essence régir les relations entre l'Administration et les opérateurs économiques112.

Finalement c'est à ce droit public de l'économie qu'il revient d'évoluer et de faciliter l'incorporation des méthodes du secteur privé. La logique de performance devrait donc pouvoir être prise en compte par le droit des marchés publics.

La prise en compte par le droit des marchés publics d'une logique de performance. « La rationalité managériale a pénétré dans l'administration, non pas en marge ou à côté du droit, mais en empruntant le canal juridique »113, révolutionnant de facto « la constitution juridique de l'Administration » 114 . Ainsi l'instrument ayant permis l'avènement d'un service public performant a bien été le droit.

Le droit administratif économique a donc bien sûr était remanié pour prendre en compte cette nouvelle exigence. Dans une optique d'optimisation des ressources utilisées par les administrations afin d'accomplir un service public de qualité, des réformes successives du Code des marchés publics ont permis d'assouplir les règles de passation.

La compatibilité de l'achat public avec une vision performante est désormais affirmée. De plus, la technique d'incorporation de cette exigence économique de performance est à présent connue : ce sera le droit public économique. Or l'adéquation de ce droit avec l'exigence de performance semble bien meilleure, puisque il s'agit d'un droit commun, qui n'est normalement en rien exorbitant, comme on avait pu le dire pour le droit administratif.

L'exorbitance du droit de l'achat public, un nouveau combat pour la notion de performance. Malgré le fait que les marchés publics soient des contrats qui de par leur objet

108 P. DEVOLVE, Droit public de l'économie, Dalloz, 1998, p.1.

109 S. BRACONNIER, Droit public de l'économie, coll. Thémis Droit, PUF, 2015.

110 D. LINOTTE, R. ROMI, Droit public économique, 7e éd., LexisNexis, coll. Manuel, 2012, p. 11.

111 Ibid., p. 12.

112 S. NICINSKI, Droit public des affaires, op. cit., p. 9.

113 J. CHEVALLIER, « Le droit administratif vu de la science administrative », AJDA 2013, p.401.

114 J. CAILLOSSE, La constitution imaginaire de l'administration, coll. Les voies du droit, PUF, 2008.

sont des contrats administratifs identiques à ceux de droit privé. Ceci a pu être affirmé avec beaucoup de force par le passé115. Pourtant ce secteur est « un des secteurs où la spécificité du droit public s'est affirmé le plus clairement. » 116

L'achat public performant, en passant par le droit public économique, évite ainsi l'exorbitance originelle et contre performante du droit administratif. Cependant, il reste à accomplir une difficile et paradoxale conciliation de l'efficacité de l'achat public, avec les règles spécifiques applicables aux pouvoirs adjudicateurs et fondées sur la libre concurrence. Il faut ainsi faire face à une nouvelle forme d'exorbitance puisque seules les personnes publiques se voient contraintes dans leur comportement pour parvenir à une action en conformité avec une concurrence qui doit paradoxalement être libre. Cette exorbitance est certes un obstacle moindre que celle du droit administratif, puisque le droit public économique ne se définit pas à travers elle, pour autant la constitution juridique de l'achat public attend encore d'être révolutionnée et c'est tout l'enjeu de cette étude que de donner les clés pour parvenir à une pleine et entière correspondance entre l'exigence de libre concurrence et celle de performance, lorsqu'elles sont toutes deux appliquées aux personnes publiques.

Ce premier enjeu qu'il faut prendre en compte afin de définir une obligation de performance n'est pas le seul. Il est également indispensable de relever que la seconde difficulté pour garantir une performance de l'achat public, est la globalisation à laquelle obéit désormais cette dernière. Puisque loin d'avoir pour unique objectif de permettre un achat public efficace, cette performance se voit confier de multiples objets (section 2).

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115 F. LLORENS, Contrat d'entreprise et marché de travaux publics, LGDJ, 1981.

116 L. RICHER, Droit des contrats administratifs, Op. cit., p. 311.

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