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Rendement Interne du College Charles Lwanga de Sarh (Tchad): Cas de la cohorte 1987-1994

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par Mekone Tolrom
Universite de Toulouse 1, Sciences Sociales - Diplome d'Universite: Ingenierie de la Formation et des Systemes d'Emploi 2007
  

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Paragraphe 2 Calculs des indices de sélection et de productivité

Nous consacrons ce paragraphe au calcul des indices de sélection et de productivité. A. Indice de sélection

La sélection « est le résultat de toute une série de décisions qui peuvent être prises, soit par l'étudiant, soit par les enseignants, mais aussi par les employeurs » (OCDE) sur des critères préalablement fixés par ces différents centres de décision en vue de ne laisser accéder à un point donné que ceux qu'on estime éligibles. A ce titre, la sélection ne peut avoir pour effet que de produire une pyramide avec à la base les candidats et au sommet les prétendus éligibles qui ont pu arriver au point choisi. Dans le cas du Collège Charles Lwanga de Sarh, les tests d'admission, les examens, le respect de la discipline sont autant de points de sélection qui réduisent au fur et à mesure le nombre des candidats éligibles.

Levy-Garboua, cité par Gravot19, distingue trois stades principaux de la sélection : la sélection initiale à l'intérieur de laquelle on trouve l'auto-sélection, la présélection, la sélection en début de cursus et la sélection finale, la sélection terminale ou post-sélectivité et la sélection postscolaire. Au premier stade, l'auto-sélection consiste pour le candidat à

19 Pierre Gravot, Cours d'Economie de l'Education, UT1, 2007

l'entrée d'un établissement à abandonner son choix d'y entrer ou de quitter l'établissement en cours d'étude pour toute une série de raisons. La présélection consiste à admettre les candidats après consultation de leur dossier. La présélection géographique (l'établissement de formation ne se trouvant pas à proximité du lieu de résidence du candidat) et monétaire peut aussi éliminer certains candidats. La sélection en début du cursus correspond au fort taux d'échec qu'on constate souvent dans le premier cycle de l'université, le taux de réussite au DEUG de droit en est un exemple. Au deuxième stade, La post-sélectivité se situe à l'examen final de référence, le baccalauréat pour le cas du Collège Charles Lwanga avec cette nuance que ce diplôme est national et ne dépend donc plus de l'établissement qui a formé. Au troisième stade, la sélection postscolaire - qui ne nous intéresse pas dans le cadre de cette recherche - est faite par le marché du travail

Pour calculer le taux de post-sélectivité en supposant que le baccalauréat est le diplôme final de référence, on emploiera la formule suivante :

e2 e3 e4

n2 * n3 + n4 + ~

Où les n mesurent les effectifs d'inscrits dans l'année i et les échecs au même niveau. Considérons le nombre de redoublants en classe de Cinquième comme e2 et remontons jusqu'en classe de Terminale que nous notons e7. Faisons de même avec les effectifs de la classe de Cinquième (n2) à la classe de Terminale (n7). Le taux de post-sélectivité du Collège Charles Lwanga serait égal à :

e2 e3 e4 e5 e6 e7
n2 + n3 + n4 + n5 + n6 + n7

Application numérique:

4 4 6 8 12 0

89+ 83+ 84+ 70+ 69+ 39 = 0,45

Le résultat ici ne nous sert vraiment pas car il est biaisé par le fait que des 87 élèves entrant nouvellement en classe de Sixième ajoutés au 10 redoublants, nous ne savons pas lesquels sont admis, lesquels ont repris leur classe, lesquels ont abandonné, etc. L'exercice n'aura servi qu'à montrer à quoi pourrait ressembler le taux de post-sélectivité pour une cohorte donnée. Gravot20 nous fait remarquer « qu'en multipliant ce taux de post-sélectivité par le taux de sélection initiale, on obtient le taux de sélectivité totale de la filière correspondante ».

B. Indice de productivité

La détermination du taux de productivité des établissements de formation varie selon l'angle sous lequel on se place. Sous l'angle des activités, il est égal au rapport des effectifs-élèves sur les effectifs-enseignants. C'est l'inverse du taux d'encadrement. Dans l'enseignement supérieur, on distingue dans l'effectif des enseignants l'effectif physique, le potentiel et la charge effective d'enseignement. Cette considération n'est pas transférable à l'enseignement secondaire où les taux sont fixés statutairement par le ministère de l'éducation et ne nous intéresse donc pas. Nous retenons simplement que lorsque la productivité augmente, cela signifie que le taux d'encadrement baisse et que cela entraine une diminution de la qualité de la formation offerte par les établissements.

La détermination du taux de productivité en termes de valeur ajoutée est ce qui nous intéresse ici. Sous cet angle, elle égale:

DIP
ENS

Si on considère R, le rapport diplômés/inscrits:

DIP
INS

20 Pierre Gravot, Cours d'Economie de l'Education, UT1, 2007

et E le rapport enseignement/inscrits :

ENS
INS

sachant que R exprime le taux de réussite et E le taux d'encadrement, la nouvelle expression de la productivité sera :

R

P= E

L'égalité est parfaitement démontrée si on procède à la décomposition suivante :

DIP

P = /

INS

ENS
INS

Equation qui égale :

DIP INS

P= INS * ENS

Dans cette nouvelle expression où nous avons multiplié le premier terme par l'inverse du second, le dénominateur du premier terme (INS) divise le numérateur du second (INS) et nous retrouvons l'égalité initiale :

DIP

P= ENS

Dans le cas du Collège Charles Lwanga de Sarh, nous pouvons calculer le taux de réussite global ou par niveau connaissant l'effectif des inscrits et celui des diplômés. En revanche, nous ne pouvons pas calculer le taux d'encadrement car ne possédant pas des données exactes sur cet aspect, ce qui nous empêche du coup de calculer le taux de productivité de l'établissement. Le taux de réussite globale négligeant l'effectif des admis en classe intermédiaire et des redoublants de la classe de Sixième est égale à:

39

87 = 0,44

Le taux de réussite par niveau, s'il est calculé, sera exagérément biaisé par le nombre des admis en classe intermédiaire ou des redoublants car on peut remarquer par exemple que l'effectif en classe de Cinquième est supérieur à celui de la Sixième. C'est qui veut dire qu'arithmétiquement, le nombre des personnes ayant réussi dépasse celui des personnes inscrites !

Section 2 Interprétation des indices et taux de rendement interne

Dans cette section, nous tenterons d'interpréter objectivement les taux calculés en nous référant aux données nationales pour ensuite verser dans une interprétation conditionnelle en déplaçant le principal argument des ressources.

Paragraphe 1 Interprétation par référence

Après avoir repéré les références nationales sur lesquelles peuvent être fondée l'interprétation des taux calculés, nous tenterons d'opérer une comparaison entre le système général tchadien et le Collège Charles Lwanga et nous prononcer sur la fonction « sélection » de cet établissement.

A. Données de référence

»21

Il s'agit en premier lieu de montrer la « pyramide éducative du Tchad tirée du site

internet Pole-Dakar. Cette pyramide montre la progression des effectifs du primaire au secondaire.

21 http://www.poledakar.org

Selon ce document de source originale Banque Mondiale: Division de la Population des Nations Unis, ONUSIDA publié en 2002-2003, la « pyramide éducative» du Tchad pour l'année académique 1990-1991 a un sommet très pointu. Avec 59% de taux de scolarisation brut à l'entrée au primaire, l'atteinte de la fin de ce cycle n'est que de 19%. Des 10% seulement des élèves provenant des 19% du primaire, 5% arrivent en fin de cycle secondaire. Des 5%, 3% seulement arrivent au second cycle pour finir à 2% enfin de ce cycle.

1er

Globalement, 58% vont du primaire au secondaire cycle et 57% du premier cycle au

second cycle.

Selon le rapport national présenté à la 45e session de la Conférence internationale de l'Education (Genève, 30 septembre-5 Octobre 1996), le taux de passage du secondaire 1er cycle au secondaire général 2e cycle est de 51,4% au total dont 52,9% pour les filles pour l'année académique 1994-1995. Le taux de redoublement au secondaire est de 23,1% dont 21,7% pour les filles pour la même année. Le taux d'abandon pour le même cycle et la

même année est de 12,8% dont 13,5% pour les filles. Selon le rapport, l'âge de recrutement dans le secondaire progresse de 12 à 15 ans dans le même cycle. La norme horaire prévue par la législation nationale est de 18 heures à 21 heures dans le secondaire général. Du point de vue de l'encombrement dans les classes, le rapport donne 74,3 « avec des contrastes de 16 élèves par classe dans les zones peu peuplées à 130 élèves par classe dans les grandes agglomérations ».

B. Comparaison avec le système

Sur 77 élèves qui entrent au Collège Charles Lwanga de Sarh en classe de Sixième et les 10 redoublants qui s'y sont ajoutés l'année académique 1987-1988, 84 ont atteint la classe de Troisième soit un taux de 96,55% en précisant que le taux d'admission directe dans les classes intermédiaire fera varier en moins ce résultat. Le taux de survie montrée par la pyramide éducative de 1990-1991 est de 50% sachant que 10% entrent en Sixième pour finir à 5% en Troisième, ce qui est presque conforme à la source gouvernementale qui indique 51,4% comme taux de passage du premier cycle au second cycle. Dans le calcul des taux de réussite, nous avons renoncé à calculer les taux par niveau à cause de l'effet des admissions dans les classes intermédiaires qui sera très important. Néanmoins, le taux de réussite entre la Sixième et la Troisième nous a permis d'effectuer la comparaison qui nous intéresse.

Pour le second cycle, sur 70 élèves admis en classe de Seconde y compris les redoublants, 39 arrivent en Terminale soit un taux de réussite de 55,71%. La pyramide éducative montre 3% à la base du second cycle et 2% au sommet soit un taux de réussite de 66,66%. Deux remarques: d'une part, nous employons indifféremment les termes « taux de passage » et « taux de réussite» pour les progressions de cycle en cycle ou à l'intérieur des cycles, d'autre part si nous utilisons la formule du nombre de « diplômes» sur « inscrits », nous obtiendrons des chiffres dans l'ordre de 0,55, ce qui égalise le résultat lorsque l'on procède simplement par la règle de trois en obtenant 55%.

Le rapport national indique un taux de redoublement de 23,1% au secondaire. Le tableau que nous avons précédemment présente un taux de redoublement moyen de

10,64% pour les deux cycles du secondaire. Le nombre moyen de 74 élèves par classe avec un maximum de 130 et un minimum de 16 est inférieur à celui du CCL qui est de 74,42. La comparaison offre un chiffre supérieur pour le CCL (85,75) si l'on prend en compte uniquement le premier cycle. La moyenne au second cycle de l'établissement est de 44,7 avec le chiffre le plus élevé de 70 en classe de Seconde, les autres ne dépassant guère la quarantaine.

A première vue, les chiffres sont très proches. Mais méfiez-vous ! Le Tchad est un pays très vaste, très peuplé dans certaines zones et peu peuplé dans d'autres comme l'indique le rapport. Aussi, une moyenne n'a que peu de sens dans cette analyse. Il en est de même des chiffres relatifs au taux de réussite. La qualité de la formation au Collège Charles Lwanga de Sarh est largement supérieure à celle des autres établissements. Le baccalauréat est une belle preuve qui montre la réussite à 100% presque chaque année dans toutes les séries alors que le taux national plane en dessous de 50%.

L'âge des élèves et le taux d'abandon ne pourront pas être comparés ici car les données dont nous disposons ne divulguent pas l'âge réel des élèves dans le secondaire tchadien ainsi que le taux d'abandon pour le Collège Charles Lwanga de Sarh qui n'est pas disponible.

Comparé aux données nationales, l'effectif des filles au CCL est très bas. Ceci peut avoir pour raison la sélection à l'entrée en classe de Sixième mais l'effet de l'offre doit être une des raisons majeures. Les élèves de l'établissement proviennent de presque toutes les régions du Tchad. Les filles connaissent un taux de scolarisation plus bas que les garçons et les pesanteurs sociales traditionnelles constituent pour elles un grand frein à l'accès aux établissements de formation spécialement lorsqu'ils se situent dans des régions distantes de leur région de résidence. De Moundou, une ville située à 300 km de la ville de Sarh où se situe le CCL, un collège catholique féminin (Collège Notre Dame de Moundou) arrive à faire admettre ses diplômées mais en nombre très restreint.

En conclusion, le rendement scolaire du Collège Charles Lwanga de Sarh n'est pas une question d'intelligence de classe mais de ressources socioéconomiques que nous

tenterons de circonscrire dans le paragraphe suivant. Mais avant cela, examinons la fonction « sélection » de cet établissement.

C. Sélection et rendement du CCL

Quelle est la part de la sélection dans le rendement scolaire du CCL? Il n'y a pas de barème standard pour mesurer le niveau de sélection d'un établissement. Dans le cas du CCL, nous voyons simplement qu'il y a environ 90 élèves au départ du premier cycle et 37 en Terminale. Est-ce cette forte sélection qui a facilité le succès à 100% des élèves parvenus en 7 ans en Terminale? Pour une part, oui. Cette sélection est essentiellement fondée sur le mérite académique et en partie sur les ressources économiques. Ceux qui travaillent bien et en mesure de payer les frais de scolarité ne rencontrent aucune barrière. Ceux qui travaillent bien mais ne peuvent payer changent d'établissement même s'il existe un système d'aide sociale qui peut appuyer dans ce sens. Les ressources du CCL étant limité, tout le monde ne peut recevoir cette aide. La limitation des ressources est aussi l'argument qui a rendu cette sélection si forte. Nous estimons que si plus d'élèves étaient admis à l'internat ou plus d'élèves disposaient des ressources pour étudier convenablement, le nombre d'étudiants arrivés en Terminale serait plus élevé.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire