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L'interventionnisme public dans le développement contemporain du capital-risque français

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par Pascal MOLINELLI
Université Panthéon Assas - Magistère de juriste d'affaires - DJCE 2012
  

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§2. La diminution des financements d'origine institutionnelle.

L'affaiblissement des investisseurs institutionnels est perceptible de deux points de vue.

A. Les conséquences de la crise sur les investisseurs institutionnels.

1. L'importance des investisseurs institutionnels sur le paysage du capital-risque.

Les banques et autres investisseurs institutionnels n'interviennent pas que dans le cadre de l'octroi éventuel de crédits. En effet, il est possible que ces acteurs agissent en tant qu'investisseurs au sein de fonds communs de placement. L'importance de leurs investissements est d'ailleurs primordiale.

Malgré l'absence de données précises sur le poids des investisseurs institutionnels au sein du capital-risque, leur présence évaluée à l'échelle plus générale du capital-investissement suggère une forte implication de ces derniers. En effet, les banques, les compagnies !"#%"&' )+,-d'assurance et mutuelles et les caisses de retraite représentent quasiment 45% des capitaux levés en 2011.

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AFIC Data - Grant Thornton

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Les banques apparaissent même selon certaines études comme des investisseurs stratégiques. Comme le démontrent T. Hellman, L. Lindsey et M. Puri dans le cadre d'une étude empirique49, il existe une complémentarité entre l'activité de banquier et celle de capital-risqueur, les banques utilisant leurs investissements par capital-risque afin de construire une relation avec les entreprises financées dans l'optique de développer, par la suite, leur activité de prêt.

2. L'influence des restrictions imposées aux investisseurs institutionnels sur le financement du capital-risque : de Solvabilité II à Bâle III.

La crise des subprimes révéla les faiblesses du système bancaire tel qu'il était conçu durant cette période. La faillite de Lehman Brothers démontra la fragilité de nombreuses banques. L'insuffisance de fonds propres de ces établissements constitua donc l'un des principaux chantiers de rénovation du système bancaire. Ce mouvement de renforcement des fonds propres des banques, et donc de leur capacité à absorber d'éventuelles défaillances, fut initié bien avant la survenance de la crise, avec l'apparition bien connue du ratio Cooke dans le cadre du Comité de Bâle en 1988. Constatant l'insuffisance des ratios de solvabilité modernisés existants, le Comité de Bâle préconisa un renforcement des fonds propres des banques, et ce en intégrant dans le calcul des ratios de solvabilité existants des facteurs de risque non pris en considération, jusque là. Ce fut le cas dans le cadre de Bâle II avec la prise en compte du risque opérationnel dans le calcul des exigences de fonds propres, ou encore dans Bâle III avec une amélioration qualitative des fonds propres pris en considération dans les calculs. Les déclarations faites dans le cadre des Comités de Bâle, dépourvues d'effet juridique, furent reprises par la Commission européenne, laquelle les transpose sous forme de directive ou règlement.

L'Institut de finance international (IIF) a réalisé une estimation des conséquences des exigences de Bâle III et a constaté que ces dernières auraient un impact négatif sur la croissance de la zone euro de 0,5 % de PNB sur la période 2011 à 2015, soit 4, 5 % en cumulé50.

Surtout, la mise en place de ces dispositifs prudentiels et leur renforcement conséquemment à la crise ont une incidence directe sur la capacité d'investissement des banques, comme l'affirme Eric Harlé, président de la commission capital-risque de l'Afic51 : "Nous n'avons pas encore de chiffres en ce qui concerne les collectes FCPR mais les dispositifs européens Bâle III et Solvency 2 imposent aux investisseurs institutionnels de renforcer leurs fonds propres, ce qui leur laissera d'autant moins d'argent à investir. Par conséquent, les FCPR vont également connaître des baisses très significatives de leurs levées". Ce dernier constate que les banquiers et les assureurs s'éloignent donc de plus en plus du métier d'investisseur. Les textes prudentiels sur les compagnies d'assurance («Solvabilité II») et les banques (règlement et directive sur les exigences de fonds propres) assimilent en effet les investissements en capital-risque à des opérations à haut risque pour le calcul des exigences de fonds propres. Le

49 « Building relationships early : banks in venture capital », T. Hellman, L. Lindsey et M. Puri, NBER Working paper series, n°10535, 2004.

s0 « Interim Report on the cumulative Impact on the Global Economy of Proposed Changes in the Banking Regula-tory Framework », Institut of International Finance, juin 2010

s1 Association Française des Investisseurs en Capital.

A.5

défaut de liquidité de ces actifs justifierait cette exigence de fonds propres. Néanmoins, en imposant un chargement de leurs fonds propres pour les investissements en actions non cotées, le régulateur dissuade les assureurs d'investir dans cette classe d'actifs au profit des investissements immobiliers ou titres d'État pour lesquels les exigences en fonds propres sont très inférieures. Pourtant, comme le souligne certains praticiens, l'immobilier, qui représente 80 % des investissements des compagnies d'assurances, est lui aussi illiquide, et ne subit pas pour autant un tel traitement52

La Commission a en ce sens déclaré qu'elle évaluerait les incidences de ces exigences de fonds propres afin d'établir s'il est nécessaire de les modifier à moyen ou à long terme.

L'incertitude inhérente à ces investissements en matière de capital-risque justifie la nécessité de disposer de fonds propres corrélatifs pour ces établissements. Néanmoins, un tel mécanisme conduit inéluctablement à une réduction desdits investissements. Le choix politique est alors complexe puisqu'il doit concilier stabilité du système financier d'une part et financement de l'économie et de l'innovation d'autre part. La solution n'a pas nécessairement à favoriser uniquement l'un au détriment de l'autre, une solution intermédiaire pouvant consister à fixer un montant de fonds propres nécessaires qui ne découragerait pas les investisseurs. Or, précisément sur ce point, les ratios adoptés sont contestés. Par exemple, l'étude EDHEC | AFIC a démontré que les ratios retenus pour les calculs de Solvabilité II, notamment celui de 49 %, ne correspondaient pas au risque effectif d'un investissement dans le non coté comparé, par exemple, à un placement dans des actions cotées en Bourse53.

L'AFIC propose dans cette optique de créer un fonds de garantie mutuelle destiné à couvrir les différents investissements en fonds propres auprès des PME, et ce afin de réduire la contrainte en fonds propres des établissements soumis à des règles de solvabilité54. Les investisseurs institutionnels pourraient ainsi s'assurer auprès de ce fonds et ainsi réduire leur risque.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams